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LE COMITÉ DES DROITS ÉCONOMIQUES, SOCIAUX ET CULTURELS EXAMINE LE RAPPORT DU SOUDAN

Compte rendu de séance
Suite à sa partition, le Soudan a perdu 70% de ses revenus et la communauté internationale n'a pas tenu ses promesses, affirme la délégation

Le Comité des droits économiques, sociaux et culturels a examiné hier après-midi et ce matin le rapport du Soudan sur les mesures prises par le pays pour mettre en œuvre les dispositions du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.

Le rapport a été présenté par le Ministre d'État au Ministère des affaires étrangères du Soudan,
M. Kamal Ismael Saeed, qui a rappelé que le Soudan, deuxième pays d'Afrique par sa superficie, venait juste de sortir d'un long conflit qui a abouti à la séparation entre Soudan et Soudan du Sud. Mais le pays connaît encore des problèmes au Darfour et dans d'autres régions du pays. Peuplé d'environ 34 millions d'habitants, le Soudan recèle d'énormes ressources naturelles; mais il ne s'agit que d'un potentiel qui n'a pas encore été exploité. Le Soudan est parvenu à atteindre, à partir de 1998, c'est-à-dire à compter du moment où a commencé l'exploitation du pétrole dans le pays, un taux de croissance de 9%. Mais suite à la partition du pays, le Soudan a perdu 70% de ses revenus et 80% de ses exportations pétrolières. Le Soudan est quand même parvenu à survivre à cette situation, mais les difficultés ont été importantes, le pays étant passé de 9% à 2,5% de croissance. Le Ministre d'État a fait valoir que le pays n'avait jamais baissé les bras et que les ressources étaient utilisées de manière efficace afin de surmonter les difficultés, le Soudan parvenant petit à petit à rééquilibrer la situation. M. Saeed a ensuite attiré l'attention sur la situation politique, elle aussi difficile, que connaît le Soudan alors que les groupes rebelles continuent à frapper le Gouvernement. Il a par ailleurs déploré que la communauté internationale n'ait pas tenu ses promesses et ait laissé tomber son pays.

La délégation du Soudan était également composée de Mme Khadija Abul Gasim, Sous-Secrétaire au Ministère de la protection sociale, et du Commissaire pour l'aide humanitaire, M. Ahmed Adam, ainsi que de représentants du Ministère de la santé; du Ministère des affaires étrangères; du Ministère de la justice; du Conseil national pour le bien-être de l'enfant; et du Conseil consultatif pour les droits de l'homme. La délégation a répondu aux questions qui lui étaient posées par les membres du Comité s'agissant, entre autres, de la future constitution; de la lutte contre la corruption; de la consultation et du consentement préalables des populations concernées par les chantiers de construction de barrages; de l'impact des mesures coercitives unilatérales prises contre le pays; de la liberté de religion; de la situation des femmes et des violences contre les femmes, y compris pour ce qui a trait aux mutilations génitales féminines et au viol; de la lutte contre la pauvreté; de la situation des réfugiés et personnes déplacées; des questions de santé et d'éducation; ou encore de l'impact sanitaire de l'embargo imposé au Soudan par les États-Unis.

Le rapporteur du Comité pour l'examen du rapport du Soudan, M. Aslan Abashidze, a souligné qu'il convenait de tenir compte du fait que le Soudan, du fait de sa partition, a sacrifié l'essentiel des revenus qu'il tirait de l'exploitation pétrolière. Le Soudan connaît de nombreuses difficultés, au nombre desquelles le manque de mécanismes permettant d'appliquer les normes. Par ailleurs, la pauvreté pose un immense problème dans ce pays. Le développement économique du Soudan reste déséquilibré, avec la persistance de fortes disparités entre le centre et les régions. M. Abashidze a aussi attiré l'attention sur la persistance du problème des personnes déplacées à l'intérieur du pays, soulignant que les femmes parmi ces personnes sont gravement exposées aux risques de viol et autres violences.

Le Comité adoptera des observations finales sur le rapport du Soudan dans le cadre de séances privées qui se tiendront avant la fin de la session.


Lors de sa prochaine séance publique, lundi après-midi à 15 heures, le Comité entamera l'examen du rapport de la Grèce (E/C.12/GRC/2).

Présentation du rapport

Le Comité est saisi du rapport du Soudan (E/C.12/SDN/2), ainsi que de ses réponses (E/C.12/SDN/Q/2/Add.1) à la liste de points à traiter que lui a adressée le Comité (E/C.12/SDN/Q/2 ).

Présentation du rapport

M. KAMAL ISMAEL SAEED, Ministre d'État au Ministère des affaires étrangères, a rappelé que le Soudan, deuxième pays d'Afrique par sa superficie, venait juste de sortir d'un long conflit, par le biais d'un traité de paix ayant abouti à la séparation entre Soudan et Soudan du Sud. Mais nous continuons de connaître des problèmes au Darfour et dans d'autres régions du pays, a-t-il reconnu. Peuplé d'environ 34 millions d'habitants, le Soudan recèle d'énormes ressources naturelles; mais il ne s'agit encore que d'un potentiel qui n'a pas encore été exploité, a-t-il ajouté. À partir de 1998, c'est-à-dire à compter du moment où a commencé l'exploitation du pétrole dans le pays, le Soudan était parvenu à atteindre un taux de croissance de 9%. Mais suite à la partition du pays, le Soudan a perdu 70% de ses revenus et 80% de ses exportations pétrolières, a souligné M. Saeed. Le Soudan est quand même parvenu à survivre à cette situation, mais les difficultés ont été importantes, le pays étant passé de 9% à 2,5% de croissance, a-t-il indiqué. De pays exportateur, le Soudan est devenu importateur de pétrole, a-t-il fait observer. Mais nous n'avons jamais abandonné et nous distribuons nos ressources de manière efficace afin de surmonter les difficultés, a-t-il déclaré, avant d'affirmer que les choses ont peu à peu été rééquilibrées.

M. Saeed a ensuite attiré l'attention sur la situation politique également difficile que connaît le Soudan alors que les groupes rebelles continuent à frapper le Gouvernement. Face à ces difficultés économiques et politiques, il faut défendre le pays tout en développant et distribuant les ressources dans les quatre régions que compte le Soudan, a-t-il souligné. À cet égard, il a précisé que l'essentiel des ressources a été consacré au Darfour, qui est la région la plus peuplée, ce qui a permis dans une certaine mesure de stabiliser la situation.

Le Ministre a par ailleurs souligné que le Soudan a engagé de profondes réformes juridiques. Le système fiscal mis en place dans le pays impose les plus riches pour redistribuer l'argent en direction des plus pauvres, a-t-il ajouté. Il a souligné que le Soudan comptait plus de 300 groupes ethniques, parlant une multitude de langues et de dialectes. Les autorités veillent à ce que chacun tire parti de cette diversité plutôt que d'en faire une source de conflit, en s'efforçant d'impliquer tous les groupes et communautés dans la vie sociale, a-t-il déclaré. Il y a bien çà et là quelques rébellions et oppositions, mais la grande majorité des Soudanais vivent côte-à-côte et sont satisfaits de l'ambiance générale, a assuré M. Saeed.

Le Ministre d'État au Ministère des affaires étrangères a déploré que la communauté internationale n'ait pas tenu ses promesses et ait laissé tomber son pays. Il a en outre dénoncé l'attitude de ceux qui, au sein de la communauté internationale, ont continué à soutenir les groupes rebelles qui attaquent le pays.

Le Soudan n'a ménagé aucun effort pour mettre en œuvre les recommandations que le Comité lui avait adressées à l'issue de l'examen du précédent rapport, mais a malheureusement été freiné dans cet élan par ses capacités limitées, a conclu M. Saeed.

Examen du rapport

Questions et observations des membres du Comité

M. ASLAN ABASHIDZE, rapporteur du Comité pour l'examen du rapport du Soudan, a fait observer que la présentation de ce rapport accusait un retard de neuf ans. Il convient de tenir compte que le Soudan, par sa partition, a sacrifié l'essentiel des revenus qu'il tirait de l'exploitation pétrolière, a-t-il souligné. Le Soudan connaît néanmoins des difficultés au nombre desquelles le manque de solution politique globale, l'insécurité et l'insuffisance des mesures préventives telles que les mécanismes de résolution des conflits. Il existe en outre des lacunes en termes d'application des lois et politiques existantes et de capacités d'organes chargés de cette application. La pauvreté pose un immense problème dans ce pays, a rappelé le rapporteur.

Pour quand l'adoption de la nouvelle Constitution est-elle prévue et cette Constitution garantira-t-elle les droits économiques, sociaux et culturels énoncés dans le Pacte, a ensuite demandé le rapporteur?

Le Gouvernement soudanais entend-il amender ses politiques en tenant compte des 17 objectifs du développement durable à l'horizon 2030, a par ailleurs demandé M. Abashidze? Le Soudan a en effet l'opportunité d'utiliser ces ODD pour s'attaquer à la pauvreté, a-t-il fait observer.

M. Abashidze a ensuite voulu savoir s'il existait au Soudan des organisations non gouvernementales (ONG) qui traitent de la promotion et de la protection des droits économiques, sociaux et culturels et, le cas échéant, dans quelle mesure ces ONG ont été impliquées dans le processus d'élaboration du présent rapport.

Le développement économique du Soudan reste déséquilibré, avec la persistance de fortes disparités entre le centre et les régions, a poursuivi le rapporteur, avant d'attirer l'attention sur la persistance du problème des personnes déplacées à l'intérieur du pays, soulignant que les femmes parmi ces personnes sont fort exposées aux risques de viol et autres violences.

Quelle est la stratégie déployée par les autorités soudanaises pour améliorer les conditions de vie des femmes divorcées, veuves et handicapées, a en outre demandé M. Abashidze?

Le rapporteur a en outre déploré le manque de clarté des procédures afférentes à l'acquisition et à la transmission de la nationalité soudanaise.

Plusieurs membres du Comité ont souhaité en savoir davantage sur les mesures prises par les autorités soudanaises pour lutter contre la corruption.

Un expert s'est enquis de la place du Pacte dans l'ordre juridique interne. Les dispositions du Pacte ont-elles déjà été invoquées directement devant les tribunaux du pays, a-t-il demandé? Il a souhaité en savoir davantage au sujet de la discrimination à l'égard des femmes en matière, notamment, de succession et de mariage. Cet expert s'est en outre enquis des éventuelles intentions du Soudan de ratifier le Protocole facultatif se rapportant au Pacte (qui reconnaît la compétence du Comité pour recevoir et examiner des plaintes individuelles).

Une experte a souligné que le Soudan avait accueilli un nombre impressionnant de réfugiés – plus de 300 000 cette année. Aussi, s'est-elle enquise de la politique précise que les autorités entendent appliquer concernant cette question. À l'instar du rapporteur, cette experte a elle aussi évoqué les problèmes soulevés en termes d'acquisition de la nationalité par la partition du pays entre Soudan et Soudan du Sud.

Qu'en est-il de la protection de la propriété foncière coutumière, eu égard aux exigences de protection des droits collectifs des communautés, a demandé un expert? De l'avis de la délégation, les investisseurs au Soudan sont-ils soumis à suffisamment de règles pour que l'on puisse considérer comme protégés les droits des Soudanais dans ce contexte, a par ailleurs demandé cet expert?

Un autre membre du Comité s'est inquiété de la faible présence d'institutions de l'état de droit et d'institutions des forces de l'ordre en dehors des grandes agglomérations. Qu'en est-il exactement de la pratique des tribunaux mobiles, a-t-il demandé? Relevant l'existence d'institutions de justice coutumière chargées de régler les différends, cet expert s'est enquis de ce qu'a entrepris le Gouvernement pour veiller à ce que les personnes impliquées dans ce système coutumier aient dûment connaissance des dispositions du Pacte. Il a en outre attiré l'attention sur la pénurie de juristes et autres personnels de justice au Soudan.

Un autre expert a fait part de ses préoccupations face à la construction d'énormes barrages sur le Nil, la construction de l'un d'eux ayant provoqué le déplacement d'environ 10 000 familles, comme l'indique le rapport présenté par le Soudan. Le Gouvernement a-t-il tiré des leçons de cette expérience et comprend-il mieux le principe de consultation et de consentement préalables des personnes concernées, a demandé l'expert? Tout en se réjouissant que la Constitution reconnaisse la liberté de religion, cet expert s'est ensuite inquiété d'informations faisant état de discriminations à l'encontre des personnes, notamment chrétiennes, qui ne souscrivent pas aux préceptes, assez stricts, de l'islam tel qu'appliqué par l'État soudanais.

Qu'en est-il exactement de l'incrimination des relations homosexuelles, a-t-il été demandé?

Le taux d'emploi des femmes est extrêmement faible, s'est inquiétée une experte.

Qu'en est-il de la protection des retraités et des planchers de sécurité sociale au Soudan, a-t-il en outre été demandé?

Un membre du Comité s'est inquiété d'informations laissant entendre qu'en dépit d'une reconnaissance de la liberté syndicale, tous les syndicats doivent en fait être affiliés à la Fédération syndicale soudanaise.

Quand les autorités soudanaises entendent-elles mettre un terme à leurs pratiques de démolition et d'expulsion de personnes se trouvant dans des squats et dans des camps de personnes déplacées, a demandé un expert? Quand le Gouvernement va-t-il cesser de confisquer des terres agricoles à des fins d'investissements par des sociétés privées et étrangères, a-t-il également demandé?

Au Soudan, quatre millions de personnes vivent depuis plusieurs années dans l'insécurité alimentaire, notamment au Darfour, s'est inquiété un autre membre du Comité, avant de s'enquérir des mesures prises par les autorités pour lutter contre les hausses soudaines de prix des denrées alimentaires. Cet expert a rappelé que dans de tels contextes, il convient généralement d'assurer aux populations la fourniture de denrées subventionnées prélevées dans les réserves nationales.

Une experte s'est inquiétée des violences et discriminations dont sont victimes les réfugiés et les femmes dans le pays.

Des préoccupations ont en outre été exprimées face aux taux élevés de mortalité maternelle et infantile, une experte soulignant que la malnutrition semble être la cause principale de la mortalité des enfants de moins de cinq ans.

Un expert s'est dit frappé par les grandes disparités entre régions en termes de pauvreté.

Que font les autorités soudanaises en faveur de la réintégration sociale des enfants ayant été enlevés pour être intégrés dans des unités militaires, a demandé un membre du Comité?

Qu'en est-il de la scolarisation au niveau du primaire et des écarts régionaux en la matière, a demandé un expert – s'inquiétant d'informations laissant entendre que ce taux serait de près de 75% dans la capitale contre 25% au Darfour.

Plusieurs experts ont souhaité en savoir davantage au sujet de la pratique des mutilations génitales féminines au Soudan.

Un membre du Comité a souhaité en savoir davantage au sujet des conflits entre nomades et agriculteurs autour des problèmes d'accès à l'eau et à la terre. Au Soudan, la malnutrition reste un problème grave qui touche 33% des enfants de 6 mois à cinq ans, a ajouté cet expert. Les taux de scolarisation sont plus faibles dans les zones rurales que dans les zones urbaines, s'est-il par ailleurs inquiété.

Le moment est très opportun pour intégrer les dispositions du Pacte dans la Constitution du pays, a fait observer un membre du Comité. Une experte a pour sa part déclaré ne pas saisir ce qui empêche le Soudan de ratifier la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.

Réponses de la délégation

S'agissant de l'inclusion des dispositions du Pacte dans la future constitution, la délégation a rappelé que c'est une Constitution de transition qui a été adoptée en 2005 dans le cadre de l'Accord de paix global. Pour la future nouvelle Constitution, les préoccupations du Comité seront dûment prises en compte, a déclaré la délégation, avant d'assurer que la Constitution actuelle contient d'ores et déjà la plupart des éléments contenus dans le Pacte, a assuré la délégation.

Pour ce qui est de la corruption, la délégation a reconnu qu'il s'agit effectivement d'une question essentielle. En effet, la corruption entrave voire détruit la vie (économique, sociale et politique) dans la plupart des pays en développement. Le Soudan, pour sa part, fait de son mieux pour lutter contre ce fléau; le pays dispose de plusieurs lois visant à combattre la corruption en poursuivant ceux qui s'y adonnent, a poursuivi la délégation, ajoutant que la corruption va à l'encontre des valeurs et de ce en quoi croient les Soudanais. La corruption n'est pas socialement acceptable, a insisté la délégation. Dès que l'on s'aperçoit que quelqu'un est corrompu, cette personne est immédiatement éliminée de la vie politique, a-t-elle déclaré.

La délégation a par ailleurs fait valoir l'existence d'une loi garantissant l'anonymat des lanceurs d'alerte.

S'agissant de la liberté de religion, la délégation a rappelé que la société soudanaise est multiculturelle et multireligieuse. Il n'y a pas de ségrégation religieuse au Soudan, a-t-elle déclaré; soyez certains que nous n'acceptons aucune ségrégation religieuse, a-t-elle insisté.

La délégation a ensuite indiqué que le Soudan avait construit trois barrages. Préalablement à ces chantiers, des études de faisabilité ont été menées et les communautés locales ont été dûment consultées, a-t-elle assuré. Elle a fait valoir que les terres qui leur ont été accordées en amont des rivières ont été quinze fois plus grandes que celles qu'elles avaient quittées, de sorte que ces communautés pouvaient désormais produire beaucoup plus qu'auparavant.

Il existe des garanties contre l'expropriation abusive, a par ailleurs indiqué la délégation.

La délégation a ajouté que les autorités soudanaises travaillent à la réforme agraire afin de redistribuer de manière équitable les terres.

La délégation a ensuite dénoncé les mesures coercitives unilatérales prises contre le Soudan comme équivalant à une ségrégation sociale et à un crime contre la nation soudanaise. On nous a non seulement privés d'aide financière mais aussi de médicaments et d'équipements médicaux, ce qui est une honte, a déclaré la délégation. Des centaines de personnes sont décédées du cancer parce qu'elles n'ont pu accéder aux traitements médicaux adéquats, a-t-elle affirmé. Ces mesures unilatérales relèvent donc d'un agenda politique immoral, a insisté la délégation.

Les femmes perçoivent les mêmes salaires que les hommes et parfois même de meilleurs salaires, a par ailleurs affirmé la délégation. Elle a assuré que les autorités soudanaises n'ont aucune intention de procéder à une quelconque discrimination à l'encontre des femmes. Il n'en demeure pas moins vrai que dans les faits, les femmes sont plus nombreuses à travailler dans le secteur informel que dans le secteur officiel.

Des mesures de discrimination positive ont été mises en place en faveur des femmes, a ensuite indiqué la délégation. L'article 32 de la Constitution intérimaire de 2005 prévoit des mesures d'action affirmative en faveur des femmes, qui ont droit à une représentation de 25% dans les organes législatifs, ce quota ayant été porté à 30% en 2014. Actuellement, la proportion de femmes au Parlement se situe au-dessus de ce seuil, a précisé la délégation.

En ce qui concerne la violence contre les femmes, la délégation a attiré l'attention sur l'existence d'une ligne téléphonique permettant de recueillir les plaintes. Un kit contraceptif est proposé aux victimes de viol pour les 72 heures qui suivent le viol. Le délai de prescription du crime de viol est de cinq ans, a précisé la délégation. La loi pénale a été révisée en 2015 en modifiant la définition du viol et en définissant pour la première fois le harcèlement sexuel, a-t-elle en outre indiqué.

La délégation a par ailleurs fait état d'un projet de loi portant interdiction des mutilations génitales féminines et a exprimé l'espoir que d'ici 2018, cette pratique aura été éradiquée dans le pays.

Au Soudan, le taux de pauvreté est de 46,5%, a indiqué la délégation, ajoutant être en train de préparer une stratégie globale de réduction de la pauvreté. Mesures coercitives unilatérales et dette publique représentent des fardeaux pour le citoyen soudanais, a-t-elle en outre rappelé. Dans le cadre de l'initiative sociale de lutte contre la pauvreté, une aide financière directe est versée depuis 2010 à environ 500 000 familles dans les 18 provinces du pays.

Indiquant que les personnes handicapées représentent 15% de la population soudanaise, la délégation a fait valoir que des prêts à taux zéro sont accordés aux handicapés les pauvres. Des aides sont également accordées aux étudiants pauvres, ainsi qu'aux femmes pauvres, entre autres.

Le Soudan compte quelque 2,3 millions de réfugiés et personnes déplacées, principalement dans des zones contrôlées par le Gouvernement et surtout dans les grandes villes et autour, a indiqué la délégation. Un Plan pour les personnes déplacées a été adopté qui définit les principes de leur traitement et de la satisfaction de leurs besoins fondamentaux. Il est envisagé dans ce contexte d'offrir la possibilité d'un retour volontaire, les décisions en la matière tenant compte de la volonté des personnes déplacées elles-mêmes.

Certaines parties des territoires des États du Nil bleu et du Kordofan du Sud sont placées sous le contrôle de mouvements rebelles, a poursuivi la délégation, attirant l'attention sur l'intransigeance des groupes rebelles qui ont refusé une proposition d'approche tripartite de la résolution des problèmes impliquant l'Union africaine, la Ligue arabe et les Nations Unies.

Les centaines de milliers de personnes arrivées du Soudan du Sud se sont vu accorder le statut de personnes déplacées jouissant des droits de propriété et de résidence, a fait valoir la délégation.

S'agissant des questions de santé, la délégation a fait part de la mise en œuvre d'un projet qui a vu la création de dizaines de postes de sages-femmes, la construction de salles d'accouchement, la formation de plus de 300 médecins et en fin de compte d'innombrables interventions gratuites dont ont bénéficié plus de 4,4 millions d'enfants de moins de cinq ans.

Le taux de mortalité infantile au Soudan a fortement chuté, a en outre fait valoir la délégation.

La délégation a indiqué être en mesure de fournir la liste des entreprises et laboratoires qui refusent de fournir au Soudan les médicaments que le pays leur demande. Le Soudan se retrouve donc à se procurer ces médicaments sur le marché noir, après le non-aboutissement de demandes faites auprès de la France, du Royaume-Uni et d'autres pays. L'embargo imposé au Soudan par les États-Unis a un effet absolument destructeur sur le pays, a insisté la délégation. Cet embargo représente un véritable obstacle, a-t-elle déclaré, précisant que plus d'une quarantaine d'entreprises américaines ont refusé de répondre aux demandes soudanaises. Cela n'a rien de politique que de priver un cancéreux de son traitement ou d'empêcher un patient qui souffre d'insuffisance rénale de se faire dialyser, a souligné la délégation.

Outre le droit à la santé, d'autres projets ont été touchés par cet embargo, ce qui a entraîné le déplacement de nombreuses familles, du fait que les emplois dans certains secteurs ne pouvaient pas être maintenus. Tel est notamment le cas du secteur de l'aviation civile, que ce soit pour le transport de personnes ou pour le fret. Tel est également le cas du secteur du transport maritime, a ajouté la délégation. Le Soudan n'a plus la possibilité d'entretenir ses avions alors qu'il possédait auparavant l'une des meilleures compagnies aériennes d'Afrique, a-t-elle insisté.

Le Soudan est un exportateur net de denrées alimentaires, a fait observer la délégation. Mais le problème est que l'on nous a appris à consommer du blé alors que nous produisons d'autres types de céréales, de sorte que le Soudan se retrouve à devoir importer quelque 2,5 millions de tonnes de blé, a-t-elle expliqué. Le Soudan entend donc se tourner davantage vers la production de blé, afin de résoudre ce problème, a indiqué la délégation.

Il y a au Soudan plus de 8000 enfants vivant dans les rues et travaillant de manière illégale, a indiqué la délégation.

Selon certaines informations, il y aurait un million d'enfants non scolarisés au Soudan et c'est un problème que les autorités entendent bien prendre à bras le corps, a poursuivi la délégation, faisant valoir la hausse considérable des capacités d'accueil scolaire ces dernières années et l'augmentation sensible des taux de scolarisation. L'ensemble de cette problématique renvoie aux problèmes de pauvreté, à l'absence de ressources et au niveau élevé de la dette souveraine, a souligné la délégation.

Il nous a été reproché de trop accorder d'aide au développement d'une région spécifique, en l'occurrence le Darfour, qui a bénéficié d'une aide totale de 600 millions de dollars. Probablement autour de 60% des habitants du Darfour sont des nomades, qui se déplacent donc sans cesse, ce qui peut probablement expliquer les différences existantes en termes de taux de scolarisation entre le Darfour et Khartoum.

L'article 27 de la Constitution stipule que tout instrument international ratifié par le Soudan devient partie intégrante du droit national, a souligné la délégation; les juges doivent respecter cela, a-t-elle ajouté.

Conclusion du rapporteur

M. ABASHIDZE s'est dit satisfait par le dialogue amical et fondé sur la confiance qui s'est noué entre les experts et la délégation soudanaise. Les réponses apportées par la délégation aux questions qui lui étaient posées n'ont pas toujours été complètes, mais le Comité comprend aujourd'hui mieux ce qu'il en est de la promotion et de la protection des droits économiques, sociaux et culturels au Soudan, a déclaré le rapporteur. Il a exprimé l'espoir que les observations finales que le Comité adressera au pays contribueront à l'optimisation des ressources consacrées à la mise en œuvre des dispositions du Pacte, ce qui, en fin de compte, contribuera au bien-être de la population soudanaise.


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ESC15/028F