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La baisse des financements humanitaires menace les droits des femmes 

Membres de l'Observatoire de la violence à l'égard des femmes autochtones au Salvador, soutenu par ONU Femmes.
© ONU Femmes/Oscar Leiva
Membres de l'Observatoire de la violence à l'égard des femmes autochtones au Salvador, soutenu par ONU Femmes.
La moitié des organisations dirigées par des femmes ou œuvrant pour les droits des femmes dans les zones de crise humanitaire pourraient cesser leurs activités d’ici six mois, faute de financement. Un scénario alarmant, qui priverait des millions de femmes et de familles de services essentiels, avertit un nouveau rapport mondial d’ONU Femmes publié mardi.

Selon l’enquête menée par ONU Femmes, 90% des 411 organisations de femmes actives dans 44 pays touchés par des crises ont déclaré souffrir de la baisse de l’aide étrangère.

« La situation est critique. Les femmes et les filles ne peuvent tout simplement pas se permettre de perdre les bouées de sauvetage que constituent les organisations de femmes », explique Sofia Calltorp, responsable de l’action humanitaire chez ONU Femmes, signalant que « malgré leur rôle essentiel » les organisations de femmes étaient déjà gravement sous-financées avant même la récente vague de réductions budgétaires.

Un impératif stratégique

À l’échelle mondiale, 308 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire dans 73 pays, un chiffre qui ne cesse d’augmenter avec l’escalade des conflits, le changement climatique, l’insécurité alimentaire et les épidémies.

Les femmes et les filles sont touchées de manière disproportionnée par la crise. Outre les morts évitables liées à la grossesse, elles souffrent de malnutrition et de taux élevés de violence sexuelle.

Malgré l’augmentation de ses besoins, le système humanitaire est confronté à une grave crise de financement et les coupes budgétaires menacent des services essentiels, vitaux pour les femmes et les filles.

Manifestation POWER4Girls lors de la 69e session de la Commission de la condition de la femme.
ONU Photo/Mark Garten
Manifestation POWER4Girls lors de la 69e session de la Commission de la condition de la femme.

Suspension de programmes

La réduction drastique du financement pousse de nombreuses organisations à un point de rupture, signale le rapport intitulé At a Breaking Point: The Impact of Foreign Aid Cuts on Women's Organizations in Humanitarian Crises Worldwide (À un point de rupture : l’impact des coupes budgétaires sur les organisations de femmes dans les crises humanitaires mondiales).

Si près de la moitié d’entre elles s’attendent à fermer dans les six mois si les niveaux de financement actuels se maintiennent, plus de 60% ont déjà réduit leurs interventions, perturbant l’apport d’un soutien vital allant des soins de santé d’urgence et des services de lutte contre la violence fondée sur le genre, à l’aide économique et aux solutions d’hébergement.

Près des trois quarts déclarent avoir été contraintes de licencier du personnel, souvent de manière significative.

Pression intense 

En 2024, seuls 7% des 44,79 milliards de nécessaires pour répondre à l’escalade des conflits et aux catastrophes ont été atteints. Alors que les principaux pays donateurs ont annoncé des réductions importantes de leur aide étrangère.

Si le système humanitaire dans son ensemble est contraint de réduire la voilure, les organisations locales et nationales dirigées par des femmes sont parmi les plus durement touchées, alors qu’elles jouent un rôle de premier plan dans la distribution de l’aide et l’accès aux communautés marginalisées.

Du Myanmar à la Palestine, en passant par le Soudan et l’Afghanistan, ces organisations de femmes  fournissent des services vitaux et jouent un rôle essentiel dans l’action humanitaire. 

Les données montrent que les programmes humanitaires tenant compte de la dimension de genre génèrent un retour sur investissement de 8 dollars pour chaque dollar investi.

Néanmoins, en 2024, seulement 1,3% des fonds humanitaires étaient consacrés à la lutte contre la violence fondée sur le genre.

Le groupe d'entraide Kapileswar, dans le village de Mahulapalli (Odisha), est passé du statut de travailleurs non rémunérés à celui d'entrepreneurs autonomes en tirant parti des subventions de l'OIIPCRA et de la formation technique pour révolutionner la …
© PNUD Inde
Le groupe d'entraide Kapileswar, dans le village de Mahulapalli (Odisha), est passé du statut de travailleurs non rémunérés à celui d'entrepreneurs autonomes en tirant parti des subventions de l'OIIPCRA et de la formation technique pour révolutionner la pisciculture.

Plus que des prestataires de service

ONU Femmes souligne que les organisations de femmes ne sont pas seulement des prestataires de services, ce sont des cheffes de file et des défenseures fiables qui atteignent les communautés défavorisées grâce à un soutien adapté à leur culture.

  • Elles fournissent des espaces sûrs, des services psychosociaux et une assistance juridique aux survivantes de la violence fondée sur le genre.
  • Elles veillent à ce que la voix des femmes soit prise en compte dans la planification humanitaire et les décisions politiques.
  • Elles renforcent la résilience à long terme en autonomisant les femmes sur le plan économique et social.

Lorsque ces organisations sont sous-financées ou contraintes de fermer, c’est l’ensemble de l’action humanitaire qui perd en efficacité, en inclusivité et en responsabilité à l’égard des personnes qui en ont le plus besoin.

Face aux défis croissants, ces organisations restent inébranlables. Elles montrent courageusement la voie, défendent leurs communautés et reconstruisent des vies avec résilience et détermination,, selon ONU Femmes.

L'agence onusienne affirme se tenir aux côtés des organisations de femmes du monde entier et se fait l’écho de leur appel urgent à un financement durable.