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« Historiquement, c’est précisément durant les périodes sombres que la Conférence du désarmement a obtenu certaines de ses plus grandes réalisations », rappelle Tatiana Valovaya, Secrétaire générale de la Conférence

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement a tenu, ce matin, sous la présidence de l’Ambassadeur Ahmed Ihab Gamaleldin de l’Égypte, une séance publique au cours de laquelle elle a entendu une déclaration de sa Secrétaire générale, Représentante spéciale du Secrétaire général auprès de la Conférence et Directrice générale de l’Office des Nations Unies à Genève, Mme Tatiana Valovaya.

Mme Valovaya a souligné que cette année, la Conférence commence à un moment de grandes tensions entre ses membres. L’année dernière, malgré le début prometteur de la Conférence, « nous avons vu de nos propres yeux comment ces tensions ont effiloché le processus d’adoption du rapport annuel de la Conférence à l’Assemblée générale et de la même résolution à l’Assemblée générale », a-t-elle ajouté.

La Secrétaire générale de la Conférence s’est néanmoins dite convaincue que cette instance est, et continuera de rester, un élément crucial de l’architecture mondiale du désarmement.

Face aux tensions croissantes, l’unique instance multilatérale de négociation de la communauté internationale doit continuer à créer des solutions durables pour la paix et la sécurité mondiales, a insisté Mme Valovaya, tout en reconnaissant qu’il sera difficile de converger sur un terrain d’entente pour négocier de nouveaux traités dans le contexte géopolitique actuel. Toutefois, elle a rappelé que, « historiquement, c’est précisément durant les périodes sombres que la Conférence a obtenu certaines de ses plus grandes réalisations ».

Il est donc particulièrement important, en ces jours difficiles, que les membres de la Conférence défendent les principes d’un multilatéralisme efficace en engageant un dialogue respectueux, inclusif et constructif, a déclaré Mme Valovaya, avant de plaider pour une modernisation de cette instance.

Suite à cette déclaration, la Conférence a poursuivi son débat général, entamé mardi dernier, en entendant des déclarations d’une vingtaine de délégations. Nombre d’entre elles ont regretté la paralysie de la Conférence et ont exhorté ses États membres à redoubler d’efforts pour sortir de cette impasse. De nombreuses délégations ont aussi rappelé leur soutien à l’intégrité territoriale de l’Ukraine et ont dénoncé le chantage au recours à l’arme nucléaire. Enfin, de nombreux intervenants ont regretté l’échec de la dixième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).

Les délégations des pays suivants ont fait des déclarations ce matin : Sénégal (au nom du Groupe des 21), Iran, Canada, Algérie, Australie, Türkiye, Italie, Japon, Mongolie, Mexique, Kazakhstan, Pérou, Brésil, Argentine, Inde, Espagne, Pays-Bas, République populaire démocratique de Corée, Cuba, et Ukraine.

 

La Conférence se réunira à nouveau en séance plénière publique mardi prochain, 31 janvier, à 10 heures, pour poursuivre ce débat. Elle examinera, à la même occasion, les demandes déposées par plusieurs pays pour participer en tant qu’observateurs à ses travaux.

 

Allocution de la Secrétaire générale de la Conférence du désarmement

En tant que Secrétaire générale de la Conférence du désarmement et Représentante personnelle du Secrétaire général des Nations Unies auprès de la Conférence, la Directrice générale de l’Office des Nations Unies à Genève, MME TATIANA VALOVAYA, a indiqué que cette année, la Conférence commence à un moment de grandes tensions entre ses membres. L’année dernière, malgré le début prometteur de la Conférence, « nous avons vu de nos propres yeux comment ces tensions ont effiloché le processus d’adoption du rapport annuel de la Conférence à l’Assemblée générale et de la même résolution de l’Assemblée générale ».

La Secrétaire générale de la Conférence s’est néanmoins dite convaincue que cette instance est, et continuera de rester, un élément crucial de l’architecture mondiale du désarmement.

Face aux tensions croissantes, l’unique instance multilatérale de négociation de la communauté internationale doit continuer à créer des solutions durables pour la paix et la sécurité mondiales, a insisté Mme Valovaya, tout en reconnaissant qu’il sera difficile de converger sur un terrain d’entente pour négocier de nouveaux traités dans le contexte géopolitique actuel. Toutefois, elle a rappelé que, « historiquement, c’est précisément durant les périodes sombres que la Conférence a obtenu certaines de ses plus grandes réalisations ».

Il est donc particulièrement important, en ces jours difficiles, que les membres de la Conférence défendent les principes d’un multilatéralisme efficace en engageant un dialogue respectueux, inclusif et constructif, a déclaré Mme Valovaya. Il faut également chercher à moderniser cette instance afin qu’elle corresponde à l’évolution rapide de l’environnement stratégique en matière de sécurité, a-t-elle plaidé : « Alors que vous tracez la voie à suivre, nous devons veiller à ce que la Conférence soit en mesure de trouver des solutions efficaces aux défis actuels en matière de désarmement, de non-prolifération et de maîtrise des armements », a-t-elle insisté.

Mme Valovaya a exhorté tous les membres de la Conférence à faire preuve de la plus grande volonté politique et de la plus grande souplesse pour permettre à la Conférence de réaliser pleinement son potentiel.

Aperçu du débat

Ce matin, plusieurs délégations ont déploré l'environnement sécuritaire international difficile et son impact négatif sur le système multilatéral, notamment dans le domaine de la non-prolifération, de la maîtrise des armements et du désarmement.

De nombreuses délégations ont rappelé que la Conférence était la seule instance multilatérale de négociation dans le domaine du désarmement. Plusieurs appels ont été lancés auprès des États membres de la Conférence afin qu’ils redoublent d’efforts pour la sortir de sa paralysie. Certains intervenants ont salué les expériences novatrices positives mises en place ces dernières années au sein de la Conférence, comme la création d’organes subsidiaires.

Plusieurs délégations ont plaidé pour l’ouverture de mandats de négociation à la Conférence s’agissant d’un traité pour la prévention d’une course aux armements dans l’espace et d’un traité pour l’interdiction de la production de matières fissiles.

D’aucuns ont regretté la politisation de la Conférence. Une délégation s’est dite déçue par le « piètre résultat » de la session de l’an dernier de la Conférence, qui a produit « un rapport [annuel] vide de sens et une résolution médiocre ». Lesdits rapport et résolution n'ont pas abordé le désarmement et la non-prolifération, l'environnement de sécurité internationale, les défaillances du mécanisme de désarmement ou d'autres questions importantes qui affectent le travail de la Conférence, comme le genre, a-t-elle déploré. Plusieurs délégations ont ainsi appelé la Conférence à adopter enfin les changements proposés concernant le Règlement intérieur afin de le rendre neutre du point de vue du genre. D’aucuns ont également insisté pour que les travaux de la Conférence s’ouvrent davantage aux femmes, aux jeunes et à la société civile.

Une délégation a estimé que la règle du consensus au sein de la Conférence ne devait pas s’apparenter à un droit de veto.

Par ailleurs, plusieurs délégations ont appelé à la destruction définitive de toutes les armes nucléaires. Les États qui sont dotés d’armes nucléaires ont l’obligation de signer un traité contraignant sur les garanties négatives de sécurité pour protéger les États non dotés, a-t-il été souligné à plusieurs reprises. Certains intervenants ont en outre plaidé pour la mise en œuvre de zones exemptes d’armes nucléaires, notamment au Moyen-Orient.

De nombreuses délégations ont aussi regretté l’échec de la dixième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) – en raison de l’opposition et de l’obstruction d’un seul pays, a-t-il été précisé.

Par ailleurs, plusieurs délégations ont relevé que la Conférence d’examen de la Convention sur les armes biologiques qui s’est tenue en novembre dernier à Genève avait permis de renforcer cet instrument – ce qui, dans le contexte actuel est très positif et constitue une « lueur d’espoir », a-t-il été affirmé.

S’agissant de la situation de l’Ukraine, plusieurs délégations ont dénoncé le chantage au recours à l’arme nucléaire, l’une d’entre elles rappelant à cet égard la déclaration faite en janvier 2022 par les « P5 » (les cinq États dotés d'armes nucléaires reconnus par le TNP) selon laquelle une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée. De nombreuses délégations ont par ailleurs soutenu l’intégrité territoriale de l’Ukraine. A aussi été condamnée la livraison de drones à la Fédération de Russie par l’Iran.

L’Ukraine a de son côté dénoncé les attaques russes à l’encontre des civils ukrainiens, femmes et enfants compris, indiquant que l’invasion avait déjà coûté la vie à plus de 9000 civils, alors que 12000 ont été blessés. L’Ukraine a demandé à l’Iran de cesser de soutenir la Fédération de Russie, qui viole le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme. L’Ukraine a par ailleurs dénoncé le « terrorisme nucléaire » de la Fédération de Russie.

Réagissant aux déclarations de certaines délégations, l’Iran a indiqué n’avoir remis aucun véhicule ou matériel utilisés en Ukraine. L’Iran a aussi rappelé n’avoir reconnu la séparation d’aucun territoire de l’Ukraine. L’Iran est opposée à la guerre, a insisté la délégation iranienne.

Plusieurs délégations se sont en outre inquiétées des essais balistiques de la République populaire démocratique de Corée et de sa rhétorique guerrière. Il faut que ce pays détruise son stock d’armes de destruction massive et mette fin à son programme nucléaire, a-t-il été souligné.

La République populaire démocratique de Corée a de son côté dénoncé les manœuvres militaires des États-Unis, de la République de Corée et du Japon qui – selon elle – ne font qu’augmenter le risque de confrontation militaire dans la région. Cette situation, a-t-elle ajouté, exige que la République populaire démocratique de Corée augmente sa capacité militaire afin de faire face aux défis militaires que posent les États-Unis et leurs alliés.

 

Ce document produit par le Service de l’information des Nations Unies à Genève est destiné à l'information ; il ne constitue pas un document officiel.

Les versions anglaise et française de nos communiqués sont différentes car elles sont le produit de deux équipes de couverture distinctes qui travaillent indépendamment.

 

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