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Examen de la Hongrie devant le CEDAW : « limiter les droits des femmes à une vision familiale reviendrait à soutenir les stéréotypes que la responsabilité des États est précisément de combattre », souligne une experte

Compte rendu de séance

Alors qu’il examinait aujourd’hui le rapport présenté par la Hongrie au titre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) a constaté quelques progrès dans la mise en œuvre des recommandations adressées au pays lors de l’examen de son précédent rapport, en 2013. Mais il a également noté des problèmes persistants qui empêchent toujours la Hongrie de se conformer à la Convention, en ce qui concerne, en particulier, la discrimination à l'égard des femmes roms et des femmes migrantes et demandeuses d'asile ; l'identité de genre et l'orientation sexuelle ; la sécurité des femmes défenseures des droits humains ; et les effets de la guerre en Ukraine.

« Le mot genre ne se substitue pas aux concepts d’homme et de femme et ne porte en aucune façon atteinte au concept de famille auquel nous sommes tous attachés », a souligné une experte du Comité, après qu’une de ses collègues eut relevé que la loi fondamentale de la Hongrie met l'accent sur la protection des familles et que la question des politiques relatives aux femmes est essentiellement abordée, dans ce pays, sous l'angle de la famille. Le rejet de ce concept [de genre] risque d’entraîner un désengagement plus général de l’État en matière d’égalité entre les femmes et les hommes, a-t-elle mis en garde. D’autre part, « limiter les droits des femmes à une vision familiale reviendrait à soutenir les stéréotypes que la responsabilité des États est précisément de combattre », a ajouté l’experte. Des sources alternatives s’inquiètent de ce que les politiques gouvernementales et la communication officielle renforcent activement les stéréotypes sexistes, a-t-il été observé.

La situation des femmes est aggravée par le refus du Parlement de ratifier la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (Convention d’Istanbul), a-t-il en outre été affirmé.

Des préoccupations ont par ailleurs été exprimées face au fait que la Hongrie enregistre le résultat le plus bas de l’Union européenne en matière de participation des femmes à la vie politique, et face aux difficultés d’accès aux interruptions volontaires de grossesse et aux moyens contraceptifs.

La Hongrie a cependant été félicitée pour sa nouvelle stratégie sur l’égalité adoptée en 2021, pour les amendements apportés au droit du travail et pour le renforcement de la lutte contre la traite d’êtres humains.

Présentant le rapport de son pays, M. Attila Beneda, Secrétaire d'État adjoint pour les affaires familiales au Ministère de la culture et de l'innovation, a souligné que la Constitution hongroise affirmait que les femmes et les hommes sont égaux et que le pays doit protéger l'égalité des sexes par des mesures spécifiques. La Constitution met aussi l'accent sur la protection des familles : c’est pourquoi les politiques relatives aux femmes sont abordées du point de vue de la famille, a-t-il ajouté. Depuis dix ans, a-t-il poursuivi, le Gouvernement hongrois a pris un certain nombre de mesures importantes pour promouvoir l'égalité des sexes et donner la liberté de choix aux femmes dans toutes les sphères de la vie. Ces mesures ont permis d’accroître les chances pour les femmes, de valoriser leur travail et de faire en sorte que la maternité ne soit pas synonyme de difficultés financières, a-t-il insisté. Le Gouvernement a aussi pour priorité de favoriser l'équilibre entre la vie professionnelle et la vie familiale, a souligné M. Beneda.

Il a ensuite fait état d’une amélioration de la situation des femmes sur le marché du travail depuis dix ans et a ajouté que le Gouvernement avait pris des mesures pour soutenir les groupes de femmes défavorisées, comme les mères célibataires, les femmes handicapées ou les femmes roms.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, a ajouté le chef de délégation, la Hongrie a redoublé d'efforts pour lutter contre la traite des êtres humains tout en fournissant une aide substantielle à quelque 1,5 million de réfugiés ukrainiens, une attention particulière allant aux besoins des femmes et des filles en situation vulnérable.

Outre M. Beneda et plusieurs de ses collaborateurs au Ministère de la culture et de l’innovation, la délégation hongroise était également composée, entre autres, de Mme Margit Szűcs, Représentante permanente de la Hongrie auprès des Nations Unies à Genève, et de représentants des Ministères des affaires étrangères, de l’intérieur, de la justice, du développement économique et de l’énergie. La police et le pouvoir judiciaire étaient aussi représentés.

Pendant le dialogue, la délégation a notamment expliqué que la Hongrie ne peut accepter la définition du genre donnée par la Convention d’Istanbul et que le Gouvernement n’a pas l’intention de revenir sur cette position.

Le Comité adoptera ultérieurement, à huis clos, ses observations finales sur le rapport de la Hongrie et les rendra publiques à l’issue de sa session, le 24 février prochain.

 

Demain matin, à 10 heures, le Comité entamera l’examen du rapport de la Géorgie.

 

Examen du rapport de la Hongrie

Le Comité est saisi du neuvième rapport périodique de la Hongrie (CEDAW/C/HUN/9) ainsi que des réponses du pays à une liste de points à traiter qui avait été soumise par le Comité.

Présentation du rapport

Présentant le rapport de son pays, M. ATTILA BENEDA, Secrétaire d'État adjoint pour les affaires familiales au Ministère de la culture et de l'innovation de la Hongrie, a souligné que la Constitution hongroise affirmait que les femmes et les hommes sont égaux et que le pays doit protéger l'égalité des sexes par des mesures spécifiques. La Constitution met aussi l'accent sur la protection des familles : c’est pourquoi les politiques relatives aux femmes sont abordées du point de vue de la famille, a-t-il indiqué. Cela se justifie d'autant plus que l'écart entre les sexes ne provient pas de différences biologiques ou de stéréotypes sociaux entre les femmes et les hommes, mais du fait qu'en raison de l'éducation des enfants, les femmes sont parfois désavantagées dans de nombreux domaines de la vie, en particulier sur le marché du travail, a affirmé M. Beneda.

Depuis dix ans, le Gouvernement hongrois a pris un certain nombre de mesures importantes pour promouvoir l'égalité des sexes et donner la liberté de choix aux femmes dans toutes les sphères de la vie, a poursuivi le Secrétaire d’État adjoint. Ces mesures ont permis d’accroître les chances pour les femmes, de valoriser leur travail et de faire en sorte que la maternité ne soit pas synonyme de difficultés financières.

Le Gouvernement a aussi pour priorité de favoriser l'équilibre entre la vie professionnelle et la vie familiale, a souligné M. Beneda. La possibilité est d’abord donnée aux femmes de revenir sur le marché du travail six mois après l'accouchement tout en recevant des allocations de garde d’enfants, a-t-il ajouté, précisant que le Gouvernement a pour objectif de créer un réseau national d'établissements de soins maternels pour les enfants de moins de trois ans. Il a par ailleurs fait état du programme Women 40, grâce auquel les femmes ayant au moins quarante ans de période d'éligibilité, sous forme d'emploi ou d'éducation des enfants, peuvent prétendre à une pension.

M. Beneda a ensuite fait état d’une amélioration de la situation des femmes sur le marché du travail depuis dix ans en Hongrie. Le nombre de femmes actives est en effet passé à 2 204 000, soit un taux d'emploi de 70%, ce qui est supérieur de cinq points de pourcentage à la moyenne de l’Union européenne. Une tendance similaire à la hausse a été observée dans les revenus des femmes : depuis 2013, l’augmentation des revenus réels est de 65,1 % pour les hommes et de 67,6 % pour les femmes. L'écart de rémunération entre les deux sexes a varié entre 16% et 17% sur la même période, un point sur lequel les autorités doivent encore travailler, a admis M. Beneda.

Le Gouvernement a pris d’autres mesures pour soutenir les groupes de femmes défavorisées, comme les mères célibataires, les femmes handicapées ou les femmes roms, a d’autre part indiqué le Secrétaire d’État adjoint.

Le Gouvernement hongrois condamne fermement toutes les formes de violence domestique et s'engage à éliminer les maltraitances de toute nature, a-t-il poursuivi. La meilleure façon de protéger et de soutenir les victimes et de prévenir la violence domestique est de prendre des mesures concrètes et bien ciblées qui produisent des résultats tangibles et objectivement démontrables : augmentation du nombre de places dans le système de soins spéciaux, ajout de services de soutien et sensibilisation du public à la violence domestique. Sur le plan juridique, depuis 2020, en règle générale, la libération conditionnelle est exclue si l'auteur a commis une infraction violente grave contre un proche ; et, depuis 2021, le Code pénal prévoit des sanctions aggravées en cas de viol, a précisé M. Beneda.

Parallèlement, le système de prise en charge des victimes de violence domestique a plus que triplé de volume ces dernières années. Les nouveaux sites de services – dont cinq centres de crise et sept abris secrets – créés en 2018 avec des fonds de l’Union européenne, sont financés par le budget national depuis 2022, a indiqué le chef de la délégation hongroise.

Par ailleurs, a-t-il ajouté, depuis le début de la guerre en Ukraine, la Hongrie a redoublé d'efforts pour lutter contre la traite des êtres humains tout en fournissant une aide substantielle à quelque 1,5 million de réfugiés ukrainiens, une attention particulière allant aux besoins des femmes et des filles en situation vulnérable.

Enfin, M. Beneda a fait savoir que la Hongrie avait nommé en 2019 un « point focal national sur le genre et le changement climatique » auprès de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. La Hongrie donne aux femmes les moyens de devenir des leaders de l'action climatique, puisque le Gouvernement a nommé une femme, pour la troisième fois consécutive, au poste de Secrétaire d'État adjointe au changement climatique.

Questions et observations des membres du Comité

MME BANDANA RANA, rapporteuse du Comité pour l’examen du rapport de la Hongrie, a indiqué que le Comité avait constaté quelques progrès dans la mise en œuvre des recommandations adressées à la Hongrie lors de l’examen du précédent rapport du pays, en 2013, mais qu’il notait également des problèmes persistants qui empêchent toujours la Hongrie de se conformer à la Convention, en ce qui concerne, en particulier, la discrimination à l'égard des femmes roms et des femmes migrantes et demandeuses d'asile ; l'identité de genre et l'orientation sexuelle ; la sécurité des femmes défenseures des droits humains ; et les effets de la guerre en Ukraine.

La loi fondamentale de la Hongrie met l'accent sur la protection des familles et la question des politiques relatives aux femmes est essentiellement abordée sous l'angle de la famille, a ensuite observé Mme Rana : aussi, le Comité aimerait-il comprendre comment cette politique rend les femmes plus indépendantes et garantit leur liberté de choix, a-t-elle indiqué.

Une autre experte a félicité la Hongrie pour l’adoption de sa nouvelle stratégie sur l’égalité en 2021, ainsi que pour les amendements législatifs apportés au droit du travail et pour le renforcement des mesures de lutte contre les violences et contre la traite d’êtres humains.

Pour autant, a poursuivi l’experte, certaines régressions liées à l’organisation de la justice et à la séparation des pouvoirs, au droit à l’avortement, au traitement des minorités et aux limitations au droit d’asile ont soulevé des inquiétudes sur le respect de l’état de droit et conduit l’Union européenne à suspendre, en décembre 2020, une partie de ses financements dans l’attente de réformes. Les femmes sont au cœur de ce problème et leur situation est aggravée par le refus du Parlement de ratifier la Convention d’Istanbul, a souligné l’experte. Elle a voulu savoir si la Hongrie pouvait envisager, à tout le moins, de mettre en œuvre une réponse législative équivalente qui assure la lutte contre les violences et contre les discriminations.

« Le mot genre ne se substitue pas aux concepts d’homme et de femme et ne porte en aucune façon atteinte au concept de famille auquel nous sommes tous attachés », a souligné l’experte. La Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et la Recommandation générale n° 35 du Comité [sur la violence à l’égard des femmes fondée sur le genre] ne promeuvent pas l’« idéologie du genre » : le mot genre fait ici prioritairement référence au fait que les femmes sont victimes de violences et de discriminations parce qu’elles sont des femmes, ce qui est indéniable, a expliqué l’experte. Le rejet de ce concept risque d’entraîner un désengagement plus général de l’État en matière d’égalité entre les femmes et les hommes, a mis en garde l’experte.

Les discriminations évoquées dans la Constitution ne couvrent pas l’ensemble des motifs mentionnés dans la Convention, dont celui de l’orientation sexuelle, a par ailleurs relevé l’experte.

D’autre part, « limiter les droits des femmes à une vision familiale reviendrait à soutenir les stéréotypes que la responsabilité des États est précisément de combattre », a ajouté l’experte.

Une autre experte a regretté que la société civile n’ait pas été consultée dans l’élaboration du Plan d'action national 2021-2030 [pour l’autonomisation des femmes dans la famille et la société]. Elle a souhaité en savoir davantage sur la coopération du Gouvernement avec les organisations non gouvernementales qui se concentrent sur la protection des minorités sexuelles et nationales.

Plusieurs questions ont en outre porté sur les raisons de la création du Commissaire aux droits fondamentaux en remplacement de l’ancienne Autorité pour l’égalité de traitement. En mars 2022, a-t-il été relevé, le Commissaire a été rétrogradé au statut « B » des Principe de Paris, principalement pour ne pas avoir traité de manière adéquate les questions concernant les groupes vulnérables tels que les minorités ethniques et sexuelles.

Il a par ailleurs été demandé si la Hongrie allait porter à 40%, au lieu de 20% actuellement, le quota de femmes au Parlement et dans les postes à responsabilité des entreprises ; et si des mesures temporaires spéciales avaient été prises pour augmenter la place des femmes handicapées dans le marché du travail.

Plusieurs expertes ont voulu savoir comment les autorités luttaient contre les stéréotypes qui limitent les femmes dans les rôles de mère et d’épouse. Des sources alternatives s’inquiètent de ce que les politiques gouvernementales et la communication officielle renforcent activement ces stéréotypes sexistes, a fait observer une experte.

Relevant que la Hongrie faisait état d’une augmentation du nombre de places dans le système de soutien aux femmes victimes de violence domestique, la même experte a fait observer que selon d'autres sources, l'accès à ces services est difficile, en particulier parce qu’il est conditionné à une situation de crise, c'est-à-dire à l’existence d’une menace imminente pour la vie de la victime. L'accès à l'aide juridique gratuite est également limité en raison d’exigences bureaucratiques et d’une pénurie d'avocats, a ajouté l’experte.

Un expert membre du Comité a relevé que la Hongrie était un pays d'origine et de transit pour les femmes et les filles victimes de la traite à des fins d'exploitation sexuelle, ainsi qu’un pays source pour les hommes et les femmes victimes de la traite à des fins d'exploitation par le travail. Or, le pays ne dispose pas d'un mécanisme efficace pour identifier les victimes de la traite des êtres humains qui sont des migrants, tandis qu'il offre des services limités aux victimes migrantes, notamment celles qui n'ont pas de résidence légale en Hongrie, a affirmé l’expert.

Une experte a fait remarquer que la Hongrie enregistrait continuellement depuis 2015 le résultat le plus bas de l’Union européenne en matière de participation des femmes à la vie politique. Ainsi, le pays compte-t-il seulement 13,2% de missions diplomatiques conduites par des femmes, trois femmes ministres et 13,07% de femmes parmi les députés.

Une experte a demandé à quels niveaux qualitatif et quantitatif se situait la participation des femmes dans les forces armées, la diplomatie et la police.

Une experte a fait part de sa préoccupation devant la promotion, en Hongrie, d’une distinction binaire entre « qualités féminines » et « qualités masculines » et le risque que cela ne perpétue et ne renforce les stéréotypes sexistes par le biais de l'éducation.

Une autre experte a félicité la Hongrie pour les mesures prises afin de favoriser le retour des parents de jeunes enfants dans le monde du travail ainsi que l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Le Gouvernement pourrait adopter une réglementation explicite imposant un salaire égal pour un travail de valeur égale, a en revanche estimé l’experte, rappelant que l'écart de rémunération entre les sexes atteint 17% en Hongrie

Une experte a fait part de sa préoccupation face aux difficultés d’accès aux interruptions volontaires de grossesse (pourtant légales en Hongrie) et aux moyens contraceptifs (qui sont dispensés sur ordonnance médicale seulement). L’experte a déploré le discours culpabilisant à l’encontre des femmes qui n’ont pas d’enfant, ainsi que ce qu’elle a qualifié de « propagande contre l’avortement » en Hongrie.

Une experte a recommandé à la Hongrie d’adopter une stratégie et un plan d’action complets pour lutter contre les discriminations sur la base de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre.

Réponses de la délégation

La délégation a expliqué que les politiques concernant les femmes relevaient du Ministère de la famille compte tenu du rôle unique joué par les femmes dans la société, s’agissant notamment de la procréation et de la maternité. Depuis 2010, la Hongrie s’efforce de remédier à la crise démographique par ses propres moyens, par des outils et mesures ciblés. Le Gouvernement veut, dans le même temps, être certain que les femmes ont le choix et qu’elles sont en mesure de poursuivre une carrière, a expliqué la délégation.

Les juges aux affaires familiales reçoivent des formations sur les dispositions de la Convention, a d’autre part indiqué la délégation.

La Constitution et la loi interdisent toute forme de discrimination en Hongrie, les listes de motifs de discrimination qui y sont mentionnées n’étant pas exhaustives, a par ailleurs expliqué la délégation. Les hommes et les femmes étant déjà considérés comme égaux, il serait discriminatoire d’adopter des lois spécifiques pour les femmes, a-t-elle affirmé, avant d’ajouter que le Gouvernement s’efforce cependant de renforcer les droits des femmes pour qu’elles aient davantage de chances sur le marché du travail, notamment.

La moindre suspicion de violence domestique entraîne une réaction des autorités, a par la suite assuré la délégation. Elle a décrit plusieurs dispositifs mis en place pour venir en aide aux victimes, citant notamment les ambulances de crise et les abris secrets. Sur le plan judiciaire, la violence domestique est érigée en crime spécifique, au même titre que le viol, a précisé la délégation. Ces crimes, considérés comme très graves, sont durement sanctionnés, a-t-elle assuré, soulignant qu’il n’est pas nécessaire que l’auteur de violence domestique récidive pour qu’il fasse l’objet de poursuites. La police et les tribunaux peuvent ordonner des mesures d’éloignement des auteurs de violence domestique ; cet éloignement peut durer jusqu’à quatre mois, la mesure étant renouvelable si nécessaire, a indiqué la délégation.

La Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique ( Convention d’Istanbul) n’est pas un document des Nations Unies, a d’autre part rappelé la délégation, avant d’affirmer que l’ approche de genre de cet instrument n’est pas pertinente pour la Hongrie – sans compter que le pays dispose déjà des outils nécessaires pour arriver aux objectifs de la Convention.

La Hongrie ne peut accepter la définition du genre donnée par la Convention d’Istanbul et le Gouvernement n’a pas l’intention de revenir sur cette position, a par la suite précisé la délégation. La position du Gouvernement et de la société hongrois ne coïncide pas, sur ce point, avec celle des Nations Unies, a affirmé la délégation. Le Gouvernement est avant tout plus intéressé à améliorer concrètement la situation des femmes, a-t-elle déclaré.

S’agissant des questions d’éducation, il a été précisé que le nombre d’étudiants en études de genre diminuait et que cet enseignement n’était pas interdit, la liberté académique étant assurée en Hongrie. La délégation a par ailleurs mis en avant la forte présence des femmes dans l’enseignement supérieur.

Le Gouvernement mise sur la participation des femmes au marché de l’ emploi pour favoriser leurs revenus et leur intégration, a expliqué la délégation. Cela suppose qu’elles reçoivent la formation nécessaire et qu’elles puissent faire garder leurs enfants, en cas de besoin, a-t-elle souligné. Le Gouvernement a aussi lancé un programme destiné à former des femmes cadres.

La délégation a estimé que les mesures prises pour intégrer les femmes au marché du travail devaient être considérées comme une forme de lutte contre les stéréotypes sexistes.

Le Gouvernement n’a pas pour but de renforcer les stéréotypes dans l’éducation et l’emploi ; bien au contraire, a assuré la délégation, tout est fait pour donner les mêmes chances aux hommes et aux femmes, dans tous les domaines. Mais certaines professions sont par nature plutôt masculines, comme la construction, ou plutôt féminines, comme le secteur de la petite enfance, a affirmé la délégation. Le programme d’enseignement national a fait l’objet d’une évaluation il y a quelques années pour en retirer les contenus sexistes, a-t-elle ajouté.

La délégation a en outre insisté à plusieurs reprises sur les initiatives prises par le pays pour permettre aux femmes de mieux concilier leur vie familiale et leur vie professionnelle . Elle a cité, à cet égard, la durée exceptionnellement longue du congé de maternité – 36 mois – ainsi que les mesures prises pour favoriser le retour en emploi. De même, le congé de paternité a été porté dernièrement à dix jours, a souligné la délégation.

En Hongrie, quelque 20% des chefs d’entreprise sont des femmes, soit un niveau proche de la moyenne européenne, a fait valoir la délégation en réponse aux questions des membres du Comité concernant la participation des femmes. La Hongrie n’applique pas de loi ni de mesure qui empêcherait la participation des femmes à la vie publique et il n’existe pas de plafond de verre dans la diplomatie, la police ou les forces armées, a-t-elle assuré. Le Gouvernement n’envisage pas d’appliquer des quotas, a-t-elle ajouté. La Hongrie fait beaucoup d’efforts pour encourager la carrière des femmes et n’apprécie pas d’être qualifiée de sexiste dans ce domaine, a ajouté la délégation.

A une experte du Comité qui souhaitait savoir si des mesures temporaires spéciales étaient prises en faveur des femmes défavorisées, la délégation a indiqué que la Hongrie appliquait des stratégies générales, accompagnées de plans d’action, pour les personnes handicapées et pour les personnes vulnérables.

Le parti au pouvoir est le seul à compter des représentants de la communauté rom en son sein, y compris au sein du Gouvernement hongrois et au Parlement européen, a-t-il en outre été précisé.

La stratégie d’inclusion sociale 2021-2030 porte également sur les possibilité d’emploi et la formation pour les femmes roms, a d’autre part indiqué la délégation, faisant par la suite état d’initiatives ayant permis d’aider 102 000 femmes roms à trouver un emploi.

L’écart salarial entre les sexes se réduit petit à petit en Hongrie, a par ailleurs affirmé la délégation, soulignant que cet écart était actuellement inférieur à ce qu’il est en Allemagne ou en Autriche.

Le Gouvernement hongrois soutient aussi les femmes déplacées par la guerre en Ukraine, a ajouté la délégation. Les femmes demandeuses d’asile en Hongrie peuvent demander que ce soient des fonctionnaires femmes qui traitent leur demande. Le Gouvernement tient compte du sexe des migrants et des requérants d’asile pour l’octroi des services, s’agissant par exemple des modalités de logement, a souligné la délégation.

Répondant aux questions sur la traite d’êtres humains, la délégation a indiqué que le Gouvernement hongrois entendait éliminer la prostitution de mineurs. Elle a ajouté que toute personne en Hongrie avait accès aux services sociaux et sanitaires, y compris les personnes en provenance d’Ukraine – près de deux millions d’entrées depuis un an. Les autorités appliquent une politique de tolérance zéro à l’égard de la traite de personnes et informent les victimes potentielles, ainsi que les personnes à risque, des soutiens dont elles disposent, en particulier pour ce qui est des neuf centres d’accueil gérés par des organisations de la société civile et le Gouvernement.

Très vigilante, la police a été formée pour intervenir en cas d’exploitation sexuelle de femmes provenant d’Ukraine. Une unité spéciale de la police collabore avec Europol pour lutter contre l’exploitation de ces femmes, a ajouté la délégation.

Le Gouvernement a créé plusieurs groupes de travail chargés des droits femmes sous différents angles – groupes auxquels participent les organisations de la société civile, a d’autre part indiqué la délégation.

Le nombre d’interruptions volontaires de grossesse en Hongrie a baissé mais il reste trop élevé, a par ailleurs déclaré la délégation. Il n’est pas juste que l’avortement fasse partie de la planification familiale et de la contraception, a-t-elle ajouté, estimant qu’une meilleure information devait être dispensée à la population afin qu’elle puisse prendre des décisions informées lorsque cela s’avère nécessaire. D’autre part, l’avortement est une procédure secrète en Hongrie, seul le personnel médical ayant accès aux informations sur les interventions pratiquées, ce qui exclut toute stigmatisation des femmes concernées, a affirmé la délégation.

Il n’existe aucune discrimination envers les personnes LGBTI en Hongrie et toutes les personnes victimes d’infraction à la loi disposent des mêmes droits et des mêmes recours, a d’autre part assuré la délégation.

Remarques de conclusion

M. BENEDA a estimé que le dialogue de ce jour aiderait son pays à progresser encore dans l’application de la Convention. Le Gouvernement hongrois entend bien avancer dans le renforcement des droits des femmes dans la famille, au travail et dans tous les autres domaines, a affirmé le Secrétaire d’État adjoint. Le Gouvernement défend sur ces questions des approches philosophiques ou morales dont l’histoire montrera peut-être qu’elles sont les bonnes, a-t-il déclaré.

Le chef de la délégation hongroise a par ailleurs espéré que la population ukrainienne verrait bientôt la fin de ses souffrances. Il a en outre assuré que son Gouvernement viendrait en aide aux populations syrienne et turque frappées par la catastrophe [à savoir le tremblement de terre d’hier].

MME ANA PELÁEZ NARVÁEZ, Présidente du Comité, a salué les efforts de la Hongrie et l’a encouragée à appliquer les recommandations que le Comité formulerait au profit des femmes et des filles du pays à l’issue de la présente session.

 

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CEDAW23.003F