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COVID-19 et inégalités : « un nouvel engagement pour le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est nécessaire »

Objectifs de développement durable

Evénement SDG Lab Event 9 juin 2020

La réalisation des Objectifs de développement durable sera plus difficile dans le contexte de l’après-COVID, a mis en garde, mardi, le Directeur général de l'Organisation internationale du Travail (OIT), M. Guy Ryder, lors d'une table ronde en ligne consacrée aux inégalités et à l'économie informelle.

« Il serait catastrophique de renoncer à appliquer le Programme de développement durable à l’horizon 2030 » alors même que 1,6 milliard de personnes sont confrontées à une menace imminente pour leurs moyens de subsistance, a ajouté M. Ryder, lors de la rencontre organisée par le SDG Lab et l'OIT.

Au niveau mondial, quelque 9000 milliards de dollars ont été dépensés en mesures de relance. Mais ces dépenses ont été cantonnées dans des initiatives nationales et il reste très peu de choses pour les transferts internationaux, a regretté M. Ryder.

Soulignant que le plus grand besoin se fait sentir là où les ressources sont les plus rares, le Directeur général de l’OIT a déclaré que « la leçon de cette pandémie est qu’un nouvel engagement est nécessaire en faveur de la réalisation du Programme 2030. En effet, la situation actuelle résulte de notre incapacité à concrétiser les ambitions du Programme. »

Si le virus se propage sans faire de distinction entre les individus, « en termes d'impact social et économique, le virus opère bel et bien une discrimination, et la plus brutale que l'on puisse imaginer », a relevé le chef de l'OIT.

Étant donné la montée en flèche du niveau de pauvreté relative, la prochaine pandémie risque bien d’être une «pandémie de faim», à moins que la communauté internationale n’applique rapidement des mesures pour remédier à cette situation. « Nous sommes vraiment à un moment de vérité, alors même que nous devons envisager la manière de “reconstruire mieux” après la pandémie », a ajouté M. Ryder.

« Une lumière crue sur les inégalités »

Dans le même ordre d'idées, Mme Tatiana Valovaya, Directrice générale de l’Office des Nations Unies à Genève, a déclaré que la pandémie avait « jeté une lumière crue sur les inégalités », notamment en ce qui concerne l'accès aux filets de sécurité et aux infrastructures sanitaires.

Mme Valovaya a souligné l’importance de tirer les leçons de l'expérience et des meilleures pratiques, non seulement pour déterminer « comment nous rétablir », mais aussi « comment nous rétablir mieux, en luttant contre les inégalités ».

Il est grand temps que le monde se débarrasse de la « culture du privilège », a souligné pour sa part Mme Alicia Bárcena Ibarra, Secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations Unies pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC). Au lendemain de la pandémie, « un nouveau pacte social » et des plans de protection sociale universelle sont nécessaires pour « renforcer la résilience », a-t-elle déclaré.

Selon les estimations de l'OIT, la pandémie a causé la perte de 305 millions d’emplois à temps plein. M. Ryder a appelé à l’instauration d’une couverture sociale universelle de même qu’à une protection sociale renforcée pour les travailleurs, dont 170 millions – dont beaucoup de femmes et de migrants – sont actifs en première ligne dans les secteur médical et social.

Il est crucial de maintenir les efforts en vue de l’intégration des travailleurs du secteur informel dans l’économie formelle, a-t-il ajouté, avant d’observer qu’« il ne sert à rien d'améliorer les réglementations si elles ne s'appliquent pas concrètement aux personnes ». 

« La protection sociale est un stabilisateur en période d'incertitude», a ajouté Mme Bárcena Ibarra. Elle a appelé à un allégement des intérêts de la dette, pour dégager «un espace fiscal» permettant aux gouvernements d'investir dans des emplois formels et dans des secteurs stratégiques afin de construire une «nouvelle économie basée sur la durabilité ».

Interrogée sur la manière dont la communauté internationale pourrait traiter de manière adéquate les différents problèmes liés à la pandémie, Mme Valovaya a déclaré que la « solidarité » devrait être le mot d'ordre. « Nous devons prendre conscience de notre interdépendance collective. Et, les défis étant mondiaux, nous devons appliquer des solutions mondiales et faire confiance au multilatéralisme », a conclu Mme Valovaya.