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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTAME LA DERNIÈRE JOURNÉE CONSACRÉE À SON DÉBAT DE HAUT NIVEAU

Compte rendu de séance

Elle entend des interventions de la Russie, du Pakistan, du Mexique, de la Pologne, ainsi que de l'Égypte, de l'Inde, du Nigéria, de l'Ukraine, de la Colombie et de l'Espagne

 

La Conférence du désarmement a entendu ce matin, dans le cadre de son débat annuel de haut niveau, les interventions du Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, du Ministre d'État aux affaires étrangères du Pakistan, du Sous-Secrétaire aux affaires multilatérales et aux droits de l'homme du Mexique, du Sous-Secrétaire d'État au Ministère des affaires étrangères de Pologne, ainsi que les Représentants permanents auprès de la Conférence du désarmement suivants : Égypte, Inde, Nigéria, Ukraine, Colombie et Espagne.

Plusieurs interventions ont concerné la situation en Ukraine, un haut dignitaire estimant dans ce contexte que la menace stratégique la plus aiguë était maintenant posée par la politique des États-Unis et de l'OTAN visant « à attiser davantage le conflit qu'ils ont délibérément initié en Ukraine ». D'autres ont pour leur part dénoncé des crimes de guerre et des actes de terrorisme commis par la Russie en Ukraine, en violation flagrante des normes fondamentales du droit international, y compris la Charte des Nations Unies. Des intervenants ont également déploré la suspension par la Russie du Traité de réduction des armes stratégiques nucléaires entre les États-Unis et la Russie (New Start).

Plusieurs intervenants ont estimé qu'il fallait revivifier les travaux de la Conférence, notamment en adoptant un programme de travail lui permettant de reprendre son mandat de négociation sur un traité d'interdiction de la production de matières fissiles, portant également, pour les uns, sur les stocks.

 

La Conférence du désarmement doit conclure son débat de haut niveau cet après-midi dans le cadre d'une séance commençant à 15 heures.

 

Déclarations

M. SERGUEÏ RYABKOV, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a indiqué que son ministre des affaires étrangères, M. Sergueï Lavrov, aurait souhaité assister en personne à la Conférence du désarmement à Genève, mais que cela avait été rendu impossible par les restrictions unilatérales illégitimes de l'Union européenne. La Russie considère qu'il s'agit d'une tentative des pays de l'Union européenne de se soustraire à un dialogue honnête destiné à favoriser une amélioration à long terme de la sécurité et de la stabilité mondiales, notamment en libérant le monde du fardeau des menaces liées aux armes de destruction massive. Une telle attitude reflète également une crainte que les véritables raisons de la dégradation rapide de l'architecture de sécurité internationale ne soient découvertes. L'état déplorable actuel du système de réduction des armements est le résultat des actions destructrices délibérées d'un bloc bien connu de pays, constituant une alliance nord-atlantique obsédée par une volonté de redistribuer l'équilibre des forces à son avantage – et donc au détriment de la sécurité des autres – et d'assurer sa supériorité militaro-stratégique avec une ambition de domination mondiale, a déclaré M. Ryabkov.

La menace stratégique la plus aiguë est maintenant posée par la politique des États-Unis et de l'OTAN visant à attiser davantage le conflit qu'ils ont délibérément initié en Ukraine, a déclaré le vice-ministre russe. Des déclarations absolument mensongères ont été faites dans les capitales des pays occidentaux et entraînent des mesures de représailles contre l'ensemble de la Fédération de Russie. Tout cela va évidemment à l'encontre de la Déclaration conjointe des États dotés d'armes nucléaires sur la prévention de la guerre nucléaire datée du 3 janvier 2022, à laquelle la Russie reste inconditionnellement attachée, a-t-il dit. La situation s'est encore détériorée à la suite des tentatives des États-Unis de mettre à l'épreuve la sécurité des installations stratégiques russes déclarées en vertu du Traité « New Start » en aidant le régime de Kiev à mener des attaques armées contre elles, a déclaré M. Ryabkov. Dans ce contexte, la Russie a perçu comme hautement cyniques les demandes de Washington d'obtenir de nouveau l'accès aux installations nucléaires russes pour les inspecter en vertu du Traité. Dans ces conditions, la Russie a été contrainte d'annoncer la suspension de ce Traité.

Les actions destructrices des États-Unis et de leurs alliés déclenchent non seulement une crise aiguë dans la région euro-atlantique, mais menacent également de provoquer les bouleversements les plus graves dans la région Asie-Pacifique, a déclaré le Vice-Ministre.

S'agissant des travaux de la Conférence, la Russie souligne la nécessité d'un accord sur un instrument multilatéral juridiquement contraignant pour prévenir une course aux armements dans l'espace, d'autant plus urgente compte tenu de la mise en œuvre par les États-Unis et leurs alliés de leurs programmes spatiaux militaires et parvenir à la suprématie militaire dans l'espace. Un tel traité constitue le seul moyen d'éviter la militarisation de l'espace et, par conséquent, les conflits armés en orbite terrestre, M. Ryabkov rappelant le projet de traité soumis par la Russie et la Chine.

La Russie a par ailleurs toujours préconisé le renforcement du régime de non-prolifération nucléaire fondé sur le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Si la dixième Conférence d'examen du TNP, en août 2022, n'a pas abouti à l'adoption d'un document final, la Russie estime qu'il est totalement inapproprié de dramatiser la situation, de se précipiter vers des conclusions pessimistes et de parler d'une sorte de « crise du TNP ». Quel que soit le rapport final, le traité est toujours en vigueur et reste l'une des pierres angulaires de l'architecture de sécurité internationale et du régime de non-prolifération.

Cependant, l'impasse autour du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires est de plus en plus inquiétante, et si le traité n'est jamais entré en vigueur après plus d'un quart de siècle depuis son adoption, la responsabilité en incombe principalement aux États-Unis, qui refusent de le ratifier et sont clairement déterminés à reprendre les essais. La Russie espère par ailleurs qu'Israël se joindra rapidement au processus de création d'une zone exempte d'armes nucléaires et d'autres armes de destruction massive et de leurs vecteurs au Moyen-Orient, de même que les États-Unis, qui se sont portés coauteurs de la résolution de 1995 sur le Moyen-Orient.

Le vice-ministre russe a rappelé que la Russie avait dénoncé les « activités militaro-biologiques » sur le territoire ukrainien, en violation de la Convention sur les armes biologiques, avec le soutien du Pentagone et de ses structures affiliées, y compris des sociétés privées, qui ont été découverts au cours de l'opération militaire spéciale menée par la Fédération de Russie.

La Russie est aussi vivement préoccupée par la situation au sein de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC). Les pays occidentaux ont transformé cette structure internationale autrefois très autoritaire et strictement technique en un outil pour mettre en œuvre leurs intérêts géopolitiques au Moyen-Orient et au-delà. Cela concerne, tout d'abord, le « dossier chimique » syrien forgé de toute pièce par l'Occident et le mandat illégitime imposé à l'OIAC, en violation de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CAC), de déterminer les responsables de l'utilisation de produits chimiques toxiques et d'agents chimiques de guerre. Le résultat de ces activités destructrices de l'Occident est une scission au sein de l'OIAC et la perte de sa position indépendante et de sa crédibilité en tant que structure d'experts universellement reconnue dans le domaine du désarmement chimique et de la non-prolifération, a déploré M. Ryabkov.

MME HINA RABBANI KHAR, Ministre d'État aux affaires étrangères du Pakistan, a déclaré que l'ordre mondial de la sécurité est aujourd'hui en état de désarroi. La stabilité stratégique s'érode en raison des asymétries croissantes dans diverses régions. Entre-temps, de nouveaux alignements géopolitiques cherchent à perpétuer les avantages stratégiques de quelques-uns. Des considérations politiques et commerciales l'emportent sur les règles de non-prolifération établies de longue date, a-t-elle regretté. Les dépenses militaires atteignent aujourd'hui de nouveaux sommets. Le secrétaire général de l'ONU a averti à juste titre que les perspectives d'une guerre nucléaire étaient de nouveau du domaine du possible. Bon nombre de ces tendances inquiétantes se manifestent dans la région de l'Asie du Sud, exerçant de fortes pressions sur la stabilité stratégique. « Le plus grand pays de la région » continue de bénéficier d'exceptions sur le plan nucléaire. Ce pays demeure également un bénéficiaire net de généreuses livraisons d'armes et de technologies. Ces fournitures ont accentué les asymétries militaires et ont donc un impact direct sur la sécurité nationale du Pakistan. Même si le Pakistan adhère à la retenue et à la responsabilité, le pays ne peut ignorer les menaces qui pèsent sur sa sécurité.

La Conférence du désarmement a été empêchée pendant des décennies d'entamer des négociations sur le désarmement nucléaire, a poursuivi la ministre d'État pakistanaise. Depuis plusieurs décennies, cette instance est bloquée dans la volonté de négocier un traité qui empêcherait une course aux armements dans l'espace, a-t-elle regretté. Certains membres de la Conférence choisissent d'insister pour poursuivre des propositions intéressées telles que l'interdiction de la production future de matières fissiles, alors que le Pakistan a proposé un traité sur les matières fissiles qui traite de cette question de manière globale, efficace et vérifiable, appelant à l'élaboration d'un nouveau mandat pour un traité qui devrait stipuler explicitement dans son champ d'application les stocks existants de matières fissiles et devrait s'appliquer de la même manière à tous les États sans discrimination.

MME MARTHA DELGADO PERALTA, Sous-Secrétaire aux affaires multilatérales et aux droits de l'homme du Mexique, a appelé à mener une réflexion sérieuse et sereine sur l'état de l'architecture du désarmement, et en particulier sur le rôle de la Conférence. Le Mexique est par ailleurs déçu que cette réunion de haut niveau ne compte pas avec la participation des États qui ont demandé leur statut d'observateur. Il regrette également que la Conférence se réunisse sans parvenir à un accord sur un programme de travail.

La Sous-secrétaire a par ailleurs indiqué que le Mexique est préoccupé par le fait que les détenteurs d'armes nucléaires continuent d'appliquer des politiques et des doctrines en matière de sécurité et de défense qui invoquent la valeur supposée de la dissuasion. Le Mexique est consterné par le fait qu'il subsiste encore plus de 12 000 ogives nucléaires, dont une grande partie prête à être utilisée. L'annonce récente de la suspension de la mise en œuvre du nouveau Traité « New Start » par la Fédération de Russie fait s'écrouler l'échafaudage déjà gravement endommagé des accords entre les plus grands détenteurs d'armes nucléaires et ne favorise pas la réduction du risque de conflagration, a déploré Mme Delgado Peralta. Le Mexique demande à la Conférence de promouvoir le dialogue et de nouveaux accords aux fins de négociation, et de ne pas s'encombrer de règles de procédure anachroniques et rigides telles que le consensus appliqué parfois sous forme de veto. De même, et conformément à la politique étrangère féministe adoptée par le Mexique, le pays demande que des mesures viables et pratiques soient prises à la Conférence du désarmement pour assurer la meilleure représentation possible des femmes, ainsi que pour mettre en œuvre la perspective sexospécifique de manière transversale dans l'examen de son ordre du jour et de son règlement intérieur.

M. WOJCIECH GERWEL, Sous-secrétaire d'État au Ministère des affaires étrangères de Pologne, a déclaré que plus d'un an s'est écoulé depuis le début d'une agression militaire totalement non provoquée et injustifiée contre l'Ukraine menée par la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies et État doté d'armes nucléaires. Ces événements ne laissent aucune doute : la Russie est actuellement la menace la plus importante et la plus directe à la paix et à la sécurité mondiales. Dans ce contexte, le message de la Conférence du désarmement devrait être fort et clair en condamnant l'agression de la Russie et du Bélarus dans les termes les plus vigoureux. La Pologne réaffirme son plein appui à l'indépendance, à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de l'Ukraine à l'intérieur de ses frontières internationalement reconnues. L'attaque de la Russie et du Bélarus contre l'Ukraine, la campagne en cours d'attaques systématiques avec des missiles, des drones, des roquettes et des obus, la mobilisation des forces armées russes et la rhétorique agressive sur les armes nucléaires sont autant d'agissements qui ont une incidence importante et durable sur les efforts liés à la réduction des armements, au désarmement et à la non-prolifération, et se trouvent au cœur des discussions dans toutes les enceintes internationales au cours des derniers mois.

Le blocage par la Russie du consensus à la Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) a de nouveau démontré le mépris total de ce pays pour l'ordre international fondé sur des règles communes, a déclaré M. Gerwel. La Russie a également fait preuve d'une approche politiquement motivée pour bloquer la participation d'États membres des Nations Unies, d'organisations internationales et d'organisations non gouvernementales aux instances et processus internationaux, a-t-il dénoncé. Le dernier instrument de réduction des armements, le Traité « New Start », est en train de s'effondrer avec la suspension par la Russie de sa participation. Par ailleurs, en raison du soutien iranien à la Russie dans la guerre contre l'Ukraine, il n'y a aucune chance réaliste de discuter sérieusement du Plan d'action global commun sur le programme nucléaire iranien, a regretté M. Gerwel. Par ailleurs, en violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, la République populaire démocratique de Corée poursuit intensivement ses programmes de mise au point de missiles et d'armes nucléaires, a-t-il déploré.

M. AHMED IHAB GAMALELDIN (Égypte) a déclaré que l'impasse dans laquelle se trouve la Conférence résulte de l'insistance de certains États à défendre la doctrine de la dissuasion nucléaire et à maintenir une situation discriminatoire. En outre, les États dotés d'armes nucléaires continuent de chercher à maintenir une domination absolue dans divers domaines de l'armement stratégique et des armes fondées sur les technologies émergentes. Le moment est venu pour les questions de désarmement de revenir au premier plan de l'attention internationale en tant que priorité majeure de l'ordre du jour multilatéral, comme l'a demandé le Secrétaire général des Nations Unies dans son exposé à l'Assemblée générale le 6 février 2023. Dans ce contexte, l'Égypte demande aux États dotés d'armes nucléaires de respecter leurs engagements concernant l'élimination vérifiable des armes nucléaires et l'universalité du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires sans plus tergiverser. L'Égypte demande également à ces États de prendre rapidement des mesures concrètes en vue de la création d'une zone exempte d'armes nucléaires et d'autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.

Les conditions internationales actuelles exigent que la priorité soit accordée à la réalisation rapide et tangible de progrès dans le domaine de l'octroi aux États non dotés d'armes nucléaires des garanties de sécurité juridiquement contraignantes interdisant l'emploi d'armes nucléaires contre eux, a estimé l'ambassadeur égyptien. Par ailleurs, l'Égypte réaffirme que toute négociation sur une interdiction des matières fissiles manquerait de sérieux ou de crédibilité si elle n'inclut pas l'élimination des stocks existants de ces matières d'une manière vérifiable. La prévention d'une course aux armements dans l'espace et l'élaboration d'un traité global interdisant le déploiement d'armes dans l'espace et le recours à la force contre des biens spatiaux figurent parmi les questions les plus prioritaires, estime l'Égypte. M. Gamaleldin a également dénoncé la politique de deux poids, deux mesures et la politisation qui perdure dans les travaux de la Conférence de la part de certains États, ce qui entraîne une polarisation accrue, détourne l'attention des points les plus importants de l'ordre du jour et empêche la Conférence de s'acquitter de son mandat de négociation.

M. ANUPAM RAY (Inde) a déclaré que les temps étaient incertains et marqués par de nouveaux conflits, le terrorisme, l'inflation ou la crise climatique, notamment. L'Inde est très engagée en faveur du multilatéralisme et préside actuellement le G20. Elle estime qu'il convient de développer la confiance pour assurer un avenir sûr pour la planète. Pour l'Inde, la Conférence joue un rôle prioritaire à cet égard, car elle aborde les sujets qui constituent les plus grands défis auxquels est confrontée la communauté internationale. Les États membres de la Conférence doivent dépasser leurs divergences pour entamer des négociations sur des traités juridiquement contraignants. Elle doit en outre redoubler d'efforts pour adopter un programme de travail cette année.

L'Inde est favorable au commencement immédiat de négociations sur l'interdiction de la production des matières fissiles, a indiqué son ambassadeur. Le pays espère aussi que la Conférence entamera des négociations sur un traité pour lutter contre la course aux armements dans l'espace. M. Ray a ajouté qu'il fallait choisir la voie de la diplomatie et non la logique du conflit.

M. ABIDOUN RICHARDS ADEJOLA (Nigéria) a indiqué que le Nigéria souscrivait pleinement au principe de la création de zones exemptes d'armes nucléaires et à la priorité qui doit être accordée aux garanties négatives de sécurité. Il a également affirmé l'appui fondamental du Nigéria à la promotion d'un comportement responsable dans l'espace, qui doit viser à l'objectif ultime de la négociation d'un instrument juridiquement contraignant visant à promouvoir la transparence dans les activités liées à l'espace. Le Nigéria accorde aussi la priorité à la nécessité d'éliminer complètement toutes les armes nucléaires, où qu'elles existent, sur la base du Traité sur l'interdiction des armes nucléaires. Il a indiqué que le Nigéria souhaitait que les États dotés d'armes nucléaires reviennent sur leur position et adhèrent au Traité, a déclaré M. Adejola. Le Nigéria regrette par ailleurs que l'adoption d'un traité efficace sur l'arrêt de la production de matières fissiles semble s'éloigner considérablement, dû en grande partie à l'absence de volonté politique de définir et de négocier clairement les termes d'un tel instrument. Le Nigéria considère ce Traité essentiel comme un élément crucial de la réalisation d'un monde exempt d'armes nucléaires, a déclaré le Représentant permanent. Le Nigéria est également préoccupé par le report indéfini associé à l'entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, dû en grande partie à la non-ratification par certains États.

L'échec ou l'incapacité de la Conférence d'examen tant attendue du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) a signifié que la communauté internationale est à la croisée des chemins et qu'il est urgent de prendre des mesures pragmatiques pour parvenir à des résultats concrets, a souligné l'Ambassadeur nigérian. Il n'est pas exagéré d'affirmer que l'absence de progrès à la Conférence du désarmement reflète clairement le manque de volonté politique de certains États membres, selon M. Adejola. Le Nigéria demande aux États membres de continuer à se concentrer sur les questions relevant du mandat de la Conférence du désarmement, tout en adoptant l'esprit de la coopération et de la diplomatie multilatérales en tant qu'outil efficace en période de tension.

MME YEVHENIIA FILIPENKO (Ukraine) a déclaré qu'il y a quelques jours à peine, s'est écoulée une année depuis l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, une année de guerre dévastatrice, une année montrant l'invincibilité de l'Ukraine, une année de consolidation du soutien international, qui était une réponse à l'illusion du Kremlin des « trois jours pour Kiev ». Au cours des 12 derniers mois, l'Ukraine a non seulement freiné l'invasion, mais a également été en mesure de libérer près de la moitié de ses territoires nouvellement occupés grâce à des contre-offensives réussies. « Poutine a commis une erreur fatale. La Russie est devenue un paria mondial », a déclaré Mme Filipenko. La raison de cette agression injustifiée demeure dans les ambitions néo-impériales et expansionnistes de l'État russe et de ses hauts dirigeants. Depuis plus d'un an, la Russie commet des crimes de guerre odieux et des actes de terrorisme en Ukraine. Dans le cadre de sa stratégie génocidaire, la Russie lance des attaques massives de missiles et d'artillerie sur des zones résidentielles de toute l'Ukraine, tue des civils et détruit des infrastructures essentielles, en violation flagrante des normes fondamentales du droit international. Encouragé par son impunité de longue date, l'agresseur a tenté une fois de plus d'exterminer la nation ukrainienne par tous les moyens et par des méthodes barbares, quelles que soient les conséquences tragiques que cela peut entraîner pour le monde entier.

L'Ukraine a clairement indiqué qu'elle n'accepterait pas la paix à tout prix. L'agression militaire russe contre l'Ukraine a provoqué un déséquilibre dangereux dans le système de sécurité international existant, compromettant gravement l'efficacité et la fiabilité des régimes de non-prolifération des armes de destruction massive, a déclaré Mme Filipenko. En attaquant et en occupant les territoires de l'Ukraine en violation flagrante du droit international, la Russie a démontré que les obligations juridiques de cette puissance nucléaire de respecter l'indépendance et la souveraineté d'un État non nucléaire ainsi que de s'abstenir de recourir à la menace ou à l'emploi de la force contre l'intégrité territoriale d'un État « ne valent rien ». Un système mondial de désarmement a été sapé en raison du développement injustifié par la Russie de ses capacités de frappe nucléaire. Il a également été affaibli par l'utilisation répétée par la Russie d'armes chimiques pour assassiner ses opposants en violation de la Convention sur les armes chimiques. La décision de la Fédération de Russie de suspendre sa participation au Traité « New Start », annoncée la semaine dernière, est une nouvelle action provocatrice de l'État agresseur visant à saper l'architecture de désarmement nucléaire et de non-prolifération. La rhétorique de Moscou sur la possibilité d'utiliser des armes nucléaires est inacceptable et expose le monde entier au risque d'une guerre nucléaire.

M. GUSTAVO GALLÓN (Colombie) a déclaré que la situation internationale préoccupante, caractérisée non seulement par l'existence d'armes nucléaires et la modernisation de leurs vecteurs, mais aussi par des essais répétés de missiles balistiques, l'escalade des conflits internationaux, la menace de l'emploi d'armes nucléaires et l'absence de volonté politique de progresser vers un désarmement général, souligne la nécessité de revitaliser la Conférence du désarmement, grâce à des mécanismes diplomatiques novateurs pour sortir de l'impasse et améliorer son efficacité. La Colombie, pays pacifiste, membre de la première zone exempte d'armes nucléaires, établie par le Traité de Tlatelolco, qui s'efforce de s'imposer comme une « puissance mondiale de la vie », préconise une diplomatie de paix et un multilatéralisme efficace pour nous protéger, ainsi que les générations futures, du risque posé par les armes nucléaires, a déclaré le Représentant permanent.

Dans le cadre des travaux de la Conférence du désarmement, la Colombie estime que l'espace extra-atmosphérique doit toujours rester démilitarisé, sûr, sécurisé, stable et durable. Le pays est également fermement attaché au multilatéralisme et estime que les instances multilatérales sont les instances appropriées pour traiter efficacement des questions d'une importance fondamentale telles que la prévention de l'emploi et de la menace de ces armes et l'adoption de mesures visant à réduire le rôle des armes nucléaires dans les doctrines militaires. Dans ce contexte, l'ambassadeur a rappelé qu'il incombe à tous les États dotés d'armes nucléaires de fournir des garanties de sécurité aux États non dotés d'armes nucléaires, c'est-à-dire de ne pas employer ou menacer d'utiliser une arme nucléaire contre eux. Enfin, l'Ambassadeur Gallón a indiqué que la Conférence du désarmement est le cadre idéal pour réaffirmer l'importance d'une perspective sexospécifique dans les questions liées au désarmement.

M. IGNACIO SÁNCHEZ DE LERÍN GARCÍA-OVIES (Espagne) a condamné l'agression injustifiée de la Russie contre l'Ukraine. L'Espagne condamne dans les termes les plus énergiques cette agression brutale, injuste et illégale et réitère son appui à la souveraineté, à l'indépendance et à l'intégrité territoriale de l'Ukraine. Ces circonstances dramatiques rendent plus nécessaire que jamais le renforcement de l'architecture internationale du désarmement afin de progresser vers la paix et la sécurité internationales. Bien qu'en 2022 la Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires n'ait pas pu adopter un document consensuel en raison du blocage d'un seul pays, le TNP reste l'axe du système de désarmement nucléaire et il est de la responsabilité de chacun de contribuer à sa mise en œuvre effective. L'Espagne appuie l'Agence internationale de l'énergie atomique, dont le rôle est essentiel pour renforcer les piliers de la non-prolifération et des utilisations pacifiques de la technologie nucléaire. L'Espagne exprime sa satisfaction de ce que la Conférence d'examen de la Convention sur les armes bactériologiques et à toxines soit parvenue à un accord sur des mesures concrètes pour renforcer ses mécanismes de mise en œuvre.

L'Espagne continuera d'appuyer pleinement les travaux de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques. Des défis importants demeurent, tels que l'utilisation d'armes chimiques dans le conflit syrien, a déclaré l'ambassadeur. Par ailleurs, l'Espagne accorde une attention particulière aux travaux du groupe de travail à composition non limitée sur un comportement responsable dans l'espace et du groupe d'experts gouvernementaux sur les systèmes d'armes létaux autonomes. L'Espagne estime que la Conférence du désarmement a un rôle fondamental à jouer dans tous les efforts mentionnés. Elle souhaiterait voir l'adoption d'un programme de travail de fond pour entamer des discussions sur des dossiers de première importance, tels que les négociations en vue de l'adoption d'un traité sur l'arrêt de la production de matières fissiles ou encore d'un traité sur les garanties négatives de sécurité.

 

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