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LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT TIENT SA DERNIÈRE SÉANCE PLÉNIÈRE SOUS PRÉSIDENCE POLONAISE

Compte rendu de séance

La Conférence du désarmement, dont c'était la dernière séance plénière sous présidence polonaise, a tenu ce matin une séance publique au cours de laquelle sont intervenues les délégations du Japon, de la Chine, de la Fédération de Russie, des États-Unis, du Royaume-Uni et du Canada.

Nombre d'intervenants ont commenté la proposition faite le 4 août dernier par la Fédération de Russie visant la lutte contre le terrorisme chimique et biologique au travers de l'élaboration d'une nouvelle convention à cette fin.

Le Président de la Conférence, l'Ambassadeur Piotr Stachañczyk de la Pologne, a rappelé que sa présidence de la Conférence allait prendre fin cette semaine. Nous sommes tout près d'un compromis s'agissant de la première action à prendre pour la Conférence (à savoir l'adoption d'un programme de travail) et nous espérons donc que la Conférence se mettra d'accord sur un programme de travail lors de la prochaine session, a-t-il déclaré. Il a ensuite indiqué que sur la base des consultations officieuses menées au sujet de la nouvelle proposition présentée par la Fédération de Russie le 4 août dernier, il ressort qu'il existe au sein de la Conférence quatre groupes: un groupe de pays qui appuient cette proposition; un autre groupe de pays qui ont posé des questions et soulevé des doutes quant à cette proposition; certains membres de la Conférence qui n'ont pas pris position, n'ayant pas encore reçu d'instructions de leurs capitales respectives; et enfin des pays qui, pour différentes raisons, se sont opposés à cette proposition.

Ce matin, le Japon a laissé la parole à une étudiante de Nagasaki qui fait partie des 22 «Jeunes communicateurs pour un monde exempt d'armes nucléaires» habilités par le Ministre japonais des affaires étrangères, M. Fumio Kishida, pour se faire les Messagers de la paix d'Hiroshima et Nagasaki.

La Chine a rappelé que la Seconde Guerre mondiale avait été la page la plus sombre des annales de l'humanité, les explosions nucléaires d'Hiroshima et de Nagasaki faisant partie de cette tragédie. Commémorer les souffrances endurées par la population d'Hiroshima et de Nagasaki tout en ignorant les souffrances encore plus grandes infligées aux populations d'autres pays asiatiques ne pourra qu'inévitablement aboutir à une vue biaisée de l'histoire, a-t-elle insisté.


La prochaine séance plénière de la Conférence se tiendra mardi 23 août, à 10 heures, sous la présidence de l'Ambassadeur Kim In-chul de la République de Corée, qui a annoncé ce matin avoir réservé une salle pour mener des consultations en vue de l'adoption du rapport annuel de la Conférence, la session de 2016 devant se clore le 16 septembre prochain.


Aperçu des déclarations

Le Président de la Conférence, l'Ambassadeur PIOTR STACHAÑCZYK de la Pologne, a rappelé que sa présidence de la Conférence allait prendre fin cette semaine. Ce fut une tâche pleine de défis et difficile mais toujours intéressante et nous nous sommes toujours efforcés d'être à la hauteur des attentes des membres de cette instance, en n'épargnant aucun effort, a-t-il déclaré. Nous sommes tout près d'un compromis s'agissant de la première action à prendre pour la Conférence (à savoir l'adoption d'un programme de travail) et nous espérons donc que la Conférence se mettra d'accord sur un programme de travail lors de la prochaine session. Le Président a indiqué que sur la base des consultations officieuses menées au sujet de la nouvelle proposition présentée par la Fédération de Russie le 4 août dernier (concernant la lutte contre le terrorisme chimique et biologique), il ressort qu'il existe au sein de la Conférence quatre groupes: un groupe de pays qui appuient cette proposition; un autre groupe de pays qui ont posé des questions et soulevé des doutes quant à cette proposition; certains membres de la Conférence qui n'ont pas pris position, n'ayant pas encore reçu d'instructions de leurs capitales respectives; et enfin des pays qui, pour différentes raisons, se sont opposés à cette proposition.

Le Japon a ensuite laissé la parole à Mme Nanako Nagaishi, une étudiante de Nagasaki qui fait partie des 22 «Jeunes communicateurs pour un monde exempt d'armes nucléaires» habilités par le Ministre japonais des affaires étrangères, M. Fumio Kishida, pour se faire les Messagers de la paix d'Hiroshima et Nagasaki et qui assistent à la présente séance plénière. Mme Nagaishi a relevé que 71 ans après les bombardements de ces deux villes japonaises, le monde ne semble accorder que peu d'attention à la menace que constituent les armes nucléaires. Elle a cité Elie Wiesel en rappelant que le contraire de l'amour n'est pas la haine, mais l'indifférence. Elle a en outre rendu compte de la campagne pour un monde exempt d'armes nucléaires menée par les Messagers de la paix d'Hiroshima et Nagasaki et qui a recueilli depuis 15 ans quelque 1 462 912 signatures à travers le monde.

La Chine a rappelé que la Seconde Guerre mondiale avait été la page la plus sombre des annales de l'humanité, les explosions nucléaires d'Hiroshima et de Nagasaki faisant partie de cette tragédie. Il n'est pas possible de comprendre pleinement et correctement cet épisode historique sans une profonde et complète compréhension de la trajectoire de la Guerre, y compris des questions telles que: «quels pays ont commencé la Guerre ?» ou «comment elle s'est développée ?», sans parler de la nécessité de comprendre les relations de causalité liant des séries d'événements historiques, a poursuivi la délégation chinoise. Par ailleurs, il convient de se pencher sur le point de vue des autres et à cet égard, la Chine tient à rappeler que la Guerre a englobé l'Asie, l'Europe, l'Afrique et l'Océanie et causé plus de 100 millions de morts, militaires et civils confondus; sur ce nombre, la Chine à elle seule a payé un tribut de 35 millions de morts et l'Union soviétique de 27 millions. Durant cette Guerre, un certain pays, en violation du droit international, a utilisé des armes biologiques et chimiques, tuant ou mutilant plusieurs millions de soldats et de civils en Chine. Tant la mémoire sélective que la perte sélective de mémoire constituent une trahison de la conscience humaine, a souligné la délégation chinoise. Commémorer les souffrances endurées par la population d'Hiroshima et de Nagasaki tout en ignorant les souffrances encore plus grandes infligées aux populations d'autres pays asiatiques ne pourra qu'inévitablement aboutir à une vue biaisée de l'histoire, a-t-elle insisté, avant d'inviter chacun à visiter des villes ayant été dévastées par la Guerre, comme Nankin (Nanjing, Chine).

La Fédération de Russie a remercié la présidence polonaise de la Conférence pour l'habileté avec laquelle elle a dirigé les débats au sein de cette instance. La Fédération de Russie a ensuite indiqué que Moscou partageait la volonté de la communauté internationale d'atteindre l'objectif très noble d'un monde exempt d'armes nucléaires; néanmoins, les actions précipitées et radicales des partisans de l'interdiction des armes nucléaires pourraient être contreproductives et menacer le régime de non-prolifération et aboutir à un effondrement du mécanisme de désarmement nucléaire et des mécanismes existants dans le cadre des Nations Unies, a souligné la délégation russe. Elle a estimé qu'une approche qui se base sur une obligation pour les États dotés d'armes nucléaires de renoncer à leurs arsenaux nucléaires sans tenir compte de leurs intérêts de sécurité nationale ni des réalités stratégiques d'aujourd'hui mènerait à un antagonisme très fort entre les États dotés d'armes nucléaires et les États non dotés d'armes nucléaires. Des pas réalistes ne peuvent être faits qu'avec un dialogue respectueux et inclusif qui tiendrait compte de tous les faits, en rapport notamment avec la stabilité globale; seul ce dialogue peut créer une atmosphère susceptible de favoriser les avancées ultérieures dans le domaine du désarmement nucléaire, a insisté la délégation russe. La Fédération de Russie pense que les nouvelles générations d'armes conventionnelles, par leur pouvoir destructif, se rapprochent maintenant des capacités des armes nucléaires. Les partisans d'un désarmement nucléaire rapide avancent la thèse selon laquelle il y aurait beaucoup de lacunes dans les obligations juridiques actuelles, l'article VI du TNP ayant tendance à être ignoré; mais le TNP est le seul instrument juridique contraignant et consensuel qui existe actuellement et tout affaiblissement de ce Traité serait dangereux, a averti la délégation russe. La Fédération de Russie n'est évidemment pas contre l'idée d'élaborer une interdiction de l'armement nucléaire mais estime qu'un tel instrument ne saurait être adopté qu'au terme d'un processus global de désarmement général et complet, seul susceptible de garantir son caractère irréversible. La Fédération de Russie ne cherche pas à échapper aux discussions sur le désarmement nucléaire et est disposée à avoir un dialogue avec les États non dotés d'armes nucléaires.

Évoquant son initiative de lutte contre le terrorisme chimique et biologique, la Fédération de Russie a ensuite appelé tous les participants à la Conférence à adopter un point de vue frais et nouveau pour l'avenir et à examiner et évaluer la proposition russe, qui vise à donner la possibilité à la Conférence de contribuer de manière pratique au renforcement de la sécurité internationale tout en restant fidèle à une position réaliste.

Les États-Unis ont indiqué avoir examiné avec soin la proposition russe de convention visant à réprimer les actes de terrorisme chimique et biologique. Ce texte ressemble beaucoup à la proposition présentée précédemment sur ce même thème, de sorte que son architecture conceptuelle reste profondément viciée, ont-ils souligné. Cette proposition russe repose sur une idée fausse selon laquelle il y aurait des lacunes dans le cadre international actuel auxquelles il ne pourrait être remédié que par une nouvelle convention juridiquement contraignant, ce qui n'est pas le cas; en effet, existent notamment déjà les conventions sur les armes biologiques et sur les armes chimiques, ainsi que la résolution 1540 du Conseil de sécurité, que nous pouvons, tous ensemble, œuvrer à renforcer. Les États-Unis ont en outre déploré que la proposition russe ne vise en fait qu'à bloquer la proposition britannique.

Le Royaume-Uni s'est réjoui que la proposition russe reprenne le dispositif de la proposition britannique; mais il est toutefois regrettable que la Fédération de Russie insiste pour faire adopter l'approche globale. Le Royaume-Uni condamne toutes les formes de terrorisme, a rappelé la délégation britannique; toutefois, nous sommes loin d'être convaincus que cette approche prônée par la Fédération de Russie soit la bonne pour faire avancer le travail au sein de la Conférence, a-t-elle affirmé. Nous ne voyons pas en quoi une nouvelle convention rendrait plus difficile ou improbable l'utilisation d'armes chimiques ou biologiques, a-t-elle insisté.

Le Canada a indiqué avoir étudié avec soin la proposition russe. Rappelant participer à un programme mondial de partenariat pour empêcher la propagation d'armes de destruction massive, le Canada a dit ne pas être convaincu de la valeur ajoutée que constitueraient de nouvelles dispositions contraignantes. L'objectif ici doit être de renforcer la nécessité qu'il y a pour les États à respecter leurs engagements actuels en vertu des conventions sur les armes chimiques et sur les armes biologiques.

La Fédération de Russie a demandé à la présidence et aux membres de la Conférence d'examiner de nouveau sa proposition, assurant qu'elle ne vise pas à bloquer la proposition britannique – qui est tout à fait d'actualité – en tant que telle, mais plutôt à empêcher le précédent qui en aurait découlé, à savoir que la Conférence serait vouée à n'examiner qu'un seul point de l'ordre du jour.

Le prochain Président de la Conférence (NDLR: à compter de lundi prochain, 22 août), l'Ambassadeur KIM IN-CHUL de la République de Corée, a annoncé avoir réservé une salle pour mener des consultations en vue de l'adoption du rapport annuel de la Conférence.


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DC16.034F