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Le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes auditionne la société civile de nombreux pays

Compte rendu de séance

 

Le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) a auditionné cet après-midi des organisations de la société civile au sujet de l’application de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes au Mexique, en Thaïlande et en Irlande – soit les trois pays dont les rapports seront examinés cette semaine.

Le Comité a aussi entendu des représentants de la société civile du Kazakhstan, de la Pologne, de la République de Moldova et du Paraguay, pays dont les rapports auraient dû être examinés lors de la 93 e réunion du Groupe de travail présession du Comité sur les États parties, réunion annulée en raison des restrictions budgétaires aux Nations Unies.

Outre les organisations de la société civile, plusieurs membres du Comité ont pris la parole durant la séance.

 

Le Comité entamera l’examen du rapport du Mexique demain à 15 heures.

 

Audition de la société civile

S’agissant du Mexique

Les intervenantes qui ont pris la parole ont notamment dénoncé une militarisation croissante du pays qui augmente le risque de violences contre les femmes et les filles autochtones et les femmes et filles privées de liberté, entre autres. Ont aussi été dénoncées des disparitions forcées de femmes, des violences envers les femmes et filles afromexicaines, ainsi que des féminicides, de même qu’une montée de la violence en ligne contre les femmes. Plus de 90 % des délits commis contre les défenseuses des droits des femmes au Mexique ne sont pas sanctionnés, a déploré une intervenante.

Le Comité a été prié de recommander au Mexique de garantir la vie et l’intégrité des femmes, de mener des politiques favorables à l’égalité et à la diversité, et de faire respecter le droit des femmes de choisir en matière de santé reproductive.

Ont fait des déclarations : Alianza por los derechos de las mujeres y niñas en toda su diversidad, GAMAG & Laboratorio Feminista de Derechos Digitales, Alianza de Mujeres Indígenas de Centroamérica y México, y Mujeres afromexicanas. 

Des expertes du Comité ont posé des questions sur le nombre de plus en plus important de femmes placées en « détention provisoire non officielle » et sur la prise en charge des femmes victimes de la traite des êtres humains au Mexique.

S’agissant de l’Irlande

Les intervenantes ont fait état de problèmes dans les domaines de la garde d’enfants, en particulier dans le contexte de la privatisation en cours des crèches, ainsi que de l’accès à l’avortement, qui reste très limité. La prévalence de violences motivées par le genre ainsi que la discrimination envers les femmes migrantes ont été jugées préoccupantes. Ont aussi été pointés des discriminations et un racisme systémique envers les femmes du voyage et roms en Irlande.

L’attention du Comité a par ailleurs été attirée sur le surpeuplement des prisons pour femmes et sur la violence dont sont victimes les femmes handicapées.

Il a été recommandé que le gouvernement renforce les services destinés aux victimes de mutilations génitales féminines en Irlande et qu’il adopte un calendrier pour le versement de réparations aux femmes victimes des « blanchisseries de la Madeleine ».

La lenteur des progrès en Irlande en matière de participation des femmes à la vie politique est inquiétante, a regretté un intervenant. Il a recommandé que des quotas de femmes dans les listes des partis soient appliqués pour les élections au niveau national et local.

Il a aussi été recommandé que l’État irlandais mette en place un programme complet de réparation pour les survivants et survivantes d'abus sexuels commis dans des écoles primaires et post-primaires avant 1991/1992.

Ont fait des déclarations : National Women’s Council of Ireland, Immigrant Council of Ireland/NASC/Akidwa, Traveler and Roma Coalition, Beyond Surviving, Irish Penal Reform Trust, University of Galway, Disabled Women Ireland etIrish Human Rights and Equality Commission.

Une experte du Comité a posé des questions relatives aux conditions de la garde des enfants et au versement des pensions alimentaires, de même que sur l’accès à l’avortement et la prévention des mutilations génitales féminines.

S’agissant de la Thaïlande

Des intervenantes ont attiré l’attention du Comité sur l’exclusion des femmes autochtones des prises de décision économiques, en particulier s’agissant de projets d’exploitation minière qui entraînent des violations des droits des femmes autochtones et paysannes. D’autres préoccupations ont été exprimées s’agissant de la sécurité économique des femmes concernées par une modification des lois foncières en novembre 2024.

Des intervenants ont aussi mis en avant des discriminations visant les personnes queer et transgenres en Thaïlande, y compris s’agissant de l’application de la peine de mort. Un manque de services de santé procréative au détriment des femmes handicapées a aussi été pointé.

Le Gouvernement a été appelé à écouter les voix des femmes et à garantir la pérennité de leur subsistance. Il a aussi été recommandé que les lois et politiques protègent mieux les femmes, en particulier les femmes migrantes et réfugiées, contre la violence.

Enfin, il a été relevé que la Constitution de la Thaïlande garantissait l'égalité des sexes, mais que des lacunes subsistaient, l'une des principales préoccupations à cet égard étant la persistance des préjugés sexistes, tant dans les attitudes de la société à l'égard des femmes que dans la perception que celles-ci ont de leur propre rôle. Enfin, la Thaïlande n'a pas encore adopté de loi globale visant à éliminer la discrimination, ce qui constitue une lacune juridique importante, a regretté une intervenante.

Ont fait des déclarations : Protection International, Khon Rak Ban Kerd Dan Khun Thot Group, Civil Society Assembly for Peace (CAP), Indigenous Women’s Network of Thailand, Young Pride Foundation and Asia Pacific Transgender Network, The Foundation of Transgender Alliance for Human Rights and World Coalition Against the Death Penalty, Shero Thailand, Association for the Empowerment of Women with Disabilities etNational Human Rights Commission of Thailand.

Des expertes du Comité ont posé des questions sur l’existence de quotas de femmes dans les instances élues en Thaïlande.

S’agissant du Kazakhstan

L’organisation Equality Now a fait état, notamment, de préoccupations relatives au manque d’accès des femmes victimes de violence, y compris de viol, à la justice et aux réparations. Elle a recommandé que le Kazakhstan érige le viol conjugal en délit et qu’il crée de nouveaux services pour les femmes victimes de violence.

S’agissant de la République de Moldova

 

Il a été regretté que la ratification de la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (Convention d’Istanbul) n’ait pas été suivie des amendements à la loi nécessaires à l’application des dispositions de l’instrument. En particulier, a-t-il été relevé, les victimes de violence domestique ne bénéficient toujours pas d’une protection suffisante contre ce problème.

Ont aussi été dénoncés une discrimination, des préjugés et des violences envers les femmes toxicomanes de même qu’envers les femmes vivant avec le VIH/sida. Il a été recommandé que le pays dépénalise le travail du sexe.

Ont fait des déclarations : Amnesty Internationalet Eurasian Harm Reduction Association (EHRA) .

S’agissant de la Pologne

Le Centre pour les droits reproductifs en Pologne – Federa a fait état de nombreuses violations des droits des femmes en matière d’avortement en Pologne, y compris un manque d’accès à des interruptions volontaires de grossesse sûres et légales.

S’agissant du Paraguay

Amnesty International fait état de préoccupations relatives aux violences sexuelles envers les femmes au Paraguay, à des grossesses forcées et à l’interdiction de l’avortement, même en cas de viol. L’organisation a recommandé que le pays augmente ses investissements dans le système de santé publique afin de réduire la charge financière qui pèse sur les patients, dans un contexte où le pays connaît parmi les taux les plus élevés de cancer du sein et du col de l’utérus.

L’organisation a aussi fait part de sa préoccupation devant le projet de loi déposé au Parlement en avril 2025 visant à supprimer le Ministère de la femme pour le fusionner avec le Ministère de la famille.

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Ce document produit par le Service de l’information des Nations Unies à Genève est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel. 

Les versions anglaise et française de nos communiqués sont différentes car elles sont le produit de deux équipes de couverture distinctes qui travaillent indépendamment. 

 

 

CEDAW25.012F