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Le Conseil des droits de l’homme débat de l’importance de l’acquisition de connaissances dans les domaines du numérique, des médias et de l’information

Compte rendu de séance

 

Il est important de donner aux individus des outils pour renforcer leur capacité à s'engager de manière critique dans diverses formes de médias et à évaluer la fiabilité des sources. L'éducation aux médias et à l'information est ainsi essentielle pour renforcer la résilience de la société et contrer la désinformation, ce qui est important dans des contextes d’élections, de pandémie et de situations de crise, tout comme dans la vie quotidienne.  C’est ce qu’a déclaré cet après-midi Mme Nada Al-Nashif, Haute-Commissaire adjointe aux droits de l’homme, à l’ouverture de la réunion-débat que tenait le Conseil des droits de l’homme sur l’importance de l’acquisition de connaissances dans les domaines du numérique, des médias et de l’information pour la promotion et l’exercice du droit à la liberté d’opinion et d’expression.

Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme constate que les États et les entreprises menacent de plus en plus la vie privée, notamment par le biais de la surveillance de masse et de la collecte de données. Des menaces pèsent sur la vie privée de toute personne utilisant les technologies numériques, mais plus particulièrement sur les journalistes, les défenseurs des droits de l'homme et les personnes ayant des opinions divergentes de celles des gouvernements. Dans ce contexte, les individus doivent disposer des outils et connaissances nécessaires pour identifier les risques et protéger leur vie privée ainsi que leurs données personnelles, a souligné la Haute-Commissaire adjointe.

Compte tenu de leur importance pour l'exercice des droits à l'ère numérique, les programmes de maîtrise du numérique, des médias et de l'information devraient être intégrés aux efforts en matière d'éducation, a recommandé Mme Al-Nashif.

Dans ses remarques liminaires, Tawfik Jelassi, Directeur adjoint pour la communication et l’information à l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a pour sa part souligné que les principaux aspects de l'éducation aux médias, à l'information et aux compétences numériques sont de comprendre les fonctions des différentes plates-formes médiatiques et des technologies numériques dans les sociétés démocratiques ; d’évaluer la crédibilité, l'exactitude et la qualité des sources d'information, ce qui est nécessaire pour se forger des opinions bien informées ; et de renforcer la capacité à utiliser l'information et les technologies numériques à des fins positives, ce qui implique de comprendre les conséquences du partage d'informations en ligne pour la vie privée et la sécurité.

M. Jelassi a indiqué que l'UNESCO menait, depuis l'année dernière, des consultations autour d’un projet de lignes directrices visant à réglementer les plates-formes numériques tout en préservant la liberté d'expression. 

Ont ensuite fait des exposés les quatre panélistes suivants : Mme Irene Khan, Rapporteuse spéciale sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression ; Mme Sarah Kaddu, Présidente de l'Association des bibliothèques et de l'information de l'Ouganda et Présidente du Comité directeur international de l'Alliance pour l’éducation aux médias et à l'information de l'UNESCO ; M. Aymen Zaghdoudi, Conseiller politique principal pour la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord de l’organisation Access Now ; et M. Daniel Dessein, Président de l’Asociación de Entidades Periodísticas Argentinas (ADEPA).

De nombreuses délégations** ont ensuite pris part au débat.

En début d’après-midi, le Conseil a par ailleurs entamé un dialogue avec Mme Peggy Hicks, Directrice de la Division de l’engagement thématique, des procédures spéciales et du droit au développement au Haut-Commissariat aux droits de l’homme, autour du rapport du Secrétaire général concernant les effets néfastes des changements climatiques sur la pleine réalisation du droit à l’alimentation.

Présentant ce rapport, Mme Hicks a souligné que chaque changement climatique a un impact négatif sur la réalisation pleine et effective du droit à l’alimentation pour des millions de personnes.  Les phénomènes météorologiques extrêmes et les risques naturels, la sécheresse et les inondations anéantissent les cultures et détruisent les moyens de subsistance sur terre et dans l’eau, a-t-elle rappelé. Dans le même temps, a-t-elle ajouté, les systèmes alimentaires industriels sont d’importants émetteurs de gaz à effet de serre qui contribuent aux changements climatiques, dans un cercle vicieux qui ne peut être rompu que par une transition vers des systèmes alimentaires durables. 

Les systèmes alimentaires contribuent également de manière significative aux changements climatiques, a d’autre part indiqué Mme Hicks. Entre 21% et 37% des émissions mondiales de gaz à effet de serre proviennent des systèmes alimentaires, a-t-elle rapporté. À mesure que la population mondiale augmente, si aucun changement n’est apporté aux processus de production alimentaire, les émissions des systèmes alimentaires devraient augmenter de 60 à 90 % entre 2010 et 2050, a-t-elle averti.

Dans son rapport, a indiqué Mme Hicks, le Secrétaire général présente une transition vers des systèmes alimentaires durables, y compris par des approches agroécologiques, comme un moyen pour simultanément faire face à la crise climatique et sauvegarder le droit à l’alimentation.

De nombreuses délégations* ont engagé le dialogue avec Mme Hicks.

 

Durant cette séance, l’Arménie et l’Azerbaïdjan ont exercé leur droit de réponse. Demain matin, à 10 heures, le Conseil doit achever son dialogue autour du rapport du Secrétaire général concernant les effets néfastes des changements climatiques sur la pleine réalisation du droit à l’alimentation, avant d’entamer son dialogue avec le Rapporteur spécial sur les droits humains des personnes déplacées dans leur propre pays. 

 

Dialogue autour du rapport du Secrétaire général sur les effets néfastes des changements climatiques sur la pleine réalisation du droit à l’alimentation

Le Conseil est saisi du rapport du Secrétaire général sur les effets néfastes des changements climatiques sur la pleine réalisation du droit à l’alimentation (A/HRC/53/47, à paraître en français).

Présentation du rapport

Présentant ce rapport, Mme Peggy Hicks, Directrice de la Division de l’engagement thématique, des procédures spéciales et du droit au développement au Haut-Commissariat aux droits de l’homme, a souligné que chaque changement climatique a un impact négatif sur la réalisation pleine et effective du droit à l’alimentation pour des millions de personnes.  Les phénomènes météorologiques extrêmes et les risques naturels, la sécheresse et les inondations anéantissent les cultures et détruisent les moyens de subsistance sur terre et dans l’eau, a-t-elle rappelé. L’élévation du niveau de la mer entraîne des déplacements de populations et une baisse des rendements agricoles à cause de la malnutrition et de la faim, frappant le plus durement ceux qui sont le plus en retard, a-t-elle ajouté.

Dans le même temps, les systèmes alimentaires industriels sont d’importants émetteurs de gaz à effet de serre qui contribuent aux changements climatiques, dans un cercle vicieux qui ne peut être rompu que par une transition vers des systèmes alimentaires durables, a fait observer Mme Hicks.  Le rapport du Secrétaire général décrit à la fois les effets des changements climatiques sur le droit à l’alimentation et les contributions des systèmes alimentaires aux changements climatiques, a-t-elle indiqué. 

À l’échelle mondiale, plus de 828 millions de personnes étaient confrontées à la faim en 2021 et les changements climatiques devraient exposer jusqu’à 80 millions de personnes supplémentaires au risque de famine d’ici le milieu du siècle, a poursuivi Mme Hicks.

Les effets néfastes des changements climatiques, notamment sur le droit à l’alimentation, menacent la jouissance pleine et effective de tous les droits de l’homme, y compris le droit à un environnement propre, sain et durable, a par ailleurs souligné Mme Hicks.  Les personnes les plus exposées au risque de souffrir de l’insécurité alimentaire et de la faim liées au climat sont les populations rurales, les paysans, les petits agriculteurs et pêcheurs, les pasteurs, les peuples autochtones, les communautés locales, les ménages à faible revenu, les femmes, les enfants et les personnes handicapées, en particulier, mais pas exclusivement, dans les pays en développement, a-t-elle précisé. Ce sont ces personnes qui ont le moins contribué à la crise climatique, a-t-elle fait observer.

Les systèmes alimentaires contribuent également de manière significative aux changements climatiques, a d’autre part indiqué Mme Hicks. Entre 21% et 37% des émissions mondiales de gaz à effet de serre proviennent des systèmes alimentaires, a-t-elle rapporté. À mesure que la population mondiale augmente, si aucun changement n’est apporté aux processus de production alimentaire, les émissions des systèmes alimentaires devraient augmenter de 60 à 90 % entre 2010 et 2050, a-t-elle averti.

Enfin, Mme Hicks a indiqué que dans son rapport, le Secrétaire général présente une transition vers des systèmes alimentaires durables, y compris par des approches agroécologiques, comme un moyen pour simultanément faire face à la crise climatique et sauvegarder le droit à l’alimentation.

Aperçu du dialogue

Les changements climatiques ne sont pas seulement une préoccupation environnementale ; ils constituent également un facteur majeur des crises humanitaires qui affectent la vie et le bien-être de millions de personnes, a-t-il été souligné. Les changements climatiques sont une crise des droits de l’homme, ont relevé de nombreuses délégations. Il convient de veiller à ce que chacun, où qu’il se trouve, ait accès à des aliments abordables, adéquats et nutritifs, a-t-on insisté, d’aucuns soulignant que les conséquences des changements climatiques affectent le droit à l’alimentation, qui est un droit reconnu par la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Les changements climatiques et leurs effets entravent les rendements des cultures, réduisent la disponibilité des terres arables, affectent la pêche et ont des implications importantes pour la production alimentaire, ont expliqué de nombreux intervenants.

Bien qu’ils ne génèrent qu’un pour cent des émissions mondiales de gaz à effet de serre, les petits États insulaires en développement sont les plus touchés et sont confrontés à des défis uniques face aux changements climatiques, ont observé plusieurs délégations.

Pour répondre à ces défis, de nombreuses délégations ont appelé à la mobilisation et la coopération internationales. La crise climatique est une question de la plus haute urgence à laquelle la communauté internationale doit s’attaquer collectivement, a insisté une délégation. Cette crise exige une action immédiate accélérée et une ambition renforcée, notamment pour tenir les engagements mondiaux et intégrer pleinement les droits de l’homme dans notre réponse, a-t-il été souligné. La communauté internationale peut œuvrer pour assurer un avenir meilleur aux générations actuelles et futures, a insisté une délégation.

L’aide financière, l’assistance technique, le transfert de technologies et les programmes de formation peuvent contribuer à renforcer la résilience, à améliorer les pratiques agricoles et de pêche et à promouvoir des moyens de subsistance durables, a-t-il été souligné. Pour mettre le droit à l’alimentation à l’abri des aléas climatiques, il faut davantage soutenir la recherche scientifique sur la productivité et le financement des projets agricoles en lien avec les changements climatiques, et il faut apporter un soutien technique aux communautés rurales agricoles, a insisté une délégation.

Assurer une participation et un leadership transparents, inclusifs, sûrs et significatifs de la société civile, en ligne et hors ligne, dans les discussions internationales sur le climat est crucial pour faire avancer la lutte contre le réchauffement climatique, a-t-il été affirmé.

Plusieurs délégations ont insisté sur le fait que la promotion du droit à l’alimentation dans le contexte des changements climatiques est aussi tributaire de la mise en œuvre des concepts de « pertes et préjudices » et de « justice climatique » dégagés par l’Accord de Paris.

Enfin, de nombreux pays ont présenté les mesures qu’ils ont prises au niveau national pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et mettre en œuvre l’Accord de Paris.

*Liste des intervenants : Philippines (au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est - ANASE), République dominicaine (au nom d’un groupe de pays), Pakistan (au nom d’un groupe de pays), Union européenne (au nom d’un groupe de pays), Émirats arabes unis (au nom d’un groupe de pays), Portugal, Sierra Leone, Samoa, Japon, Costa Rica, Égypte, Israël, Luxembourg, Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), Arménie, Ordre souverain de Malte, Maurice, États-Unis, France, Maldives, Malaisie, Royaume-Uni, Venezuela, Irlande, Togo, Zimbabwe, Namibie, Inde, Malawi, République-Unie de Tanzanie, Chine, Gambie, Suisse, Chili, Îles Marshall, Géorgie, Cuba.

Réunion-débat consacrée à l’importance de l’acquisition de connaissances dans les domaines du numérique, des médias et de l’information pour la promotion et l’exercice du droit à la liberté d’opinion et d’expression

La réunion-débat a été ouverte par M. VÁCLAV BÁLEK, Président du Conseil des droits de l’homme.

Déclarations liminaires

MME NADA AL-NASHIF, Haute-Commissaire adjointe aux droits de l’homme, a insisté sur l’importance de donner aux individus des outils pour renforcer leur capacité à s'engager de manière critique dans diverses formes de médias et à évaluer la fiabilité des sources. L'éducation aux médias et à l'information est ainsi essentielle pour renforcer la résilience de la société et contrer la désinformation, ce qui est important dans des contextes d’élections, de pandémie et de situations de crise, tout comme dans la vie quotidienne, a souligné la Haute-Commissaire adjointe.

Le Haut-Commissariat, a poursuivi Mme Al-Nashif, constate que les États et les entreprises menacent de plus en plus la vie privée, notamment par le biais de la surveillance de masse et de la collecte de données. Des menaces pèsent sur la vie privée de toute personne utilisant les technologies numériques, mais plus particulièrement sur les journalistes, les défenseurs des droits de l'homme et les personnes ayant des opinions divergentes de celles des gouvernements. Dans ce contexte, les individus doivent disposer des outils et connaissances nécessaires pour identifier les risques et protéger leur vie privée ainsi que leurs données personnelles, a souligné la Haute-Commissaire adjointe.

Compte tenu de leur importance pour l'exercice des droits à l'ère numérique, les programmes de maîtrise du numérique, des médias et de l'information devraient être intégrés aux efforts en matière d'éducation, a recommandé Mme Al-Nashif. Ces efforts devraient aussi viser les personnes âgées, afin qu’elles puissent continuer de participer à la vie publique et accéder aux services publics, lesquels sont de plus en plus numérisés.

Pour M. TAWFIK JELASSI, Directeur adjoint pour la communication et l’information à l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), les principaux aspects de l'éducation aux médias, à l'information et aux compétences numériques sont de comprendre les fonctions des différentes plates-formes médiatiques et des technologies numériques dans les sociétés démocratiques ; d’évaluer la crédibilité, l'exactitude et la qualité des sources d'information, ce qui est nécessaire pour se forger des opinions bien informées ; et de renforcer la capacité à utiliser l'information et les technologies numériques à des fins positives, ce qui implique de comprendre les conséquences du partage d'informations en ligne pour la vie privée et la sécurité.

M. Jelassi a indiqué que l'UNESCO menait, depuis l'année dernière, des consultations autour d’un projet de lignes directrices visant à réglementer les plates-formes numériques tout en préservant la liberté d'expression.  L'une des principales recommandations du projet vise à ce que soit dispensée une éducation aux médias et à l'information afin d’autonomiser les utilisateurs de ces plates-formes et les États Membres sont invités à promouvoir l'éducation aux médias et à l'information, ainsi que l'éducation à la sécurité en ligne, y compris en diffusant des connaissances sur la liberté d'expression, le respect de la vie privée et l'égalité, ainsi que sur les moyens de recours disponibles, a-t-il précisé.

En matière de formation, l’UNESCO estime essentiel d'aller au-delà des ateliers de formation individuels et de renforcer les capacités institutionnelles ; et d’intégrer l'éducation aux médias et à l'information dans les programmes d'enseignement à tous les niveaux afin de développer l'esprit critique chez les apprenants et les citoyens. M. Jelassi a fait savoir que la Semaine mondiale de l'éducation aux médias et à l'information se tiendrait en Jordanie du 23 au 25 octobre 2023.

Exposés des panélistes

MME IRENE KHAN, Rapporteuse spéciale sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression, a rappelé que « si, dans le monde des plates-formes, les individus sont de simples utilisateurs, dans le monde réel, ils sont des détenteurs de droits ». La Rapporteuse spéciale a relevé à cet égard que l'alphabétisation numérique donnait du pouvoir aux détenteurs de droits, renforçait leur résistance à la manipulation de l'information et, lorsqu'elle est associée à un accès adéquat à l'Internet, permettait aux personnes de revendiquer leur droit à la liberté d'expression. Tout cela est d'une importance capitale pour les femmes, les jeunes, les enfants et les groupes marginalisés, a souligné Mme Khan.

Le meilleur antidote à la désinformation, a poursuivi Mme Khan, est l'accès à des sources d’information diverses et fiables. Pour cela, les États doivent divulguer des informations factuelles, les médias jouer leur rôle de vérificateurs des faits et les entreprises respecter les droits de l'homme et faire preuve de diligence raisonnable.

La Rapporteuse spéciale a recommandé que la maîtrise de l'information, des médias et du numérique devienne un élément obligatoire de tous les programmes scolaires et des programmes d'apprentissage pour adultes. Elle a invité instamment les gouvernements à faire de la culture numérique un indicateur des objectifs de développement durable en matière d'éducation et d'égalité des sexes, et a appelé les partenaires internationaux du développement à contribuer au renforcement des capacités des pays en développement dans ce domaine.

Mme Khan a tenu à rappeler que, pour relever les défis d'un monde de plus en plus numérisé, il incombait aux États, en tant que détenteurs d'obligations, d'autonomiser les détenteurs de droits grâce à une approche impliquant les communautés, la société civile et les entreprises, et d'investir dans l'alphabétisation numérique de manière prioritaire.

MME SARAH KADDU, Présidente de l'Association des bibliothèques et de l'information de l'Ouganda et Présidente du Comité directeur international de l'Alliance pour l’éducation aux médias et à l'information de l'UNESCO, a insisté sur le fait qu’avec l'avènement des médias numériques, leur démocratisation doit se concrétiser non seulement par l'accès à l'information, mais aussi par la possibilité de créer et de diffuser des informations librement et en temps utile.

Mme Kaddu a en outre mis en avant le rôle joué par la société civile pour faire respecter le droit à la liberté d'opinion et d'expression. Elle a ainsi indiqué que son Association, qui défend des lois et politiques favorables à l'accès à l'information et à la liberté d'expression, ainsi que des initiatives d'alphabétisation numérique, s’était opposée à l’adoption de réglementations draconiennes en Ouganda. Mme Kaddu a également indiqué que l'Alliance pour l’éducation aux médias et à l'information de l'UNESCO et ses membres contribuaient à la promotion et à la jouissance du droit à la liberté d'opinion et d'expression en défendant les blogueurs, les journalistes et les écrivains, entre autres.

Au chapitre des recommandations, Mme Kaddu a plaidé pour des mesures fiscales destinées à réduire le coût d’accès à Internet, ainsi que pour l’adoption de mécanismes permettant de dénoncer les violations du droit à la liberté d'information et d'expression.

M. AYMEN ZAGHDOUDI, Conseiller politique principal pour la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord de l’organisation Access Now, a fait observer que l'éducation au numérique, aux médias et à l'information donnait aux individus les outils nécessaires pour utiliser les nouvelles technologies en toute sécurité et tirer parti de leur énorme potentiel. Si les États peuvent instituer, à cet égard, des lois solides et des institutions robustes, il reste que sans individus capables de penser de manière critique, les espaces civiques et la démocratie se délitent, a fait remarquer le panéliste.

L'éducation au numérique, aux médias et à l'information devrait être conçue sur la base de deux piliers fondamentaux : d'une part, enseigner les grands principes de la liberté d'expression afin de fournir aux individus les connaissances nécessaires pour identifier et comprendre les différents types de discours haineux et de désinformation ; d'autre part, expliquer la dynamique et l'interaction entre les différents acteurs de la sphère numérique – il est ici essentiel de simplifier le jargon technique pour garantir une meilleure compréhension de ces questions au sein de la société, a souligné l’orateur.

M. Zaghdoudi a recommandé aux États d’élaborer des stratégies en matière d'éducation au numérique, aux médias et à l'information qui soient basées sur les droits de l'homme, le genre et une approche participative.  Il a en outre recommandé aux fonctionnaires d’État et aux personnels politiques d’éviter les déclarations contenant des informations fausses et de profiter, au contraire, de leur position pour diffuser les valeurs de tolérance, de pluralisme et d'ouverture d'esprit.

Enfin, M. DANIEL DESSEIN, Président de l’Association des entités journalistiques argentines (Asociación de Entidades Periodísticas Argentinas - ADEPA), a évoqué le rôle que peut jouer la presse dans les programmes d'éducation aux médias et d'éducation numérique. Il a affirmé que, dans un écosystème numérique pollué par les fausses informations, par les discours de haine et par les opinions biaisées, le journalisme était un antidote pour « décontaminer et revigorer » la conversation publique.

M. Dessein a ensuite soulevé la question de l'intelligence artificielle et de ses effets en termes de désinformation – un domaine dans lequel les plates-formes technologiques doivent assumer leurs responsabilités, a-t-il souligné. Il a évoqué l’importance de renforcer la « sensibilisation à la pollution de l'écosystème numérique », à l'instar de ce qui est fait pour la crise environnementale. Le panéliste a mis en garde contre l'utilisation de l'éducation aux médias par certains gouvernements pour promouvoir des points de vue anti-journalistiques selon lesquels ce sont les médias qui désinformeraient la société.

Enfin, M. Dessein a rappelé que la migration massive des revenus publicitaires vers le numérique empêchait les médias de produire un journalisme de qualité et, indirectement, de contribuer à l'éducation aux médias. Les principaux acteurs de l'Internet, par leur modèle économique, créent un terrain fertile pour la prolifération de la désinformation et la fragmentation des sociétés, a-t-il ajouté. Au contraire, un journalisme rigoureux et de qualité est un outil essentiel pour « décontaminer l'Internet », « un vaccin qui prévient la propagation des pathologies », a-t-il déclaré.

Aperçu du débat

Il a été souligné à de nombreuses reprises que l’éducation au numérique, aux médias et à l’information était une responsabilité collective qui implique notamment les États, les fournisseurs de services numériques et la société civile. D’aucuns ont recommandé que les fournisseurs de services numériques assument leur responsabilité en s'attaquant à la désinformation, dans le respect des droits de l'homme et des Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme, notamment en procédant à une modération raisonnable des contenus et en prenant les mesures de précaution que l’on est en droit d’attendre d’eux.

La nécessité de lutter contre la désinformation tout en garantissant la liberté d’expression et d’opinion a été soulignée à plusieurs reprises. D’aucuns ont ajouté que les nécessaires mesures prises par les pays pour assurer la sécurité et l'ordre public, ainsi que la protection des personnes contre les attaques par les médias étaient conformes aux dispositions du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

Des intervenants ont insisté sur le rôle important que joue la maîtrise du numérique, des médias et de l'information non seulement dans la sensibilisation aux opportunités et aux risques associés aux produits et services numériques, mais aussi dans la promotion d'une participation égale, dans la lutte contre la fracture numérique ou encore dans l'inclusion de tous les individus. 

Le blocage de l’accès à Internet par certains gouvernements a par ailleurs été dénoncé, notamment parce qu’il affecte négativement la capacité des journalistes, des travailleurs des médias et de la société civile à fonctionner, et parce qu’il compromet l'accès à un soutien et à une protection essentiels pour les femmes et les jeunes filles, en particulier.  En outre, a-t-il été regretté, les coupures et fermetures d'Internet entravent gravement la jouissance des droits économiques, sociaux et culturels et la réalisation des objectifs de développement durable, tout en aggravant la fracture numérique. Les fermetures d'Internet gênent les entreprises et les clients, perturbent le commerce, les investissements, les transactions financières, la fourniture de services et les envois de fonds, a-t-on insisté.

Les journalistes et les professionnels des médias jouent un rôle essentiel en facilitant la libre circulation de l'information et en mettant en lumière les violations des droits de l'homme et la corruption, ont rappelé des orateurs, regrettant que la confiance dans les médias tende à reculer, tandis que les attaques et le harcèlement à l'encontre des journalistes se multiplient.

Ont d’autre part été dénoncés cet après-midi le monopole exercé par certains médias dans la sphère de l’information ; la criminalisation en bloc d’organes de presse dans certains pays ; la collusion de services de renseignements avec des médias à des fins de désinformation ou de surveillance d’opposants ; la prolifération de discours antisémites et islamophobes sur Internet ; ainsi que le recours à la désinformation pour atteindre des objectifs de politique intérieure et étrangère.

Les panélistes ont été priés de donner des exemples de bonnes pratiques pour combler la fracture numérique, ainsi qu’en matière d’éducation au numérique, aux médias et à l’information.  Quel pourrait être le rôle du Haut-Commissariat dans ces domaines, a-t-il été demandé ?

**Liste des intervenants : Autriche (au nom d’un groupe de pays), Union européenne (au nom d’un groupe de pays), Danemark (au nom d’un groupe de pays), Union européenne, République de Corée, Israël, Arménie, Grèce, Soudan, Roumanie, Inde, Congrès juif mondial, Article 19, The International Humanitarian Society for Development Without Borders, Bénin, Botswana, Ukraine, Afrique du Sud, Malaisie, Maldives, États-Unis, Namibie, Bolivie, République-Unie de Tanzanie, Cuba, Brésil, Plan International, Institut international pour le droit au développement et Institute for Reporters' Freedom and Safety.

Réponses et remarques de conclusion de panélistes

MME KADDU a insisté sur la nécessité de sensibiliser la population aux contenus numériques et de développer des connaissances dans ce domaine afin que chacun soit en mesure d’évaluer et de jauger l’espace numérique. Il faut également réduire la fracture numérique, a-t-elle plaidé.

S’agissant des bonnes pratiques, M. ZAGHDOUDI, a cité l’exemple de la Tunisie, dont le Ministère de l’éducation a, en 2018, fourni une formation à des élèves du primaire en matière d’alphabétisation numérique. Les élèves peuvent participer à ce type de formation durant les vacances, a-t-il ajouté. L’expérience montre que ces élèves ont aujourd’hui une meilleure appréhension des contenus numériques, a-t-il fait valoir.

Pour renforcer l’alphabétisation numérique, il faut des mesures collectives, a pour sa part souligné M. DESSEIN. Il a mentionné les directives de l’UNESCO dans ce domaine, en soulignant que l’Organisation est le fer de lance de la lutte contre la désinformation. Il a aussi rappelé qu’il existe une directive de l’Union européenne relative à la propriété intellectuelle pour les créateurs de contenus en ligne. Plusieurs mesures ont également été prises en Argentine dans le développement d’outils analytiques pour la société civile, a-t-il ajouté.

 

 

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