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LE DÉBAT MINISTÉRIEL DE LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT SE POURSUIT

Compte rendu de séance
Les Ministres des affaires étrangères du Zimbabwe , de la Roumanie, de la Slovaquie et du Venezuela prennent la parole, ainsi que le Ministre adjoint aux affaires étrangères de l'Australie

La Conférence du désarmement a entendu cet après-midi, dans le cadre de son débat annuel de haut niveau, les interventions des Ministres des affaires étrangères du Zimbabwe, de la Roumanie, de la Slovaquie et du Venezuela, ainsi que le Ministre adjoint aux affaires étrangères de l'Australie.

Les intervenants ont souligné la situation d'insécurité géopolitique mondiale accrue dans le monde, l'érosion des efforts de réduction des armements et la stagnation du désarmement. Ils ont insisté dans ce contexte sur l'importance des travaux de la Conférence du désarmement face à ces défis que sont, pour les uns, l'agression militaire de la Russie contre l'Ukraine, les tirs de missiles menés par la République populaire démocratique de Corée et la situation s'agissant du programme nucléaire iranien. D'autres ont fustigé les dépenses militaires mondiales croissantes aux dépens de la coopération internationale pour le développement, ainsi que les mesures coercitives unilatérales.

Regrettant la paralysie de la Conférence, plusieurs ont estimé qu'il était temps pour celle-ci de reprendre son mandat de négociations, certains estimant que la priorité devait être accordée à la négociation d'un traité d'interdiction de la production des matières fissiles, d'un traité pour prévenir la course aux armements dans l'espace, ou encore de mesures pour fournir des garanties aux États non dotés d'armes nucléaires contre l'emploi ou la menace de l'emploi de ces armes.

 

La prochaine séance de la Conférence du désarmement, dans le cadre du débat de haut niveau qui se tient jusqu'au jeudi 2 mars, doit commencer à 11 heures demain, mercredi 1er mars.

 

Déclarations

M. Frederick M. Shava, Ministre des affaires étrangères et du commerce international du Zimbabwe, a souligné que la Conférence du désarmement se réunissait à un moment d'insécurité géopolitique mondiale accrue, d'érosion des efforts de réduction des armements et de stagnation du désarmement. On ne saurait trop insister sur l'importance de la Conférence face aux défis mondiaux actuels, a-t-il ajouté. Pourtant, la Conférence semble aujourd'hui plus polarisée que jamais. La situation de ces dernières années est marquée par une forte augmentation des dépenses militaires mondiales et la modernisation et l'expansion des arsenaux nucléaires des États dotés d'armes nucléaires. Non seulement il y a une complexité croissante des armes qui représentent un danger pour la planète entière, mais aussi une tendance dangereuse à la militarisation de l'espace, a souligné M. Shava. Le Zimbabwe réitère ainsi son appel en faveur de la prévention d'une course aux armements dans l'espace et demande à tous les États dotés de capacités spatiales importantes d'assumer de plus grandes responsabilités pour contribuer à l'utilisation pacifique de l'espace.

Le Zimbabwe s'associe également aux appels lancés en faveur de la conclusion d'un instrument universel, inconditionnel et juridiquement contraignant pour garantir efficacement les États non dotés d'armes nucléaires contre l'emploi ou la menace de ces armes, en attendant l'élimination complète de ces armes. En tant que l'un des premiers signataires du Traité sur une zone exempte d'armes nucléaires en Afrique, le Traité de Pelindaba, le Zimbabwe appuie pleinement la création de zones exemptes d'armes nucléaires dans toutes les régions du monde, car cela constitue une mesure importante pour parvenir au désarmement et à la non-prolifération nucléaires, a estimé le ministre.

M. TIM WATTS, député et Ministre adjoint des affaires étrangères de l'Australie, a déploré que le consensus sur lequel repose la Conférence du désarmement soit devenu de plus en plus difficile à atteindre. Cela se produit dans le contexte des circonstances stratégiques les plus difficiles depuis la Seconde Guerre mondiale. L'invasion illégale et immorale de l'Ukraine par la Russie n'est pas seulement une attaque contre la Charte des Nations Unies, mais une attaque contre nous tous, et contre les normes fondamentales de l'intégrité territoriale et de la souveraineté, a souligné le ministre adjoint. L'Australie se tient aux côtés de l'Ukraine et de ses partenaires pour appeler une fois de plus la Russie à mettre fin à sa guerre et à se retirer sans condition du territoire de l'Ukraine. L'Australie condamne aussi les menaces nucléaires désespérées et irresponsables de la Russie qui sapent les efforts mondiaux en matière de non-prolifération et de désarmement, a déclaré M. Watts. L'annonce récente du président Poutine de suspendre la participation de la Russie au traité « New Start » s'ajoute à une liste croissante d'actions imprudentes et irresponsables, a-t-il insisté.

Dans la région Asie-Pacifique, la poursuite des tirs de missiles de la République populaire démocratique de Corée en violation de nombreuses résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU témoigne d'un mépris flagrant pour les règles et normes internationales et constitue une grave menace pour la paix et la sécurité internationales. L'Australie est par ailleurs fermement attachée au Traité de Rarotonga qui a créé la zone dénucléarisée du Pacifique Sud. Malgré les mesures prises par un État pour bloquer le consensus à la Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires l'année dernière, on a pu observer un engagement écrasant de la part de presque tous les États parties à maintenir et à renforcer le Traité, a d'autre part constaté M. Watts. L'Australie est par ailleurs profondément déçue que le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires ne soit pas encore entré en vigueur. Elle est également attachée à la préservation d'un espace extra-atmosphérique sûr et durable dans le cadre du droit international et estime que la clef pour limiter le risque de conflit dans l'espace serait un accord international sur les comportements responsables et le respect de ces comportements, a indiqué le ministre. Il a en outre déclaré que l'Australie appuyait les efforts visant à faire avancer la revitalisation de la Conférence de manière structurée. Il s'agit notamment de prendre des mesures actives pour intégrer les perspectives sexospécifiques dans ses travaux.

M. Bogdan Lucian Aurescu, Ministre des affaires étrangères de la Roumanie, a déclaré que l'agression militaire de la Russie contre l'Ukraine avait radicalement changé les paradigmes de la sécurité européenne et mondiale et aura des conséquences à long terme pour les efforts de réduction des armements, de non-prolifération et de désarmement. La guerre illégale menée par la Fédération de Russie, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, ignorant ses responsabilités et ses obligations juridiques, doit cesser immédiatement. La Russie doit cesser sans condition de recourir à la force et se retirer complètement et immédiatement du territoire de l'Ukraine, dans ses frontières internationalement reconnues. Par ailleurs, la décision de la Russie de suspendre sa participation au traité « New Start » est également regrettable, et constitue une preuve supplémentaire du mépris total de la Russie pour ses obligations juridiques et l'ordre international fondé sur des règles, a estimé M. Aurescu.

S'agissant des travaux de la Conférence du désarmement, le ministre roumain a souligné que ses membres ne sauraient accepter l'approche politiquement motivée de la Russie visant à bloquer la participation d'États Membres de l'ONU, d'organisations internationales et d'organisations non gouvernementales dans les instances et processus internationaux. Il a d'autre part déploré qu'au cours des derniers mois, le monde ait assisté à une escalade sans précédent de la tension dans la péninsule coréenne en dépit des multiples résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, ignorées à plusieurs reprises par la République populaire démocratique de Corée. La situation entourant le programme nucléaire iranien est également préoccupante, a-t-il relevé. La Roumanie regrette qu'en dépit de tous les efforts de la communauté du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, aucun résultat substantiel n'ait été obtenu à la dixième Conférence d'examen en raison de la décision de la Russie de bloquer le consensus. M. Aurescu a par ailleurs rappelé que la Roumanie avait déclaré à plusieurs reprises que l'ouverture immédiate de négociations à la Conférence du désarmement sur un traité sur l'arrêt de la production de matières fissiles était la prochaine étape logique pour faire progresser le désarmement nucléaire et prévenir la prolifération. La Roumanie est également convaincue que l'entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires constituerait un pas de plus vers un monde plus sûr.

M. Rastislav Kačer, Ministre des affaires étrangères et européennes de la Slovaquie, a déclaré que la guerre en Ukraine avait radicalement dégradé la sécurité européenne et mondiale. La Slovaquie condamne fermement cette agression injustifiée et illégale en cours. C'est une violation flagrante du droit international, de la Charte des Nations Unies et de ses principes. La Slovaquie appuie et reconnaît pleinement la souveraineté, l'indépendance, l'unité et l'intégrité territoriale de l'Ukraine à l'intérieur de ses frontières internationalement reconnues, a déclaré le ministre. L'Ukraine a le droit de se défendre et la Slovaquie continuera de la soutenir, a-t-il insisté. En contradiction directe avec la déclaration conjointe des dirigeants des cinq États dotés d'armes nucléaires de janvier 2022, la Fédération de Russie a utilisé une rhétorique nucléaire dangereuse depuis le début de son invasion, a déploré le ministre. En outre, les actions militaires de la Russie menacent la sûreté et la sécurité des installations nucléaires ukrainiennes et augmentent ainsi le risque d'accident nucléaire, s'est-il inquiété. La Slovaquie constate aussi avec préoccupation que la Fédération de Russie n'a pas respecté ses obligations au titre du traité « New Start ».

En ce qui concerne la République populaire démocratique de Corée, la poursuite de ses programmes d'armement nucléaire et de missiles balistiques représente une grave menace pour la paix et la sécurité internationales, a poursuivi le ministre slovaque. Pour ce qui est de la République islamique d'Iran, la Slovaquie est profondément préoccupée par la poursuite de ses actions incompatibles avec le Plan d'action global commun, en particulier pour ce qui est des activités d'enrichissement et la production d'uranium hautement enrichi. Dans le cadre des travaux de la Conférence du désarmement, la Slovaquie appuie l'ouverture rapide de négociations sur un traité sur l'interdiction de la production de matières fissiles sur la base du « mandat Shannon » ( CD/1299 ). la Slovaquie est également attachée à la prévention d'une course aux armements dans l'espace. Elle salue l'initiative des États-Unis de ne pas procéder à des essais destructeurs de missiles antisatellites à ascension directe et appelle à l'adhésion progressive d'autres États à cette initiative. S'agissant de la Conférence, la Slovaquie estime que la règle du consensus devrait protéger les intérêts des États membres en matière de sécurité et ne devrait pas être utilisée simplement comme un droit de veto. La Slovaquie appuie en outre l'élargissement de la composition de la Conférence.

M. YVÁN GIL PINTO, Ministre du Pouvoir populaire pour les affaires étrangères du Venezuela, a indiqué que le rapport du Secrétaire général des Nations Unies sur l'activité de l'Organisation en 2022 suscitait de vives préoccupations. Les dépenses militaires mondiales ont atteint 2,1 mille milliards de dollars, le chiffre le plus élevé en 30 ans. Il s'agit d'un montant qui pourrait être mieux utilisé pour contribuer à la coopération internationale pour le développement et le droit à l'éducation, à la santé ou au logement, a souligné le ministre. Par ailleurs, l'application de mesures coercitives unilatérales illégales visant à détruire le potentiel économique et, partant, le bien-être et la santé des citoyens des pays en développement, n'est pas étrangère à l'architecture du désarmement, a souligné M. Gil Pinto. Les mesures coercitives unilatérales constituent un crime contre l'humanité, une violation flagrante du droit international en général et un défi aux efforts déployés par les pays en développement pour parvenir à un désarmement complet.

Le Venezuela estime que la Conférence du désarmement doit aller de l'avant et reprendre ses fonctions d'instance principale pour la négociation de traités, notamment sur des instruments interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes et autres dispositifs explosifs nucléaires ainsi que l'élaboration d'un instrument visant à fournir des garanties aux États non dotés d'armes nucléaires contre l'emploi ou la menace de l'emploi de ces armes en toutes circonstances. S'agissant de la prévention d'une course aux armements qui pourrait se produire dans l'espace, le Venezuela s'associe aux propositions et initiatives avancées par la Fédération de Russie et la Chine sur le sujet, visant à préserver l'espace extra-atmosphérique en tant que domaine de paix.

 

 

Ce document produit par le Service de l’information des Nations Unies à Genève est destiné à l'information ; il ne constitue pas un document officiel.

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