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LE COMITÉ DES DROITS DES PERSONNES HANDICAPÉES DÉNONCE LA DISCRIMINATION, L’EXCLUSION, LA PRIVATION DE LA CAPACITÉ JURIDIQUE ET LA VIOLENCE DONT SONT VICTIMES LES PERSONNES HANDICAPÉES EN EL SALVADOR

Compte rendu de séance

La discrimination à l'égard des personnes handicapées, les obstacles que ces personnes rencontrent, leur exclusion et l’approche médicalisée du handicap figurent depuis longtemps parmi les problèmes les plus importants auxquels est confronté El Salvador.

Tel est le constat dressé par la rapporteuse du Comité des droits des personnes handicapées chargée de l’examen du rapport salvadorien, Mme Amalia Gamio, alors que le Comité examinait, hier après-midi et ce matin, le document regroupant les deuxième et troisième rapports périodiques soumis par El Salvador au titre de la Convention relative aux droits des personnes handicapées.

Au Salvador, les personnes handicapées rencontrent toujours des obstacles pour accéder à la justice et à l'éducation, a insisté Mme Gamio.

Les experts du Comité se sont par ailleurs montrés préoccupés par la pauvreté, le taux très élevé d'analphabétisme (35%) parmi les personnes handicapées, la violence et l'insécurité liées aux gangs, ainsi que par le déni de la capacité juridique qui se répercute dans tous les domaines de la vie, notamment dans le droit de se marier, le droit de vote, le droit d’être adopté ou encore le droit de consentir à des actes médicaux.

Un membre du Comité a fait part de sa grave préoccupation face au niveau élevé d’impunité dont jouissent les crimes commis contre des enfants par les bandes armées (gangs), ainsi que face à la violence sexuelle croissante contre les filles et au taux élevé de grossesses d’adolescentes qui en résulte.

Les lois et les politiques nationales sont plutôt opaques s’agissant des femmes et des filles handicapées, ont en outre relevé les membres du Comité, avant de demander comment la loi générale sur le droit des femmes à une vie sans violence - qu'ils ont saluée – appréhendait spécifiquement la protection des femmes et des filles handicapées, en particulier celles ayant un handicap intellectuel et psychosocial.

Les experts ont en outre dénoncé le taux élevé de violence à l'égard de tous les enfants et en particulier des enfants handicapés: 36% des enfants handicapés sont victimes de violence et d'abus, contre 27,9% pour les autres enfants. La plupart de ces crimes, en particulier ceux commis par des gangs, restent impunis, ont regretté les experts, avant de faire observer que les violences sexuelles contre les enfants ont augmenté.

La Présidente du Conseil national pour la prise en charge intégrale des personnes handicapées (CONAIPD) d'El Salvador, Mme Claudia Patricia Zaldivar Moran, a présenté le rapport de son pays en rappelant que le nouveau Gouvernement salvadorien est en place depuis juin 2019. Preuve de l'engagement pris en faveur de l'inclusion des personnes handicapées, le nouveau Président a aussi prêté serment en langue des signes, a-t-elle fait valoir.

Le Gouvernement salvadorien s’est fixé pour objectif d’harmoniser la législation du pays avec les dispositions de la Convention, tandis que l’Assemblée nationale est actuellement saisie d’un projet de loi sur l’inclusion des personnes handicapées, a poursuivi la cheffe de la délégation salvadorienne. Les politiques nationales en matière de protection des enfants, d'éducation inclusive, d'emploi et de tourisme contiennent des dispositions relatives aux personnes handicapées et s'inscrivent dans la politique générale du nouveau Gouvernement en matière de personnes handicapées, a-t-elle souligné.

En 2017, des normes pour l'inclusion, la protection et l'assistance aux personnes handicapées dans des situations de risque et d'urgence ont été adoptées. En 2018, la politique nationale de santé mentale a en outre été adoptée, mais sa mise en œuvre demeure compliquée en raison du manque de ressources, notamment pour ce qui est de la réadaptation au sein de la communauté, a ajouté Mme Zaldivar Moran.

La Présidente du CONAIPD a rappelé que l’éducation est un pilier fondamental du développement du pays et a reconnu que, par le passé, les personnes handicapées étaient désavantagées dans l’accès à l’éducation. Néanmoins, aujourd’hui, plus de 2000 personnes ayant des déficiences auditives, intellectuelles, motrices et visuelles ont participé au programme national d'alphabétisation, grâce auquel elles ont appris le braille ou la langue des signes, a-t-elle fait valoir.

À l’issue du dialogue noué avec la délégation salvadorienne, la rapporteuse du Comité pour l’examen du rapport d’El Salvador a souligné la nécessité d'adopter une loi sur l'inclusion des personnes handicapées, de renforcer la législation contre les discriminations à l’encontre des personnes handicapées et de permettre une participation accrue de ces personnes aux questions qui les concernent.

Mme Moran a quant à elle affirmé que l'intégration totale de la Convention était un objectif qu'El Salvador devait atteindre, dans la pratique et pour toute la société.

La délégation d'El Salvador était également composée de représentants du Ministère des affaires étrangères, y compris de la Mission permanente d'El Salvador auprès de l'Office des Nations Unies à Genève, et du CONAIPD.


Cet après-midi, à 15 heures, le Comité entamera l’examen du rapport de l’Australie (CRPD/C/AUS/2-3).


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

CRPD19.020F