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LE PRÉSIDENT DU VENEZUELA S'ADRESSE AU CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME À L'OCCASION D'UNE RÉUNION SPÉCIALE

Compte rendu de séance
Le Haut-Commissaire aux droits de l'homme intervient par un message enregistré

Le Conseil des droits de l'homme a tenu aujourd'hui une réunion extraordinaire pour entendre le Président de la République bolivarienne du Venezuela, M. Nicolás Maduro Moros. Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, M. Zeid Ra'ad Al Hussein, s'est également adressé au Conseil par un message enregistré. La réunion est organisée par courtoisie à la demande du Gouvernement du Venezuela.

Intervenant après les déclarations liminaires du Président du Conseil, M. Joachim Ruecker, et du Haut-Commissaire, le Président Maduro a souligné que le Venezuela affrontait toujours les questions de manière transparente, et que le pays était constamment dans un combat pour la vérité, ajoutant: «Ce n'est pas la première fois qu'un fonctionnaire ici ou là lance des accusations sans fondement, empruntées aux agendas de harcèlement mondial de la menée impériale contre la patrie de Simón Bolivar. Et ce ne sera pas la première fois que nous ferons s'effondrer les mensonges avec la force puissante de la vérité de notre patrie».

Le Président Maduro a par ailleurs salué les progrès réalisés au Conseil mais il reste beaucoup à faire pour consolider le système des droits de l'homme et pour construire un véritable dialogue entre les civilisations dans lequel l'histoire et l'identité de tous les peuples seraient prises en compte. Pour sa part, le Venezuela a choisi la voie d'un système social basé sur la démocratie et la primauté du droit, qui place l'être humain au centre des efforts visant à développer et à assurer le «bonheur social». Le Président a souligné que la Constitution vénézuélienne avait été le fruit d'une consultation de la population et accordait une place centrale à l'être humain. Le Président a par ailleurs souligné que l'Organisation des Nations Unies et le Conseil de droits de l'homme devaient s'efforcer de veiller à ne pas être utilisés comme des armes politiques contre les États par ceux qui cherchaient à imposer une seule vision du monde. En tant que membre du Conseil, le Venezuela ajoutera sa voix pour contribuer au règlement de la crise humanitaire et du sort de centaines de milliers de migrants; ce sera l'un des éléments de son agenda au sein du Conseil, au même titre que la question du droit des Palestiniens à un pays libre et au droit à la vie. Le Venezuela défendra les causes justes qui sont au centre même de l'humanité, car derrière ces situations, derrière la guerre, derrière la cause palestinienne, il y a la puissance hégémonique. L'an prochain, le Venezuela assumera la présidence du Mouvement des pays non alignés et soutiendra les efforts au sein des Nations Unies pour rectifier les erreurs et remédier à la détérioration du respect et de la protection des droits de l'homme.

Le Conseil avait entendu en début de séance le message enregistré du Haut-Commissaire, qui s'est félicité de l'occasion qui était donnée au Conseil d'entendre du Président Maduro sur la situation des droits de l'homme dans son pays. Le Haut-Commissaire a exprimé l'espoir sincère que le Venezuela s'efforcerait de faire des progrès concrets pour promouvoir et protéger les droits de l'homme dans son propre pays et sur la scène mondiale. Il a rappelé que des organes des Nations Unies avaient exprimé de vives inquiétudes quant à l'indépendance du pouvoir judiciaire au Venezuela, à l'impartialité des juges et des procureurs et aux pressions qui sont exercées sur eux dans le traitement des affaires politiquement sensibles. Le Haut-Commissaire a exhorté le Venezuela à se conformer aux recommandations de ces organes internationaux chargés des droits de l'homme et à veiller à ce que journalistes, défenseurs des droits de l'homme et avocats ne soient pas confrontés à des pressions indues dans l'exercice de leurs fonctions. Il a aussi demandé la levée rapide de l'état d'urgence qui a été déclaré dans 24 municipalités. L'une des principales obligations d'un État souverain est de faire respecter les droits de l'homme et de défendre même – et surtout – ceux qui sont en désaccord avec les politiques de l'État, rappelle le Haut-Commissaire dans son message.


La séance d'aujourd'hui était la troisième réunion extraordinaire dans l'histoire du Conseil des droits de l'homme, la première ayant eu lieu en 2007 lorsque Michelle Bachelet, Présidente du Chili, s'était adressée au Conseil et la deuxième le 28 octobre dernier, à l'occasion du passage à Genève du Président de l'État de Palestine, M. Mahmoud Abbas.

Déclarations liminaires

M. JOACHIM RUECKER, Président du Conseil des droits de l'homme, a rappelé que le Conseil était responsable de la promotion et la protection des droits de l'homme dans le monde et de réagir à des situations de violations des droits de l'homme et faire des recommandations sur ces questions. À cet égard, il s'est dit confiant que le Venezuela, en tant que membre réélu du Conseil, coopérera pleinement avec ses mécanismes, en particulier avec ses procédures spéciales. Le Président a précisé que la dernière visite d'un Rapporteur spécial au Venezuela remontait à 1996.

M. ZEID RA'AD AL HUSSEIN, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, se félicite de l'occasion qui lui est donnée au Conseil des droits de l'homme d'entendre du Président Nicolás Maduro sur la situation des droits de l'homme en République bolivarienne du Venezuela, en particulier compte tenu de la récente réélection du pays en tant que membre de cet important organe. Être membre du Conseil s'accompagne de la responsabilité de promouvoir et de protéger les droits de l'homme dans son propre pays, mais aussi sur la scène mondiale. Dans son message enregistré, le Haut-Commissaire exprime l'espoir sincère que le Venezuela s'efforcera de faire des progrès concrets sur les deux fronts. Le Haut-Commissaire se félicite également de la participation du Venezuela à l'Examen périodique universel du Conseil et de l'examen du pays auquel ont précédé cette année le Comité des droits de l'homme et le Comité des droits économiques, sociaux et culturels. Il l'encourage à poursuivre sa coopération avec les mécanismes internationaux des droits de l'homme. Le Haut-Commissariat, en particulier son Bureau régional pour l'Amérique du Sud, est prêt à fournir une assistance technique dans la mise en œuvre des recommandations formulées au Venezuela par les Comités et dans le cadre de l'Examen périodique universel, ainsi qu'en ce qui concerne l'application du Plan d'action national des droits de l'homme. M. Zeid exhorte également le Venezuela à ratifier de nouveau la Convention interaméricaine des droits de l'homme.

Des organes des Nations Unies dans le domaine des droits de l'homme, dont le Groupe de travail sur la détention arbitraire et le Comité des droits de l'homme, ainsi que le Haut-Commissariat aux droits de l'homme, ont exprimé de vives inquiétudes quant à l'indépendance du pouvoir judiciaire au Venezuela, à l'impartialité des juges et des procureurs et aux pressions qui sont exercées sur eux dans le traitement des affaires politiquement sensibles. Les cas de la juge María Lourdes Afiuni et de M. Leopoldo López sont des illustrations criantes de ces problèmes. «Le Comité des droits de l'homme a récemment exprimé des préoccupations, que je partage, à propos de l'intimidation, les menaces et les attaques contre des journalistes, des défenseurs des droits de l'homme et des avocats». Le Haut-Commissaire exhorte le Venezuela à se conformer aux recommandations de ces organes internationaux chargés des droits de l'homme et à veiller à ce que ces personnes ne soient pas confrontées à des pressions indues dans l'exercice de leurs importantes fonctions.

Comme l'a noté récemment le Comité des droits économiques, sociaux et culturels, le Venezuela a fait des progrès importants dans la réduction de la malnutrition et de la pauvreté. Toutefois, ces dernières années, il y a eu ce que le Comité a appelé «une tendance négative dans les résultats de la lutte contre la pauvreté», qui exige d'être traitée. L'état d'urgence général déclaré dans 24 municipalités, qui suspend un certain nombre de mesures de protection des droits de l'homme, est également profondément préoccupant et doit être levé rapidement. L'une des principales obligations d'un État souverain est de faire respecter les droits de l'homme et de défendre même – et surtout – ceux qui sont en désaccord avec les politiques de l'État. C'est ainsi que sont édifiées des sociétés stables, résilientes et prospères.

Allocution du Président de la République bolivarienne du Venezuela

M. NICOLÁS MADURO MOROS, Président de la République bolivarienne du Venezuela, a rappelé qu'il avait déjà eu l'occasion par le passé, en tant que Ministre des affaires étrangères de la République bolivarienne du Venezuela, de «défendre la vérité de notre patrie» dans le cadre de l'Examen périodique universel de 2011. Il a ajouté que le Venezuela affrontait toujours les questions de manière transparente, et le pays est constamment dans un combat pour la vérité. «Ce n'est pas la première fois qu'un fonctionnaire ici ou là lance des accusations sans fondement, empruntées aux agendas de harcèlement mondial de la menée impériale contre la patrie de Simón Bolivar. Et ce ne sera pas la première fois que nous ferons s'effondrer les mensonges avec la force puissante de la vérité de notre patrie».

Le Président Maduro a salué les progrès réalisés au Conseil mais il reste beaucoup à faire pour consolider le système des droits de l'homme et le Conseil, et pour construire un véritable dialogue entre les civilisations dans lequel l'histoire et l'identité de tous les peuples seraient prises en compte. Le Président vénézuélien a rappelé que les peuples d'Amérique du Sud avaient été réduits en esclavage et assassinés, que 80 millions d'êtres humains avaient été exterminés dans l'holocauste autochtone par les puissances impériales et coloniales. Les populations d'Amérique du Sud sont maintenant libres et cherchent leur propre avenir; personne ne doit imposer un système politique ou économique ou un système de pensées sur les autres. Les populations du Sud doivent être respectées dans leur identité propre.

Pour sa part, le Venezuela a choisi la voie d'un système social basé sur la démocratie et la primauté du droit, qui place l'être humain au centre des efforts visant à développer et à assurer le «bonheur social». La Constitution vénézuélienne a été écrite par des millions de personnes; il s'agit de la seule constitution du Venezuela pour laquelle la population a été consultée, et la seule constitution adoptée par référendum populaire. Elle place l'être humain au centre et vise la protection de l'enfance, la protection de l'environnement, la protection des droits du travail, la stabilité du travail et la protection des femmes. La société vénézuélienne n'échappe pas à des processus complexes: le pays subit un harcèlement de la part la puissance impérialiste des États-Unis depuis plus de deux décennies. Le harcèlement se poursuit, tout comme le mauvais usage et la manipulation des questions de droits de l'homme par l'Ouest pour isoler le pays et en tant que tentative de protéger ceux qui cherchent à détruire les droits de l'homme et la démocratie que le Venezuela a construits ces dernières années. Le Venezuela est confronté à l'énorme défi de la construction d'une nouvelle société et avance dans ses efforts. Au cours de l'Examen périodique universel de 2011, le Venezuela a pu mettre en avant les succès obtenus dans la lutte contre la pauvreté et fera de même en 2016. Malgré la crise économique, de nouveaux progrès ont été accomplis dans la lutte contre la pauvreté et l'extrême pauvreté à travers la couverture de santé universelle, le logement, la création d'emplois, la protection du revenu et d'autres politiques publiques. Ces politiques publiques ont permis au Venezuela d'aller de l'avant avec optimisme, et à surmonter la situation politique et économique complexe de 2014 et 2015.

L'Organisation des Nations Unies et le Conseil de droits de l'homme doivent s'efforcer de veiller à ne pas être utilisés comme des armes politiques contre les États par ceux qui cherchaient à imposer une seule vision du monde, a déclaré le Président Maduro, ajoutant que le Venezuela exige d'être pleinement respecté par tous les membres du Conseil. Le Venezuela est en train de créer un conseil national des droits de l'homme et de mettre au point un plan national des droits de l'homme, résultat d'une vaste consultation, qui serait en phase avec la présentation du Venezuela lors de l'Examen périodique universel de 2016. Rappelant que le 6 décembre prochain se tiendraient des élections au Venezuela, le Président a souligné que tous les gouverneurs et les autorités municipales au Venezuela avaient été élus et que le système électoral comportait 25 contrôles d'audit avant la publication des résultats.

Le Président Maduro s'est félicité de la naissance d'une nouvelle dynamique régionale liée à la vision d'un monde multipolaire, un monde des civilisations et des cultures. Il a ensuite rappelé que le Venezuela occuperait un siège au Conseil dans la période 2016-2018, des années qui seront cruciales dans l'histoire du monde, au vu des déplacements massifs de populations du Moyen-Orient et de l'Afrique vers l'Europe cherchant la paix, la stabilité et la tranquillité. Au Conseil, le Venezuela ajoutera sa voix pour contribuer au règlement de la crise humanitaire et du sort de centaines de milliers de migrants; ce sera l'un des éléments de son agenda au sein du Conseil, au même titre que la question du droit des Palestiniens à un pays libre et au droit à la vie. Le Venezuela défendra les causes justes qui sont au centre même de l'humanité, car derrière ces situations, derrière la guerre, derrière la cause palestinienne, il y a la puissance hégémonique. L'an prochain, le Venezuela assumera la présidence du Mouvement des pays non alignés et soutiendra les efforts au sein des Nations Unies pour rectifier les erreurs et remédier à la détérioration du respect et de la protection des droits de l'homme.



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HRC15/149F