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La Conférence du désarmement ouvre sa session de 2023

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement a tenu, ce matin, sous la présidence de l’Ambassadeur Ahmed Ihab Abdelahad Gamaleldin de l’Égypte, la première séance publique de sa session de 2023, au cours de laquelle elle a adopté son ordre du jour.

Ouvrant la session, M. Gamaleldin a d’emblée indiqué qu’il ne fait aucun doute que la Conférence du désarmement revêt une importance cruciale, en particulier à la lumière des graves problèmes de sécurité auxquels le monde continue de faire face. Un effort de collaboration est absolument nécessaire en ce moment particulier pour maintenir la paix et la sécurité internationales, a-t-il insisté.

La paralysie dont souffre la Conférence du désarmement depuis plus d’un quart de siècle exige d’urgence de travailler sincèrement et de coopérer pour appuyer la revitalisation de cette instance ainsi que sa viabilité, a par ailleurs souligné M. Gamaleldin.

L’efficacité du mécanisme multilatéral de désarmement est directement liée à la stabilité de la situation internationale en matière de sécurité et il est indéniable que la Conférence a été directement touchée par les conséquences de la montée des tensions mondiales, a déclaré le Président de la Conférence.

Les exemples de nouveaux défis que la Conférence peut relever ne se limitent pas aux questions spatiales ; ils s’étendent à de nombreuses autres technologies émergentes, a-t-il en outre souligné. Il a fait part de son intention d’inviter la Conférence à tenir deux séances thématiques sur deux sujets qui préoccupent la communauté internationale et qui sont directement liés à l’ordre du jour de la Conférence, à savoir : la création de zones exemptes d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive, et les garanties de sécurité négatives.

Enfin, M. Gamaleldin a affirmé son plein engagement avec ses collègues – les six Présidents de cette session annuelle de la Conférence [« P6 »] – à œuvrer en faveur d’un accord sur un programme de travail complet et équilibré de la Conférence pour 2023, conformément au mandat et au Règlement intérieur de cette instance.

Suite à cette déclaration d’ouverture, plusieurs délégations sont intervenues en séance plénière. La situation sécuritaire mondiale et la guerre en Ukraine, ainsi que la place de la Conférence pour relever ces défis, ont été au cœur des débats.

De nombreuses délégations ont regretté la paralysie de la Conférence et ont appelé à innover pour qu’elle remette en œuvre son mandat de négociation. Nombre d’intervenants ont également regretté l’échec de la dixième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), tenue à New York l’été dernier, qui n’est pas parvenue à adopter son document final. Plusieurs appels ont aussi été lancés en faveur d’une action rapide pour progresser effectivement vers l’élimination totale et irréversible des armes nucléaires.

Les délégations des pays suivants ont fait des déclarations ce matin : Sri Lanka, Équateur, États-Unis, République de Corée, Maroc, Chine, Pakistan, Fédération de Russie, Tunisie, Suède (au nom de l’Union européenne), Indonésie, France, Allemagne, Nigéria, Finlande, et Iraq.

La Conférence se réunira à nouveau en séance plénière publique jeudi prochain, 26 janvier, à 10 heures, pour poursuivre son débat. Elle entendra à cette occasion une déclaration de la Directrice générale de l’Office des Nations Unies à Genève, Mme Tatiana Valovaya, Secrétaire générale de la Conférence et Représentante personnelle du Secrétaire général de l’ONU auprès de cette instance.

Aperçu des débats

Dans sa déclaration d’ouverture, M. Ahmed Ihab ABDELAHAD Gamaleldin, Président de la Conférence du désarmement, a d’emblée indiqué qu’il ne fait aucun doute que la Conférence du désarmement revêt une importance cruciale, en particulier à la lumière des graves problèmes de sécurité auxquels le monde continue de faire face. Ce sont là des défis qui exigent d’examiner toutes les possibilités et de déployer tous les efforts possibles pour empêcher une nouvelle détérioration de la situation, a-t-il affirmé. Un effort de collaboration est absolument nécessaire en ce moment particulier pour maintenir la paix et la sécurité internationales, a insisté M. Gamaleldin. C’est dans ce contexte que l’Égypte, par sa présidence de la Conférence, vise à rétablir la place efficace et centrale qu’occupe cette instance au sein du mécanisme international de désarmement, a-t-il déclaré.

Le Président de la Conférence a ensuite rappelé le rôle historique joué par cette instance, en soulignant que l’humanité a toujours aspiré à renforcer la sécurité, car c’est un pilier fondamental de la paix internationale. Cet objectif constitue l’une des raisons fondamentales et principales de l’existence de la Conférence du désarmement depuis plus de 40 ans.

La paralysie dont souffre la Conférence depuis plus d’un quart de siècle exige d’urgence de travailler sincèrement et de coopérer pour appuyer la revitalisation de cette instance ainsi que sa viabilité, a insisté M. Gamaleldin. L’avenir de l’action multilatérale internationale, en particulier en matière de désarmement, dépend directement du renforcement du climat de confiance et d’une collaboration étroite, a-t-il indiqué.

L’efficacité du mécanisme multilatéral de désarmement est directement liée à la stabilité de la situation internationale en matière de sécurité et il est indéniable que la Conférence du désarmement a été directement touchée par les conséquences de la montée des tensions mondiales, a poursuivi M. Gamaleldin.

Malgré le lancement prometteur des travaux de la Conférence au début de l’année 2022 – lorsqu’elle a adopté avec succès le projet de décision élaboré par la présidence chinoise de la Conférence à un moment historique –, la situation tendue de la sécurité internationale a ensuite jeté une ombre négative sur les travaux de cette instance, a déploré M. Gamaleldin.

La Conférence, a-t-il affirmé, devrait examiner les moyens qui lui permettent de suivre le rythme des défis posés par les progrès technologiques en matière de désarmement. L’ordre du jour actuel de la Conférence peut permettre de répondre à ces nouveaux défis, à la lumière du vaste mandat de cette instance, a-t-il estimé. Les exemples de nouveaux défis que la Conférence du désarmement peut relever ne se limitent pas aux questions spatiales ; ils s’étendent à de nombreuses autres technologies émergentes, a-t-il déclaré. Il a fait part de son intention d’inviter la Conférence à tenir deux séances thématiques sur deux sujets qui préoccupent la communauté internationale et qui sont directement liés à l’ordre du jour de la Conférence, à savoir : la création de zones exemptes d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive, et les garanties de sécurité négatives pour les États non dotés d’armes nucléaires contre l’emploi ou la menace de ces armes.

Enfin, M. Gamaleldin a affirmé son plein engagement avec ses collègues – les six Présidents de cette session annuelle de la Conférence [« P6 »] – à œuvrer en faveur d’un accord sur un programme de travail complet et équilibré de la Conférence pour 2023, conformément au mandat et au Règlement intérieur de cette instance.

Les dernières décennies ont été marquées par des moments où la Conférence a presque réussi à reprendre ses travaux, sur la base d’approches différentes du projet de programme de travail, a-t-il relevé. Ces tentatives variaient entre la création d’organes subsidiaires – ou de sous-comités – à certains moments ou la nomination de coordonnateurs à d’autres moments, a-t-il rappelé. Ces exemples montrent que le succès de la Conférence dans l’adoption d’un programme de travail est réalisable et que ce succès est lié à la responsabilité partagée de la présidence de la Conférence et de ses membres, a-t-il conclu.

Aperçu du débat

De nombreuses délégations se sont inquiétées de la dégradation de la situation sécuritaire mondiale. Au cours des dernières années, la situation politique et sécuritaire internationale a connu l’évolution la plus complexe et la plus profonde depuis la fin de la guerre froide, a relevé une délégation. L’époque exige que des mécanismes multilatéraux tels que la Conférence du désarmement fournissent des forces stabilisatrices fiables et durables pour la sécurité mondiale, a-t-elle affirmé. A ainsi été rappelé à de nombreuses reprises le rôle crucial de la Conférence pour relever ces défis. La Conférence est la seule instance multilatérale de négociation dans le domaine du désarmement, ont rappelé de nombreuses délégations.

Nombre d’entre elles ont aussi regretté la paralysie de la Conférence depuis un quart de siècle. A tout particulièrement été relevée l’absence de mise en œuvre de son mandat de négociation durant toute cette période. Certains intervenants ont dénoncé la politisation de cette instance.

Certaines délégations ont également regretté que la Conférence ne parvienne pas à se mettre d’accord sur la mise à jour de son Règlement intérieur afin qu’il soit neutre du point de vue du genre, et ce en raison de l’opposition et de la résistance de certains États membres.

Plusieurs délégations ont invité la Conférence à innover pour mettre fin à cette paralysie et ont salué les différentes initiatives prises ces dernières années pour sortir de l’impasse, notamment par le recours à des organes subsidiaires.

Durant le débat, la France et l’Allemagne ont annoncé qu’elles souhaitaient lancer une réflexion sur la revitalisation de la Conférence – « sans arrière-pensée, sans agenda caché, mais avec le seul objectif de nous permettre de discuter et d’être en mesure le moment venu de négocier dans le domaine du désarmement », a-t-il été souligné.

Plusieurs délégations ont plaidé pour que la Conférence mette en œuvre son mandat de négociation pour la conclusion d’un traité sur la prévention de la course aux armements dans l’espace et d’un traité d’interdiction de la production de matières fissiles. La Conférence a aussi été exhortée à se saisir de la question des systèmes d’armes létales autonomes.

Certaines délégations ont aussi salué la volonté de la présidence égyptienne de la Conférence d’organiser une séance sur le thème des zones exemptes d’armes nucléaires.

De nombreuses délégations ont regretté la polarisation de la communauté internationale, notamment sur toutes les questions liées au désarmement, dont témoigne, a-t-il été maintes fois souligné, l’échec de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) à adopter un document final consensuel, pour la deuxième fois consécutive.

Plusieurs délégations ont regretté la « tendance alarmante » vers l’expansion et la modernisation de la technologie des armes nucléaires. « La menace croissante que représentent les armes nucléaires constitue une menace existentielle pour l’humanité », a souligné une délégation. Plusieurs appels ont été lancés en faveur d’une action rapide pour progresser effectivement vers l’élimination totale et irréversible des armes nucléaires. Ainsi, la Conférence a-t-elle été invitée par certains intervenants à entamer sans délai des négociations sur un traité relatif aux garanties négatives de sécurité.

Dans ce contexte, a été rappelée la déclaration du Secrétaire général de l’ONU, en septembre 2022, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires, affirmant que « les armes nucléaires sont les armes les plus destructrices jamais créées ; elles n’offrent aucune sécurité, seulement la perspective d’un carnage et du chaos. »

L’invasion de l’Ukraine a aussi été évoquée à plusieurs reprises. « Nous ne pouvons pas détourner les yeux des horreurs perpétrées par la [Fédération de] Russie sur la population ukrainienne, de la rhétorique nucléaire imprudente, et du ciblage intentionnel des infrastructures civiles et des villes à travers l’Ukraine », a ainsi déclaré une délégation. Plusieurs délégations ont dénoncé la guerre d’agression menée par la Fédération de Russie contre l’Ukraine et ont réaffirmé leur plein soutien à l’indépendance, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues, ainsi qu’au droit naturel de légitime défense de l’Ukraine face à l’agression russe « illégale et brutale ». A aussi été condamné le soutien militaire de l’Iran, y compris les livraisons de drones, à cette guerre d’agression illégale, non provoquée et injustifiée, menée par la Fédération de Russie contre l’Ukraine.

Plusieurs délégations ont en outre regretté que cette agression armée subie par l’Ukraine ait des conséquences directes sur la préservation de la paix et de la sécurité internationales, ainsi que sur les travaux de la Conférence, comme en ont témoigné les difficiles négociations autour du rapport annuel de la Conférence en septembre dernier. Ce n’est pas en faisant abstraction de la guerre en Ukraine que cette enceinte [la Conférence du désarmement] sera préservée ; « à défaut, nous lui ferions perdre toute crédibilité et toute pertinence », a affirmé une délégation.

La Fédération de Russie a, de son côté, dénoncé le désir des États-Unis et de leurs alliés de remodeler le paysage politique multipolaire afin d’assurer leur domination mondiale. « Au cours de la session de 2022, un certain nombre de délégations aveuglées par le désir de contrarier la Fédération de Russie ont utilisé la Conférence à des fins purement politiques pour mener une campagne antirusse massive », a affirmé la délégation russe, dénonçant également des « accusations invalides sans fondement concernant la situation en Ukraine ».

Ont aussi été déplorées les activités nucléaires de la République populaire démocratique de Corée et plusieurs appels ont été lancés pour que cette dernière respecte les dispositions du TNP. Certaines délégations ont aussi attiré l’attention sur la menace sécuritaire en Asie du Sud-Est en raison de l’ingérence des grandes puissances nucléaires dans la région.

 

Ce document produit par le Service de l’information des Nations Unies à Genève est destiné à l'information ; il ne constitue pas un document officiel.

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