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LE COMITÉ POUR LA PROTECTION DES DROITS DES TRAVAILLEURS MIGRANTS EXAMINE LE RAPPORT DU GUATEMALA

Compte rendu de séance

Le Comité pour la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille a examiné, hier après-midi et ce matin, le rapport du Guatemala sur les mesures prises par ce pays pour donner effet aux dispositions de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille.

Présentant ce rapport, M. Jorge Luis Borrayo Reyes, Président de la Commission présidentielle de coordination de la politique du pouvoir exécutif en matière de droits de l’homme du Guatemala (COPREDEH), a notamment fait savoir que le Guatemala avait créé des « consulats mobiles » aux États-Unis et au Mexique pour fournir des services aux Guatémaltèques expatriés et que, pour contrôler les conditions de travail des Guatémaltèques à l’étranger, le Ministère du travail a effectué, par le biais des services consulaires à Montréal, au Canada, quelque 130 visites en 2018.

Le Président de la COPREDEH a également décrit les mesures prises par son pays en faveur des migrants mineurs non accompagnés au Guatemala. Il a en outre indiqué que son Gouvernement avait lancé des activités locales visant à réduire le niveau de violence, de criminalité et d’émigration irrégulière. Il a insisté sur le fait que de très grands efforts étaient actuellement consentis pour décourager les migrations irrégulières. M. Borrayo Reyes a également souligné les efforts déployés par son Gouvernement pour venir en aide aux membres des « caravanes de migrants » qui ont traversé le pays entre octobre 2018 et janvier 2019. L’objectif des autorités ce faisant était d’encourager le retour volontaire et en toute sécurité des personnes concernées, a-t-il indiqué.

Outre plusieurs collaborateurs de M. Borrayo Reyes à la COPREDEH, la délégation guatémaltèque était également composée, entre autres, de représentants des Ministères des affaires étrangères; de la gouvernance; du travail et de la prévoyance sociale; de l’économie; de la santé et de l’assistance sociale; ainsi que de membres du Congrès, du Conseil national d’assistance aux migrants, de l’Institut guatémaltèque des migrations, de l’Institut national de sciences médico-légales et du Secrétariat pour les œuvres sociales de l’épouse du Président (SOSEP).

La délégation a répondu aux questions qui lui étaient adressées par les experts du Comité s’agissant, notamment, des déplacements de peuples autochtones au Guatemala; du Code des migrations; de la protection des travailleurs migrants et autres migrants guatémaltèques à l’étranger; de l’encadrement des activités des agences de recrutement; des mesures visant à supprimer les causes de l’émigration; du soutien apporté par le Gouvernement aux Guatémaltèques de retour au pays; de la protection des migrants en transit au Guatemala; de la collaboration du Guatemala avec des États tiers en matière de gestion migratoire et de la protection des migrants contre l’exploitation; ou encore du problème des émigrés Guatémaltèques disparus.

Mme Maria Landazuri de Mora, corapporteuse du Comité pour l’examen du rapport du Guatemala, a recommandé que les mécanismes d’aide aux migrants créés ou restant à créer au Guatemala orientent leur action vers une perspective soucieuse des droits de l’homme plutôt que vers une perspective sécuritaire. Elle a en outre souligné le risque élevé d’exploitation sexuelle que courent les migrants, surtout les femmes et les mineurs.

À l’issue du dialogue, Mme Landazuri de Mora a estimé que le nouvel Institut des migrations était une institution prometteuse et a recommandé que cette instance soit ouverte à la société civile. La corapporteuse a par ailleurs salué la volonté affichée du Guatemala d’éliminer les causes de l’émigration et a insisté sur le fait qu’une bonne protection sociale était un facteur essentiel dans ce domaine. La corapporteuse a en outre demandé au Guatemala de trouver rapidement une solution pour les enfants guatémaltèques toujours isolés aux États-Unis.

M. Alvaro Botero Navarro, corapporteur pour l’examen du rapport du Guatemala, a mis en garde contre les retombées qu’aura, pour un pays d’origine et de transit migratoires tel que le Guatemala, la décision du Gouvernement des États-Unis de couper dans les subventions destinées aux pays de la région. Il a d’autre part voulu savoir quelles mesures le Gouvernement guatémaltèque avait prises pour démanteler le réseau d’exploitation des migrants qui sévit au Guatemala et pour sanctionner les agents publics qui se sont rendus coupables de ces faits.

Pendant le débat, il a été fait observer que de nombreux Guatémaltèques vivent au Canada et aux États-Unis, deux pays qui n’ont pas ratifié la Convention, et que l’État partie devait donc assumer une responsabilité particulière de protéger ses ressortissants expatriés dans ces pays. Une experte a recommandé que le Gouvernement prenne des mesures systématiques contre les discours incriminant les migrants et contre les personnes coupables de voies de fait contre eux, comme on l’a vu malheureusement lors du transit des caravanes de migrants au Guatemala.

Le Comité adoptera ultérieurement, lors de séances à huis clos, ses observations finales sur le rapport du Guatemala et les rendra publiques à l'issue de la session, le vendredi 12 avril prochain.


Cet après-midi, à 15 heures, le Comité entamera l’examen du rapport du Tadjikistan (CMW/C/TJK/2).


Présentation du rapport

Le Comité était saisi du deuxième rapport périodique du Guatemala (CMW/C/GTM/2), établi sur la base d’une liste de points à traiter préalablement soumise au pays par le Comité.

Présentant ce rapport, M. JORGE LUIS BORRAYO REYES, Président de la Commission présidentielle de coordination de la politique du pouvoir exécutif en matière de droits de l’homme du Guatemala (COPREDEH), a fait savoir que pour harmoniser sa législation avec la Convention, le Guatemala avait notamment adopté un Code des migrations qui reconnaît les droits des travailleurs migrants et des membres de leurs familles, tout en contribuant à la prévention de la migration irrégulière des citoyens guatémaltèques. Le Guatemala a aussi conclu des accords bilatéraux dans le domaine du travail avec le Mexique et le Belize, notamment. Le Gouvernement a également lancé des campagnes d’information sur les droits et obligations des émigrants quand ils quittent le territoire national, l’objectif des autorités étant de réduire les abus subis par manque de connaissances: six mille brochures d’information ont ainsi été distribuées, a précisé le chef de la délégation.

M. Borrayo Reyes a ensuite indiqué que le Ministère des relations extérieures avait ouvert une ligne d’appel gratuite destinée aux migrants, qui a reçu plus d’un million d’appels. Il a ajouté que son Gouvernement avait créé des « consulats mobiles » aux États-Unis et au Mexique pour fournir des services aux Guatémaltèques expatriés. Pour contrôler les conditions de travail des Guatémaltèques à l’étranger, le Ministère du travail a effectué, par le biais des services consulaires à Montréal (Canada), quelque 130 visites en 2018, a précisé M. Borrayo Reyes.

Le Président de la COPREDEH a également décrit les mesures prises par son pays en faveur des migrants mineurs non accompagnés au Guatemala, indiquant notamment que 5119 enfants et adolescents avaient été pris en charge en 2018 dans les refuges gérés par le Secrétariat au bien-être social. M. Borrayo Reyes a ensuite indiqué que le Gouvernement guatémaltèque avait, avec l’aide de l’Agence des États-Unis pour le développement international, lancé des activités locales visant à réduire le niveau de violence, de criminalité et d’émigration irrégulière; d’autres initiatives ont été prises, parallèlement, contre la violence envers les femmes et la violence sexuelle, notamment par le biais du lancement de campagnes d’information dans treize langues utilisées au Guatemala.

Le chef de la délégation a par ailleurs précisé que le Code des migrations prévoyait que les migrants victimes de la traite de personnes ont accès à la justice et à des réparations. En 2018, le parquet a reçu 229 plaintes pour traite, a-t-il indiqué.

M. Borrayo Reyes a insisté sur le fait que de très grands efforts étaient actuellement consentis pour décourager les migrations irrégulières. Il a souligné les efforts déployés par son Gouvernement pour venir en aide – notamment sur les plans sanitaire et sécuritaire – aux membres des « caravanes de migrants » qui ont traversé le pays entre octobre 2018 et janvier 2019. L’objectif des autorités ce faisant était d’encourager le retour volontaire et en toute sécurité des personnes concernées, a-t-il déclaré.

Enfin, le Président de la COPREDEH a fait savoir que les quinze survivantes de l’incendie du foyer Virgen de la Asunción, en 2017, bénéficiaient d’une rente à vie.

Examen du rapport

Questions et observations des membres du Comité

MME MARIA LANDAZURI DE MORA, corapporteuse du Comité pour l’examen du rapport du Guatemala, a recommandé que les mécanismes d’aide aux migrants créés ou restant à créer au Guatemala orientent leur action vers une perspective soucieuse des droits de l’homme plutôt que vers une perspective sécuritaire. La corapporteuse s’est aussi interrogée sur la disponibilité de statistiques concernant le nombre d’immigrants étrangers disparus au Guatemala et sur le nombre de Guatémaltèques disparus à l’étranger.

Mme de Mora a ensuite prié la délégation de dire ce qui était fait pour informer les Guatémaltèques appartenant à des peuples autochtones de leurs droits et des moyens de se prémunir contre l’exploitation dans le cadre de l’émigration. Elle a également voulu savoir quelles mesures le Gouvernement avait prises pour sanctionner l’exploitation des migrants par les maras - les gangs qui sévissent au Guatemala. La corapporteuse a souligné le risque élevé d’exploitation sexuelle que courent les migrants, surtout les femmes et les mineurs.

M. ALVARO BOTERO NAVARRO, corapporteur pour l’examen du rapport du Guatemala, a mis en garde contre les retombées qu’aura, pour un pays d’origine et de transit migratoires tel que le Guatemala, la décision du Gouvernement des États-Unis de couper dans les subventions destinées aux pays de la région. S’agissant des « caravanes de migrants », l’expert a prié la délégation de dire comment les autorités veillaient au caractère volontaire du retour des personnes concernées.

M. Botero Navarro a d’autre part voulu savoir quelles mesures le Gouvernement guatémaltèque avait prises pour démanteler le réseau d’exploitation des migrants qui sévit au Guatemala et pour sanctionner les agents publics qui se sont rendus coupables de ces faits – notamment certains policiers affectés aux contrôles migratoires. Le corapporteur a prié la délégation de dire en quoi consistaient les mandats respectifs des policiers et des fonctionnaires des services d’immigration. Il a, lui aussi, recommandé que le Guatemala adopte une approche des migrations qui soit fondée sur les droits de l’homme et non sur la sécurité, et a rappelé que la détention de migrants devait être considérée comme une mesure de dernier recours.

M. Botero Navarro a également posé d’autres questions concernant la répression des discours des haine contre les migrants; le contrôle des frontières; le respect du droit d’asile; et le déplacement forcé de centaines de milliers de paysans et d’autochtones, à l’intérieur et à l’extérieur du Guatemala, du fait de la réalisation de projets d’infrastructures ou des effets du changement climatique.

Le corapporteur a par la suite voulu savoir combien de migrants étrangers déclarés disparus au Guatemala avaient été identifiés.

Un autre expert du Comité a fait observer que de nombreux Guatémaltèques vivent au Canada et aux États-Unis, deux pays qui n’ont pas ratifié la Convention: le Guatemala doit donc assumer une responsabilité particulière en matière de protection de ses ressortissants expatriés dans ces pays, a-t-il souligné. Il a salué, à cet égard, la création des consulats itinérants, mentionnée par le chef de la délégation, et a voulu savoir si les autorités consulaires du Guatemala pouvaient lancer des procédures judiciaires – y compris par le dépôt de plaintes collectives – pour faire valoir les droits de leurs ressortissants à l’étranger lorsque ceux-ci ne sont pas en mesure de le faire.

Un autre expert du Comité s’est dit inquiet du manque de contrôle sur les bureaux de placement privés qui gèrent une partie de l’émigration des Guatémaltèques à l’étranger. Il a recommandé que la loi précise la responsabilité que ces agences doivent assumer quand leurs travailleurs expatriés subissent des violations de leurs droits.

Plusieurs experts se sont interrogés sur les voies de recours et les dédommagements accessibles aux membres de la diaspora. La délégation a été priée de dire si les autorités connaissaient le nombre de migrants guatémaltèques détenus aux États-Unis.

D’autres questions des experts ont porté sur les modalités de la collaboration du Guatemala avec des États tiers en matière migratoire; sur la répression de la violence envers les femmes au Guatemala; sur l’encadrement des transferts d’argent en provenance des émigrés; et sur la prévention de la traite des êtres humains et la formation des gardes frontière.

Par la suite, une experte a insisté pour que le Gouvernement prenne des mesures systématiques contre les discours incriminant les migrants et contre les personnes coupables de voies de fait à leur encontre, comme on l’a vu malheureusement lors du transit des « caravanes de migrants » au Guatemala. L’experte a en outre voulu savoir si le Guatemala agissait de manière coordonnée avec le Mexique pour gérer ces flux migratoires et venir en aide aux personnes concernées. Elle a recommandé, notamment, que les points de passage entre les deux pays soient gérés de manière coordonnée – une démarche qu’elle a jugée impérative alors que les migrations de masse sont appelées à perdurer dans la région.

Un autre expert a fait remarquer que le Guatemala était en quelque sorte le goulot d’étranglement entre le nord et le sud du continent américain.

S’agissant des Guatémaltèques émigrés disparus, des experts ont demandé si les autorités envisageaient de créer un mécanisme de recherche et une base de données médico-légale. Un expert a prié la délégation de dire s’il était question d’adopter, au niveau régional, une politique ou un plan pour remédier aux causes profondes des flux migratoires.

Un expert a voulu savoir si les consulats du pays étaient intervenus lors des expulsions de ressortissants guatémaltèques par les autorités des États-Unis.

Un expert a souhaité connaître le nombre de réfugiés que le Guatemala avait admis depuis cinq ans, et si des membres des « caravanes de migrants » avaient déposé des demandes en ce sens.

Un expert a recommandé de créer des services de conseil sur la façon d’investir les fonds transférés par les travailleurs émigrés.

Réponses de la délégation

Répondant aux questions des experts sur les déplacements de peuples autochtones à l’intérieur du pays, la délégation a précisé que des mesures de protection strictes avaient été prises, conformément aux décisions des instances judiciaires interaméricaines. Les problèmes surgissent dès lors que ces personnes s’installent sur des terres privées ou sur des terres qui appartiennent à l’État et relèvent du patrimoine environnemental national – lequel est protégé, a expliqué la délégation. Des dédommagements sont prévus dès lors que des expulsions sont nécessaires dans ce contexte, a-t-elle ajouté. Les autorités vont, sur la base d’une décision de justice mais aussi de l’accord des personnes concernées, transférer une communauté autochtone vers la région de Petén, près de la frontière avec le Mexique, où elle trouvera des moyens de subsistance adéquats, a ensuite indiqué la délégation. À la suite d’expulsions de personnes autochtones de Laguna Larga, dont la communauté internationale s’est émue et au sujet desquelles la Commission interaméricaine des droits de l’homme avait demandé l’adoption de mesures de protection en faveur des personnes visées par ces expulsions, le Gouvernement guatémaltèque a décidé d’acheter une grande propriété dans la même région pour y reloger les personnes concernées, a précisé la délégation.

Le Code des migrations est entré en vigueur en mai 2017 et l’Institut des migrations est entré en fonction en août dernier, a fait savoir la délégation. Le Code concerne tant les immigrants que les émigrants et règlemente l’entrée et la sortie du territoire dans un cadre de respect des droits de l’homme; quant à l’Institut, il vient compléter l’action de la Direction des migrations, a précisé la délégation. Le travail des instances dont s’est doté le Guatemala consiste aussi à coordonner tous les aspects des migrations, y compris sur le plan international. Le droit de migrer est reconnu par la loi, a rappelé la délégation.

La délégation a par la suite fourni des informations sur les services de santé fournis aux migrants, y compris dans le domaine psychosocial et pédopsychiatrique, ainsi que sur les prestations qui leur sont accessibles en matière d’assistance juridique.

La protection des travailleurs migrants (guatémaltèques) à l’étranger est assurée d’abord par le Ministère des affaires étrangères, a poursuivi la délégation. Au total, le Guatemala dispose de trente et un consulats ouverts en Amérique du Nord et au Mexique. De nombreux consulats comptent dans leurs effectifs un avocat et ces consulats peuvent ester en justice au nom des Guatémaltèques expatriés.

Les autorités guatémaltèques ont pour objectif d’éviter autant que possible l’émigration irrégulière et les décès de migrants, a ajouté la délégation. Le Ministère du travail supervise entièrement l’envoi des travailleurs migrants au Canada, a en outre expliqué la délégation, reconnaissant toutefois que le Ministère devrait superviser plus étroitement les agences de recrutement.

La délégation a par la suite donné plusieurs exemples de cas où les autorités consulaires du Guatemala au Canada avaient pu visiter des fermes employant des citoyens guatémaltèques pour y constater des violations des droits des travailleurs concernés.

La délégation a par ailleurs fait savoir que le Guatemala avait passé des accords avec plusieurs pays pour que leurs propres consulats puissent venir en aide aux ressortissants guatémaltèques dans des villes ne disposant pas de consulat du Guatemala, et réciproquement.

Quant au profil des émigrants guatémaltèques, il diffère de celui des émigrants du reste de la région, en ce sens que les candidats au départ au Guatemala sont surtout des autochtones vivant dans des régions pauvres, mais relativement épargnées par la violence des gangs, a précisé la délégation.

Le Gouvernement guatémaltèque travaille à un règlement destiné à encadrer les activités des agences de recrutement, a fait savoir la délégation. Le règlement, qui devrait entrer en vigueur d’ici quatre à cinq mois, précisera les responsabilités de ces agences et leur obligation de veiller au respect des droits des travailleurs qu’elles engagent, notamment pour ce qui a trait à la couverture sociale. Parallèlement, le Guatemala et le Mexique participent à un programme destiné à faire respecter les principes de recrutement défendus par l’Organisation internationale du Travail.

Les autorités guatémaltèques travaillent aussi à supprimer les causes de la migration, notamment le chômage. Elles ont ouvert des centres de formation tout au long du « couloir migratoire », couvrant ainsi l’ensemble des départements qui sont situés sur la route allant du Guatemala au Mexique. Les entités départementales et municipales sont toutes impliquées dans cette initiative, qui vise particulièrement les jeunes en fin du parcours d’enseignement obligatoire. Les pouvoirs publics concernés misent aussi beaucoup sur l’information des citoyens concernant les risques de l’émigration.

Le Ministère de l’économie entend lutter contre la pauvreté en encourageant les micro-entreprises, a souligné la délégation: des subventions sont accordées à cette fin et des mesures sont prises pour faciliter l’accès au crédit.

Cent quarante-sept Guatémaltèques sont considérés comme disparus aux États-Unis et au Canada, a ensuite indiqué la délégation. Le Gouvernement guatémaltèque agit par la voie diplomatique pour retrouver leur trace, avec l’aide aussi d’organisations de la société civile, a-t-elle souligné. Le Guatemala dispose de plusieurs moyens – y compris le relevé d’empreintes génétiques – pour donner suite aux plaintes pour disparition de migrants guatémaltèques à l’étranger. Le Guatemala collabore aussi avec les États-Unis à l’identification des cadavres: en 2011, quelque 771 cadavres non identifiés étaient recensés, mais seulement 186 en 2018. Le Guatemala a besoin de recevoir des conseils techniques en matière médico-légale, a précisé la délégation.

D’autres mesures sont prises pour protéger les migrants sur les routes de transit, en particulier garantir leur intégrité physique tout au long de leur trajet au Guatemala. Une action concertée est prise dans ce domaine par les instances gouvernementales et les « maisons pour migrants », qui dépendent de la société civile.

Le Ministère de l’intérieur tient un registre des cas d’extorsion exercée sur des migrants par les gangs, mais aussi par certains policiers – ces derniers cas concernant des migrants cubains auxquels une « taxe » aurait été extorquée –, a indiqué la délégation. La police applique désormais des protocoles encadrant les procédures relatives aux immigrés, y compris mineurs, a-t-elle fait valoir.

Le Gouvernement guatémaltèque s’emploie à assurer la formation professionnelle des migrants rentrés au pays: le programme Quédate (« reste ! ») a ainsi permis de former plusieurs centaines de citoyens de retour, y compris des jeunes, afin qu’ils disposent des outils nécessaires pour s’intégrer dans la société guatémaltèque.

Quant aux transferts de fonds par les Guatémaltèques expatriés, ils ne sont pas imposables au Guatemala, a précisé la délégation. Mais, pour éviter le blanchiment d’argent, les transactions en espèces au-delà de 3000 dollars sont interdites. Plusieurs projets ont été lancés pour aider les bénéficiaires des transferts à faire fructifier leur pécule, y compris par le biais de programmes communautaires destinés à fixer les populations dans les villages et à limiter les départs.

Revenant sur le problème des « caravanes de migrants », la délégation a déclaré que toute l’administration publique s’était engagée afin de fournir tous les services nécessaires aux personnes concernées. Pour gérer ces flux inédits, l’Institut des migrations a tenu des consultations avec 36 entités étatiques en vue d’élaborer des protocoles d’intervention; en outre, la coopération avec les autres pays de la région est dynamique, a indiqué la délégation, précisant qu’un projet de mise en place d’un mécanisme d’alerte précoce en cas de flux migratoire est actuellement à l’étude entre les pays concernés.

La politique des Etats-Unis de séparation des mineurs migrants de leurs familles a entraîné l’isolement de plus de 6000 jeunes Guatémaltèques, dont 5% à ce jour n’ont toujours pas pu bénéficier de mesures de regroupement familial, a indiqué la délégation guatémaltèque. Quant aux coupes dans l’aide internationale dispensée par les États-Unis, elle n’aura pas d’effet majeur sur l’application du plan « Alliance pour la prospérité », dont les projets sont financés directement par le Guatemala et les autres pays signataires dans la région, a-t-elle ajouté.

Les pays du « Triangle du Nord » (El Salvador, Guatemala et Honduras) ont lancé une politique de désengorgement des zones frontalières, notamment près de Tecún Umán, pour éviter que toutes les demandes d’asile ne soient concentrées au même endroit, a d’autre part indiqué la délégation.

Un représentant de l’Institut des migrations a précisé que les enfants migrants non accompagnés sont pris en charge au Guatemala dans le respect de leur intérêt supérieur; le Guatemala prend contact avec les consulats des pays d’origine pour organiser leur rapatriement, le cas échéant.

Plus de 2000 personnes entrées de manière irrégulière au Guatemala - à 80% des Cubains – n’ont pas été hébergées ni détenues par l’Institut, mais ont continué leur chemin vers les États-Unis, leur destination finale, a indiqué la délégation. Le principe de non-refoulement est toujours respecté par les autorités du Guatemala, a-t-elle assuré.

La délégation a précisé que le Guatemala utilisait le « forum institutionnel national » pour faire connaître les recommandations du Comité. Ce même forum sera à l’avenir chargée de contrôler les informations contenues dans les rapports dus aux organes de traités, a-t-elle indiqué. L’ensemble de la population et des secteurs seront ainsi informés, en toute transparence, de l’action des pouvoirs publics.

Remarques de conclusion

MME LANDAZURI DE MORA a estimé que le nouvel Institut des migrations était une institution prometteuse, qui pourrait encourager une bonne gestion et une bonne gouvernance des migrations. Elle a recommandé que les membres de l’Institut soient nommés en fonction de leur compétence et que cette instance soit ouverte à la société civile. La corapporteuse a ensuite recommandé que chacune des institutions en charge des migrations au Guatemala soit dotée d’un mandat très clair, afin d’éviter les doublons et chevauchements et de faire sorte que les immigrants et les émigrants sachent à quelle porte frapper pour demander de l’aide. Mme Landazuri de Mora a également recommandé que le Guatemala adopte un protocole pour gérer les flux massifs de personnes.

La corapporteuse a par ailleurs salué la volonté affichée du Guatemala d’éliminer les causes de l’émigration, notamment la violence et le chômage, et s’est dite consciente des problèmes que rencontre le pays à cet égard. Elle a insisté sur le fait qu’une bonne protection sociale était un facteur essentiel dans ce domaine, avant de mettre l’accent sur l’importance pour le Guatemala de faire fructifier les importants transferts d’argent en provenance de la diaspora. Il faudra à tout prix éviter que cet argent ne tombe dans les mains des gangs qui sévissent au Guatemala, a-t-elle souligné. Mme Landazuri de Mora a enfin demandé au Guatemala de trouver rapidement une solution pour les enfants guatémaltèques toujours isolés aux États-Unis.

M. BOTERO NAVARRO a quant à lui jugé précieux l’échange noué avec la délégation du Guatemala et a recommandé au pays de poursuivre ses efforts pour encadrer les flux migratoires, s’attaquer à leurs causes et venir en aide aux migrants en déplacement. Le corapporteur a aussi plaidé pour la recherche de moyens permettant de mieux encadrer les migrations, de manière à éviter tout recours à des filières dangereuses. Il a aussi recommandé que le Guatemala facilite l’accès à la justice pour les migrants dont les droits ne sont pas respectés.

M. Botero Navarro a exprimé la préoccupation du Comité face à des manifestations xénophobes consécutives à l’arrivée des « caravanes de migrants » au Guatemala. Il a recommandé que les autorités veillent à faire respecter systématiquement les droits de l’homme dans le cadre des politiques migratoires.

M. BORRAYO REYES a remercié les membres du Comité pour leurs remarques et recommandations et a admis que son pays devait encore faire des progrès pour respecter les engagements pris et assumés. L’un des objectifs actuels des autorités est de préparer une politique publique relative aux défenseurs des droits de l’homme, en coopération avec la société civile, a précisé le chef de la délégation guatémaltèque.

M. Borrayo Reyes a assuré que son Gouvernement avait été préoccupé et surpris par les réactions agressives observées contre les migrants depuis octobre dernier. Cependant, toutes les institutions se sont entre-temps coordonnées pour accueillir et protéger les migrants en route vers l’Amérique du Nord, et pour répondre à leurs besoins, a conclu le Président de la COPREDEH.

M. TALL a insisté sur l’importance de veiller à ce que les populations jouissent effectivement et directement des droits défendus par les traités internationaux. Le Président du Comité a prié le Guatemala d’assurer la promotion de la Convention au niveau régional, pour qu’elle soit mieux appliquée dans les relations entre États.



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CMW/19/3F