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LE COMITÉ CONTRE LA TORTURE OUVRE SES TRAVAUX EN PRÉSENCE DU HAUT-COMMISSAIRE DES NATIONS UNIES AUX DROITS DE L'HOMME

Compte rendu de séance

Le Comité contre la torture a ouvert, ce matin, les travaux de sa cinquante-sixième session en présence du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, M. Ra'ad Zeid al-Hussein, avant d'adopter l'ordre du jour et le programme de travail de la session, qui prévoient en particulier l'examen des rapports du Liechtenstein, de l'Azerbaïdjan, de l'Autriche, du Danemark, de la Chine (ainsi que des Régions administratives spéciales de Hong Kong et Macao) et de la Jordanie.

Le Haut-Commissaire a rendu hommage au rôle joué par le Comité dans un contexte marqué par les conflits qui s'éternisent et par une crise des réfugiés qui met à l'épreuve la solidarité et le respect de la dignité qui sous-tendent l'action des Nations Unies. Le Haut-Commissaire a fait toutefois exprimé son profond pessimisme devant l'insuffisance de l'action en faveur des victimes et des survivants de la torture, ainsi que des familles de personnes disparues. Le Haut-Commissaire a dit redouter d'autre part «que la situation dans plusieurs pays ne devienne incontrôlable», comme par exemple au Burundi. «Va-t-on revenir à l'époque des dictatures ?», s'est interrogé le Haut-Commissaire, très préoccupé par l'accumulation des signaux d'alarme et des informations inquiétantes concernant un nombre grandissant de pays. Le Haut-Commissaire s'est également dit inquiet du sort réservé aux migrants en Europe: dans toutes ces situations, la question est de savoir si la communauté internationale «en fait assez».

M. Zeid s'est demandé comment compléter le travail de qualité du Comité pour contrer la régression perceptible dans plusieurs pays et pour alléger les pressions exercées sur la société civile. Il a rappelé la nécessité d'insister auprès des États pour leur dire que la torture doit être interdite dans tous les cas. Le Haut-Commissaire a observé qu'aux yeux de nombreux diplomates avec lesquels il discutait, le rôle des organes conventionnels et des mécanismes nationaux dans le domaine des droits de l'homme était précisément de pointer des problèmes que les États ne veulent pas assumer publiquement.

Le Haut-Commissaire a également rappelé la forte baisse, depuis 2011, des contributions volontaires des États aux activités du Haut-Commissariat. En dépit des promesses faites dans le cadre de l'Examen périodique universel du Conseil des droits de l'homme, il semble que les États choisissent délibérément de négliger les activités relatives aux droits de l'homme, a regretté le Haut-Commissaire. Dans ces conditions, il a appelé le Comité à améliorer encore ses méthodes de travail.

Le Président du Comité, M. Claudio Grossman, a relevé que les mécanismes des droits de l'homme des Nations Unies coûtaient incomparablement moins chers que d'autres postes de dépense des États. Le président a expliqué que, dans le cadre de son mandat, le Comité avait déjà pris des décisions ayant une influence réelle sur la vie des gens. Il exerce non seulement une influence sur les programmes gouvernementaux mais aussi sur les mentalités dans certaines sociétés. Mais il est vrai que ses résultats sont toujours perfectibles et que les situations doivent souvent se lire en demi-teinte. Le Comité sait qu'il doit réfléchir sans cesse à la manière d'améliorer sa manière de fonctionner et à la façon de protéger les personnes qui collaborent à son action, a relevé M, Grossman.

Au cours du débat avec le Haut-Commissaire, les membres du Comité ont notamment relevé que le rôle d'alerte du Haut-Commissaire n'est pas exactement le même que celui des organes conventionnels. Le Comité, s'il ne dispose pas des outils pour gérer une crise telle que celle qui frappe le Burundi, peut néanmoins recommander les mesures à prendre pour améliorer la situation en profondeur dans les pays. «L'action du Comité ne se lit pas dans les journaux et n'apparaît pas à la télévision», a constaté une experte. Une autre a souligné que certains États qui ont ratifié des instruments internationaux n'hésitent pas, dans le même temps, à pratiquer des exécutions extrajudiciaires. Sans doute le Comité a-t-il un «devoir de re-démocratiser» les sociétés, a souligné à cet égard un autre expert. Plusieurs experts ont demandé au Haut-Commissariat de rendre les États attentifs aux besoins de financement des activités des organes conventionnels des droits de l'homme.

Cet après-midi à 15 heures, le Comité entamera l'examen du rapport du Liechtenstein (CAT/C/LIE/4).



Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

CAT15/026F