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LE COMITÉ POUR L'ÉLIMINATION DE LA DISCRIMINATION À L'ÉGARD DES FEMMES EXAMINE LE RAPPORT PÉRIODIQUE DU LESOTHO

Compte rendu de séance

Le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes a examiné aujourd'hui le rapport présenté par le Lesotho sur les mesures prises par ce pays pour se conformer aux dispositions de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.

La Ministre de la justice, des droits de l'homme et des services correctionnels du Lesotho, Mme Mpeo Mahase-Moiloa, a indiqué que des efforts ont été déployés pour sensibiliser la population à la révision des lois coutumières conformément à la Loi de 2006 sur la capacité juridique des personnes mariées. Le Lesotho a en effet un système juridique mixte, dans lequel coexistent le droit coutumier et la common law. La Ministre a attiré l'attention sur la Loi foncière adoptée en juin 2010, qui assure l'égalité entre hommes et femmes s'agissant des titres fonciers. Elle a aussi indiqué qu'une loi contre le trafic de personnes avait été adoptée cette année. Une Loi de 2011 sur la protection et le bien-être des enfants prévoit pour sa part qu'un mariage de toute personne de moins de 18 ans n'est pas valide. La Ministre a par ailleurs fait valoir que la part des femmes atteignait 39% dans le Conseil des ministres et 67% pour ce qui est des postes de vice-ministres. La violence fondée sur le sexe est en hausse et reste l'un des principaux défis auxquels sont confrontées les femmes au Lesotho, a toutefois reconnu la Ministre. Elle a en outre souligné que le VIH/sida représente également l'un des principaux défis du pays, en particulier au regard de la vulnérabilité croissante des femmes à cette épidémie. Le Gouvernement du Lesotho est en train de construire des cliniques et de doter les installations de santé des équipements nécessaires afin de remédier à la mortalité maternelle, a d'autre part fait valoir la Ministre.

La Ministre de la condition féminine, de la jeunesse, des sports et des loisirs, Mme Mathabiso Lepono, faisait également partie de la délégation, ainsi que le Représentant permanent du Lesotho à Genève, M. Anthony Mothae Maruping, entre autres. Elle a fourni aux experts des compléments d'information en ce qui concerne, notamment, la place du droit coutumier dans le pays et notamment dans le cadre du processus de réforme en cours; la représentation des femmes dans la vie politique et publique; la création éventuelle d'une commission nationale des droits de l'homme; l'interdiction des châtiments corporels; la lutte contre la traite de personnes; les questions de santé, s'agissant notamment de la pandémie du sida et de ses conséquences; ou encore les questions de travail et d'emploi et la situation dans le domaine de l'éducation.

Le Comité présentera ses observations finales sur le rapport du Lesotho à la fin de la session, le vendredi 21 octobre 2011.


Demain matin, à 10 heures, le Comité entamera l'examen du rapport initial du Tchad (CEDAW/C/TCD/1-4).

Présentation du rapport

MME MPEO MAHASE-MOILOA, Ministre de la justice, des droits de l'homme et des services correctionnels du Lesotho, a expliqué que le retard dans la présentation du rapport du Lesotho est dû à une insuffisance de ressources financières et humaines. Elle a par ailleurs indiqué que le Conseil des droits de l'homme avait examiné la situation au Lesotho au titre de l'Examen périodique universel au mois de mai 2010.

Mme Mahase-Moiloa a ensuite indiqué qu'une série de réunions publiques a été organisée afin de sensibiliser la population à la révision des lois coutumières conformément à la Loi de 2006 sur la capacité juridique des personnes mariées. Le Lesotho a en effet un système juridique mixte, dans lequel coexistent le droit coutumier et la common law, a-t-elle rappelé. Le droit coutumier tire sa force des normes traditionnelles et des pratiques culturelles qui ont été façonnées au fil des siècles, a-t-elle souligné. Aussi, les efforts visant à modifier ces lois et pratiques peuvent-ils s'avérer être un défi, a-t-elle expliqué.

Une évolution importante s'est opérée s'agissant de l'intention de l'État du Lesotho de lever la réserve qu'il a émise à l'égard de l'article 2 de la Convention, a poursuivi la Ministre. En effet, le Gouvernement a apporté un sixième amendement à la Loi constitutionnelle de 2010 qui traite notamment de l'adoption de la Loi sur le référendum; «cela offrira une fenêtre d'opportunité pour traiter non seulement des questions liées à la succession au Trône, mais aussi pour traiter d'autres aspects de la discrimination subsistant dans notre culture, nos normes et nos pratiques», a précisé Mme Mahase-Moiloa.

La Ministre a d'autre part attiré l'attention sur la Loi foncière adoptée en juin 2010, qui abroge celle de 1979 qui établissait une discrimination contre les femmes en matière de propriété foncière. La nouvelle loi prévoit des titres fonciers égaux pour les femmes et pour les hommes; elle facilite également l'accès des femmes au crédit en utilisant la terre comme garantie. Des campagnes intenses sont donc désormais menées afin d'éduquer la population à cette nouvelle évolution, a indiqué Mme Mahase-Moiloa.

En ce qui concerne la violence fondée sur le sexe, la Ministre de la justice, des droits de l'homme et des services correctionnels a relevé qu'elle est en hausse et qu'elle reste l'un des principaux défis auxquels sont confrontées les femmes au Lesotho. Des consultations sont actuellement menées auprès des parties prenantes afin d'assurer que les réalités des femmes et des fillettes soient dûment prises en compte dans le projet de texte sur la violence domestique confié à la Commission de la réforme juridique. La Ministre a en outre fait part d'un projet de loi sur le Code pénal qui prévoit d'améliorer la définition de voies de fait en y incluant la violence entre époux au sein de la famille.

Mme Mahase-Moiloa a par ailleurs indiqué que, consolidant les résultats obtenus lors des élections locales de 2005, au cours desquelles les femmes ont été représentées à hauteur de 58% dans les gouvernements locaux, une loi portant amendement à la Loi sur les élections locales a été adoptée en 2011 qui prévoit un tiers de sièges supplémentaires pour les femmes dans les gouvernements locaux.

La Ministre a ensuite fait part de l'adoption, cette année, d'une loi contre le trafic de personnes. Le Gouvernement est en train d'élaborer un plan national d'action à l'appui de cette loi, a-t-elle précisé. Elle a aussi indiqué qu'un centre d'accueil pour les victimes de la traite abrite actuellement 13 personnes. Depuis avril 2011, 36 nouveaux cas de traite de personnes ont été rapportés au Lesotho, la grande majorité concernant des personnes victimes de trafic du Lesotho vers l'Afrique du Sud.

Mme Mahase-Moiloa a d'autre part indiqué qu'avec la nomination d'une femme au poste de Ministre du travail et de l'emploi, la part des femmes dans le Cabinet a atteint 39% et atteint même 67% pour ce qui est des postes de vice-ministres.

Le VIH/sida reste l'un des principaux défis auxquels le Lesotho est confronté dans son développement, en particulier au regard de la vulnérabilité croissante des femmes à cette épidémie, a poursuivi la Ministre. Aussi, a-t-elle indiqué, un nouveau plan stratégique sur le VIH/sida a-t-il été élaboré pour les années 2011-2016, assorti, pour la même période, d'un plan d'action national révisé sur les femmes, les fillettes et le VIH/sida. Ce dernier plan révisé se concentre sur les questions ayant trait à l'héritage des biens, à la violence sexuelle et fondée sur le sexe, à l'autonomisation économique et à l'accès aux services de santé génésique.

La Ministre a en outre souligné que le Gouvernement du Lesotho était en train de construire des cliniques et de doter les installations de santé des équipements nécessaires afin de remédier à la mortalité maternelle.

Mme Mahase-Moiloa a par ailleurs souligné que le Lesotho avait adopté cette année une Loi sur la protection et le bien-être des enfants qui abroge les précédentes dispositions des lois civiles et coutumières s'agissant de l'âge du mariage et prévoit qu'un mariage de toute personne ayant moins de 18 ans ne sera pas considéré comme valide.

En dépit des contraintes financières existantes et des nombreux défis auxquels le pays doit faire face pour son développement, le Gouvernement du Lesotho reste déterminé à promouvoir l'égalité entre les sexes et l'autonomisation des femmes, a assuré la Ministre. Il n'en est pas moins conscient que beaucoup reste à faire, a-t-elle conclu.

Le rapport périodique du Lesotho (CEDAW/C/LSO/1-4) indique que la situation de la femme au Lesotho s'est progressivement améliorée ces cinquante dernières années et un nombre croissant de femmes occupent des postes de responsabilité. Les femmes sont représentées dans tous les domaines de la vie sociale, politique et culturelle et se sont progressivement émancipées de l'autorité des hommes. Tout en se félicitant de ces progrès, il convient de regarder la réalité en face et de reconnaître que les droits de la femme sont encore bafoués, que les femmes sont encore considérées par certains comme inférieures et peuvent faire l'objet d'une stigmatisation culturelle. Toutefois, des mesures positives ont été prises et continuent à être prises de manière énergique pour corriger la situation. Plus le public prend conscience de la discrimination à l'égard des femmes, plus il réclame des mesures visant à faire cesser cette discrimination, d'où l'engagement sans faille du Lesotho à mettre en place un cadre complet visant à éliminer ce phénomène et à garantir aux femmes le plein exercice de leurs droits.

Au chapitre du statut juridique de la femme au regard de l'accès à la propriété et du mariage, le rapport rappelle que le Lesotho applique un système juridique mixte, dans lequel coexistent le droit coutumier et la common law. Le Lesotho est une société patriarcale, fondée sur les coutumes, la culture et des modèles sociaux où la femme mariée était traitée comme une personne mineure et était donc soumise à l'autorité de son mari; l'autorité et le contrôle sur le patrimoine commun étaient exercés exclusivement par le mari. Dans cette situation de déséquilibre, les femmes, considérées comme des personnes mineures, n'avaient pas qualité pour agir en justice et n'avaient pas la capacité de conclure des contrats ni d'accéder à la propriété. En outre, elles étaient privées de la possibilité de revendiquer le droit de garde de leurs enfants et étaient perçues comme n'étant pas compétentes pour occuper des postes importants de responsabilité. Toutefois, d'importantes améliorations ont été apportées au cadre juridique pour promouvoir les droits des femmes et lever les importants obstacles à leur autonomisation, notamment par l'adoption de lois visant à protéger les droits de la femme. Ainsi, la loi de 2003 sur les infractions sexuelles érige en infraction pénale le viol conjugal; la loi de 2006 sur la capacité juridique des personnes mariées abolit le statut de mineures des femmes mariées sous le régime de la communauté de biens; l'ordonnance de 1992 relative au Code du travail définit comme une discrimination sur le lieu de travail toute exclusion ou préférence fondée sur le sexe, la situation matrimoniale ou la religion; la loi de 2009 portant modification de la loi sur les salaires inscrits dans le Code du travail prévoit un congé de maternité payé pour les personnes qui travaillent dans les secteurs manufacturiers de l'habillement, du textile et du cuir notamment. Malgré ces améliorations, de nombreuses modifications de la législation nationale sont encore nécessaires pour éliminer la discrimination à l'égard des femmes, reconnaît le rapport.

La propagation du VIH et du sida, qui touchent les femmes de façon disproportionnée en raison de facteurs sociaux et culturels, constitue l'une des principales préoccupations du Lesotho, poursuit le rapport. Pour s'attaquer à ce problème, le Gouvernement a mis en place des programmes dynamiques, notamment une politique nationale de lutte contre le VIH/sida et un plan d'action national relatif aux femmes, aux filles et au VIH/sida pour la période 2007-2010. On a aussi créé la Commission nationale contre le sida, qui est actuellement renforcée en vue d'accroître son efficacité. Un autre sujet de préoccupation dans le domaine de la santé des femmes est l'importance du taux de mortalité liée à la maternité, estimé à 970 décès pour 100 000 naissances vivantes, ajoute le rapport.

Examen du rapport

Questions et observations des membres du Comité

Une experte a relevé que la Convention ne prime pas sur le droit interne lesothan. Relevant par ailleurs que le travail de la Commission de la réforme juridique n'est pas terminé, elle a fait observer que la Constitution prévoit toujours des exceptions au principe de non-discrimination, en particulier pour ce qui a trait au mariage, au divorce et au droit coutumier.

La majorité des réserves que le Lesotho avait émises à l'égard de la Convention ont été retirées en 2004 et le pays continue d'examiner ses autres réserves en vue de les retirer également, s'est félicitée une experte. Néanmoins, l'article 18.4 de la Constitution autorise toujours la discrimination, a-t-elle souligné. Le pays compte-t-il modifier la Constitution et est-il envisagé d'apporter des modifications aux autres textes de loi qui contiennent encore des dispositions discriminatoires à l'encontre des femmes?

Une experte a demandé des précisions sur la façon dont cohabitent le droit civil et le droit coutumier. Le statut actuel des femmes au Lesotho n'est en aucun cas conforme aux articles 15 (égalité devant la loi) et 16 (mariage) de la Convention, a-t-elle souligné.

Plusieurs expertes se sont inquiétées d'informations selon lesquelles, en vertu du droit coutumier des Basotho, les femmes de cette ethnie continuent d'être considérées comme des mineures perpétuelles et ne peuvent signer des contrats sans l'aval de leur tuteur. Les tribunaux mettent-ils en œuvre les dispositions de la Loi de 2006 sur la capacité juridique des personnes mariées ou continuent-ils d'appliquer le droit coutumier, a demandé une experte?

Une experte a salué la volonté politique claire des autorités de progresser en s'appuyant sur le niveau d'éducation exceptionnel des femmes au Lesotho; néanmoins, des lacunes importantes subsistent et elle a souhaité savoir quels recours judiciaires sont disponibles en cas de défaut d'application de la loi. Elle a souligné que la bonne adéquation des sanctions avec les délits visés est considérée comme ayant probablement la meilleure vertu pédagogique qui soit; aussi a-t-elle fait part de son inquiétude face à la procédure de la médiation qui, selon elle, ne permet pas un traitement réellement égalitaire des affaires considérées.

Les mariages précoces, la polygamie ou encore les comportements masculins face au sida –nombre d'hommes refusant de se rendre dans les hôpitaux – conduisent à une prolifération des cas de sida, a fait observer une experte, avant de souligner que tous ces comportements et pratiques sont contraires à l'esprit et à la lettre de la Convention.

Persiste-t-il au Lesotho des cas de mutilations génitales féminines et, si tel est le cas, quelles mesures sont-elles envisagées afin d'y remédier, a demandé une experte?

Les femmes sont exclues de la succession au Trône, a relevé une experte. Dans quelle mesure sont-elles également exclues des décisions prises au niveau du Royaume, a-t-elle demandé?

La Convention s'appuie sur le droit de la femme en tant qu'être humain individuel, indépendamment de son statut marital; qu'elle soit mariée ou non, la femme a des droits égaux, a souligné une experte. La culture ne saurait donc servir d'excuse à une quelconque discrimination à l'encontre des femmes ni à aucune autre violation de leurs droits fondamentaux, a-t-elle expliqué. La question de la nationalité ne doit pas faire exception à cet égard, a notamment souligné l'experte.

Une membre du Comité s'est inquiétée de l'insuffisante implantation des écoles dans les zones rurales et isolées. Cela oblige les enfants de ces zones à parcourir de longues distances pour se rendre à l'école, ce qui ne va pas sans comporter des risques, en particulier pour les jeunes filles, qui sont les plus exposées à la violence sexuelle. Des précisions ont été demandées sur la situation en matière de harcèlement et de violences, y compris sexuelles, à l'école, une étude laissant apparaître notamment que les enseignants de sexe masculin sont les principaux responsables. Aucune étude n'a été menée au Lesotho sur le problème du harcèlement sexuel à l'école, ce qui empêche les autorités d'en prendre la mesure, a déploré une autre experte.

Une experte s'est inquiétée du grand nombre de femmes travaillant dans le secteur informel au Lesotho et ne bénéficiant donc d'aucune couverture sociale. Une autre membre du Comité a fait état d'un rapport d'experts de l'Organisation internationale du travail qui s'inquiétait en 2009 de la situation des jeunes filles qui sont employées domestiques et ne vont pas à l'école.

Une experte a relevé que dans le secteur public, le salaire versé aux femmes n'équivaut qu'à 45% de celui versé aux hommes. Les autorités envisagent-elles de combler cet écart salarial et faire en sorte que, pour un travail égal, les femmes touchent un salaire égal à celui des hommes?

Une experte s'est enquise de la législation existante pour protéger les femmes contre le harcèlement sexuel sur le lieu de travail.

S'agissant des questions de santé, une experte a relevé qu'il ne semble pas y avoir au Lesotho de stratégie nationale pour l'usage du préservatif, alors qu'il s'agit là d'une mesure essentielle dans le contexte de la prévention du VIH/sida.

Une autre experte s'est inquiétée de la forte prévalence des avortements, que doivent parfois subir des jeunes filles âgées d'à peine dix ans. Le Lesotho est donc en quelque sorte confronté à une épidémie d'avortements et de complications liées aux avortements, a-t-elle insisté. Elle s'est en outre enquise de la situation en matière de santé mentale au Lesotho et a demandé si le pays compte des établissements spécialisés dans ce domaine.

Une experte s'est félicitée du fort taux d'alphabétisme des femmes rurales au Lesotho, qui atteint 93%. Elle a en outre relevé qu'une loi adoptée en 2010 abroge la loi de 1979 qui établissait une discrimination à l'encontre des femmes en matière d'accès à la propriété foncière. Elle s'est toutefois enquise des mesures prises par les autorités pour veiller à ce que les femmes rurales puissent effectivement avoir accès à la terre. Elle a en outre attiré l'attention sur le grand nombre de personnes vivant dans la pauvreté au Lesotho, alors que la production agricole dans ce pays essentiellement rural a diminué du fait notamment de l'érosion des sols, amenant le pays vers une situation préoccupante en termes de sécurité alimentaire.

Une experte s'est demandée si les autorités ne pourraient pas envisager l'adoption d'une loi qui interdirait les mariages polygames.

Réponses de la délégation

Une experte ayant souhaité en savoir davantage au sujet des raisons du retard dans la présentation du présent rapport du Lesotho, la délégation a de nouveau mentionné un manque de ressources financières et humaines; mais le pays ne s'est pas moins efforcé de répondre à ses obligations en matière de droits de l'homme, a-t-elle assuré.

La Convention est mise en œuvre au Lesotho par le biais de la promulgation de lois par le Parlement, a expliqué la délégation. La Convention influence incontestablement les lois qui sont promulguées au Lesotho, a-t-elle assuré. Le processus de réforme juridique est en cours afin de mettre un terme aux lois oppressives (à l'égard des femmes), a ajouté la délégation.

Le droit coutumier des Basotho existe depuis toujours; c'est un droit important pour les habitants et la Constitution stipule que seules les lois promulguées par le Parlement peuvent apporter des modifications au droit coutumier, a indiqué la délégation. Quand on voit le rythme auquel le Parlement du Lesotho adopte des lois portant modification du droit coutumier, il est incontestable que l'on se rapproche de plus en plus d'une solution en la matière, vers la fin des injustices et la fin de toute discrimination issue du droit coutumier. Désormais, toutes les femmes, quel que soit leur statut civil, peuvent diriger les entreprises, ce qui n'était pas le cas auparavant, a notamment fait valoir la délégation.

Les femmes sont considérées par les autorités comme un groupe vulnérable, a souligné la délégation. Les femmes représentent 60% de la population et 57% des électeurs sont des électrices; les femmes constituent donc une force politique énorme, a-t-elle fait observer. Les législations, datant généralement de la période précoloniale, sont amendées une à une, mais cela prend du temps, a-t-elle ajouté.

Des consultations sont en cours dans le contexte de l'élaboration du projet de loi contre la violence domestique, a poursuivi la délégation. Elle a rappelé qu'au Lesotho, la préférence culturelle va à la médiation. Il n'y a pas de calendrier précis prévu pour l'entrée en vigueur de cette loi sur la violence conjugale, a ensuite indiqué la délégation.

Le projet de loi sur la commission nationale des droits de l'homme sera soumis au cabinet avant la fin de la présente session parlementaire et ce devrait être l'une des premières lois à être promulguées lors de la prochaine session parlementaire, a indiqué la délégation. En l'absence d'une commission des droits de l'homme, une infrastructure institutionnelle est néanmoins en place qui examine les droits des femmes et des autres groupes de population, puisque la Cour suprême examine toutes les questions touchant aux droits ancrés dans la Constitution. Certes, le Gouvernement souhaite que la commission nationale des droits de l'homme soit mise en place, mais en attendant sa création, le pays disposons des infrastructures judiciaires permettant de faire respecter les droits des femmes, a-t-elle insisté.

Le Lesotho ne pratique pas la mutilation génitale féminine, a assuré la délégation. Si de telles mutilations venaient à être pratiquées dans le pays, alors les autorités se saisiraient de la question et agiraient, a-t-elle affirmé.

Les fillettes ne souffrent pas de châtiments corporels dans les familles, a par ailleurs assuré la délégation. Les châtiments corporels ont été éliminés au Lesotho; il n'y en a pas dans les écoles et ils ne sont pas utilisés dans le cadre du système judiciaire, a-t-elle insisté. Le Code pénal prévoit clairement que des sanctions sont possibles pour tout châtiment corporel excessif dans le cadre familial; un enfant peut être puni à l'aide d'un petit fouet (martinet), mais si le châtiment est excessif, il est passible de sanctions pénales, a précisé la délégation.

La traite de personnes existe au Lesotho, a par ailleurs reconnu la délégation. Les autorités lesothanes s'efforcent de lutter contre ce phénomène en renforçant leurs capacités d'enquête, en particulier à travers Internet, a-t-elle indiqué. Ce type de criminalité est difficile à éradiquer; la lutte contre la pauvreté reste peut-être le meilleur moyen de lutter contre la traite de personnes, a-t-elle souligné.

Il n'existe pas au sein de la police lesothane d'unité spécifique dédiée à la protection des victimes ou des éventuels témoins, a indiqué la délégation.

La prostitution est illégale au Lesotho et lorsqu'elle se produit, c'est donc en dehors de tout cadre ou circuit légal ou officiel, a souligné la délégation.

Les autorités du Lesotho ont l'intention d'utiliser la loi sur le référendum comme un moyen de dialoguer avec la population, a expliqué la délégation. Le droit coutumier a été codifié et la Constitution autorise l'adoption d'amendements portant modification de ce droit coutumier, a-t-elle également fait observer.

Dans la culture lesothane, un homme épouse une femme, mais une femme est épousée et devient membre de la famille de son époux, a expliqué la délégation. Certes, la culture n'est pas une excuse et le Lesotho a ratifié la Convention, s'engageant par là même à supprimer toute loi discriminatoire qui pourrait subsister dans la législation du pays, a poursuivi la délégation, qui a souligné que beaucoup de lois discriminatoires ont d'ores et déjà été abrogées et a assuré celles qui peuvent subsister le seront également.

La distance que doivent parcourir les élèves des zones rurales et isolées pour se rendre à l'école s'applique aussi bien aux filles qu'aux garçons et il n'y a donc pas discrimination en la matière, a souligné la délégation. La politique suivie au Lesotho veut que tout village dispose d'une école dans un rayon d'un kilomètre au maximum. Le nombre maximum d'élèves par classe est de 40, pour un enseignement désormais obligatoire et totalement gratuit, a poursuivi la délégation. Le pays compte un grand nombre d'enseignants; il y en a même trop par rapport au nombre de postes disponibles et les autorités cherchent donc à décourager les jeunes de s'orienter vers cette carrière, a-t-elle indiqué. Le Lesotho est peut-être le seul pays de la région à connaître une bonne situation dans le domaine de l'éducation, a déclaré la délégation.

La délégation a indiqué ne pas avoir connaissance de l'existence d'un phénomène de harcèlement sexuel dans les écoles du Lesotho. Tout sera fait pour sanctionner ce type de comportements s'ils existent, a-t-elle assuré.

Le nombre d'orphelins du sida est élevé au Lesotho et il est vrai que dans ce contexte, cela pose un problème particulier pour les filles dont la mère est malade, puisqu'elles vont devoir rester à la maison pour s'occuper non seulement de leur mère, mais aussi de leurs frères et sœurs. Pour faire face à ce problème, un programme dit d'éducation combinée a été mis en place à l'intention des jeunes filles confrontées à une telle situation.

La délégation a indiqué que certaines des conventions de l'OIT auxquelles le pays est partie ont pu être transposées dans la législation du Lesotho. En vertu de la législation en vigueur, les travailleuses du Lesotho ont droit à un congé de maternité, a-t-elle notamment fait valoir.

En réponse aux préoccupations exprimées par certains membres du Comité au sujet de la situation des jeunes filles qui travaillent comme domestiques et ne sont donc pas scolarisées, la délégation a souligné que cela n'affecte pas seulement les jeunes filles car dans certains secteurs de l'économie, il y a également des jeunes garçons qui travaillent; c'est l'une des conséquences dramatiques de l'atroce phénomène de la pandémie du sida, des jeunes gens – garçons et filles – devenant chefs de famille du fait de cette pandémie, a expliqué la délégation.

La Ministre de la justice, des droits de l'homme et des services correctionnels, a indiqué ne jamais avoir entendu parler au Lesotho d'un salaire qui, à travail égal, ne serait pas égal entre hommes et femmes: «les syndicats en parlent parfois, mais de mon côté, je n'ai jamais été confrontée à cela», a-t-elle assuré. Il n'existe aucun arrangement institutionnel permettant la pratique de salaires inégaux entre hommes et femmes pour un travail égal, a ensuite indiqué un autre membre de la délégation.

En ce qui concerne les questions de santé, la délégation a souligné que le Gouvernement du Lesotho a pris des mesures drastiques pour transformer voire révolutionner le système de santé du pays. Le Lesotho a même le système de santé le plus subventionné au monde, a assuré la délégation. Plus de 800 nouveaux dispensaires ont été construits dans l'ensemble du pays afin d'améliorer l'accès aux soins de santé primaire et aux services de maternité, a-t-elle précisé. On ne saurait donc prétendre que les mesures prises en matière de santé ne seraient pas à la hauteur de la situation sanitaire des femmes sur le terrain, a-t-elle déclaré. Le Lesotho dépense ses maigres ressources pour former ses personnels de santé et ceux-ci finissent par aller travailler dans les pays développés qui leur offrent de meilleurs salaires, a déploré la délégation.

Au Lesotho, l'avortement n'est permis que pour des raisons médicales ou si la grossesse résulte d'un viol ou d'un inceste; les autres types d'avortements sont illégaux et ne font donc pas l'objet de statistiques, de sorte que les statistiques officielles sur les avortements ne reflètent pas la situation réelle, a reconnu la délégation.

Répondant aux questions sur la lutte contre le VIH/sida et l'usage des préservatifs, la délégation a expliqué que les femmes n'ont pas encore suffisamment de poids pour négocier des relations sexuelles sûres. Les initiatives prises par le Gouvernement pour lutter contre la pandémie de VIH/sida sont nombreuses, a-t-elle poursuivi.

Le taux de mortalité infantile est encore très élevé au Lesotho, a reconnu la délégation; mais on espère que grâce au développement des infrastructures sanitaires et aux efforts déployés par le Ministère de la santé en ce sens, on assistera à une diminution de ce taux, qui a récemment connu une augmentation.

La loi foncière a été amendée et désormais, les femmes peuvent acquérir des terres, a rappelé la délégation en réponse à une autre question.

La délégation a d'autre part souligné qu'une campagne est menée à travers le pays pour faire prendre conscience aux femmes des zones rurales de l'existence d'un phénomène de traite de personnes.

La polygamie disparaît progressivement et naturellement au Lesotho, a par ailleurs assuré la délégation.

Quant à savoir quels sont les objectifs du millénaire pour le développement que le Lesotho pourrait atteindre dans les délais impartis, la délégation a déclaré que dans les domaines de l'éducation, de l'égalité entre les sexes, de l'eau et de l'assainissement, de bons résultats ont été obtenus; dans d'autres domaines, en revanche, le Lesotho reste à la traîne, a admis la délégation.


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CEDAW11/021F