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LE GROUPE DE RÉDACTION CHARGÉ DU DROIT À L'ALIMENTATION PRÉSENTE UN PROJET DE RECOMMANDATIONS AU COMITÉ CONSULTATIF

Compte rendu de séance
Il conclut un échange de vues sur l'éducation et la formation aux droits de l'homme

Le Comité consultatif a entamé, au cours d'une brève séance cet après-midi, un débat sur le droit à l'alimentation, au titre des demandes soumises au Comité consultatif par le Conseil des droits de l'homme. Les membres du groupe de rédaction chargé de cette question, qui a été créé lors de la précédente session du Comité consultatif, sont intervenus pour faire le point sur les travaux menés jusqu'à aujourd'hui et présenter le projet de recommandation auquel ils sont parvenus. Le Conseil avait en effet demandé au Comité consultatif d'examiner des recommandations sur de nouvelles mesures propres à renforcer la réalisation du droit à l'alimentation.

M. Jean Ziegler a présenté les travaux réalisés par le groupe de rédaction en rappelant qu'aujourd'hui, 923 millions de personnes sont gravement et en permanence sous alimentées. Il a fait remarquer qu'il n'y a aucune fatalité pour ce «massacre quotidien de la faim» et souligné qu'un enfant qui meurt de faim est un enfant assassiné. Il a fait observer que la question du droit à l'alimentation est liée à des questions complexes, parmi lesquelles figurent notamment celles de la transformation de denrées alimentaires en biocarburants, de la spéculation et des difficultés rencontrées autant dans la production que dans l'accès aux aliments.

M. José Antonio Bengoa Cabello a ensuite expliqué que le groupe de rédaction, dont il fait également partie, a isolé neuf recommandations de base, portant, entre autres, sur la spéculation dans le domaine des denrées alimentaires, la transformation d'aliments en biocarburants et la coopération internationale. Par manque de temps, le Comité a convenu qu'il passerait en revue chacune de ces recommandations à sa prochaine séance.

Au début de la réunion de cet après-midi, le Comité a conclu le débat qu'il avait entamé ce matin sur l'éducation et la formation dans le domaine des droits de l'homme.

Par ailleurs, au cours de cette réunion, le Comité consultatif a brièvement discuté de la participation des organisations non gouvernementales à ses réunions, suite aux allégations d'un représentant d'ONG qui déplorait des «pratiques discriminatoires» à l'encontre de certaines organisations, dont la sienne. Une représentante du Secrétariat a pris la parole pour assurer que les consignes de sécurité ne ciblent en aucun cas des ONG.


Le Comité poursuivra son débat sur le droit à l'alimentation demain dès 10 heures. Il envisage ensuite de s'atteler à l'examen des questions relatives à son règlement intérieur et à ses méthodes de travail, ainsi qu'à son ordre du jour et son programme de travail annuel.


Suite de l'échange de vues sur l'éducation et la formation aux droits de l'homme

M. DAVID FERNANDEZ PUYANA (Fédération des associations pour la défense et la promotion des droits de l'homme) a fait remarquer que l'éducation aux droits de l'homme est une condition indispensable pour la réalisation de tous les droits de l'homme. Il a en effet souligné que l'éducation aux droits de l'homme permet la réalisation d'autres droits, comme par exemple le droit à la liberté d'expression. Il a estimé qu'un système d'éducation échoue s'il ne transmet pas aux nouvelles générations la connaissance des droits de l'homme et l'importance de lutter contre le racisme et la discrimination. L'éducation dans le domaine des droits de l'homme doit promouvoir la solidarité, la tolérance et la diversité, ainsi que l'amitié entre les différents groupes, religions et ethnies, a-t-il souligné. Le représentant s'est notamment dit convaincu qu'il est indispensable que les enfants connaissent les causes des guerres. L'éducation dans le domaine des droits de l'homme doit être une priorité dans les programmes de toutes les institutions, a-t-il insisté. Enfin, le représentant a invité le Comité consultatif à intégrer dans le projet de déclaration sur l'éducation aux droits de l'homme une partie portant sur les droits formels et informels des femmes.

M. ABDELWAHAB HANI (Commission arabe des droits de l'homme) a estimé important que la déclaration sur laquelle travaille le Comité consultatif reprenne les éléments des normes internationales, notamment celles de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), concernant le droit à l'éducation. L'éducation aux droits de l'homme revêt une grande importance, a-t-il souligné, faisant observer qu'elle permet de joindre la vigilance et la lutte contre les dérives en matière de droits de l'homme et d'éviter la manipulation à laquelle recourent certains États pour masquer les violations des droits de l'homme qu'ils commettent. Il a, dans ce contexte, estimé nécessaire d'accorder une attention particulière à la richesse culturelle et d'axer l'éducation aux droits de l'homme sur la valorisation de toutes les cultures et de toutes les religions. L'universalité des droits de l'homme doit occuper une place fondamentale dans l'éducation aux droits de l'homme, a-t-il souligné. Il a en outre estimé qu'une place importante devrait être accordée au processus historique d'élaboration du corpus des droits de l'homme. Enfin, le représentant a estimé que la déclaration du Comité consultatif devrait non seulement s'intéresser à l'aspect général des droits de l'homme, mais également s'adapter aux spécificités des personnes auxquelles l'éducation aux droits de l'homme s'adresse.

M. MIGUEL ALFONSO MARTÍNEZ, expert du Comité consultatif, a évoqué le fait qu'à Cuba un enseignement en droits de l'homme a été introduit au niveau universitaire, ce qui constitue une initiative intéressante qui pourrait être étendue à d'autres catégories de la population, aux journalistes par exemple. Aujourd'hui des cours magistraux et des séminaires peuvent être organisés à différents niveaux. Il a insisté sur l'importance de cette question qui interpelle d'autant plus les experts du Comité consultatif qu'ils sont en majorité des enseignants.

M. EMMANUEL DECAUX, expert du Comité consultatif et membre du groupe de rédaction chargé de l'éducation dans le domaine des droits de l'homme, a fait remarquer que la déclaration qu'élaborera le Comité consultatif devra être «unie et durable». Il faut qu'elle insuffle inspiration et qu'elle parle à chacun, a-t-il précisé. Il a expliqué que l'objectif du groupe de rédaction est de créer une dynamique collective, sans s'empresser non plus de figer les idées et de cristalliser les positions. Un mouvement se crée, mais il est difficile d'anticiper la création d'un momentum, a-t-il fait remarquer. M. Decaux a assuré que le Comité consultatif fera toutefois le maximum pour progresser dans son travail et respecter les délais. L'expert a par ailleurs reconnu qu'il est en effet important de faire référence aux documents déjà existants sur cette question. En outre, il importe de promouvoir la coopération internationale soit sur le plan bilatéral, soit au niveau multilatéral, en développant des projets en matière de formation et d'éducation aux droits de l'homme qui soient adaptés aux besoins, a ajouté l'expert. Il a également attiré l'attention sur les risques posés par la manipulation et la mauvaise éducation aux droits de l'homme. Il a aussi relevé l'importance, dans l'éducation et la formation, de s'adapter aux besoins concrets des populations concernées en recourant, par exemple, aux langues locales.


Échange de vues sur le droit à l'alimentation

MME MONA ZULFICAR, experte du Comité consultatif, a rappelé que le Comité consultatif a établi un groupe de rédaction de cinq de ses membres chargés d'examiner des recommandations sur de nouvelles mesures propres à renforcer la réalisation du droit à l'alimentation, conformément à la demande adressée au Comité consultatif par le Conseil dans sa résolution 7/14. Le groupe de rédaction a tenu plusieurs réunions, les plus récentes cette semaine, en plus de rencontres avec des experts du l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), du Haut-Commissariat aux réfugiés et de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement. Un projet de recommandations a ainsi pu être élaboré.

M. JEAN ZIEGLER, expert du Comité consultatif, a présenté les résultats des travaux du groupe de rédaction en soulignant qu'il existe une crise alimentaire structurelle, ainsi que des crises alimentaires occasionnelles ou conjoncturelles; le groupe s'est penché sur les deux types de crise. Il est grandement préoccupant que 923 millions personnes, vivant en grande majorité dans les pays en développement, souffrent de la sous-alimentation et de malnutrition, a souligné M. Ziegler. Un enfant meurt, directement ou indirectement, de faim toutes les 5 secondes.

Ceux qui produisent l'alimentation et ceux qui doivent acheter leur nourriture connaissent des difficultés différentes, a poursuivi M. Ziegler. Les premiers, du tiers monde, connaissent une productivité bien moindre à cause du manque d'irrigation, d'engrais, de moyens de traction etc. La Banque mondiale et le Fonds monétaire international imposent en plus des politiques d'ajustements structurels qui sont catastrophiques pour les économies locales et en plus les subventions à l'exportation permettent à l'agriculture européenne de concurrencer les productions locales. Quant à la deuxième catégorie de personnes, elle voit une explosion des prix des denrées alimentaires de base, tandis que ses revenus stagnent. La forte croissance du prix de ces aliments de base tel que le riz, le blé et le maïs a provoqué des émeutes en 2008. La raison en est entre autres les spéculations dont ces denrées font l'objet, surtout après la chute des «fonds alternatifs» (hedge funds). La transformation des denrées en biocarburant constitue une autre raison de hausse des prix. Or, près d'un tiers des ces denrées sont aujourd'hui transformés en biocarburant dans bien des pays. Certains pays ont d'autant plus investi dans le biocarburant que l'on y a vu le moyen de se libérer de la dépendance des hydrocarbures. À ces phénomènes, il faut rajouter l'effondrement de l'aide humanitaire, suite à la crise économique. Au Darfour, où les déplacés internes ont cherché refuge dans 17 camps, les rations distribués ne couvrent plus aujourd'hui les 2200 calories qui sont jugés nécessaires. Autrement dit, la sous-alimentation y est en quelque sorte organisée. Par ailleurs, les personnes qui quittent leur pays et essayent de traverser des frontières pour fuir la faim et chercher une vie meilleure ailleurs, par exemple de l'Afrique vers l'Europe, ne fait que croître. Or ces personnes ne bénéficient d'aucune protection, puisqu'ils ne sont pas des réfugiés au sens de la Convention sur les réfugiés.

M. JOSÉ ANTONIO BENGOA CABELLO, expert du Comité consultatif, a brièvement présenté le projet de recommandation auquel est parvenu le groupe de rédaction. Il a précisé qu'il s'agit d'un texte concis, qui tient compte du caractère spécifique de cette question. Rappelant que le mandat que le Conseil a confié au Comité portait sur la formulation de recommandations, l'expert a indiqué que le groupe de rédaction a cherché à trouver une formulation qui tienne compte de tous les éléments pertinents. Ainsi, le groupe a isolé neuf recommandations de base, portant, entre autres, sur la spéculation dans le domaine des denrées alimentaires, la transformation d'aliments en biocarburants et la coopération internationale.


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