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LE COMITÉ DES DROITS DE L'ENFANT TIENT UNE JOURNÉE DE DÉBAT GÉNÉRAL SUR LE THÈME DES DÉFENSEURS DES DROITS DE L'HOMME

Compte rendu de séance

Le Comité des droits de l'enfant a tenu, aujourd'hui, une journée de débat général intitulée «Protéger et soutenir les enfants en tant que défenseurs des droits humains».

Le Comité avait réuni des représentants d'enfants venus du monde entier, ainsi que M. Michel Forst, Rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des droits de l'homme, et Mme Beatrice Schulter, de Child Rights Connect.

Ouvrant les débats, Mme Renate Winter, Présidente du Comité, a souligné qu'il s'agissait de la toute première réunion du Comité avec la participation d'enfants. Elle a tout particulièrement remercié l'équipe consultative des enfants composée de centaines d'enfants du monde entier. Chacun a le droit, de manière individuelle ou collectivement, de promouvoir la réalisation des droits de l'homme et des libertés fondamentales sur le plan national et international. Toute personne, y compris un enfant, agissant pour la défense des droits de l'homme est un défenseur des droits de l'homme.

La Haut-Commissaire adjointe aux droits de l'homme, Mme Kate Gilmore, a estimé qu'il fallait repenser les relations de pouvoir entre les différentes générations, entre les adultes et les enfants afin de faire en sorte qu'il y ait plus de respect des enfants, d'avantage d'écoute et de promesses tenues. On pourra ainsi créer les conditions leur permettant de grandir ensemble pour édifier un monde meilleur.

Au cours de la réunion, plusieurs jeunes défenseurs issus de quatre coins du monde se sont exprimés sur la façon dont ils voient leur rôle en tant que défenseurs des droits de l'homme et les nombreuses difficultés qu'ils rencontrent. Les discussions ont aussi permis de partager des expériences positives dans ce domaine.

Une partie des travaux s'est déroulée dans le cadre de trois groupes de travail chargés, respectivement, de l'examen des questions relatives à l'espace en ligne, des acteurs étatiques et des acteurs non étatiques. À l'issue de ces travaux, des recommandations ont été formulées par les trois groupes de travail, invitant les États à prendre toutes les mesures pour protéger les enfants défenseurs des droits de l'homme. S'agissant du rôle des médias sociaux comme moyen de diffusion des messages entre enfants et pour permettre aux enfants de s'associer dans la défense de leurs droits, il a notamment été recommandé de promouvoir des initiatives permettant aux enfants de leurs propres plateformes et d'éviter des plateformes moins fiables. Dans le cadre des travaux sur les acteurs étatiques, les participants ont souligné l'importance de la participation des enfants à l'action publique, notamment par le biais d'un parlement des enfants; les enfants ont aussi insisté sur le rôle de l'éducation pour renforcer leur action en tant que défenseurs des droits de l'homme. Pour ce qui est enfin de la question des acteurs non étatiques, l'attention s'est portée sur les activités des entreprises qui exploitent les enfants et la nature, ainsi que sur les questions de justice transitionnelle et la réinsertion des enfants soldats.

Les orateurs ont souligné qu'il fallait que cette journée ne soit pas une fin en soi mais le début d'un mouvement mondial des enfants défenseurs des droits de l'homme.


Lundi, à partir de 10 heures, le Comité examinera les rapports de l'Arabie saoudite sur la mise en œuvre des deux Protocoles facultatifs concernant, respectivement, l'implication d'enfants dans les conflits armés (CRC/C/OPAC/SAU/1) et la vente d'enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants (CRC/C/OPSC/SAU/1). Il s'agit du dernier rapport d'État partie au programme de la présente session, qui se termine vendredi prochain.


Aperçu des déclarations

Plénière d'ouverture

MME RENATE WINTER, Présidente du Comité des droits de l'enfant, a souligné qu'il s'agissait de la toute première réunion du Comité avec la participation d'enfants. Elle a tout particulièrement remercié l'équipe consultative des enfants composée de centaines d'enfants du monde entier dont une délégation était présente dans la salle. Cette année marque le vingtième anniversaire de la Déclaration de l'ONU sur les défenseurs des droits de l'homme et le soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, a déclaré la Présidente du Comité. Ces documents évoquent le droit de tous les êtres humains à défendre leurs droits. Malheureusement, il y a aujourd'hui une tendance à ne pas faire des droits de l'homme une priorité et à les mettre de côté. Les défenseurs se heurtent à des attaques sans précédent. Certains États estiment par ailleurs que le Comité ne devrait pas entendre les enfants. Le Comité a donc décidé de réagir pour contrer cette situation préoccupante en organisant cette journée sur le thème des enfants, défenseurs des droits de l'homme.

Chacun a le droit, de manière individuelle ou collectivement, de promouvoir la réalisation des droits de l'homme et des libertés fondamentales sur le plan national et international, a rappelé Mme Winter. Toute personne agissant pour la défense des droits de l'homme est un défenseur des droits de l'homme et tous les enfants dans cette salle peuvent être considérés comme des défenseurs des droits de l'homme, a-t-elle insisté. Cette journée aura comme référence l'article 12 de la Convention relative aux droits de l'enfant qui stipule que «Les États parties garantissent à l'enfant qui est capable de discernement le droit d'exprimer librement son opinion sur toute question l'intéressant, les opinions de l'enfant étant dûment prises en considération eu égard à son âge et à son degré de maturité. À cette fin, on donnera notamment à l'enfant la possibilité d'être entendu dans toute procédure judiciaire ou administrative l'intéressant, soit directement, soit par l'intermédiaire d'un représentant ou d'un organisme approprié, de façon compatible avec les règles de procédure de la législation nationale.»

MME KATE GILMORE, Haut-Commissaire adjointe aux droits de l'homme, s'est dite ravie de participer à cette journée avec des jeunes et des enfants. Elle a déclaré qu'il s'agissait d'un moment important pour ceux qui travaillent dans le domaine des droits de l'homme. Elle a souligné que cela ne devrait pas être si inhabituel d'avoir des enfants et des jeunes qui s'expriment à l'ONU, et pourtant ça l'est, a relevé Mme Gilmore. Ceux qui ne sont plus des enfants devraient mettre sur table les faits et les vérités, en reconnaissant que les enfants ont été trompés. Des personnes adultes continuent de décevoir les enfants. Il faut prendre les enfants au sérieux. Les adultes ne sont pas toujours dignes de confiance, ils blessent les enfants; censés protéger les enfants, ils ne l'ont pas fait. Ce sont des adultes qui choisissent de dépenser beaucoup d'argent pour l'armée plutôt que pour l'éducation des enfants. Mme Gilmore a souligné que 8 jours de dépenses militaires dans le monde pourraient donner accès à l'école pour tous les enfants du monde pendant douze ans. Les adultes sont très prompts à recruter des enfants dans leur milices ou leurs groupes armés mais très lents à faire des enfants des acteurs de la paix. Les enfants doivent avoir le droit de prendre des décisions sur les sujets qui les concernent.

Aujourd'hui, en tant qu'adulte, nous devons commencer par exprimer de profondes excuses aux enfants pour ce qui leur a été fait. Les adultes doivent tout faire pour protéger les enfants. Les adultes sont très lents à comprendre qu'ils ont beaucoup à apprendre des enfants. Il ne faut pas attendre la fin de l'école secondaire pour avoir un avis ou un droit à prendre une décision sur la vie de la communauté. Être jeune aujourd'hui devrait donner la possibilité d'avoir un espace pour prospérer et développer ses talents. Être jeune aujourd'hui est une sagesse dans cette ère mondialisée qui n'a jamais été aussi connectée. Dans ce monde, être jeune est déjà une compétence. Il faut entendre davantage l'expérience des enfants. Le jeune âge ne va pas protéger contre les pires conséquences des décisions des adultes, ce jeune âge ne devrait donc pas être une excuse pour faire taire les enfants. Il faut repenser les relations de pouvoir entre les différentes générations, entre les adultes et les enfants. En les changeant, il y aura plus de respect des enfants, d'avantage d'écoute et de promesses tenues et l'on pourra ainsi créer les conditions leur permettant de grandir ensemble pour édifier un monde meilleur.

M. MICHEL FORST, Rapporteur spécial du Conseil des droits de l'homme sur la situation des défenseurs des droits de l'homme, a déclaré que le plus important dans le cadre de son mandat était les rencontres avec les défenseurs. Ce qui lui permet de devenir la voix de ceux qui ne peuvent pas s'exprimer devant les Nations Unies afin d'obtenir davantage de garanties pour qu'ils puissent mener leurs activités en toute sécurité. Il a rappelé que la Déclaration sur les défenseurs est un des secrets les mieux gardés au monde; elle n'est pas assez connue des défenseurs eux-mêmes qui pourraient l'invoquer pour demander une meilleure protection. Les enfants et les jeunes font parties des peuples qui ont proclamé des droits inaliénables contenus dans la Déclaration universelle des droits de l'homme. Ces droits, ce sont d'abord les défenseurs qui les font vivre sur le terrain. En retour, au lieu d'être récompensés, ils sont l'objet de menaces.

Dans les différentes régions, les témoignages de souffrance doivent être un moteur pour mobiliser encore davantage afin de leur garantir une meilleure protection. Beaucoup de jeunes sont menacés notamment avec des restrictions à la liberté de rassemblement ou sur les réseaux sociaux. Certains disparaissent ou sont brutalisés. Beaucoup ne savent pas qu'ils sont des défenseurs. Il faut populariser le concept des défenseurs. L'article premier de la Déclaration contient une définition très large de ce qu'est un défenseur. Il faut que cette journée débouche sur des résultats. Dans quelques semaines, le Secrétaire général des Nations Unies publiera un rapport qui devrait permettre la mise en œuvre d'une stratégie claire de protection des défenseurs des droits de l'homme, a annoncé le Rapporteur spécial.

KEITA, (20 ans, du Libéria), Lauréat du Prix international de la paix pour les enfants en 2015, a souligné que, dans le monde, un enfant était tué toutes les cinq minutes de manière violente. Il faut tout faire pour protéger la vie des enfants partout où ils courent des risques. Keïta s'est dit optimiste que le monde s'améliorera petit à petit à la vue de tous ces visages d'enfants dans la salle. Les jeunes peuvent changer le monde. Ce sont eux qui, dans l'histoire, ont changé le monde. Les statistiques ne servent à rien. Les enfants en ont assez. Il ne faut pas être un défenseur si tout va bien. Au Libéria, beaucoup d'assassins sont toujours là et même au Gouvernement, a-t-il dit, ajoutant qu'il recevait des menaces de leur part. Il faut que les jeunes continuent malgré tout à s'exprimer. Ce sont les droits de l'homme qui donnent la dignité de l'être humain. Malheureusement, dans beaucoup de pays, comme au Libéria, les droits de l'enfant ne sont pas respectés. La Déclaration a 20 ans mais, au cours des dernières années, la situation est restée très difficile pour les défenseurs des droits de l'homme. Ils doivent pourtant pouvoir s'exprimer librement. Les enfants ne doivent pas craindre ce que pensent les adultes. Keita a dit qu'il voulait pouvoir mourir en sachant qu'il a tout fait pour changer les mentalités. Il faut se lever pour défendre les droits de l'homme et changer le monde, a-t-il conclu.

Plénière sur la protection et le soutien aux enfants en tant que défenseurs des droits humains

MME BEATRICE SCHULTER, de Child Rights Connect, a déclaré que les adultes pensent souvent que les enfants doivent être des personnes devant être protégées plutôt que des acteurs des droits de l'homme. Le point de vue des enfants et les perspectives des enfants sont des ressources précieuses pour la promotion des droits de l'homme de tout à chacun. L'humanité ne peut pas ne pas en tenir compte. Les enfants et les adultes doivent pouvoir s'exprimer sur un pied d'égalité.

MME MIKIKO OTANI, experte du Comité des droits de l'enfant, a déclaré qu'il y avait un nombre record d'enfants assistant aux travaux du Comité aujourd'hui, avec plus de 60 enfants dans la salle. Reconnaître les enfants en tant que défenseurs des droits de l'homme est très important. Les adultes n'ont pas entendu la voix des enfants et leurs difficultés, c'est pourquoi le Comité a décidé d'organiser cette journée sur ce thème. Certains adultes se sont montrés préoccupés par le fait que les enfants allaient être désignés en tant que défenseurs, craignant pour leur sécurité. Mais les enfants veulent agir et agissent en tant que défenseurs des droits de l'homme. Ils montrent au monde que les jeunes sont capables de penser et d'agir. Les enfants peuvent changer les choses. Les enfants défenseurs des droits de l'homme sont aujourd'hui plus visibles et ont joué un rôle très important dans l'organisation de cette journée. Cette journée devrait laisser une trace dans l'histoire des enfants. L'ONU a, par le passé, reconnu les enfants comme des titulaires de droits, aujourd'hui, les Nations Unies sont témoin du pouvoir des enfants à changer les choses et protéger les droits de l'homme au quotidien. Il s'agit du début d'un mouvement mondial d'enfants défenseurs des droits de l'homme, a estimé l'experte.

AKANKSHA (15 ans, du Canada), membre de l'équipe consultative des enfants, a déclaré que les enfants du monde entier devraient être protégés contre les injustices et que, malheureusement ce n'est pas le cas pour un grand nombre d'entre eux. Les défenseurs ont la responsabilité de tout faire pour protéger leurs droits. Les médias sociaux permettent d'avoir accès et de partager les informations avec des millions d'enfants. C'est par les médias sociaux qu'Akanksha a pu prendre part au travail de protection des droits des enfants dans le monde. Les réseaux sociaux permettent de partager les informations et de rendre compte de certaines situations. Il est important de donner un espace aux enfants pour qu'ils puissent donner leurs points de vue et permettre aux défenseurs de s'exprimer, notamment au cours de journées comme celle-ci.

KURT (16 ans, d'Argentine), membre de l'équipe consultative des enfants, a déclaré que les enfants évoquent tous le même problème, à savoir le manque d'égalité. Certains enfants n'ont pas pu venir car ils se heurtent à des violations extrêmement graves de leurs droits dans leur pays. À partir de 16 ans, les enfants peuvent voter aux élections en Argentine sans toutefois pouvoir être élus. Les adolescents ont tous les mêmes souhaits, c'est que leur participation soit encouragée partout dans le monde. Lui-même a vécu des situations très graves de pression en raison d'actions qu'il a entreprises pour la défense de ses droits ou de ceux de ses amis. Les enfants rencontrent toute une série de violations dans le monde. En Argentine, il y a énormément de cas d'abus sexuels et de violations des droits des enfants. Pour conclure, Kurt a rappelé une phrase de Mère Theresa : « Nous réalisons que ce que nous accomplissons n'est qu'une goutte dans l'océan. Mais si cette goutte n'existait pas dans l'océan, elle manquerait. »

MAZIDATH (18 ans, du Bénin), membre de l'équipe consultative des enfants, a déclaré que depuis toute petite, elle s'était rendu compte qu'elle n'était pas une enfant comme les autres et qu'elle avait vécu une enfance difficile. C'est pourquoi, dès 12 ans, elle s'est intéressée aux questions des droits de l'enfant et a été élue Présidente du Comité des droits et de défense des enfants au Bénin. Mazidath a expliqué que l'école était la deuxième maison de l'enfant. Il faut que les écoles créent des comités des droits de l'enfant car elles doivent jouer un rôle pour soutenir et protéger les enfants défenseurs des droits de l'homme. Les écoles doivent être ouvertes aux organisations qui s'investissent dans les droits de l'homme, aller elles-mêmes vers les associations pour permettre aux enfants de s'exprimer et créer des activités récréatives et participatives pour permettre aux enfants de gouter à la vie participative.

Plénière de clôture : partage des enseignements clés et des recommandations

MME KIRSTEN SANDBERG, membre du Comité et rapporteuse du groupe de travail sur l'espace en ligne, a déclaré que le groupe s'est penché sur les questions en rapport avec la technologie dans le contexte de la prise de décision politique, et en tant qu'outil pour faire tomber les barrières de la communication. Les techniques de la communication modernes permettent de faire réfléchir des personnes ensemble sur un même sujet alors qu'elles se trouvent à des distances très importantes, d'un continent à l'autre. Le groupe a aussi évoqué le fossé intergénérationnel sur cette question.

Il faut que les Conventions et des lignes directrices sur les droits de l'enfant soient accessibles aux enfants. Les médias sociaux sont un excellent moyen pour la diffusion des messages. Les enfants doivent pouvoir mener à bien leurs propres initiatives et créer leur propre plateforme pour éviter des plateformes moins fiables. Le groupe a noté les problèmes que pose le respect de la vie privée des enfants en ligne. Les enfants doivent apprendre à s'autonomiser eux-mêmes pour assurer leur propre protection et doivent pouvoir utiliser leur propre jugement à cet égard.

Le groupe a aussi discuté du rôle des technologies de l'information et de la communication en faveur des droits de enfants autochtones et des enfants handicapés qui sont très difficiles à mettre en œuvre. L'utilisation d'Internet apporte des solutions pour promouvoir leurs droits. Ils doivent pouvoir exercer le droit d'association en créant notamment des groupes en ligne. C'est parfois la seule solution pour qu'ils puissent s'associer. Les enfants handicapés utilisent les médias sociaux pour partager leur expérience. Toutes les informations doivent être accessibles dans les différents formats en ligne, a recommandé le groupe de travail et tous les enfants handicapés doivent pouvoir communiquer entre eux, quel que soit leur handicap.

M. BENYAM MEZMOUR, membre du Comité et rapporteur du groupe de travail sur les acteurs étatiques, a souligné que les discussions ne s'étaient pas bornées à un droit spécifique de la Convention mais à l'ensemble de ses dispositions. Le groupe a notamment relevé que les États parties à la Convention qui ont une loi sur les défenseurs des droits de l'homme sont assez rares. La participation à l'action publique des enfants est très importante, notamment par le biais par exemple d'un parlement des enfants. Beaucoup d'expériences personnelles d'enfants ont été partagées durant cette journée. Le fil rouge a été qu'on ne doit rien faire concernant les enfants sans prendre leur avis en compte. Beaucoup d'enfants ont insisté sur le rôle de l'éducation pour renforcer leur action en tant que défenseurs des droits de l'homme. Les enfants comme acteurs du changement doivent être pris en compte.

MME ANN MARIE SKELTON, membre du Comité, Rapporteur du groupe de travail sur les acteurs non étatiques, a déclaré que l'école devrait être un lieu d'écoute des enfants. Certains enfants ont dénoncé les activités des entreprises qui exploitent les enfants et la nature. Le représentant du secteur des entreprises leur a répondu qu'il ne s'agissait pas de toutes les entreprises et que les personnes avaient la possibilité de ne pas acheter des produits fabriqués par les entreprises qui ne respecteraient pas les droits des enfants. Le groupe de travail a ensuite discuté de l'autonomisation grâce à la justice transitionnelle en soulignant que des enfants qui ont fait des choses terribles pendant la guerre doivent pouvoir être réinsérés. La rapporteuse du groupe a repris un propos de Kofi Annan qui a dit qu'on n'est jamais trop jeune pour diriger et jamais trop vieux pour apprendre. Elle a souligné que le groupe avait aussi relevé que l'espace des défenseurs se réduit en peau de chagrin partout dans le monde.

M. BERNARD GASTAUD, membre du Comité, a expliqué que la meilleure façon de défendre les droits de l'enfant était de mettre en œuvre les dispositions de la Convention. De ces débats a résulté une série d'observations et de revendications des enfants. Il faut permettre un engagement libre en faveur des droits de l'homme qui repose sur une connaissance de la Convention. Les enfants défenseurs des droits de l'homme doivent pouvoir mener leurs activités dans un environnement sûr; ils doivent être pris au sérieux par les adultes et les décideurs. Ils doivent aussi pouvoir recevoir une information précise et adéquate pour leur permettre de faire valoir leur opinion en toute connaissance de cause. Les adultes doivent aider les enfants à exercer leur action et à participer aux réunions sur les thèmes concernant les enfants.

M. MICHEL FORST, Rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des droits de l'homme, s'est dit impressionné par la maturité des recommandations décidées aujourd'hui. Il s'est engagé de rappeler aux États toutes les dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l'homme et qu'elles s'appliquent aussi aux jeunes défenseurs. Les enfants ont le droit de critiquer les gouvernements et de faire des propositions. Les enfants ont le droit de se réunir et de s'exprimer librement. Dans ses prochains rapports, le Rapporteur spécial s'est engagé à rédiger un chapitre spécifique sur les jeunes défenseurs des droits de l'homme. M. Forst a recommandé aux jeunes défenseurs d'être réellement attentifs à la question du genre. Il faut qu'elle soit partagée dans tous les pays et dans toutes les organisations. Il faut être attentif aussi face à ceux qui travaillent sur des sujets difficiles comme l'identité de genre. Le Rapporteur spécial a recommandé de ne pas travailler sur ces questions de manière isolée et de partager les informations en réseau, ce qui devrait permettre de gagner de nouveaux acteurs dans le domaine des droits de l'homme. Il a conclu en formulant l'espoir que cette journée ne soit pas une journée unique mais qu'elle soit le début d'un processus. Il a indiqué que dans une semaine, le comité Nobel annoncera les nominations finales pour le prix Nobel de la paix et a attiré l'attention sur la campagne internationale pour que, cette année, soit récompensée la communauté des défenseurs de droits de l'homme.

M. LUIS PEDERNERA, membre du Comité des droits de l'enfant, a souligné que cette journée avait été suivie dans trente pays grâce à la retransmission sur Internet. Il a déclaré que cette journée était une source d'espoir et a remercié les enfants qui travaillent depuis un an avec le Comité pour que cette journée ait pu avoir lieu. Les enfants ont montré qu'ils voulaient être au cœur des messages à transmettre. Les enfants ont fait preuve d'une maturité énorme. Le Comité œuvre en faveur des droits de l'enfant et les enfants rendent le Comité meilleur, a conclu l'expert.

Ariadna (15 ans, de Moldova), membre de l'équipe consultative des enfants, a déclaré que cette journée avait été intense pour tout le monde. Beaucoup de recommandations ont été formulées. De nombreux récits de vie ont été entendus. Malheureusement, les droits des enfants sont bafoués un peu partout dans le monde, notamment dans la République de Moldova, notamment en raison de l'absence d'une éducation de qualité et des cas de violence à l'encontre des enfants. Des enfants s'érigent aujourd'hui en défenseurs des droits de l'homme et croient en l'accès à une éducation de qualité et en une société qui ne connaît pas la violence. Tout enfant doit avoir le droit de bénéficier d'une éducation de qualité. Les jeunes de la République de Moldova ont participé à la loi contre la violence. Les jeunes ont fait le travail des adultes. Ils ont remplacé les pouvoirs publics et joué un rôle de témoin. Les enfants n'ont pas peur de s'exprimer haut et fort. Ils ne vont pas attendre d'avoir 18 ans pour se faire entendre. Les jeunes s'intéressent aux droits de l'homme et les adultes ont toujours l'impression d'en savoir davantage. La nouvelle génération change et va faire changer les choses.

DIANA (15 ans, d'El Salvador), également membre de l'équipe consultative des enfants, a déclaré que cette journée avait été impressionnante. Elle a relevé qu'elle a pu écouter des histoires et des récits très touchants. À El Salvador personne ne sait que cette journée a eu lieu et c'est triste. Tous les enfants devraient connaître leurs droits. Si chaque enfant pouvait prendre connaissance de ses droits, ça changerait les choses. Elle a dit se sentir importante aujourd'hui en tant que défenseur des droits de l'homme. Les enfants et les adolescents sont en danger à El Salvador. Le fait d'être jeune est un crime. Beaucoup de jeunes sont violés ou roués de coups par la police juste par le fait de se trouver dans la rue. Il faut continuer d'organiser des journées comme celle-ci pour éviter que ce genre de situation ne se renouvelle partout dans le monde.

SAMEER (13 ans, du Pakistan), lui aussi membre de l'équipe consultative des enfants, a expliqué qu'il luttait depuis trois ans pour protéger les enfants de toutes les formes d'exploitation et d'abus au Pakistan. Il a invité tous les États à envisager de se doter des plans et de stratégies pour autonomiser les enfants et pour que chaque enfant puisse agir en tant que défenseur des droits de l'homme.


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