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La Conférence du désarmement entend les déclarations de seize délégations

Compte rendu de séance

 

La Conférence du désarmement a tenu ce matin, sous la présidence de l’Ambassadeur Marc Pecsteen de la Belgique, une réunion plénière virtuelle pendant laquelle elle a entendu les déclarations de seize délégations.

De nombreuses délégations ont indiqué quelles seraient leurs priorités pour cette session de 2021 de la Conférence, qui s’est ouverte cette semaine, citant notamment l’ouverture de négociations autour d’un traité d’interdiction de la production de matières fissiles à des fins d’armements nucléaires, la prévention de la militarisation de l’espace, ou encore le désarmement nucléaire.

L’importance de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, qui doit se tenir l’été prochain, a été soulignée à plusieurs reprises, tout comme a été maintes fois rappelée l’entrée en vigueur, demain 22 janvier, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. A aussi été évoqué l’avenir du Traité New START (de réduction des armements stratégiques), qui expire le mois prochain.

Plusieurs délégations ont déploré qu’à l’ouverture de la session, mardi dernier, deux pays membres de la Conférence du désarmement se soient opposés aux demandes de participation aux travaux de cette instance émanant de Chypre, de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis. Il a souligné que, plus que jamais en cette période de pandémie, le multilatéralisme efficace est la nécessité de l'heure et nécessite la participation de tous les États intéressés.

Au début de la séance, le Président a souhaité la bienvenue aux nouveaux Ambassadeurs de l’Algérie, du Myanmar et de Cuba auprès de la Conférence.

Les délégations des pays suivants ont pris la parole ce matin : Macédoine du Nord, Iran, Indonésie (au nom du Groupe des 21), Malaisie, Inde, Allemagne, Équateur, Venezuela, Espagne, Italie, France, Kenya, Autriche, Maroc, Algérie et Kazakhstan.

La Conférence du désarmement poursuivra ses travaux en séance plénière cet après-midi, à 15 heures.

Aperçu des déclarations

Répondant à une déclaration faite par la Bulgarie mardi, la Macédoine du Nord a précisé que le nom officiel de son pays était « République de Macédoine du Nord », la version courte officielle, également valide, étant « Macédoine du Nord ».

Dans un autre droit de réponse, l’Iran, en réponse à une déclaration des États-Unis faite mardi également, a espéré que le nouveau Gouvernement des États-Unis inverserait les conséquences de l’attitude de son prédécesseur.

L’Indonésie, au nom du Groupe des 21, a rappelé que la Conférence était la seule instance multilatérale de négociation dans le domaine du désarmement, telle que mandatée par la première session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies consacrée au désarmement [1978]. Le Groupe des 21, a ajouté l’Indonésie, souligne l'importance de préserver la Conférence en renforçant la nature, le rôle et le mandat de cette instance. Le Groupe souligne également la nécessité de redoubler d'efforts afin de revitaliser la Conférence et de préserver sa crédibilité par la reprise des travaux de fond, y compris les négociations sur le désarmement nucléaire. Le Groupe des 21 réaffirme enfin qu'il est urgent que la Conférence adopte un programme de travail équilibré et complet sur la base de son ordre du jour, tenant compte des intérêts de sécurité de tous les États.

La Malaisie a rappelé que l’année 2020 avait été très difficile pour tout le monde, notamment en raison de la pandémie de COVID-19. Les séances plénières ont été suspendues pendant plus de trois mois et il y a eu moins de séances hybrides en raison des restrictions budgétaires. La Malaisie a par ailleurs regretté qu’il n’y ait pas eu d’accord sur le programme de travail. La pandémie ne peut pas être invoquée pour expliquer la paralysie de la Conférence, a souligné la Malaisie. Cette année sera marquée par plusieurs dates importantes dans le domaine du désarmement, avec, notamment, l’expiration du Traité New START (de réduction des armements stratégiques) en février et la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en août. Il faut redoubler d’efforts pour avoir des résultats positifs, a insisté la Malaisie. Elle a en outre dit espérer que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires qui entrera en vigueur demain allait changer la politique en matière de désarmement et faire que chaque État puisse parler sur un pied d’égalité.

L’Inde s’est dite « attachée à l'objectif d'un désarmement nucléaire universel, non discriminatoire et vérifiable ». L’Inde a précisé que, sans minimiser la priorité qu’elle accorde au désarmement, elle soutenait l'ouverture immédiate de négociations sur un traité d’interdiction de la production de matières fissiles sur la base du document CD/1299 et du mandat qu'il contient – lequel reste, de l’avis de l’Inde, la base la plus appropriée pour l'ouverture de négociations. L’Inde a aussi relevé qu’un multilatéralisme efficace « est la nécessité de l'heure et requiert la participation de tous les États intéressés. Il devient donc important qu'aucun État ne se voie refuser la possibilité de participer aux travaux de la Conférence ».

L’Allemagne a recommandé que la Conférence « utilise pleinement les perspectives offertes par 2021 pour remettre la diplomatie sur la voie d'un monde exempt d’armes nucléaires ». Le pays a énuméré les questions qui seront liées à l’ordre du jour de la Conférence cette année, notamment : la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires – Conférence qui, de l’avis de l’Allemagne, sera déterminante pour le succès du régime de désarmement et de non-prolifération nucléaires ; l’avenir du Traité New START, dernier instrument de contrôle des armes nucléaires ; l'utilisation ou la menace d'utilisation d’armes de destruction massive, comme les armes chimiques ; les craintes de prolifération nucléaire en République populaire démocratique de Corée et en Iran ; ou encore l'espace extra-atmosphérique comme nouveau domaine potentiel de conflit, ainsi que les progrès déstabilisants dans le cyberespace.

L’Équateur a regretté que, dans le contexte de la pandémie de COVID-19, des centaines de milliards de dollars soient investis pour perfectionner et accumuler des armes, « alors que nos systèmes de santé souffrent de graves faiblesses et que des millions de personnes luttent quotidiennement pour leur survie ». L’Équateur s’est dit très préoccupé par le fait que la crise provoquée par la pandémie n'ait pas immédiatement fait prendre conscience de l'urgence de renforcer le multilatéralisme.

L’Équateur a estimé, d’autre part, que les petits pays ont le droit de revendiquer leur sécurité et d'aspirer à une paix « qui ne sera possible que dans un monde exempt d'armes de destruction massive ». L’Équateur a aussi demandé que l’on tienne compte de l'opinion des pays membres des zones exemptes d'armes nucléaires déjà existantes ou en gestation.

Le Venezuela a regretté que les États-Unis se soient retirés de plusieurs instruments internationaux importants pour la sécurité internationale. Le Venezuela a jugé inquiétants les investissements consacrés aux nouveaux armements par certains pays, en particulier compte tenu de l’état d’impréparation de ces mêmes pays face à la pandémie. La délégation vénézuélienne a condamné, par ailleurs, les mesures coercitives unilatérales qui entraînent des souffrances parmi la population de son pays, qui entraînent des crise régionales et qui, selon le Venezuela, méritent d’être dénoncées devant la justice internationale. Le Venezuela a rappelé que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires entrait en vigueur demain, 22 janvier, et a appelé tous les États à le ratifier.

Le Venezuela a ensuite recommandé que la Conférence se concentre sur un traité d’interdiction de la production de matières fissiles, ainsi que sur la prévention d’une course aux armements dans l’espace sur la base de la proposition de la Chine et de la Fédération de Russie (concernant cette seconde question).

L’Espagne a regretté que la Conférence semble parfois « vouloir clore les négociations avant même qu'elles ne commencent », comme dans le cas du traité sur la cessation de la production de matières fissiles (à des fins d’armement nucléaire). « Cet instrument est une priorité pour nous tous, et nous savons qu’il serait un grand pas vers un monde plus sûr », a insisté l’Espagne. Elle a fait observer, d’autre part, que l'année 2020 avait été « une année blanche », les restrictions imposées par la lutte contre la pandémie « ayant dissimulé ou minimisé l’échec » de la Conférence.

L’Italie a indiqué que l'entrée en vigueur rapide du traité d'interdiction complète des essais nucléaires était l'une de ses principales priorités. Elle a appelé tous les États qui ne l'ont pas encore fait, en particulier les États mentionnés à l'Annexe 2 de ce traité, à ratifier l’instrument sans plus tarder. L’Italie soutient par ailleurs l'ouverture immédiate de négociations à la Conférence du désarmement sur un traité d’interdiction de la production de matières fissiles. L’Italie s’est également dite favorable à la reprise par la Conférence de discussions de fond sur les garanties négatives de sécurité, en vue d'élaborer des recommandations portant sur tous leurs aspects, sans exclure un instrument international juridiquement contraignant.

La France a d’emblée rappelé que la Conférence s’ouvre dans un contexte très difficile sur le plan géopolitique, que la crise du COVID ne contribue pas à faciliter ; mais c’est avec un sens de la responsabilité et de la coopération sincère qu’il faut envisager les prochains mois, a-t-elle déclaré. La France a déploré la décision de la Turquie de refuser l’octroi du statut d’observateur (à la Conférence) à Chypre et la décision de l’Iran de refuser l’octroi de ce même statut à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis. Ces décisions constituent des entorses graves au principe du multilatéralisme et un abus absolument inacceptable du principe du consensus, a affirmé la France.

La France a ensuite indiqué qu’elle soutient les efforts visant à l’établissement d’organes subsidiaires sur les différents sujets à l’ordre du jour de la Conférence. La France a ajouté promouvoir activement la négociation sans délai, à la Conférence, d’un traité interdisant la production de matières fissiles (FMCT) qui – de l’avis de la France – est le sujet le plus mûr pour des négociations et qui contribuerait à faire progresser le désarmement nucléaire en limitant la production quantitative des armes nucléaires. Le sujet de l’espace extra-atmosphérique offre également une actualité très riche qui nécessite un dialogue stratégique nourri, a poursuivi la France. Dans un environnement spatial en mutation rapide, de nouvelles menaces grèvent la sécurité des activités et opérations, qu’il convient d’analyser. Compte tenu de l’enjeu que représente aujourd’hui l’espace pour la sécurité de toutes les nations, ce travail d’analyse et la formulation de propositions pragmatiques visant à améliorer la sécurité et la sureté des opérations est urgent, et le monde a intérêt à s’engager sur cette voie, a insisté la France.

Alors que la menace posée par la prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs ne cesse de s’amplifier, la (prochaine) Conférence d’examen du TNP doit être l’occasion de réaffirmer le soutien sans faille à la préservation et au renforcement de cet instrument clé du régime de non-prolifération, au travers de ses trois piliers, a par ailleurs souligné la France.

Le Kenya a rappelé que, comme le prévoit le TNP et en particulier son article VI, tous les pays doivent promouvoir l’exploitation pacifique de l’énergie nucléaire et coopérer à cette fin tout en œuvrant au désarmement nucléaire complet. Le Kenya a dit espérer que la Conférence d’examen du TNP [qui doit se réunir en août prochain] réaffirmerait le rôle indispensable du Traité dans la promotion de la non-prolifération, du désarmement et des utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire. D’autre part, l’entrée en vigueur rapide du traité d’interdiction complète des essais nucléaires reste une priorité pour le Kenya. Le pays a en outre salué l’entrée en vigueur, cette semaine, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, en faveur duquel le Kenya a voté et qui marque un moment historique dans la réalisation d’un monde sans armes nucléaires. Le Kenya a enfin engagé le monde à respecter le Programme d’action des Nations Unies sur les armes légères et de petit calibre et l’instrument international de traçage y associé.

L’Autriche s’est dite très encouragée par l'entrée en vigueur cette semaine du Traité sur l'interdiction des armes nucléaires et a espéré que « cette nouvelle réalité contribuerait à créer un nouvel élan vers l'élimination totale des armes nucléaires ». Elle a invité toutes les délégations à assister à l’événement de haut niveau qui sera organisé en ligne, demain après-midi, pour célébrer l’entrée en vigueur du Traité. L’Autriche a aussi demandé la prorogation rapide du Traité New START, avant son expiration (le mois prochain).

En ces temps de pandémie mondiale, plus encore qu'en temps normal, « il est de notre responsabilité commune de démontrer que le multilatéralisme est important », a ajouté l’Autriche. Elle a regretté que les demandes de participation aux travaux de la Conférence émanant de Chypre, de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis aient été refusées. L’Autriche a ensuite remercié le Président de la Conférence pour le projet de proposition de paquet qui a été diffusé à l’avance et qui constitue « un signe bienvenu de transparence, de cohérence et de prévisibilité ».

Le Maroc a demandé que les demandes de participation aux travaux de la Conférence soient examinées sans controverse ni entraves. Le Maroc a estimé que, malgré un contexte sécuritaire et sanitaire difficile, des changements significatifs en ce début d’année augurent bien de l’adoption du programme de travail de la Conférence du désarmement en 2021. Pour le Maroc, les questions centrales sont le désarmement nucléaire, la prévention d’une course aux armements dans l’espace, la cybersécurité et d’autres échéances impérieuses comme le développement d’armes autonomes.

Le Maroc a rappelé que le désarmement était un des piliers fondamentaux de l’action des Nations Unies et a estimé important d’examiner les propositions et suggestions émanant de l’ Agenda pour le désarmement (2018) du Secrétaire général des Nations Unies.

L’Algérie a déclaré que l’exacerbation de la crise sanitaire doit pousser le monde à s’interroger sur sa capacité à relever les défis globaux. Il faut passer à un travail réel au sein de la Conférence afin de faire face aux défis de la paix et de la sécurité internationales, a-t-elle plaidé. Il est clair que les travaux de la Conférence ont marqué le monde en entier : des instruments ont été négociés au sein de cette instance, ce qui a exigé des efforts de chacun pour parvenir à une vision commune face aux défis mondiaux, a rappelé l’Algérie. Elle a précisé avoir été très active dans le domaine du désarmement, indiquant avoir notamment présidé une conférence d’examen du TNP et participé aux négociations sur le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.

Le désarmement nucléaire est une des priorités pour protéger l’humanité, a souligné l’Algérie. Elle a dit espérer que la prochaine Conférence d’examen du TNP pourrait parvenir à des résultats qui répondent aux aspirations. La conclusion d’un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes nucléaires ou d’autres dispositifs explosifs nucléaires est très importante pour la question de la gestion des stocks de matières fissiles, a poursuivi l’Algérie. Le pays estime en outre qu’il est impératif de réaliser des progrès tangibles en ce qui concerne les garanties négatives de sécurité, grâce à la conclusion d’un instrument juridiquement contraignant pour protéger les États non dotés d’armes nucléaires contre l’emploi ou la menace d’emploi de ces armes à leur encontre. L’Algérie a par ailleurs plaidé pour l’adoption de normes qui interdisent de placer des armes dans l’espace extra-atmosphérique.

Le Kazakhstan a déclaré que la crise de la COVID-19 doit être une occasion de s’unir et d’atteindre les objectifs communs en matière de sécurité. Le Kazakhstan soutient le TNP et demande un strict respect des engagements de tous les États, qu’ils soient dotés ou non de l’arme nucléaire, au titre de ce Traité. La création de zones exemptes d’armes nucléaires peut être un résultat tangible de la Conférence d’examen du TNP qui doit se tenir cette année, a ajouté le Kazakhstan.

Il faut maintenir le rôle de la Conférence du désarmement, a poursuivi le Kazakhstan, avant d’indiquer que, du point de vue du pays, le désarmement nucléaire est l’objectif le plus important de cette instance. La conclusion du FMCT (traité cut-off d’interdiction de matières fissiles à des fins d’armements nucléaires) doit permettre de réduire la possibilité d’utilisation de l’arme nucléaire, a ajouté le Kazakhstan. Le pays s’est par ailleurs dit favorable à la négociation d’un document juridiquement contraignant dans le domaine des garanties négatives de sécurité ainsi que dans le domaine de (la prévention de) l’armement de l’espace extra-atmosphérique.

 

DC21.004F