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« Nous assistons à l'exclusion progressive des femmes et des filles de la sphère publique et à leur oppression institutionnalisée et systématique », déclare Mme Bachelet lors du débat urgent du Conseil des droits de l’homme sur l’Afghanistan

Compte rendu de séance

 

Depuis la prise du pouvoir en Afghanistan par les Taliban, en août 2021, les femmes et les filles de ce pays connaissent le recul le plus important et le plus rapide dans l’exercice de leurs droits depuis des décennies, et l’avenir s’annonce sombre. C’est ce qu’a déclaré la Haute-Commissaire aux droits de l’homme, ce midi, à l’ouverture du débat urgent que tenait le Conseil des droits de l’homme sur « la situation des droits humains des femmes et des filles en Afghanistan ». Ce débat urgent a été convoqué à la demande de l’Union européenne et de la France.

Les femmes et les filles afghanes sont confrontées, notamment, à la faim et à l'insécurité alimentaire, au chômage massif et à des restrictions à leur liberté de mouvement, de même qu’à l’interruption de la scolarité secondaire pour 1,2 million de filles, a précisé Mme Bachelet.

La Haute-Commissaire a indiqué que les autorités afghanes de facto, qu’elle avait rencontrées lors d’une visite en mars dernier, avaient déclaré qu'elles respecteraient leurs obligations en matière de droits humains dans la mesure où ces obligations sont conformes à la charia islamique. Malgré ces assurances, a regretté Mme Bachelet, « nous assistons à l'exclusion progressive des femmes et des filles de la sphère publique et à leur oppression institutionnalisée et systématique ».

Mme Bachelet a notamment demandé aux autorités afghanes de facto fixer une date définitive pour l'ouverture des écoles secondaires pour les filles ; de supprimer les restrictions à la liberté de mouvement des femmes, ainsi que l’obligation qui leur est faite de se couvrir le visage ; et de leur permettre d'accéder à un emploi, y compris indépendant. Elle a également encouragé les autorités afghanes de facto à demander conseil à d’autres pays à prédominance musulmane ayant une expérience de la défense des droits des femmes et des filles.

Restrictions sur la tenue vestimentaire des femmes, exclusion de l'éducation et de la vie publique, obstacles à l'emploi des femmes : toutes ces violations sont identiques à celles déjà dénoncées par les Nations Unies sous le régime taliban dans les années 1990, a pour sa part déploré M. Richard Bennett, Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en Afghanistan, qui s’est exprimé à la suite de Mme Bachelet. Il a demandé aux Taliban d'instaurer un dialogue constructif avec les femmes afghanes et de respecter le droit de toutes les femmes et de toutes les filles à l'éducation à tous les niveaux.

À l’instar de nombreux intervenants durant ce débat urgent, M. Bennet a aussi exprimé sa sympathie pour les communautés touchées par le tremblement de terre qui a frappé l’Afghanistan le 22 juin. Le Rapporteur spécial a insisté, ce faisant, sur la nécessité d'intensifier l'aide et le soutien humanitaires, en veillant à ce que l'aide atteigne aussi les femmes et les filles afghanes.

Le Conseil a également entendu une déclaration liminaire de Mme Fawzia Koofi, militante des droits humains, première femme à avoir accédé à la vice-présidence du Parlement afghan et ancienne membre de l’équipe de négociation de paix avec les Taliban. Mme Koofi a insisté sur le fait que la situation des femmes et des filles en Afghanistan était anormale, et qu’elle serait considérée comme telle dans d’autres pays musulmans, s’ils y étaient confrontés. Les Taliban n’ont clairement pas tenu les promesses qu’ils ont faites pendant les négociations, a-t-elle déploré. Non seulement cette situation a des répercussions sur les droits humains, mais elle risque aussi de transformer le pays en un refuge pour d’autres extrémistes, a-t-elle mis en garde.

Un représentant de l’Afghanistan a lui aussi insisté sur le fait que, pour la majorité du peuple afghan, la situation n’était pas normale et constituait un affront aux valeurs, aux coutumes et à l'enseignement de l'islam. Il a ajouté que la situation des femmes et des filles exigeait la création d’un mécanisme de surveillance capable de recueillir les preuves de violations, de rendre la justice et de secourir les victimes.

Introduisant le débat en début de séance, le Président du Conseil, M. Federico Villegas, a déclaré que face au problème massif de la discrimination à l'égard des femmes, le Conseil remplissait ce jour son obligation de renforcer progressivement le droit international des droits de l'homme, lequel protège toutes les personnes. Mais le Conseil agit à un moment délicat, où l’on assiste à de graves régressions dans les acquis obtenus de haut lutte par des millions de femmes en Afghanistan et ailleurs dans le monde ; il semble que ces acquis ne soient pas garantis et les forces qui oppriment les femmes depuis des siècles restent plus fortes que jamais, a constaté M. Villegas.

De nombreuses délégations* ont pris part à ce débat urgent. Elles ont notamment insisté sur le fait que l’Afghanistan devait s’acquitter de ses engagements visant à assurer l’exercice par les femmes et les filles de tous leurs droits fondamentaux, conformément aux obligations qui incombent à l’État en vertu du droit international relatif aux droits de l’homme. Il a été demandé que les victimes et survivantes de violences sexuelles et sexistes aient accès à la justice et à des réparations.

Il a aussi été recommandé que l’ONU et la communauté internationale soutiennent le peuple afghan et la création d’un gouvernement afghan inclusif, qui représente le peuple et respecte les droits humains de tous, y compris ceux des femmes et des filles.

Un groupe de pays a plaidé pour le rétablissement des liens commerciaux, économiques, de transport, logistiques et énergétiques avec l’Afghanistan, afin de résoudre des problèmes humanitaires aigus ; et plusieurs délégations ont dénoncé les mesures coercitives unilatérales imposées par les États-Unis et les pays occidentaux contre l’Afghanistan.

Le Conseil se prononcera, à la fin de cette cinquantième session [la semaine prochaine], sur un projet de résolution concernant les droits des femmes et des filles en Afghanistan.

 

À 16 heures, cet après-midi, le Conseil poursuivait l’examen des rapports issus de l’Examen périodique universel.

 

Débat urgent sur la situation des droits humains des femmes et des filles en Afghanistan

Déclarations liminaires

En introduction au débat, le Président du Conseil, M. FEDERICO VILLEGAS, a déclaré que face au problème massif de la discrimination à l'égard des femmes, le Conseil remplissait ce jour son obligation de renforcer progressivement le droit international des droits de l'homme, lequel protège toutes les personnes, indépendamment de leur nationalité, de leur culture ou de leur religion. Mais le Conseil agit à un moment délicat, où l’on assiste à de graves régressions dans les acquis obtenus de haut lutte par des millions de femmes en Afghanistan et ailleurs dans le monde. Il semble que ces acquis ne soient pas garantis et les forces qui oppriment les femmes depuis des siècles restent plus fortes que jamais, a constaté M. Villegas.

Le Conseil des droits de l'homme ne peut rester inactif : il doit veiller, collectivement, à ce que les obligations internationales des États en matière de droits humains soient respectées, afin que les filles n'aient jamais moins de droits que leurs mères, où que ce soit dans le monde, a insisté le Président.

Prenant ensuite la parole, MME MICHELLE BACHELET, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a d’abord exprimé sa sympathie et sa solidarité à toutes les personnes touchées par le tremblement de terre en Afghanistan – une calamité qui aggrave la situation déjà désespérée de la population afghane, en particulier celle des femmes et des filles.

Mme Bachelet a évoqué nombre de problèmes rencontrés tous les jours par les femmes et les filles en Afghanistan, notamment la faim et l'insécurité alimentaire, qui touchent plus de 90% des ménages dirigés par des femmes ; l'augmentation des violences domestiques ; les attaques à l’encontre des défenseurs des droits des femmes ; le chômage massif des femmes et les restrictions à leur liberté de mouvement ; ou encore l’interruption de la scolarité secondaire pour 1,2 million de filles.

Si certaines de ces préoccupations sont antérieures à la prise du pouvoir par les Taliban en août 2021, les réformes précédentes allaient dans la bonne direction, a affirmé Mme Bachelet. Depuis la prise du pouvoir par les Taliban, les femmes et les filles connaissent le recul le plus important et le plus rapide dans l’exercice de leurs droits dans tous les domaines depuis des décennies, et l’avenir s’annonce sombre, a-t-elle mis en garde.

La Haute-Commissaire a indiqué que les autorités afghanes de facto qu’elle a rencontrées lors de sa visite, en mars dernier, avaient déclaré qu'elles respecteraient leurs obligations en matière de droits humains dans la mesure où ces obligations sont conformes à la charia. Malgré ces assurances, a regretté Mme Bachelet, « nous assistons à l'exclusion progressive des femmes et des filles de la sphère publique et à leur oppression institutionnalisée et systématique ».

Mme Bachelet a ajouté que les femmes afghanes qu’elle a rencontrées au cours de sa visite ont été claires : elles veulent un dialogue direct, en personne, avec les autorités de facto. Des travaux sont en cours pour réaliser cette demande des femmes afghanes, sous la direction de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA). Mme Bachelet a demandé à nouveau aux autorités de facto d’entendre ces appels urgents.

La Haute-Commissaire a aussi demandé aux autorités de facto de fixer une date définitive pour l'ouverture des écoles secondaires pour les filles ; de supprimer les restrictions à la liberté de mouvement des femmes, ainsi que l’obligation qui leur est faite de se couvrir le visage ; et de leur permettre d'accéder à un emploi, y compris indépendant.

Mme Bachelet a d’autre part plaidé pour la remise en fonction de mécanismes indépendants pour recevoir les plaintes du public et protéger les victimes de violences sexistes. La Haute-Commissaire a insisté sur le fait que les actes de violence sexiste devaient faire l'objet d’enquêtes indépendantes et les responsables rendre des comptes.

Mme Bachelet a vivement encouragé les autorités afghanes de facto à demander des conseils à d’autres pays à prédominance musulmane ayant une expérience de la défense des droits des femmes et des filles dans un contexte religieux. À cet égard, la visite récente d'une délégation de l'Organisation de coopération islamique en Afghanistan est une étape importante, a dit Mme Bachelet.

Mme Bachelet a recommandé à la communauté internationale, entre autres démarches, de soutenir les initiatives consistant à concevoir – sous la direction des femmes afghanes – une stratégie de promotion des droits des femmes et des filles assortie de critères et d'attentes clairs. Dans un contexte de crise économique, a ajouté la Haute-Commissaire, la contribution des femmes à l'activité économique est indispensable : mais cela suppose qu’elles aient accès à l'éducation, soient libres de leurs mouvements et soient protégées contre la violence.

La Haute-Commissaire a aussi invité les États membres qui ont imposé des sanctions à laisser passer l'aide indispensable aux personnes dans le besoin.

M. RICHARD BENNETT, nouveau Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en Afghanistan, s’exprimant au nom du Comité de coordination des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme, a lui aussi exprimé sa sympathie pour les communautés touchées par le tremblement de terre qui a frappé l’Afghanistan. Il a insisté sur la nécessité d'intensifier l'aide et le soutien humanitaires, en veillant à ce que l'aide atteigne aussi les femmes et les filles afghanes, ainsi que d'autres groupes marginalisés.

Depuis août 2021, a rappelé le Rapporteur spécial, les titulaires de mandats au titre des procédures spéciales n’ont cessé de faire état de leurs préoccupations concernant la situation des femmes en Afghanistan. Ils ont déploré le recul des droits des femmes et des filles et ont souligné l'importance cruciale de la pleine participation des femmes à la vie publique et politique, a souligné M. Bennett. Les titulaires ont condamné la décision de refuser aux filles l'accès à l'enseignement secondaire et ont dénoncé la volonté persistante des Taliban d'effacer les femmes et les filles de la vie publique du pays, de les priver de leurs droits humains fondamentaux ainsi que d'institutionnaliser la discrimination et la violence sexistes.

M. Bennett a indiqué que, depuis qu’il a pris ses fonctions et qu’il s’est rendu en Afghanistan, les informations reçues confirment ces sombres constatations et indiquent une détérioration rapide de la situation. La dégradation des droits des femmes semble au cœur de l’idéologie des Taliban, a affirmé le Rapporteur spécial. Mariages forcés, mariages précoces et mariages d'enfants ; restrictions sur la tenue vestimentaire des femmes ; exclusion des femmes de l'éducation et de la vie publique ; et obstacles à l'emploi des femmes : toutes ces violations sont identiques à celles dénoncées par les procédures spéciales sous le régime taliban dans les années 1990 déjà.

M. Bennett a indiqué que, lors de la visite qu’il a effectuée en Afghanistan du 15 au 26 mai dernier, il s’était entretenu non seulement avec des groupes des femmes, mais aussi avec le Ministre des affaires étrangères par intérim, un vice-premier ministre par intérim et plusieurs autres ministres par intérim et gouverneurs de province : tous ces responsables ont dit qu'ils respecteraient les traités internationaux relatifs aux droits de l'homme ratifiés par l'Afghanistan – mais uniquement dans la mesure où ces traités ne sont pas en conflit avec la charia, a regretté M. Bennett.

Lors de chaque réunion [qu’il a eues lors de cette visite], le Rapporteur spécial a fait part de ses préoccupations concernant les atteintes aux droits des femmes. Les autorités l'ont informé qu'un comité dirigé par le Président de la Cour suprême par intérim examinait la question, mais elles n'ont donné aucune indication sur la date de réouverture des écoles ni sur les conditions dans lesquelles elle se ferait. Il semble, a ajouté M. Bennett, que les Taliban ne veulent pas seulement imposer une ségrégation absolue entre les sexes, mais aussi rendre les femmes invisibles.

M. Bennett a demandé aux Taliban d'instaurer un dialogue constructif avec les femmes afghanes ; de respecter le droit de toutes les femmes et de toutes les filles à l'éducation à tous les niveaux ; de veiller à ce que les femmes puissent participer activement à la vie active, y compris aux soins de santé ; et de respecter le droit des femmes et des filles de manifester pacifiquement et d’être protégées contre toute forme de violence.

M. Bennett a invité les États membres à exiger la participation des femmes afghanes à tous les niveaux des processus décisionnels – y compris dans l'acheminement de l'aide humanitaire afin qu'elle atteigne les femmes et les filles de manière équitable – et à accroître leur soutien aux femmes et aux filles afghanes.

Les violations des droits des femmes et des filles en Afghanistan sont bien documentées par le mandat du Rapporteur spécial ainsi que par d'autres mécanismes des droits de l'homme, a ajouté M. Bennett. Il a espéré que les victimes obtiendraient réparation et justice.

MME FAWZIA KOOFI, militante des droits humains, première femme à avoir accédé à la vice-présidence du Parlement afghan et ancienne membre de l’équipe de négociation de paix avec les Taliban, a insisté sur le fait que la situation des femmes et des filles en Afghanistan était anormale, et qu’elle serait considérée comme telle dans d’autres pays musulmans, s’ils y étaient confrontés. Avec les Taliban, la participation des femmes à la vie politique et dans l’administration est tombée à zéro, tandis que le nombre de filles scolarisées est tombé de 4 millions à 1,5 million à peine. Des fillettes de 9 ans sont vendues, non seulement pour des raisons économiques, mais aussi faute d’espoir pour elles et leur famille. Tout cela n'est pas normal, a insisté Mme Koofi.

Les femmes afghanes ont prouvé qu’elles sont capables de contribuer à l’évolution de la société, a rappelé Mme Koofi. Or, l’Afghanistan est aujourd’hui le seul pays au monde où elles sont invisibles et considérées comme des citoyens de deuxième classe. Les Taliban n’ont clairement pas tenu les promesses qu’ils ont faites pendant les négociations, a déploré Mme Koofi.

Les actes des Taliban ne sont pas conformes à l’islam, a poursuivi Mme Koofi. Non seulement cette situation a des répercussions sur les droits humains, mais elle risque aussi de transformer le pays en un refuge pour d’autres extrémistes, a-t-elle mis en garde.

Mme Koofi a ensuite demandé à la communauté internationale de faire en sorte, par tous les moyens à disposition, que les Taliban rendent compte de leurs actes devant les citoyennes et les citoyens. Elle a aussi prié les autres pays musulmans de ne pas laisser les Taliban donner une image fausse de l’islam, et de se montrer solidaires avec le peuple afghan.

Mme Koofi a enfin recommandé que les donateurs et organisations d’aide humanitaire obligent les autorités de facto à faire en sorte que la participation des femmes soit à hauteur de 50% – non seulement en tant que bénéficiaires de l’aide, mais aussi dans la prise de décision.

Pays concerné

Un représentant de l’Afghanistan a souligné que le contraste ne pouvait être plus saisissant : à l'heure où le Conseil se réunit, les Taliban ont convoqué, à Kaboul, un rassemblement de 3000 de leurs membres – tous des hommes – et ont chargé 12 000 autres hommes armés de surveiller ce rassemblement, en l’absence de tout média indépendant et de la moindre femme. Les Taliban, convaincus que la communauté internationale a oublié le peuple afghan, ignorent délibérément toute obligation, tout engagement et toute promesse de défendre les droits fondamentaux des femmes et des jeunes filles, a souligné le représentant afghan.

Pour la majorité du peuple afghan, cette situation n'est pas normale et constitue « un affront à nos valeurs, à nos coutumes et à l'enseignement de la sainte religion de l'islam », alors que le pays, riche en culture et en diversité, était et reste un point de rencontre et un microcosme de toutes les civilisations régionales, a poursuivi le représentant afghan. Les femmes et les filles d'Afghanistan refusent de laisser la peur dicter leurs actions et continuent à avancer face à l'oppression. Cette situation ne se retrouve dans aucun des États majoritairement musulmans, du Maroc à l'Indonésie, et est certainement anormale au regard du droit international des droits de l'homme, a ajouté le représentant.

La situation des femmes et des filles en Afghanistan exige la création d’un mécanisme de surveillance solide capable de recueillir, de consolider et d'analyser les preuves de violations ; de documenter et de vérifier les informations ; d'identifier les responsables ; de rendre la justice et de secourir les victimes ; et enfin d’émettre des recommandations pour éviter que de nouvelles violations ne soient commises, a affirmé le représentant afghan.

Aperçu du débat

De nombreuses délégations ont exprimé leur solidarité avec le peuple afghan à la suite du tremblement de terre qui a frappé le pays le 22 juin dernier. Plusieurs d’entre elles ont indiqué avoir fait des dons pour aider l’Afghanistan à faire face à cette situation.

De nombreuses délégations ont dénoncé le fait que plus d’un an après l’arrivée des Taliban, la population est confrontée à une grave crise humanitaire, économique et des droits de l’homme. Dans ce contexte, la situation des filles et des femmes afghanes est particulièrement préoccupante, a-t-il été souligné à maintes reprises. Aucun pays, quelle que soit la conviction religieuse de son peuple ou de son gouvernement, ne refuse aux filles le droit à une éducation secondaire – sauf l’Afghanistan, a dénoncé une délégation. Le message adressé à toutes les Afghanes et à la communauté internationale est clair : les Taliban n’ont aucune intention de respecter leurs engagements, a-t-il été regretté.

Ont été dénoncées les multiples directives et pratiques qui entravent les droits des femmes, y compris leur liberté de circulation, leur droit à un emploi rémunéré et leur droit de participer à la vie politique, économique et sociale et à la prise de décision. Plusieurs délégations ont relevé des mesures récentes « extrêmement préoccupantes » imposées à « la moitié de la population afghane » [les femmes], notamment l’interdiction faite aux filles de 12 ans et plus de se rendre à l’école, l’imposition du voile intégral dans l’espace public ou encore l’interdiction pour les femmes et les filles de quitter le domicile en dehors « des cas de nécessité ». Nombre de femmes juristes ou magistrates ont dû fuir le pays, et les femmes appartenant à des minorités afghanes, comme les Hazaras, sont confrontées à des difficultés encore plus grandes, a-t-il été souligné.

La situation actuelle en Afghanistan est le résultat d'une misogynie extrême et toutes ces décisions [prises par les Taliban] n’ont qu’un but : rendre les femmes invisibles et muettes, a-t-il été déploré. Or, un pays ravagé par 44 ans de conflit, confronté à de graves défis humanitaires et de développement, peut difficilement se permettre d’exclure la moitié de sa population de la participation à la reconstruction de la société, a-t-il été souligné.

Toutes les victimes et survivantes de violences sexuelles et sexistes doivent avoir accès à la justice, à un recours effectif et à des réparations, ont en outre plaidé plusieurs délégations. Une délégation a dénoncé le nombre très élevé de suicides chez les femmes afghanes en raison de ces violences. Plusieurs délégations ont appelé les autorités afghanes à mettre fin aux crimes d’honneur.

Le territoire afghan ne doit pas servir à lancer des attaques terroristes contre d’autres pays, a pour sa part souligné une délégation.

Plusieurs délégations ont appelé la communauté internationale à protéger et à soutenir les défenseures des droits des femmes afghanes. L’ONU et le reste de la communauté internationale doivent continuer à soutenir le peuple afghan et la création d’un gouvernement inclusif, qui représente son peuple et respecte les droits humains de tous, y compris ceux des femmes et des filles, ont plaidé de nombreux intervenants.

La participation, l’inclusion et l’autonomisation de toutes les femmes et de toutes les filles, dans tous les domaines de la vie, sont essentielles pour une paix durable et pour un développement économique et social durable. C’est aussi une condition à la réalisation de tous les droits de l’homme de toutes les personnes en Afghanistan, a-t-il été souligné. Le gouvernement de facto doit donc s’acquitter de ses engagements visant à assurer l’exercice des droits fondamentaux des femmes et des filles, conformément aux obligations qui incombent à l’État en vertu du droit international relatif aux droits de l’homme.

Aider la société civile afghane exige davantage qu’apporter une aide humanitaire au pays, a pour sa part souligné une organisation non gouvernementale (ONG). Une autre ONG a mis en garde contre les dangers qui, sous l’actuel gouvernement de facto, pèsent sur les organisations de la société civile.

La situation en Afghanistan prouve à quel point il est nécessaire et opportun de demander au Conseil des droits de l’homme de se concentrer sur la situation des droits fondamentaux des femmes et des filles en Afghanistan, a-t-il été affirmé. Plusieurs appels ont été lancés aux membres du Conseil afin qu’ils votent en faveur de la résolution sur les droits des femmes et des filles en Afghanistan qui sera présentée à la fin de cette cinquantième session du Conseil.

Un groupe de pays a plaidé pour le rétablissement des liens commerciaux, économiques, de transport, logistiques et énergétiques avec l’Afghanistan afin de résoudre des problèmes humanitaires aigus. Une délégation a appelé à maintenir le dialogue avec les Taliban pour ne pas manquer une chance d’influencer la trajectoire actuelle s’agissant de l’avenir de l’Afghanistan.

D’autres délégations ont affirmé que la situation humanitaire critique en Afghanistan reflétait l’échec de la politique de guerre des États-Unis qui, après une occupation militaire sanglante, a laissé l’Afghanistan embourbé dans le chaos et l’incertitude. Plusieurs délégations ont dénoncé les mesures coercitives unilatérales imposées par les États-Unis et les pays occidentaux contre l’Afghanistan.

* Liste des intervenants : Islande (au nom d’un groupe de pays), République tchèque (au nom de l’Union européenne), Kazakhstan (au nom d’un groupe de pays), Pakistan (au nom de l’Organisation de coopération islamique), Qatar, Luxembourg, Allemagne, France, Lituanie, Mexique, République tchèque, Indonésie, Japon, République de Corée, Pakistan, Monténégro, Venezuela, Brésil, Inde, Paraguay, Finlande, Chine, Namibie, Ukraine, Royaume-Uni, Népal, Malaisie, Pologne, Argentine, Émirats arabes unis, États-Unis, Îles Marshall, Pays-Bas, ONU-Femmes, Portugal, Équateur, Canada, Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), Uruguay, Australie, Espagne, Costa Rica, International Development Law Organization, Norvège, Croatie, Irlande, Pérou, Autriche, Estonie, Roumanie, Slovénie, Nouvelle-Zélande, Suisse, Belgique, Chili, République de Moldova, Viet Nam, Albanie, Grèce, Türkiye, Malte, Égypte, Timor-Leste, Italie, Fonds des Nations Unies pour la population, Suède, Bulgarie, Chypre, Maldives, Fédération de Russie, Israël et Iran.

La Commission indépendante des droits de l’homme de l’Afghanistan a aussi fait une déclaration, de même que les organisations non gouvernementales suivantes : Fédération internationale des ligues de droits de l’homme, Meezaan Center for Human Rights, Union internationale humaniste et laïque, Service international pour les droits de l'homme, Fédération internationale pour la planification familiale, The Next Century FoundationMaat for Peace, Development and Human Rights Association, Association Ma'onah for Human Rights and Immigration, Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté, Commission internationale des juristes, Forum asiatique pour les droits de l'homme et le développement, Organisation mondiale contre la torture, Lawyers’ Rights Watch – CanadaSave the Children International, Human Rights WatchFreedom Now, Minority Rights GroupInternational Bar Association, Amnesty International, Sisterhood Is Global Institute, Civicus, Association pour la défense des droits de l'homme et des revendications démocratiques et culturelles du peuple azerbaïdjanais-Iran – « ARC », Interfaith International et Center for Global Nonkilling.

 

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