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COMITÉ POUR L'ÉLIMINATION DE LA DISCRIMINATION À L'ÉGARD DES FEMMES: AUDITION D'ONG SUR L'APPLICATION DE LA CONVENTION PAR LE TURKMÉNISTAN

Compte rendu de séance

Le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes a tenu, cet après-midi, une brève réunion informelle publique avec des représentants d'organisations non gouvernementales concernant la mise en œuvre de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes au Turkménistan, dont le rapport sera examiné jeudi prochain.

Les représentantes des deux organisations non gouvernementales suivantes sont intervenues: Central Asian Gender and Sexuality Adovacy Network et Norwegian Helsinki Committee.

Ainsi, la représentante de Central Asian Gender and Sexuality Adovacy Network a attiré l'attention sur des questions qu'elle a jugées prioritaires s'agissant du Turkménistan, à savoir le déni des libertés politiques des femmes; les stéréotypes culturels; la violence contre les femmes; les femmes les plus à risques; ainsi que les questions de santé et de sexualité. Elle a notamment insisté sur les stéréotypes culturels persistants en rapport avec les pratiques ethniques et tribales comme les mariages arrangés. Il y a au Turkménistan de nombreux incidents de viols et de relations sexuelles forcées, y compris au sein du mariage. Si le viol, y compris au sein du mariage, est illégal et puni de 3 à 25 ans d'emprisonnement, il n'est quasiment jamais rapporté en raison de la honte et de la crainte des victimes. En outre, l'agression sexuelle et le harcèlement sexuel ne sont pas pris en compte par la loi, a dénoncé la représentante. Elle a en outre fait observer que l'homosexualité est criminalisée au Turkménistan et considérée comme un trouble mental, les femmes homosexuelles devant subir des cures dans des institutions psychiatriques. D'autre part, le choix de contraceptifs accessibles est limité, a déploré la représentante. Par ailleurs, les femmes au Turkménistan craignent d'accoucher dans les hôpitaux en raison de la forte prévalence des infections contractées en milieu hospitalier, de la mortalité infantile et du manque de médecins qualifiés.

Une représentante du Norwegian Helsinki Committee a affirmé que le Turkménistan est l'un des pays les plus fermés et les plus répressifs du monde. Il figure en bas de la liste pour ce qui est des libertés politiques, de la liberté des médias, de la liberté d'association, des libertés d'assemblée et de parole, de la liberté de religion ou de croyance et de la liberté de mouvement, a-t-elle insisté. Les familles préfèrent envoyer leurs fils à l'université plutôt que leurs filles, qui, lorsqu'elles essaient d'y accéder, ne sont pas acceptées dans bien des cas. La représentante a également attiré l'attention sur la prison pour femmes à Dashoguz, dans le nord du pays, où sont détenues plus de 2000 femmes alors que la capacité de cette prison est d'un millier de places.

Une experte du Comité ayant souhaité en savoir davantage au sujet du «Mouvement de renaissance nationale», la représentante d'une ONG a indiqué que ce mouvement avait officiellement disparu, mais que les valeurs qu'il véhiculait par ce mouvement sont toujours fortement présentes dans la société turkmène; les universitaires et les journalistes, par exemple, sont très influencés par ce mouvement.

Si les cas de traite de personnes sont sévèrement sanctionnés par la loi, le fait est que si la personne accusée libère volontairement les personnes en question, il n'y a pas de poursuites, a en outre affirmé la représentante d'une ONG. Elle a par ailleurs souligné que pour nombre d'infractions relevant de la Convention, «il ne faut pas s'attendre à ce qu'il y ait un procès équitable au Turkménistan».


À sa prochaine séance publique, mercredi matin à 10 heures, le Comité entamera l'examen du rapport des Comores (CEDAW/C/COM/1-4).


Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

CEDAW12/019F