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Près de 30% des travailleurs clés de la pandémie de Covid-19 sont peu rémunérés, selon l’OIT

Près de 30% des travailleurs de première ligne et qui ont joué un rôle essentiel pendant la pandémie de Covid-19 sont peu rémunérés dans le monde, selon l’Organisation internationale du travail (OIT), qui appelle les pays à améliorer leurs conditions de travail et leurs revenus afin de refléter pleinement la contribution de ces travailleurs clés à la société et leur importance dans le fonctionnement quotidien des économies.

Entre des salaires plus bas, des horaires plus longs et d’autres déficits dans leur travail quotidien,  les mauvaises conditions de travail des travailleurs clés exacerbent la rotation du personnel et les pénuries de main-d’oeuvre, mettant ainsi en danger les prestations, a indiqué l'OIT.

« Valoriser les travailleurs clés, c’est s’assurer qu’ils reçoivent un salaire adéquat et qu’ils travaillent dans de bonnes conditions », a déclaré le Directeur général du Bureau international du travail (BIT), Gilbert F. Houngbo.

En France, une employée de cuisine d'un hôpital
OIT Photo/Marcel Crozet
En France, une employée de cuisine d'un hôpital

Les travailleurs clés gagnent 26% de moins que les autres employés

Globalement, 29 % des travailleurs clés sont faiblement rémunérés et gagnent moins de deux tiers du salaire horaire médian. En moyenne, ces travailleurs clés gagnent 26% de moins que les autres employés, a détaillé l’OIT. Dans le secteur alimentaire, la proportion d’employés clés faiblement rémunérés est particulièrement élevée (47 %) et dans le secteur du nettoyage et de l’assainissement (31 %).

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Ces branches emploient de nombreux migrants, notamment dans les pays riches.

Les travailleurs clés se répartissent en huit grands groupes professionnels : santé, systèmes alimentaires, commerce de détail, sécurité, nettoyage et assainissement, transport, professions manuelles, techniques et de bureau. Selon l’OIT, il faut investir davantage dans les systèmes alimentaires, les soins de santé et d’autres branches.

« Les travailleurs de la santé, les caissiers de supermarché, les livreurs, les postiers, les marins, les nettoyeurs et les autres personnes qui fournissent de la nourriture et des produits de première nécessité ont continué à faire leur travail, jour après jour, même au plus fort de la pandémie, souvent au péril de leur vie », a ajouté M. Houngbo.

La précarité des contrats temporaires

Dans les 90 pays pour lesquels des données sont partagées, plus de la moitié de tous les emplois sont occupés par des travailleurs clés. Cette part s’établit à 34% dans les pays riches.

Près d’un travailleur clé sur trois a un contrat temporaire, mais les différences sont considérables entre les pays et les activités. Dans l’industrie alimentaire, 46 % des travailleurs ont un contrat temporaire. Un employé sur trois dans les professions manuelles et dans le secteur du nettoyage et de l’assainissement est sous contrat temporaire.

A noter qu’au cours de la crise de Covid-19, les travailleurs clés ont connu des taux de mortalité plus élevés que les autres travailleurs, dans l’ensemble. Parmi les différentes catégories de travailleurs clés, les taux de mortalité varient. Par exemple, dans les pays pour lesquels des données sont disponibles, les travailleurs du secteur des transports affichent des taux de mortalité plus élevés que les travailleurs du secteur de la santé.

Selon le rapport, plus de 46 % des employés clés des pays à faible revenu travaillent de longues heures. Les longues heures de travail sont plus fréquentes dans les transports, où près de 42 % des travailleurs clés du monde entier travaillent plus de 48 heures par semaine. Une part importante des travailleurs clés dans le monde ont également des horaires irréguliers ou de courtes heures de travail.

Une femme préparant de la nourriture  sur un marché de rue à Paseo De La Reforma, Mexico, Mexique.
Unsplash/Daniel Lerman

Investir davantage dans les infrastructures, la capacité de production et les ressources humaines

Par ailleurs, près de 60% de ces personnes ou de celles dans les pays à revenus intermédiaires n’ont pas de protection sociale. Dans les pays en développement, celle-ci est minimale et ne concerne que 17 % des travailleurs clés.

« Le travail décent est un objectif pour tous les travailleurs, mais il est particulièrement important pour les travailleurs clés, qui fournissent des produits et des services de première nécessité, dans les bons comme dans les mauvais moments », a d’ailleurs rappelé le chef du BIT.

Le rapport recommande donc d’investir davantage dans les infrastructures, la capacité de production et les ressources humaines. Et le sous-investissement, surtout dans les systèmes de santé et d’alimentation, contribue aux déficits de travail décent.

Plus globalement, le rapport appelle à améliorer les rémunérations pour compenser la sous-évaluation des travailleurs clés et réduire l’écart salarial entre les employés clés et les autres, notamment par le biais de salaires minimums négociés ou légaux. Il s’agit aussi de garantir des heures de travail sûres et prévisibles par le biais de la réglementation, y compris la négociation collective.