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La Conférence du désarmement entend une déclaration de sa Secrétaire générale, Mme Tatiana Valovaya, qui souligne l’urgente nécessité de progresser dans le domaine du désarmement

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement a tenu ce matin à Genève, sous la présidence de l’Ambassadeur Anupam Ray de l’Inde, une séance publique au cours de laquelle elle a entendu une déclaration de Mme Tatiana Valovaya, Directrice générale de l’Office des Nations Unies à Genève, Secrétaire générale de la Conférence et Représentante personnelle du Secrétaire général de l’ONU auprès de la Conférence.

Dans sa déclaration, Mme Valovaya a fait observer que ce début d’année se déroule dans un contexte de conflits et de tensions accrus, ce qui – a-t-elle ajouté – souligne l’urgente nécessité de progresser dans le domaine du désarmement. Malgré ces défis, la Secrétaire générale de la Conférence a félicité les délégués d'être parvenus à un consensus sur le rapport [de la Conférence] de l'année dernière et sur la résolution annuelle adoptée par l'Assemblée générale en décembre.

En tant qu'unique instance multilatérale de négociation dans le domaine du désarmement, « la Conférence joue un rôle essentiel dans l'élaboration de solutions efficaces aux défis contemporains et émergents », a affirmé Mme Valovaya. Aujourd'hui, nous sommes confrontés à un ensemble nouveau et complexe de questions de sécurité, a-t-elle poursuivi, avant d’indiquer que le succès des travaux de la Conférence contribuerait à rétablir la confiance internationale. 

« Comme l'a demandé le Secrétaire général des Nations Unies dans son rapport intitulé "Notre programme commun", nous devons mettre en place un système multilatéral plus fort, plus interconnecté et plus inclusif pour faire face à l'évolution des menaces qui pèsent sur la sécurité », a poursuivi Mme Valovaya. Dans cet esprit, elle a invité les délégations à revenir à des méthodes et approches éprouvées pour établir le programme de travail [de la Conférence]. Elle a également encouragé la Conférence à poursuivre ses efforts pour garantir l'inclusivité de ses travaux, « en gardant à l'esprit le principe du multilatéralisme et l'objectif d'une participation pleine, égale et significative des femmes ».

Mme Valovaya a par ailleurs « imploré » chacun des États membres à faire preuve de créativité et de flexibilité afin de « nous éloigner de l'érosion périlleuse des normes et des accords de désarmement à laquelle nous avons assisté ces dernières années ». « Ce sont les décisions et les actions politiques des êtres humains qui peuvent soit soutenir, soit anéantir les espoirs de paix », a-t-elle rappelé, citant le Secrétaire général de l’ONU. Par le passé, a-t-elle ajouté, des mesures partielles et des efforts visant à instaurer la transparence et la confiance ont constitué des étapes cruciales vers la négociation et l'élaboration d'instruments juridiquement contraignants, y compris sur les points essentiels de l'ordre du jour de la Conférence. « Je vous encourage à réfléchir à la manière dont ces approches pourraient bénéficier à votre travail sur l'ensemble de votre agenda », a-t-elle déclaré.

Ce matin, les délégations des pays suivants ont ensuite fait des déclarations: Argentine, Israël, Fédération de Russie, Ukraine, Belgique (au nom de l’Union européenne), Égypte, Iraq, Zimbabwe, États-Unis, République de Corée, Norvège, Allemagne, Italie, Cameroun, Pays-Bas, Suisse, Mexique, Algérie, et Nigéria.

La Conférence du désarmement se réunira à nouveau en séance publique le mardi 30 janvier prochain.

 

Déclaration de la Secrétaire générale de la Conférence

 

MME TATIANA VALOVAYA, Secrétaire générale de la Conférence du désarmement, Représentante personnel du Secrétaire général de l’ONU auprès de la Conférence et Directrice générale de l’Office des Nations Unies à Genève, a fait observer que ce début d’année se déroule dans un contexte de conflits et de tensions accrus, ce qui – a-t-elle ajouté – souligne l’urgente nécessité de progresser dans le domaine du désarmement. Malgré ces défis, elle a félicité les délégués d'être parvenus à un consensus sur le rapport de la Conférence de l'année dernière et sur la résolution annuelle adoptée par l'Assemblée générale en décembre.

En tant qu'unique instance multilatérale de négociation dans le domaine du désarmement, « la Conférence joue un rôle essentiel dans l'élaboration de solutions efficaces aux défis contemporains et émergents », a souligné Mme Valovaya. Aujourd'hui, nous sommes confrontés à un ensemble nouveau et complexe de questions de sécurité, a-t-elle poursuivi, avant d’indiquer que le succès des travaux de la Conférence contribuerait à rétablir la confiance internationale. 

« Comme l'a demandé le Secrétaire général des Nations Unies dans son rapport intitulé "Notre programme commun", nous devons mettre en place un système multilatéral plus fort, plus interconnecté et plus inclusif pour faire face à l'évolution des menaces qui pèsent sur la sécurité », a ensuite déclaré la Secrétaire générale de la Conférence. Dans cet esprit, elle a invité à revenir à des méthodes et approches éprouvées pour établir le programme de travail de la Conférence. Elle a également encouragé la Conférence à poursuivre ses efforts pour garantir l'inclusivité de ses travaux, « en gardant à l'esprit le principe du multilatéralisme et l'objectif d'une participation pleine, égale et significative des femmes ».

Mme Valovaya a par ailleurs « imploré » chacun des États membres à faire preuve de créativité et de flexibilité afin de « nous éloigner de l'érosion périlleuse des normes et des accords de désarmement à laquelle nous avons assisté ces dernières années ». « Ce sont les décisions et les actions politiques des êtres humains qui peuvent soit soutenir, soit anéantir les espoirs de paix », a-t-elle rappelé, citant le Secrétaire général de l’ONU.

Par le passé, des mesures partielles et des efforts visant à instaurer la transparence et la confiance ont constitué des étapes cruciales vers la négociation et l'élaboration d'instruments juridiquement contraignants, y compris sur les points essentiels de l'ordre du jour de la Conférence, a par ailleurs observé Mme Valovaya. « Je vous encourage à réfléchir à la manière dont ces approches pourraient bénéficier à votre travail sur l'ensemble de votre agenda », a-t-elle déclaré à l’attention des membres de la Conférence.

Mme Valovaya a ensuite fait observer que la session de 2024 de la Conférence se conclura à la veille du « Sommet de l’avenir » et a rappelé que dans son document d'orientation sur un Nouvel Agenda pour la paix, le Secrétaire général souligne la nécessité de réformer le mécanisme de désarmement des Nations Unies. « Cela inclut la Conférence du désarmement et la Commission du désarmement, qui devraient optimiser leurs rôles respectifs, notamment pour dégager progressivement un consensus sur l'évolution des priorités en matière de désarmement », a-t-elle indiqué. Dans l'intervalle, elle a invité à continuer d'étudier « les petites mesures susceptibles d'améliorer l'efficacité de la Conférence ». « Cela peut inclure un engagement plus régulier et systématique avec d'autres organes de désarmement des Nations Unies, en particulier ceux qui ont abordé des questions pertinentes pour l'ordre du jour de la Conférence du désarmement », a-t-elle précisé.

Avec son secrétariat, Mme Valovaya s’est dite prête à soutenir toutes les initiatives visant à faire progresser les travaux de la Conférence du désarmement et à revigorer cette « instance cruciale ». 

Aperçu du débat

Le Représentant permanent de l’Argentine auprès des Nations Unies à Genève, M. FEDERICO VILLEGAS, pour qui il s’agissait de sa dernière séance au sein de la Conférence, a souhaité plein succès aux présidences à venir de cette instance pour cette année 2024. La Conférence est confrontée à des difficultés de taille, mais il faut revenir à des travaux de fond, a-t-il plaidé. Il s’est dit plein d’espoir que le travail collectif puisse rendre sa crédibilité à la Conférence et que celle-ci puisse réellement contribuer à la paix et la sécurité.

Ce matin, plusieurs délégations ont ensuite pris la parole pour insister sur l’importance de la Conférence en tant qu’« unique instance multilatérale de négociation dans le domaine du désarmement ». Elles ont dit espérer qu’un consensus sur un programme de travail soit trouvé au sein de la Conférence.

Plusieurs intervenants ont regretté la paralysie de la Conférence depuis près de trois décennies, en raison notamment de la situation géopolitique internationale. Cette paralysie est aussi la conséquence de l’utilisation abusive de la règle du consensus par certains États, ont affirmé certaines délégations. 

D’aucuns ont fait état de « légères avancées » réalisées l’année dernière ayant permis de redynamiser quelque peu la Conférence. 

La situation géopolitique internationale actuelle devrait être un moteur pour renforcer le système multilatéral, notamment dans le domaine du contrôle des armements et de la non-prolifération, a-t-il été affirmé.

Plusieurs délégations ont regretté l’absence de consensus sur la question de la participation des États non-membres aux travaux de la Conférence. Il faut ouvrir les travaux de la Conférence à tous les États, a-t-il été affirmé. Un intervenant a déploré que la participation de certains États soit bloquée par un seul État membre. Une délégation a pour sa part affirmé que certains de ces États non-membres avaient abusé dans le passé de la confiance placée en eux, en utilisant la plate-forme de la Conférence du désarmement pour politiser ses travaux, promouvoir des orientations politiques de « bloc » et porter des accusations infondées contre les États membres.

Ce matin, il a par ailleurs été estimé que de nombreux sujets étaient mûrs au sein de la Conférence pour entamer des négociations, s’agissant notamment des questions liées à la prévention d’une course aux armements dans l’espace, aux garanties négatives de sécurité, à l’application des nouvelles technologies et de l’intelligence artificielle dans le domaine militaire, ou encore à l’interdiction de la production de matières fissiles.  Plusieurs délégations ont en outre prôné la création de nouvelles zones exemptes d’armes nucléaires, en particulier au Moyen-Orient. 

S’agissant du contexte sécuritaire international, plusieurs délégations ont appelé à mettre fin à l’« agression israélienne » contre le peuple palestinien, et à parvenir dans ce contexte à un cessez-le-feu durable et à permettre l’accès à l’aide humanitaire pour les civils. Israël, en tant que puissance occupante, doit respecter ses obligations internationales, notamment les Conventions de Genève, a-t-il été rappelé. La communauté internationale doit assumer ses responsabilités en matière de protection du peuple palestinien, a-t-on insisté. Certaines délégations ont apporté leur soutien à la solution fondée sur deux États.  Israël a, de son côté, condamné les attaques du Hamas du 7 octobre dernier, indiquant qu’il s’agissait d’« un acte de guerre soigneusement planifié et prémédité » et ajoutant que la communauté internationale à doit être consciente que les principales menaces sécuritaires mondiales viennent d’organisations terroristes telles que le Hamas ou l’état islamique d’Iraq et du Levant, qui ne se considèrent pas soumises au droit international. 

Ce matin, plusieurs délégations ont par ailleurs condamné l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie et ont apporté leur ferme soutien à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine au sein de ses frontières internationalement reconnues.  L’Ukraine a déploré les attaques massives de la Fédération de Russie contre son territoire depuis plus de 700 jours.  La Fédération de Russie méprise les valeurs humaines et le droit international et devra être tenue responsable pour toutes les violations de la Charte des Nations Unies, du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme, ont affirmé plusieurs délégations. À l’instar de l’Ukraine, certains intervenants ont en outre condamné le soutien de l’Iran et de la République populaire démocratique de Corée à la Fédération de Russie dans ce conflit, affirmant que tous les complices de la Fédération de Russie dans sa guerre d’agression doivent être sanctionnés.  A par ailleurs été condamnée la menace d’utiliser l’arme nucléaire dans le cadre de ce conflit. 

La Fédération de Russie a pour sa part affirmé que les pays de « l'Occident collectif », États-Unis en tête, opposent une résistance de plus en plus farouche au processus objectif et irréversible de transition vers un ordre mondial multipolaire. À l'heure actuelle, les risques stratégiques les plus graves découlent de l’entêtement des États-Unis et de l'OTAN d’aller vers l'escalade de la crise ukrainienne, qui se traduit par un glissement vers un affrontement militaire direct entre puissances nucléaires aux conséquences catastrophiques, a ajouté la délégation russe. La Fédération de Russie a rappelé être attachée à la compréhension, développée dans les années 1980, qu'il ne peut y avoir de vainqueur dans une guerre nucléaire et qu'elle ne doit jamais être déclenchée. 

Ont par ailleurs été condamnés durant ce débat les tests balistiques réalisés par la République populaire démocratique de Corée, d’aucuns s’inquiétant de leur impact du point de vue de la sécurité régionale.

Enfin, plusieurs délégations ont rappelé que le Secrétaire général de l’ONU avait formulé d’importantes recommandations dans le cadre du Nouvel Agenda pour la paix, portant sur la nécessité, les raisons et la manière de procéder à une réforme du mécanisme de désarmement. Une délégation a estimé que ces considérations devraient amener les membres de l’ONU à prendre un certain nombre de mesures, et tout d’abord à mettre en place un processus permettant de conduire une évaluation en profondeur du fonctionnement de la Conférence. 

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DC.24.02F

Ce document produit par le Service de l’information des Nations Unies à Genève est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel.