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LE COMITÉ POUR L'ÉLIMINATION DE LA DISCRIMINATION RACIALE OUVRE SES TRAVAUX EN PRÉSENCE DU HAUT-COMMISSAIRE AUX DROITS DE L'HOMME

Compte rendu de séance

Le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale a ouvert ce matin les travaux de sa quatre-vingt-huitième session. Le Haut-Commissaire aux droits de l'homme, M. Zeid Ra'ad Al Hussein, a fait une déclaration liminaire et le Comité a adopté l'ordre du jour et le programme de travail de la session, qui prévoient notamment l'examen, dans l'ordre indiqué, des rapports des six pays suivants: Saint-Siège, Lituanie, Égypte, Slovénie, Mongolie et Turquie.

Dans sa déclaration d'ouverture, M. Zeid a dressé un état des lieux relativement pessimiste de la situation internationale actuelle. Il a souligné que le monde traversait «une période de turbulences et vit dans l'anxiété face à des crises de plus en plus nombreuses», devant lesquelles la communauté internationale «ne sait pas toujours quelle attitude adopter». Le Haut-Commissaire a également estimé que l'émergence d'un certain «nationalisme ethnique» et la tendance à désigner des boucs-émissaires devaient trouver des réponses juridiques. En effet, la guerre contre la criminalité et contre le terrorisme se fait dans un relatif mépris pour certaines minorités ou pour certains groupes. La situation des Dalits est représentative des difficultés rencontrées. De même, les minorités autochtones ne doivent-elles pas être les premières victimes des politiques économiques. Les travaux du Comité jouent un rôle prépondérant pour juguler ce phénomène, a souligné M. Zeid, espérant que l'anniversaire des cinquante ans de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale encouragerait les États à respecter leurs obligations en matière de droits de l'homme.

Autre source de préoccupation, l'obtention d'un résultat concret à la prochaine Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21) «n'est pas certaine», a observé le Haut-Commissaire, «les débats étant encore dominés par les intérêts nationaux étroits». De même, le financement de la réalisation des nouveaux objectifs du développement durable n'est pas non plus assuré: il faudrait, à cet égard, rééquilibrer les priorités entre la finance mondiale et la protection des droits de l'homme, «à laquelle ne sont malheureusement allouées que les miettes du budget», a regretté le Haut-Commissaire.

L'année 2015 se termine donc, malgré les efforts consentis, par une accumulation de problèmes, a relevé M. Zeid. Les États ne doivent pas laisser prévaloir les instincts les plus primaires de l'être humain: ils doivent au contraire mettre l'accent sur l'éducation et tout mettre en œuvre pour modifier l'état d'esprit des populations en faveur de la lutte contre la discrimination raciale. Les travaux du Comité contribuent utilement à cette évolution, a conclu le Haut-Commissaire.

Dans le cadre d'un échange avec le Haut-Commissaire, plusieurs membres du Comité ont également souligné que les minorités ne devaient pas devenir les boucs-émissaires dans les situations de conflit: l'équilibre doit donc être trouvé entre la réponse sécuritaire et la protection des droits fondamentaux de chacun. Cet équilibre dépend non seulement de l'adoption du cadre juridique nécessaire, mais aussi de l'existence d'une culture propice au respect. Le Comité mise sur la culture – en particulier la diversité culturelle – en tant que soutien important à la lutte contre le racisme. Les experts ont aussi relevé que grâce à l'action du Comité, la Convention s'était muée en un outil dynamique, capable de s'adapter à de nombreuses situations problématiques, comme par exemple la protection des droits des Dalits ou encore la lutte contre l'apartheid.

M. José Francisco Cali Tzay, Président du Comité, a rappelé que le 21 décembre prochain marquerait non seulement le cinquantième anniversaire de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, mais aussi le début de la Décennie internationale des personnes d'ascendance africaine. M. Cali Tzay a souligné que la montée du terrorisme, avec son cortège de victimes partout dans le monde, obligeait la communauté internationale à prendre garde aux causes et conséquences des actes racistes de l'État islamique: le respect des dispositions de la Convention revêt une importance primordiale dans un tel contexte.

Le Comité a observé une minute de silence à la mémoire des victimes des attaques terroristes perpétrées récemment au Mali, en France et au Liban.


Le Comité tiendra demain matin, à 10 heures, une réunion informelle publique avec des organisations non gouvernementales concernant le rapport du Saint-Siège (CERD/C/VAT/16-23), qui sera examiné à partir de cet après-midi.


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

CERD15/027F