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LE FORUM SUR LA GOUVERNANCE D’INTERNET ABORDE LES QUESTIONS LIÉES À LA PARITÉ ET À LA PARTICIPATION DES FEMMES

Communiqué de presse
Addresses Key Issues and Challenges, Explores why Gender Equality Online Is a Human Rights Issue, Highlights Gender Bias in Design and Algorithmic Decision-making, and Outlines Steps to Take Women and the Internet Governance Agenda to the Next Level

Le Forum sur la gouvernance d’Internet a tenu, cet après-midi, un débat axé sur la place des femmes dans la gouvernance du monde numérique. Les discussions ont porté, dans un premier temps, sur les enjeux et problèmes en matière d’accès des femmes à Internet, puis ensuite sur les modalités concrètes de l’inclusion des femmes aux processus et forums de décision concernant la gouvernance d’Internet.

En tant que modératrice du débat, Mme Bishakha Datta, de la Gender Dynamic Coalition, a expliqué qu’il était important de tenir une séance axée sur ces questions, afin qu’à l’avenir la question de la parité soit intégrée dans toutes les discussions sur la gouvernance d’Internet.

Concernant l’accès des femmes à l’Internet, Mme Chenai Chair, de Research ICT Africa, a souligné que des initiatives tant compte de la parité entre les sexes avaient été prises en Afrique mais que, dans l’ensemble, cette question de la parité reste de l’ordre du discours. Mme Chair a déploré que les différents acteurs travaillent de manière cloisonnée, avec peu de passerelles entre eux concernant l’accès des femmes à Internet.

Mme Doreen Bogdan, de l’Union internationale des télécommunications (UIT), a expliqué que l’année 2017 avait été très importante pour la prise en compte du fossé numérique entre hommes et femmes. Cette question a aussi été évoquée par d’autres organes des Nations Unies. Pourtant, l’écart entre hommes et femmes concernant l’accès à l’Internet se creuse; il est aujourd’hui de 12%, a déploré Mme Bogdan. Il est possible d’agir à différents niveaux, a-t-elle affirmé, soulignant que de petites initiatives sur le terrain peuvent aussi avoir de grands résultats. Il est important de partager les bonnes expériences dans ce domaine, a-t-elle insisté.

Mme Joyce Dogniez, de l’Internet Society, a expliqué que, dans les pays en développement, les femmes ont 25% de chance en moins d’avoir accès à l’Internet. Ce ne sont pas les technologies en tant que telles qui entraînent ces inégalités: il faut envisager cette question sous l’angle social et culturel, a-t-elle souligné.

Dans le débat qui a suivi ces présentations, une intervenante a voulu savoir quelle attitude les gouvernements devraient adopter lors de la prochaine conférence plénipotentiaire de l’Union internationale des télécommunications à Dubaï, l’an prochain. Mme Bogdan a précisé que cette conférence allait nommer les instances dirigeantes de l’UIT. L’organisation en profitera pour organiser des séminaires sur la participation des femmes, a indiqué Mme Bodgan, invitant les États Membres à y participer et à proposer des solutions concrètes.

Une intervenante a observé que de nombreuses femmes éprouvent des difficultés à accéder à Internet du fait que les technologies sont avant tout faites par et pour les hommes. Une autre intervenante a ajouté que les femmes accèdent en outre difficilement aux formations techniques. L’une des panélistes a fait savoir que certaines initiatives nationales étaient parvenues à augmenter de 10% à 20% la part des filles dans les filières scientifiques.

Mme Chair a insisté sur l’importance de tenir compte des contextes sociaux et familiaux plus ou moins propice à l’accès des femmes à la technologie. Il ne suffit pas de fournir les moyens techniques, a-t-elle constaté; il faut aussi faire changer les conceptions culturelles, ce que les gouvernements ne sont pas toujours prêts à envisager, a-t-elle indiqué, appelant les ministères concernés à collaborer pour ce faire avec les organisations de femmes.

Mme Veroniqua Birga, du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, a expliqué que l’espace en ligne n’était pas un espace sans droit. Tous les droits hors ligne s’appliquent pour le cyberespace, y compris s’agissant de l’égalité entre les sexes. L’accès aux technologies de l’information et de la communication (TIC) doit intégrer et permettre la jouissance d’un certain nombre de droits et libertés; la promotion de l’accès à l’Internet découle de ces droits-là. Il y a obligation d’essayer de combler le fossé numérique en termes de parité ; les obstacles qui s’opposent à l’accès des femmes aux TIC sont les mêmes que ceux qui s’opposent à leur participation à la vie publique, ce qui renvoie plus particulièrement à l’ensemble des discriminations basées sur le sexe.

M. Amos Toh, conseiller du Rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression, a souligné que les femmes LGBTI sont reconnues au niveau intergouvernemental puisqu’il y a un mandat d’expert dans ce domaine. M. Toh a regretté que nombre d’États se taisent face aux abus sur Internet dont est victime la communauté LGBTI.

Concernant les violences sexuelles en ligne, Mme Patricia Schulz, membre du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, a indiqué que le Comité abordait la question du cyber-harcèlement dans ses recommandations. Lors des dialogues avec les États, la question des violences en ligne est soulevée par les membres du Comité, a-t-elle insisté.

S’agissant plus globalement des questions de parité en rapport avec l’émergence des nouvelles technologies, Mme Maria Paz, Directrice exécutive de Derechos Digitales, a expliqué qu’il faudrait par défaut, dès la conception des nouvelles technologies, y mettre un point de vue sexospécifique. La technologie n’est pas neutre; elle est dominée par l’approche défendue par les hommes, a-t-elle expliqué, plaidant pour que les femmes deviennent le sujet de la création du contenu numérique. Pour Mme Titi Akinsanmi, de Google, une partie de la solution, pour opérer un changement, serait que les femmes conçoivent elles-mêmes des sites. Si les femmes veulent faire partie du processus de changement dans les nouvelles technologies, il faut former les jeunes filles et leur donner la capacité de se connecter, a-t-elle indiqué.

Mme Desiree Milosevic, d’Afilias, a relevé le pouvoir très important des algorithmes, qui demeurent néanmoins opaques; ils ont un effet sur la parité et il faut donc travailler ensemble, de manière neutre, pour assurer un algorithme neutre, car la vie des femmes est touchée par ce qui se passe sur Internet, a-t-elle affirmé.

La modératrice du débat a relevé que les problèmes soulevés durant cette discussion n’étaient pas nouveaux et a souligné qu’ils appelaient des réponses influencées par l’expérience féministe. Une intervenante a demandé aux panélistes de faire part de leur conception de la présence des femmes sur Internet dans dix ans. Une autre intervenante s’est demandé pourquoi aucun forum mondial n’était consacré explicitement aux questions intéressant les femmes et Internet: elle a regretté que cette question soit exploitée par d’autres instances, comme l’Organisation mondiale du commerce.

Répondant à ces questions, les panélistes ont fait observer que les femmes engagées disposent d’ores et déjà des moyens de concrétiser des projets intéressants. Mais le risque est de cloisonner les questions de genre: or, il faut au contraire inciter les autres acteurs – grandes entreprises, secteur technique – à participer aux initiatives en faveur de la participation des femmes en ligne. Y parvenir d’ici dix ans serait un résultat appréciable, a-t-il été estimé.

S’agissant enfin de l’inclusion des femmes dans la gouvernance d’Internet, Mme Lise Fuhr, Directrice générale de l’Association européenne des opérateurs de réseaux de télécommunications (ETNO), a constaté que les femmes sont moitié moins susceptibles que les hommes d’utiliser Internet: de nombreuses compétences sont ainsi perdues au détriment de l’efficacité du secteur. Mais des progrès sont perceptibles en Europe; la présence des femmes dans ce secteur est importante car elle envoie un signal aux jeunes femmes, a souligné Mme Fuhr. Mme Avri Doria, du Human Rights Protocol Consideration Research Group, a elle aussi relevé que de nombreuses structures régionales de réglementation d’Internet sont dirigées par des femmes. Au Forum lui-même, la structure de direction est bien équilibrée, a-t-elle en outre relevé. Il reste néanmoins encore beaucoup à faire, l’environnement politique et technique étant toujours dominé par les hommes, a-t-elle ajouté.

Mme Chat Garcia Ramilo, Directrice exécutive de l’Association pour le progrès des communications (APC), a constaté que 37% des panélistes au Forum sont des femmes, une proportion qui marque un net progrès par rapport à 2011 mais qui reste insuffisante. Il importe donc de mobiliser les femmes au plan régional et national, comme cela a été fait dans la région Asie-Pacifique, a-t-elle indiqué.
Mme Lissette Pérez Pérez, du Ministère des communications de Cuba, a assuré que l’inclusion des femmes cubaines dans les processus de décision est l’une des réussites du pays, les femmes représentant par exemple 40% des parlementaires. Dans le secteur de l’éducation, dix instituts d’enseignement technique sont dirigés par des femmes, a-t-elle ajouté.

Mme Tara Denham, du Ministère des affaires étrangères du Canada, a fait savoir que son Gouvernement avait lancé un programme de coopération internationale sur les questions féminines, portant notamment sur la participation des femmes dans les processus de paix, sur l’égalité entre les sexes et sur la diversité. Le Canada misera, dans ce contexte, sur l’instauration d’un environnement propice au respect des droits humains en général.


Demain matin, à 10 heures, la séance principale du Forum sera consacrée à la manière de mettre la transformation numérique au service des droits sociaux, économiques et relatifs au travail.


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

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