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Soudan : une situation humanitaire qui se détériore, après plus de deux ans de guerre

Camions transportant l'aide alimentaire du PAM arrivant à Tawila, au Soudan
PAM/Mohamed Galal
Camions transportant l'aide alimentaire du PAM arrivant à Tawila, au Soudan
Alors que plusieurs localités au Soudan sont toujours en proie à de violents combats entre l’armée et les paramilitaires, notamment autour de la ville d’El Fasher, au Darfour du Nord, l’accès à l’aide humanitaire s’est considérablement détérioré dans le pays, en raison de l’intensification du conflit et des dommages causés aux infrastructures essentielles, ont alerté mardi des agences humanitaires des Nations Unies.

Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) pointe du doigt également « les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires, et les obstacles bureaucratiques croissants », qui interviennent dans un climat d’aggravation de « l’impact des récentes baisses de financement » pour les opérations d'assistance dans ce pays d’Afrique de l’Est.

Selon l’OCHA, « les difficultés opérationnelles ont été aggravées par des obstacles administratifs, notamment des retards prolongés dans la délivrance de visas et de permis de voyage, ainsi que des procédures d’approbation incohérentes ». Les cas en attente en ce qui concerne les approbations de visas sont ainsi passés de 145 en mars à 299 en avril dernier.

Cette augmentation a touché à la fois le personnel des Nations Unies et celui des ONG internationales, ces dernières représentant la majorité des cas. « La persistance d’un faible taux d’approbation et l’augmentation de l’arriéré signalent une détérioration marquée du traitement des visas par rapport aux mois précédents », a déploré le bureau onusien.

Une femme prépare à manger dans un camp pour personnes déplacées au Soudan.
United Nations
Une femme prépare à manger dans un camp pour personnes déplacées au Soudan.

Course contre la montre avant l’hivernage

Les efforts humanitaires sont parfois entravés par la décision de certaines provinces, comme la décision prise par les autorités du Kordofan du Sud de suspendre les opérations d’une trentaine d’ONG nationales et de trois ONG internationales.

Or avec l’approche de la saison des pluies, les travailleurs humanitaires craignent de plus en plus que les inondations ne coupent des voies d’approvisionnement essentielles, isolant encore davantage les communautés vulnérables et interrompant l’aide vitale.

Seul un nombre limité de postes-frontières - tels qu’Adré et Tiné avec le Tchad, et Renk avec le Soudan du Sud - restent autorisés pour le fret humanitaire, sous réserve des notifications et des permis requis. D’autres restent inaccessibles ou posent des problèmes opérationnels.

Coupes budgétaires

Malgré ces difficultés, les agences humanitaires continuent de venir en aide aux populations. Plusieurs agences humanitaires de l’ONU ont ainsi livré des articles de secours urgents à Tawila, au Darfour du Nord. Des efforts sont en cours pour prépositionner de la nourriture et des fournitures essentielles au Darfour avant les pluies.

Mais tous ces efforts peuvent être remis en cause par le déficit de financement.

Selon la Coordinatrice humanitaire de l’ONU pour le Soudan, les coupes budgétaires sont un coup dévastateur qui prive des millions de Soudanais de moyens de subsistance essentiels.

« Avec moins de nourriture, de médicaments et de soutien, l’espoir s’évanouit rapidement. Nous lançons un appel urgent à nos donateurs pour qu’ils augmentent les fonds essentiels afin de sauver des vies », a écrit, sur le réseau social X, Clémentine Nkweta-Salami.

Attaques de drones au Port-Soudan

Le conflit au Soudan a provoqué depuis avril 2023 le déplacement de près de 13 millions de personnes, y compris environ 4 millions réfugiées dans les pays voisins, dont la majorité sont des femmes et des enfants.

Sur le terrain, les combats entre les forces armées soudanaises (FAS) et les paramilitaires des forces de soutien rapide (FSR) se sont intensifiés au Darfour, au Kordofan et à Omdurman, entraînant des déplacements massifs, une augmentation du nombre de victimes et de sévères restrictions aux mouvements et opérations humanitaires.

Jusque-là épargné, Port-Soudan, principal point d’entrée des fournitures et du personnel humanitaires dans le pays, est désormais la cible d’attaques de drones pour la neuvième journée consécutive hier lundi.

L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a indiqué la semaine dernière que 600 personnes avaient été déplacées dans la seule ville de Port-Soudan à la suite de ces attaques.

Des familles qui ont fui les combats à Zamzam et El Fasher au Darfour du Nord, ont cherché refuge à Tawila.
© UNICEF/Mohammed Jamal
Des familles qui ont fui les combats à Zamzam et El Fasher au Darfour du Nord, ont cherché refuge à Tawila.

Situation « tendue » au Darfour du Nord

L'OIM indique également que « la situation reste tendue et très fluctuante » dans plusieurs localités du Darfour du Nord. La Coordinatrice résidente et humanitaire au Soudan, Clémentine Nkweta-Salami, a d’ailleurs prévenu dimanche dernier que la situation dans les camps d’Abu Shouk et de Zamzam était catastrophique.

Selon Clémentine Nkweta Salami, 180.000 personnes sont toujours coincées dans le camp de déplacés de Zamzam – situé à une quinzaine de kilomètres d’El Fasher – pris d’assaut par les paramilitaires le mois dernier.

Elle a appelé de toute urgence à un cessez-le-feu et à des pauses humanitaires pour permettre l’acheminement d’une aide vitale.