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La réalité du changement climatique menace la vie des enfants et leur avenir, souligne M. Türk à l’ouverture de la quatre-vingt-douzième session du Comité des droits de l’enfant

Compte rendu de séance

Le Comité des droits de l’enfant a ouvert aujourd’hui les travaux de sa quatre-vingt-douzième session, qui se tiendra à Genève jusqu’au 3 février prochain sous la présidence de Mme Mikiko Otani. Pendant cette session, le Comité doit notamment examiner les rapports présentés par la Suède, Maurice, Oman, la Bolivie, l’Azerbaïdjan, l’Irlande et la Nouvelle Zélande, concernant l’application de la Convention relative aux droits de l’enfant dans ces huit pays.

Aujourd’hui, le Comité a adopté le programme de travail et l’ordre du jour provisoire de sa session, après avoir entendu des allocutions de M. Volker Türk, Haut-Commissaire aux droits de l’homme des Nations Unies ; de plusieurs membres de l'Équipe consultative des enfants ; ainsi que de M. Alex Conte, Directeur exécutif de Child Rights Connect, et de Mme Anne Grandjean, représentante du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).

Ouvrant la session au nom du Secrétaire général des Nations Unies, M. Türk a déploré que le respect des droits de l’enfant dans le monde soit en forte baisse. Les enfants ont été les premières victimes des efforts déployés pour faire face à la pandémie de COVID-19, qui a notamment eu un impact sur leur droit à l’éducation, a-t-il rappelé. La réalité du changement climatique menace leur vie aujourd’hui et leur avenir, a-t-il souligné.

Les enfants défenseurs des droits humains sont confrontés à une répression accrue dans de nombreux pays, a également indiqué le Haut-Commissaire. De nombreux enfants, dans toutes les régions du monde, continuent de vivre dans des zones de guerre ou avec des besoins humanitaires urgents, a-t-il ajouté. Dans toutes les crises, les enfants sont parmi les plus touchés, a rappelé M. Türk, précisant que les enfants représentent ainsi 41% des plus de 100 millions de personnes déplacées de force dans le monde et que dans quinze pays touchés par des crises, quelque 40 millions d’enfants souffrent d’insécurité nutritionnelle grave.

La Présidente du Comité a, quant à elle, indiqué que la politique des droits de l’homme doit commencer par les enfants et se concentrer sur les enfants en tant que titulaires de droits à part entière, car la violation de leurs droits affectera négativement toute leur vie et aussi l’ensemble de la communauté. Pour protéger les droits des enfants, il faut créer une société juste, inclusive, pacifique et durable, car les enfants sont les plus gravement touchés par les conflits, la pauvreté, le climat et d’autres crises, a souligné Mme Otani, insistant sur l’importance fondamentale de la paix.

Ce matin, le secrétariat du Comité a précisé que depuis la précédente session du Comité, en août dernier, des rapports au titre de la Convention avaient été reçus de quatre États, ce qui porte à 77 le nombre de rapports en attente d'examen. Le nombre total de ratifications de la Convention est resté stable à 196, tout comme le nombre de ratifications du Protocole facultatif concernant la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants (178) et du Protocole facultatif concernant l'implication d'enfants dans les conflits armés (172). La Lituanie et la Nouvelle-Zélande ont ratifié le Protocole facultatif sur la procédure de présentation de communications (plaintes), ce qui porte à 50 le nombre des États qui sont parties à cet instrument.

Toute la documentation relative à la session est disponible sur le site web du Comité.

 

Le Comité entamera l’examen du rapport de la Suède à 15 heures cet après-midi.

 

Déclarations d’ouverture

Ouvrant la session au nom du Secrétaire général de l’ONU, M. VOLKER TÜRK, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a indiqué qu’il était important d’entendre, au sein du Comité et du Haut-Commissariat, la voix des enfants. Les droits des enfants doivent rester une priorité. Il est important que leur voix soit entendue de manière active. Les enfants partout dans le monde doivent pouvoir réaliser leurs droits fondamentaux, a insisté le Haut-Commissaire, soulignant l’importance que tous les enfants connaissent et comprennent leurs droits.

Le respect des droits de l’enfant dans le monde est en forte baisse, a déploré M. Türk. Les enfants ont été les premières victimes des efforts déployés pour faire face à la pandémie de COVID-19, qui a notamment eu un impact sur leur droit à l’éducation, a-t-il rappelé. La réalité du changement climatique menace leur vie aujourd’hui et leur avenir, a souligné le Haut-Commissaire.

Les enfants défenseurs des droits humains sont confrontés à une répression accrue dans de nombreux pays, a poursuivi M. Türk. De nombreux enfants, dans toutes les régions du monde, continuent de vivre dans des zones de guerre ou avec des besoins humanitaires urgents, a-t-il fait observer. Dans toutes les crises, les enfants sont parmi les plus touchés, a-t-il rappelé, précisant que les enfants représentent ainsi 41% des plus de 100 millions de personnes déplacées de force dans le monde et que dans quinze pays touchés par des crises, quelque 40 millions d’enfants souffrent d’insécurité nutritionnelle grave.

Le travail du Comité des droits de l’enfant est plus vital que jamais, a affirmé le Haut-Commissaire. Il a indiqué que le Haut-Commissariat aux droits de l’homme poursuivait ses travaux visant à soutenir le renforcement des organes conventionnels et était en train de finaliser un plan de mise en œuvre des conclusions issues de la Réunion des présidents d’organes de juin 2022. M. Türk s’est dit convaincu que ce plan facilitera le travail du Comité, ainsi que celui des autres organes conventionnels, notamment en introduisant un calendrier d’examen prévisible des rapports des États parties.

M. Türk s’est en outre dit tout à fait conscient du sous-financement chronique du système des organes conventionnels. Pour faire progresser la pleine mise en œuvre des obligations découlant des traités internationaux relatifs aux droits de l’homme, il faut un financement durable de la part des États Membres, a-t-il plaidé. Il s’est dit déterminé à faire tout ce qui est en son pouvoir pour appuyer un financement accru du système des organes conventionnels pendant son mandat.

La prochaine réunion annuelle d’une journée du Conseil des droits de l’homme consacrée aux droits de l’enfant est provisoirement prévue pour le 10 mars et comprend une table ronde avec des enfants de différentes régions sur les défis et les opportunités auxquels ils sont confrontés dans l’exercice de leurs droits dans l’environnement numérique, a par ailleurs annoncé le Haut-Commissaire.

Dans ses remarques liminaires, MME MIKIKO OTANI, Présidente du Comité des droits de l’enfant, a déclaré que c’était un grand honneur pour le Comité d’avoir la présence du Haut-Commissaire aux droits de l’homme pour ouvrir cette première session de 2023, en cette année cruciale de commémoration du 75ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

La politique des droits de l’homme doit commencer par les enfants et se concentrer sur les enfants en tant que titulaires de droits à part entière, car la violation de leurs droits affectera négativement toute leur vie et aussi l’ensemble de la communauté, a souligné Mme Otani. Pour protéger les droits des enfants, il faut créer une société juste, inclusive, pacifique et durable, car les enfants sont les plus gravement touchés par les conflits, la pauvreté, le climat et d’autres crises, a déclaré la Présidente du Comité, insistant sur l’importance fondamentale de la paix.

Comme il a été réaffirmé dans le préambule du Protocole facultatif concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés, adopté en 2000, des conditions de paix et de sécurité fondées sur le plein respect des buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies et le respect des instruments pertinents relatifs aux droits de l’homme sont indispensables à la pleine protection des enfants, en particulier pendant les conflits armés et l’occupation étrangère, a rappelé Mme Otani.

Pour réaliser les droits fondamentaux de tous les enfants, partout et à tout moment, il est absolument nécessaire d’intégrer les droits de l’enfant dans tous les domaines interdépendants de l’activité de l’ONU que sont les droits de l’homme, le développement, la paix et la sécurité. À cet égard, l’adoption attendue de la note d’orientation du Secrétaire général sur l’intégration des droits de l’enfant cette année est très opportune et bienvenue, a indiqué la Présidente du Comité. Le Comité des droits de l’enfant devrait continuer à jouer un rôle de premier plan dans la promotion de l’approche fondée sur les droits de l’enfant à tous les niveaux, en coopération avec le Haut-Commissariat aux droits de l’homme, le Fonds des Nations Unies sur l’enfance (UNICEF), la société civile et les enfants eux-mêmes, en s’inspirant de la note d’orientation du Secrétaire général, a souligné Mme Otani.

Assurer la participation des enfants est au cœur de l’approche fondée sur les droits de l’enfant, a rappelé Mme Otani, se disant ravie d’avoir des enfants présents à l’occasion de l’ouverture de cette session.

Déclarations de partenaires du Comité

Maya-Natuk, 16 ans, activiste climatique au Groenland et membre de l'Équipe consultative des enfants (Children’s Advisory Team) concernant l’observation générale n°26 a relevé que l’équipe consultative des enfants travaille avec le Comité des droits de l’enfant pour aider les enfants à participer à l’élaboration du projet d’observation générale n°26 sur les droits de l’enfant et l’environnement, en particulier les changements climatiques. Cette équipe travaille ensemble depuis près d’un an avec des réunions en ligne, des discussions et beaucoup de soutien mutuel.

Maya a expliqué s’être personnellement impliquée dans les droits des enfants après avoir vu comment les enfants étaient victimes de discriminations ou leurs droits niés, non seulement dans son pays mais aussi dans d’autres. Au Groenland, beaucoup d’efforts sont entrepris par les activistes pour empêcher que les droits de l’enfant ne soient violés, a-t-elle indiqué. Maya a indiqué participer aux travaux d’une organisation qui vise à écouter spécifiquement les enfants s’exprimer sur ce que les Ministres du Groenland doivent faire pour améliorer les droits de l’enfant. Elle a expliqué avoir rencontré des enfants qui ont peur de ce qui se passe avec les changements climatiques, et qui se sentent en insécurité. À cause de la situation du pergélisol, les maisons sont endommagées et, en raison de la fonte de la glace groenlandaise, les animaux changent de lieu, ce qui affecte toutes les personnes qui vivent de la chasse ou de la pêche, y compris les enfants, a-t-elle souligné, avant d’insister sur la nécessité d’élaborer une observation générale sur ces questions environnementales liées en particulier aux changements climatiques.

Déplorant qu’aucune loi n’indique aujourd’hui qu’il faille spécifiquement « donner la priorité aux enfants », elle a insisté sur la nécessité d’assurer la participation des enfants pour qu’ils puissent dire exactement ce qu’ils ressentent et ce qu’ils attendent des adultes et du Comité. Cette nouvelle observation générale à venir doit pouvoir faire dire aux États : « Nous ne pouvons pas prendre cette décision parce que cela aura un impact négatif sur les enfants », a déclaré Maya.

Dans une vidéo, plusieurs autres jeunes membres de l'Équipe consultative des enfants (Children’s Advisory Team), issus du monde entier, ont également donné leurs points de vue sur ce que devrait contenir le projet d’observation générale n°26. Ils ont tout particulièrement insisté sur l’importance de la participation des enfants dans le processus d’élaboration de ce texte.

MME ANNE GRANDJEAN, du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a fait savoir que l’UNICEF avait beaucoup apprécié la réunion biennale avec le Comité des droits de l’enfant qui a permis de faire le point sur l’évolution des droits de l’enfant et tout particulièrement sur la résurgence de mouvements réactionnaires qui remettent en cause la mise en œuvre de la Convention, notamment en restreignant l’espace civique au travers de lois contre le terrorisme ou de lutte contre la COVID-19. L’UNICEF s’est réengagé à se mobiliser pour avancer vers un programme mondial visible et compréhensible pour les enfants, a indiqué Mme Grandjean. Les droits des enfants n’acquièrent pas assez d’importance au sein des différents organes des Nations Unies et dans les réunions intergouvernementales, a-t-elle déploré. L’UNICEF souhaite saisir l’opportunité du 75ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme pour rappeler que les droits des enfants sont spécifiquement des droits humains.

M. ALEX CONTE, Directeur exécutif de Child Rights Connect, a relevé que cette année marquait les 40 ans de son organisation – quarante années de travail pour la défense des droits de l’homme et pour la participation des enfants. Cette année commémorative du 75ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme doit permettre de davantage réfléchir à la mise en œuvre des droits de l’enfant, a-t-il souligné. M. Conte a indiqué suivre de près l’élaboration de la note du Secrétaire général sur les droits de l’enfant et a invité le Comité à participer à ce processus. Il s’est par ailleurs dit préoccupé par la possibilité que cesse l’interprétation des réunions en ligne du Comité à partir de mi-2023, ce qui – a-t-il affirmé – risque de saper les efforts entrepris afin de permettre une large participation de la société civile aux travaux de cet organe.

 

Ce document produit par le Service de l’information des Nations Unies à Genève est destiné à l'information ; il ne constitue pas un document officiel.

Les versions anglaise et française de nos communiqués sont différentes car elles sont le produit de deux équipes de couverture distinctes qui travaillent indépendamment.

 

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