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La Présidente du Groupe de travail d’experts sur les personnes d’ascendance africaine décrit le « racisme environnemental » auquel ces personnes sont confrontées

Compte rendu de séance

 

Présentant ce matin devant le Conseil des droits de l’homme le rapport du Groupe de travail d’experts sur les personnes d’ascendance africaine, qu’elle préside, Mme Dominique Day a évoqué le « racisme environnemental » auquel les personnes d'ascendance africaine sont confrontées dans l'implantation des décharges de déchets toxiques, des industries extractives, des zones industrielles et minières, des usines et des centrales électriques, ainsi que dans la réalisation d'autres activités dangereuses pour l’environnement.

La Présidente du Groupe de travail a souligné que les personnes d'ascendance africaine étaient touchées de manière disproportionnée par la crise climatique. Le changement climatique est le produit de notre dépendance économique à l'égard de l'extraction, de l'exploitation et de « l'accumulation par la dépossession », a-t-elle expliqué, avant d’ajouter que seule une analyse racialisée permet de voir que le changement climatique est lié à des cadres économiques et politiques qui ignorent le droit à la vie, entre autres droits humains fondamentaux, de certaines personnes.

Mme Day a regretté que les personnes d'ascendance africaine soient exclues des prises de décision en matière d'environnement, et ce quel que soit le niveau de développement du pays.

Après cette présentation, plusieurs délégations** ont engagé avec Mme Day un dialogue qui se poursuivra cet après-midi.

Ce matin, le Conseil a par ailleurs tenu son débat général au titre du suivi et de l’application de la Déclaration et du Programme d’action de Vienne – un débat auquel de nombreuses délégations* ont participé.

L’Éthiopie a exercé son droit de réponse après ce débat.

 

Cet après-midi, à 15 heures, le Conseil achèvera son dialogue avec le Groupe de travail d’experts sur les personnes d’ascendance africaine. Il examinera ensuite le rapport de la Rapporteuse spéciale sur les formes contemporaines de racisme, avant d’entamer son débat général au titre du suivi et de l’application de la Déclaration et du Programme d’action de Durban.

 

Débat général sur le suivi et l’application de la Déclaration et du Programme d’action de Vienne

Nombre de délégations ont rappelé combien la Déclaration et le Programme d’action de Vienne [adoptés par la Conférence mondiale sur les droits de l’homme tenue à Vienne en 1993] étaient importants pour protéger l’ensemble de la population et plus particulièrement les personnes les plus vulnérables, notamment dans le contexte des conflits.

Il a été rappelé que tous les droits de l’homme sont universels, indissociables et interdépendants, comme cela est inscrit dans la Déclaration de Vienne, et plusieurs délégations ont plaidé pour que tous les droits de l’homme, y compris le droit au développement, soient traités sur un pied d’égalité. Plusieurs intervenants ont souligné que pour donner effet au droit au développement, il faut non seulement adopter des politiques au niveau national, mais aussi engager des relations justes entre les pays.

Le droit au développement n’est possible qu’avec la jouissance des autres de l’homme, a insisté un groupe de pays. Certaines délégations ont dénoncé les tentatives d’invoquer le relativisme culturel, la sécurité ou le niveau de développement comme prétexte pour s’éloigner des normes que la communauté internationale s’est fixées. Les sociétés où les droits de l’homme sont davantage promus et protégés sont plus résilientes, inclusives et fortes et ont davantage de chance d’être prospères, a insisté un autre groupe de pays.

Plusieurs délégations ont également rappelé que pour assurer une société inclusive il faut redoubler d’efforts en faveur de la promotion des droits humains des femmes et des filles, notamment en leur assurant l’accès à la santé sexuelle et génésique.

Un groupe de pays a appelé la communauté internationale à soutenir les familles dans toutes leur diversité, en insistant sur le fait qu’il n’existait plus un seul modèle familial basé sur une mère, un père et des enfants. Il faut protéger l’ensemble des familles contre les violences et les discriminations et seules les sociétés qui protègent et acceptent les familles dans leur diversité promeuvent véritablement l’inclusion de tous, a-t-on insisté.

Les difficultés telles que les inégalités, le racisme et la xénophobie s’accumulent dans le monde, a souligné un groupe de pays, regrettant, à l’instar de nombreuses autres délégations, qu’il n’y ait pas eu une répartition équitable des vaccins contre la COVID-19 avec les pays en développement. Il faut davantage de coopération dans ce domaine, ont insisté nombre d’intervenants. A aussi été défendu un renforcement de la protection sociale dans l’ensemble des pays, et plus particulièrement au sein des pays en développement.

Certaines délégations ont par ailleurs dénoncé la hausse de l’islamophobie dans de nombreuses régions du monde.

D’autres ont rappelé le droit à l’autodétermination de toute population occupée et le devoir de la puissance occupante de protéger et promouvoir l’ensemble des droits de l’homme pour toute la population.

Plusieurs intervenants ont regretté que les droits de l’homme soient utilisés comme un instrument de domination par certains Etats qui – a-t-il été affirmé – souhaitent imposer leur hégémonie sur les pays du Sud, y compris en instrumentalisant la démocratie pour imposer un modèle politique et s’ingérer dans les affaires internes des pays, ce qui ne peut que générer le chaos.

Plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) ont rappelé que la Déclaration et le Programme d’action de Vienne prévoyaient la participation pleine et entière de la société civile dans le domaine de la promotion et de la protection des droits de l’homme et ont regretté le peu de place qui leur est octroyée dans les mécanismes des droits de l’homme des Nations Unies, y compris au Conseil. Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme et la Haute-Commissaire ont été appelés à se saisir de cette question.

*Liste des intervenants : Israël (au nom d’un groupe de pays), Ukraine (au nom d’un groupe de pays), Slovénie (au nom de l’Union européenne), Egypte (au nom du Groupe des Etats arabes), Pakistan (au nom de l’Organisation de la coopération islamique), Estonie (au nom d’un groupe de pays), Azerbaïdjan (au nom du Mouvement des non-alignés), Cameroun (au nom du Groupe des Etats africains), Autriche (au nom d’un groupe de pays), Chine (au nom d’un groupe de pays), Arménie (au nom d’un groupe de pays), Chine (au nom d’un groupe de pays), Royaume-Unis (au nom d’un groupe de pays), Venezuela, Indonésie, Cuba, Fédération de Russie, Inde, Népal, Chine, Pakistan, Israël, Iraq, Afrique du Sud, Albanie, Bélarus, Etats-Unis, Syrie, Géorgie, Afghanistan, ONU Femmes, Algérie, Tunisie, Iran, Fédération internationale pour la planification familiale , Swedish Association for Sexuality Education, Center for Reproductive Rights, Inc., International Women’s Rights Action Watch Asia Pacific, Association lesbienne et gay internationale, Action Canada pour la population et le développement, Fédération des femmes et de la planification familiale, Congrès juif mondial, Association pour les droits de la femme dans le développement, Union internationale humaniste et laïque , Asociacion HazteOir.org, Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples, Réseau Unité pour le Développement de Mauritanie , China Foundation for Human Rights Development, Institute for NGO Research, Ingenieurs du Monde, Service international pour les droits de l'homme, Global Institute for Water, Environment and Health, Association d'Entraide Médicale Guinée, Organisation internationale pour les pays les moins avancés (OIPMA), Centre européen pour le droit, la justice et les droits de l'homme , The Organization for Poverty Alleviation and Development, Solidarité Suisse-Guinée , Sikh Human Rights Group, Mother of Hope Cameroon Common Initiative Group, Organisation pour la Communication en Afrique et de Promotion de la Cooperation Economique Internationale - OCAPROCE Internationale, Association pour l'Intégration et le Développement Durable au Burundi, Centre Zagros pour les Droits de l'Homme , World Barua Organization (WBO), Liberation, Center for Organisation Research and Education, Conselho Indigenista Missionário CIMI, Integrated Youth Empowerment - Common Initiative Group (I.Y.E. – C.I.G.), Association pour la défense des droits de l'homme et des revendications démocratiques/culturelles du peuple Azerbaidjanais-Iran - « ARC » , Community Human Rights and Advocacy Centre (CHRAC), Maloca Internationale, et Congrès du monde islamique.

Dialogue avec le Groupe de travail d’experts sur les personnes d’ascendance africaine

Le Conseil est saisi du rapport du Groupe de travail d’experts sur les personnes d’ascendance africaine (A/HRC/48/78, version préliminaire en anglais), qui traite cette année du thème : « La justice environnementale, la crise climatique et les personnes d’ascendance africaine ».

Présentation

Présentant ce rapport, MME DOMINIQUE DAY, Présidente du Groupe de travail d’experts sur les personnes d’ascendance africaine, a décrit le « racisme environnemental » auquel les personnes d'ascendance africaine sont confrontées dans l'implantation des décharges de déchets toxiques, des industries extractives, des zones industrielles et minières, des usines et des centrales électriques, ainsi que dans la réalisation d'autres activités dangereuses pour l’environnement.

La Présidente du Groupe de travail a ensuite souligné que les personnes d'ascendance africaine étaient touchées de manière disproportionnée par la crise climatique. Le réchauffement de la planète et le changement climatique sont le résultat de décisions prises par l'homme : ici, comme ailleurs, le racisme systémique est ancré même dans des décisions apparemment neutres, a fait remarquer Mme Day.

Le changement climatique est le produit de notre dépendance économique à l'égard de l'extraction, de l'exploitation et de « l'accumulation par la dépossession », a expliqué la Présidente du Groupe de travail. Seule une analyse racialisée permet de voir que le changement climatique est lié à des cadres économiques et politiques qui ignorent le droit à la vie, entre autres droits humains fondamentaux, de certaines personnes. En outre, malgré leur rôle actif dans la création de phénomènes météorologiques extrêmes et de situations d'urgence climatique, de nombreux gouvernements éludent la responsabilité des conséquences collatérales de la crise climatique pour les personnes d'ascendance africaine, même dans leur propre pays, a déploré Mme Day.

Mme Day a regretté que les personnes d'ascendance africaine soient exclues des prises de décision en matière d'environnement, et ce quel que soit le niveau de développement du pays. Cette lacune est notamment à l'origine de taux élevés d'asthme, de malformations congénitales, de fausses couches et de maladies chroniques liées à l'environnement, a affirmé la Présidente du Groupe de travail.

Pour démanteler le racisme systémique, a-t-elle poursuivi, il faut reconnaître son omniprésence dans les institutions et admettre que les atrocités raciales continuent de conférer des privilèges, des profits et du pouvoir aux dépens des personnes d'ascendance africaine dans le monde entier. Mme Day a évoqué à ce propos la question des réparations, en indiquant qu’une étude avait montré que, dans une région fortement touchée par le racisme environnemental et la crise climatique, les réparations pour les personnes d'origine africaine qui ont été réduites en esclavage auraient permis de réduire l'impact de la COVID-19 dans cette région de 31% à 68%.

Pour remédier aux violations des droits de l'homme subies par les personnes d'ascendance africaine aux mains des entreprises, les gouvernements, les entreprises et la société civile doivent examiner la manière dont les mentalités, les attentes et les protections moindres, ou inexistantes, pour les communautés d'ascendance africaine suscitent des inégalités et des injustices systémiques et racialisées, a conclu Mme Day.

Aperçu du débat

Les délégations ont insisté sur le fait que la crise climatique et l'injustice environnementale exigeaient la protection et la réalisation de tous les droits de l'homme et des libertés fondamentales, en donnant la priorité à l'inclusion des personnes d'ascendance africaine dans la prise de décision à tous les stades de l'action environnementale, afin de garantir que personne ne soit laissé pour compte.

Les changements climatiques, a-t-il été relevé, ont des effets néfastes et disproportionnés sur les droits des personnes d’ascendance africaine, en particulier sur leurs droits à la vie, à la santé, au logement, à l’alimentation et à l’éducation. Cela est essentiellement dû au racisme historique et structurel qui a poussé les communautés d’ascendance africaine à vivre dans des zones menacées par la dégradation de l’environnement et où leur droit à un environnement sûr, propre, sain et durable n’est pas souvent respecté, a-t-il été souligné.

Les politiques discriminatoires dans les États où vivent d'importantes populations d'ascendance africaine doivent être changées afin de sauvegarder les droits de l'homme, notamment le droit à un environnement sûr, propre, sain et durable, a recommandé une délégation.

La nécessité d'élaborer des normes complémentaires pour combler les lacunes du cadre juridique actuel afin de lutter plus efficacement contre les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et d'intolérance qui y est associée, a en outre été soulignée.

La célébration de la Décennie internationale des personnes d'ascendance africaine (2015-2024) doit non seulement servir de cadre pour se souvenir du passé, mais aussi servir de point de départ pour bâtir un avenir pour toutes les personnes d’ascendance africaine, où qu'elles se trouvent, a demandé un intervenant. D’autres délégations se sont réjouies de la création cet été du Forum permanent des Nations Unies pour les personnes d'ascendance africaine, et ont fait part de leur intention de coopérer avec cet organe pour résoudre les problèmes auxquels les personnes d'ascendance africaine sont confrontées dans le monde.

Le problème de l’exportation de déchets dangereux des pays développés vers les pays du Sud a été évoqué à plusieurs reprises ce matin.

Une délégation a estimé que les travaux sur le climat devraient être menés dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, ainsi que d'autres structures onusiennes spécialisées. Une autre a fait remarquer que la notion de « racisme environnemental » était inconnue en droit international.

**Liste des intervenants : Union européenne, Pérou (au nom d’un groupe de pays), Équateur, Sénégal, Indonésie, Afrique du Sud, Venezuela, Kenya, Cuba, Fédération de Russie, États-Unis, Pérou, Brésil, Chine, Pakistan, Panama.

Réponses de la Présidente du Groupe de travail

MME DAY a recommandé aux États de s’inspirer des recherches universitaires qui documentent à quelles iniquités les personnes d’ascendance africaine sont confrontées dans différents domaines. Ainsi, une recherche réalisée en Louisiane a montré que des réparations auraient permis de réduire fortement l’impact de la COVID-19 sur les personnes d’ascendance africaine, a indiqué la Présidente du Groupe de travail d’experts sur les personnes d’ascendance africaine.

Mme Day a en outre regretté le laisser-faire des États face aux activités des entreprises agro-alimentaires, dont elle a demandé qu’elles soient davantage réglementées.

Condamnant par ailleurs le traitement indigne infligé récemment à des migrants haïtiens aux États-Unis, Mme Day a recommandé aux États de faire preuve eux-mêmes du respect que l’on voudrait voir partout.

 

HRC21.138F