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LE COMITÉ CONSULTATIF SE PENCHE SUR LES QUESTIONS RELATIVES À LA LÈPRE
ET À L'ÉDUCATION AUX DROITS DE L'HOMME

Compte rendu de séance
Il s'inquiète des délais qui lui sont impartis et qui lui paraissent insuffisants pour s'acquitter d'un travail de qualité

Le Comité consultatif du Conseil des droits de l'homme s'est penché ce matin sur deux demandes qui lui ont été adressées par le Conseil, le priant d'élaborer un projet de principes et de directives en vue de l'élimination de la discrimination à l'encontre des personnes touchées par la lèpre et des membres de leur famille, et un projet de déclaration sur l'éducation et la formation aux droits de l'homme.

À sa première session, en août 2008, le Comité consultatif a désigné un de ses membres, M. Shigeki Sakamoto pour élaborer le projet de principes et de directives en vue de l'élimination de la discrimination à l'encontre des personnes touchées par la lèpre et des membres de leur famille. Ouvrant le débat de ce matin, M. Sakamoto a souligné qu'un grand nombre d'acteurs a déjà soumis des textes montrant que la stigmatisation à l'encontre des personnes victimes de la lèpre reste importante et grave dans un grand nombre de pays. L'approche médicale ne tenant pas compte de la discrimination dont le malade et ses proches font l'objet, il faut également adopter une approche sociale qui met aussi l'accent sur l'exclusion au même titre que pour les personnes handicapées, a poursuivi M. Sakamato. Au cours de l'échange de vues qui s'est tenu sur cette question, il a notamment été souligné que, s'il est certes important d'éradiquer la discrimination à l'égard des personnes touchées par la lèpre, il importe de ne pas perdre de vue l'importance d'efforts en vue d'une éradication de la maladie. Il a également été souligné que le Comité consultatif devra tirer parti de plusieurs travaux menés sur la question, notamment par l'ancienne Sous-Commission et l'Organisation mondiale de la santé. Un recueil de bonnes pratiques s'agissant de la problématique en question s'avèrerait particulièrement judicieux, a-t-il par ailleurs été souligné.

M. Emmanuel Decaux, membre du groupe de rédaction chargé par le Comité consultatif de la question de l'éducation et la formation aux droits de l'homme, a rendu compte de l'état d'avancement des travaux du groupe de rédaction, a estimé que la réflexion sur ce thème devrait viser l'élaboration par le Comité d'une déclaration brève contenant des principes directeurs et des orientations. À l'instar de M. Decaux, plusieurs membres du Comité ont insisté sur l'importance qu'il y a à prévoir un suivi des mesures prises par les États en matière d'éducation et de formation aux droits de l'homme, certains experts plaidant à cet égard pour l'intégration de cette problématique dans le processus d'Examen périodique universel.

Au cours des débats, plusieurs membres du Comité ont déploré que les délais impartis au Comité consultatif pour la réalisation des travaux qui lui sont confiés soient trop courts pour lui permettre de s'acquitter correctement de ses tâches.

Outre les membres du Comité consultatif, sont intervenus dans le cadre des débats les représentants de l'Indonésie et du Venezuela, ainsi que ceux des organisations non gouvernementales Soka Gakkai International (au nom également de l'Organisation internationale pour le développement de la liberté d'enseignement - OIDEL et Pax Romana) et Mouvement indien Tupaj Amaru.

Le Comité consultatif se réunira cet après-midi à 16h30 pour poursuivre son débat sur l'éducation et la formation dans le domaine des droits de l'homme.


Échange de vues sur la question de l'élimination de la discrimination à l'égard des personnes touchées par la lèpre et des membres de leur famille

M. SHIGEKI SAKAMOTO, expert du Comité consultatif, a présenté la question en soulignant qu'il est important de tenir un débat interactif sur le thème de l'élimination de la discrimination à l'égard des personnes touchées par la lèpre afin de bien saisir toutes les formes de discrimination dont ces personnes sont victimes. Des renseignements ont été recueillis par le Haut-Commissaire aux droits de l'homme auprès d'un grand nombre d'acteurs, parmi lesquels des gouvernements, des scientifiques et des organisations de personnes touchant par la lèpre. Le Comité consultatif a été chargé d'élaborer un projet de principes et de directives en vue de l'élimination de la discrimination à l'encontre des personnes touchées par la lèpre et des membres de leur famille, et de le présenter au Conseil pour examen en septembre 2009, après examen des contributions recueillies, a rappelé M. Sakamoto. Un grand nombre d'acteurs a déjà soumis des textes montrant que la stigmatisation à l'encontre des personnes victimes de la lèpre reste importante et grave dans un grand nombre de pays. Une approche basée sur les droits semble donc nécessaire pour lutter efficacement contre cette stigmatisation. Un échange de vues a permis de rédiger un ensemble de principes devant guider les efforts de lutte contre la discrimination à l'encontre de ces personnes. La question de la terminologie a été soulevée: faut-il parler de maladie de Hansen plutôt que de lèpre, qui a une connotation de dangerosité et de maladie incurable? C'est ainsi que le terme de lèpre est maintenant évité au Japon et qu'au Brésil les deux termes sont utilisés de manière interchangeable.

L'approche médicale traite la lèpre comme un problème individuel et ne tient pas compte de la discrimination dont le malade et ses proches font l'objet, tandis que l'approche sociale met aussi l'accent sur l'exclusion au même titre que pour les personnes handicapées, a poursuivi M. Sakamato. Cette dernière approche semble plus pertinente, a-t-il souligné. Le principe de non-discrimination doit s'appliquer au contexte de la lèpre, a ajouté l'expert. L'accès des malades à l'emploi et aux infrastructures tels que les hôtels ou les transports publics ne doit pas être refusé à une personne souffrant ou ayant souffert de la lèpre, a-t-il souligné. Des plans d'actions de lutte contre les discriminations devraient être élaborés par les États, des indemnités devraient être accordées à des personnes ayant souffert de ségrégation ou d'exclusion à cause de la lèpre. Les femmes et les enfants sont particulièrement touchés, a poursuivi M. Sakamoto, rappelant qu'une femme enceinte devait obligatoirement subir une interruption de grossesse au Japon et que dans bien des pays, les enfants touchés n'avaient pas accès aux établissements scolaires. Il relève de la responsabilité des États d'assurer que ces personnes puissent jouir pleinement de leurs droits. Or, la discrimination frappe des milliers de personnes, malades comme familles, et cela même après la guérison des malades. En mettant en place des principes directeurs, il faut savoir quels sont les liens entre droits de l'homme, santé et lèpre. Cette dernière occasionne souvent une défiguration physique et comporte des particularités dont il faut tenir compte. M. Sakamoto a conclu en affirmant que le dialogue devra être poursuivi avec toutes les parties prenantes afin de parvenir au meilleur résultat possible; il a rappelé que le rapport attendu du Comité devra être parachevé d'ici le mois de juin.

MME HALIMA EMBAREK WARZAZI, experte du Comité consultatif, s'est félicitée de la passion avec laquelle M. Sakamoto défend ce thème qui, a-t-elle précisé, est très sérieux et a été trop longtemps négligé. Tout en reconnaissant l'importance d'éradiquer la discrimination à l'égard des personnes touchées par la lèpre, l'experte a toutefois fait remarquer qu'il importe également de mettre un accent particulier sur l'éradication de la lèpre elle-même. Elle a regretté que l'accent n'ait pas été suffisamment mis sur ce point et a souligné qu'il faudrait recommander une collaboration étroite entre les pays, ainsi qu'une meilleure coopération entre les pays qui ont des populations affectées par cette maladie.

M. VLADIMIR KARTASHKIN, expert du Comité consultatif, a relevé que les problèmes fondamentaux liés à la lèpre, y compris les dispositions que les lignes directrices sur cette question devraient contenir, ont été passés en revue dans la présentation de M. Sakamoto. Le document de travail ainsi présenté constitue une base solide. M. Kartashkin a par ailleurs rappelé que la lèpre est une thématique qui a déjà été soulevée au sein de l'ancienne Sous-Commission, ce qui démontre la gravité de cette problématique. En raison du faible nombre de jours de réunion du Comité consultatif dans l'année, il est à craindre que cet organe n'éprouve de sérieuses difficultés à accomplir dans les délais la tâche qui lui a été confiée s'agissant de cette question. M. Sakamoto doit collecter des informations, consulter un grand nombre d'acteurs et rédiger un projet de directives et de principes. Or, le temps imparti semble trop juste pur s'acquitter de cette tâche, comme cela est d'ailleurs le cas pour d'autres travaux confiés au Comité. D'une manière générale, il serait préférable d'accorder des délais plus larges afin de permettre au Comité consultatif d'accomplir un travail fouillé et de bonne qualité.

M. EMMANUEL DECAUX, expert du Comité consultatif, a tenu à souligner qu'il est impossible pour le Comité consultatif de mener à bien toutes ses tâches dans le cadre du temps qui lui est accordé pour ses sessions. Pour ce qui est de l'élimination de la discrimination à l'égard des personnes touchées par la lèpre, il s'est réjoui que le Comité consultatif continue les travaux déjà engagés sur cette question au sein de l'ancienne Sous-Commission. M. Decaux s'est félicité des synergies qui se créent avec le Conseil des droits de l'homme, ce dernier ayant ouvert la voie à de tels échanges en demandant au Comité l'élaboration de principes et de directives. À l'instar de sa collègue Mme Warzazi, M. Decaux a insisté sur la nécessaire prise en compte des problèmes liés à la santé elle-même dans le contexte de la lutte contre la discrimination à l'encontre des personnes touchées par la lèpre. À cet égard, il a plaidé pour une meilleure coopération avec l'Organisation mondiale de la santé et pour une interface plus nette entre droits de l'homme et santé.

M. CHEN SHIQIU, expert du Comité consultatif, a salué le travail important accompli dans un laps de temps si bref sur la question de l'élimination de la discrimination à l'encontre des personnes touchées par la lèpre. Il a souligné qu'il s'agit là d'une maladie qui est restée longtemps volontairement ignorée, comme cela a été rappelé lors des réunions sur la question auxquelles il a assisté. Lors de ces réunions, de nombreux commentaire d'experts de pays en développement et associations de malades ont donné le sentiment que les discriminations étaient fréquentes, a poursuivi M. Chen. La vie des personnes touchées a souvent été améliorée grâce aux efforts fournis par les Nations Unies, a-t-il ajouté. Par le passé, la lèpre était considérée comme une question relevant exclusivement de la médecine et relevait donc uniquement de l'Organisation mondiale de la santé. Aujourd'hui, il y a une prise de conscience quant à la complexité de la problématique associée à cette maladie et de ce fait, la réponse à apporter concerne l'ensemble de la communauté internationale - et non pas seulement les pays où sévit la lèpre. M. Chen a souscrit au point de vue exprimé par d'autres membres du Comité consultatif selon lequel les délais impartis (pour la réalisation des travaux confiés au Comité) sont inadaptés au rythme de réunion de cet organe. Le travail préliminaire réalisé jusqu'ici s'agissant de la question examinée ce matin devra recevoir l'aval du Conseil au mois de mars, avant que le Comité consultatif n'aille plus avant. Il est important de parvenir à une planification rationnelle du temps; il semble en effet impossible de produire sept rapports de bonne qualité dans le temps imparti au Conseil, a insisté l'expert.

M. WOLFGANG STEFAN HEINZ, expert du Comité consultatif, a jugé incomplète la partie du document de travail soumis ce matin qui est consacrée aux possibilités de changer les mentalités et les attitudes dans la société. Il faudrait proposer davantage d'idées pour pousser la société à dépasser les préjugés concernant la lèpre, a-t-il estimé. Il a également souhaité que le groupe de travail auquel a été confié le travail s'agissant de cette question ajoute à son rapport une section spéciale recensant les meilleures pratiques et comprenant des références spécifiques à des programmes d'action et des mesures de formation mis en œuvre par certains pays.

MME PURIFICACION V. QUISUMBING, experte du Comité consultatif, a indiqué qu'elle faisait partie des experts qui avaient été désignés pour participer à la consultation qui s'est tenue du 15 au 17 janvier dernier sur la question débattue ce matin, mais qu'elle n'avait malheureusement pas pu y assister. De nombreuses organisations non gouvernementales y ont participé, mais aussi bien des gouvernements, dont celui des Philippines, ont contribué activement aux travaux en présentant leurs initiatives dans ce domaine. Ces contributions peuvent servir pour élaborer une «législation type», a souligné l'experte. Même si le temps imparti au Conseil pour mener à bien ses travaux est court, il est peut-être suffisant pour témoigner des initiatives nombreuses et utiles qui sont prises par un grand nombre d'acteurs, a-t-elle ajouté. Il est urgent d'en finir avec la connotation d'impureté qui est associée à la lèpre - une image d'ailleurs convoyée, entre autres, par la Bible.

MME CHUNG CHINSUNG, experte du Comité consultatif, a indiqué que plusieurs procès sont aujourd'hui en cours dans les tribunaux japonais pour des cas de discrimination à l'égard de personnes touchées par la lèpre. Il serait judicieux que le rapport du Comité consultatif, dans la perspective d'une définition des bonnes pratiques, fasse référence à ces procès, a-t-elle déclaré.

M. BERNARD MUDHO, expert du Comité consultatif, a déclaré souscrire aux remarques faites par ses collègues au sujet des délais impartis au Comité pour s'acquitter de ses travaux, qui semblent effectivement incompatibles avec un travail de qualité. Certes, certains experts peuvent se consacrer aux travaux demandés entre deux sessions (du Comité), mais tel n'est pas le cas pour tous.

M. MIGUEL ALFONSO MARTÍNEZ, expert du Comité consultatif, a fait remarquer que la lèpre a fait l'objet de travaux extrêmement importants au sein de l'Organisation mondiale de la santé. Soulignant que la communauté internationale a déployé de nombreux efforts dans ce domaine et que ces efforts ont porté leurs fruits, il a estimé que M. Sakamoto devrait y faire allusion dans son rapport. M. Alfonso Martínez a souhaité que les travaux progressent encore sur cette question et a proposé que la charge de travail qui attend M. Sakamoto soit répartie entre différents experts. Il a par ailleurs attiré l'attention sur la renommée d'un chorégraphe atteint de la lèpre qui se produisait à Cuba dans les années 1940-1950 et au début des années 1960 et a fait remarquer que les nombreux spectacles que cet artiste a créés ont permis une prise de conscience de la réalité de la lèpre et ce, dans un cadre artistique.


Échange de vues sur l'éducation et la formation aux droits de l'homme

M. EMMANUEL DECAUX, expert du Comité consultatif, a rendu compte de l'avancement des travaux de groupe de rédaction chargé par le Conseil d'élaborer un projet de déclaration sur l'éducation et la formation aux droits de l'homme. Il a précisé avoir pris contact avec l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) à Paris, où il a participé, les 10 et 11 décembre dernier, à une table ronde organisée à l'occasion de la célébration du 60e anniversaire de la Déclaration Universelle des droits de l'homme. Les réseaux de l'UNESCO complètent ceux des organes des droits de l'homme et cette organisation constitue donc un partenaire important, a-t-il souligné. Des questionnaires ont été élaborés, puis envoyés aux organisations internationales, a poursuivi M. Decaux. L'UNESCO, le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ont déjà apporté leurs contributions ainsi que nombre d'organisations non gouvernementales et quelques États, a-t-il indiqué. Malgré une date d'envoi tardive, une centaine d'acteurs ont déjà renvoyé ce questionnaire, ce qui est très encourageant, a ajouté l'expert. Les réponses sont importantes, tant sur le plan qualitatif que sur le plan quantitatif, et elles sont en voie d'analyse, a poursuivi M. Decaux. Elles permettront d'élaborer un rapport préliminaire, qui donnera déjà une vue d'ensemble relativement détaillée de la situation. Compte tenu de l'intérêt de la consultation, la date limite pour le renvoi des réponses sera prolongée au 15 mars, a indiqué l'expert.

Les résultats de cette consultation seront publiés sur la toile, afin de permettre à chacun de prendre connaissance de la mine d'idées et d'initiatives présentées par les réponses, a par ailleurs fait savoir M. Decaux. Un séminaire pourrait être organisé pour les spécialistes, peut-être au printemps, a-t-il ajouté. Il a affirmé que toutes les initiatives sont les bienvenues et a insisté sur la nécessité de travailler en coopération avec d'autres organisations. L'UNESCO, l'Organisation internationale de la Francophonie et l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) font partie des organisations qui se sont montrées intéressées, d'une manière ou d'une autre, certaines ayant déjà prévu des activités qui peuvent faire avancer la réflexion, a indiqué M. Decaux. Il a insisté sur la nécessité de créer une synergie et une coopération afin d'éviter les doubles emplois dans les efforts déployés. Un rapporteur spécial des Nations unies travaillerait par exemple en ce moment sur l'éducation aux droits de l'homme, sans qu'aucun contact n'ait été pris avec le Comité consultatif, ce qui est regrettable, a fait observer l'expert.

M. Decaux a estimé que si le Conseil demande un cadre conceptuel, l'objectif du Comité consultatif doit plutôt rester l'élaboration d'une déclaration brève mais qui contribue au changement et qui soit adaptée aux différents contextes. Une telle déclaration doit notamment contenir des principes directeurs et des orientations rappelant les bases juridiques qui pèsent sur les États membres. Il faut rappeler que l'éducation est un processus continue qui doit se prolonger tout au long de la vie, dans le secteur formel comme informel, et souligner les situations et besoins particuliers des fillettes et des femmes, des catégories socialement défavorisées de la population ainsi que des peuples autochtones. L'accent doit également être mis sur le suivi. Il s'agit donc d'un programme ambitieux mais qui doit rester bien ciblé et concret.

M. MIGUEL ALFONSO MARTÍNEZ, expert du Comité consultatif, a déploré l'absence, dans la salle, de certaines organisations internationales qui sont pourtant concernées par les questions dont discute le Comité consultatif ce matin. Ainsi, il aurait souhaité qu'un représentant de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) fût aujourd'hui présent pour discuter de la question de l'éducation et la formation dans le domaine des droits de l'homme. La famille des Nations Unies doit pouvoir être représentée dans les réunions du Comité consultatif, a-t-il insisté, attirant l'attention sur la contribution que chaque organe pourrait apporter à cette nouvelle instance qu'est le Comité.

M. KATUNARI FUJI (Soka Gakkai International, au nom également de l'Organisation internationale pour le développement de la liberté d'enseignement - OIDEL et Pax Romana) a souhaité que le Comité consultatif définisse clairement les besoins en éducation qui doivent être comblés dans le domaine des droits de l'homme. Il a plaidé pour davantage de précision sur ce point, mais également pour l'adoption d'une définition (de l'éducation aux droits de l'homme) qui soit non exhaustive, de manière à pouvoir prendre en compte, le cas échéant, tout nouveau droit de l'homme. D'autre part, il a estimé que la déclaration devrait préciser qui est chargé de la mise en œuvre de l'éducation et de la formation aux droits de l'homme et qui doit en bénéficier. S'agissant de la question du mécanisme de surveillance dans ce domaine, il a reconnu que l'absence d'un tel mécanisme a été, ces dernières années, l'un des obstacles majeurs à l'évaluation de la mise en place de systèmes d'éducation aux droits de l'homme. Enfin, le représentant a relevé le rôle crucial que jouent les organisations non gouvernementales et les membres de la société civile en matière d'éducation et de formation aux droits de l'homme et a souhaité que la déclaration mentionne clairement la nécessité de soutenir les efforts de ces acteurs.

MME MARÍA AUXILIADORA GUILARTE CALLES (Venezuela) a déclaré que le document présenté ici porte en fin de compte sur le renforcement des capacités de chacun à protéger ses droits. Il est important d'assurer des formations permanentes aux droits de l'homme portant autant sur les devoirs que sur les responsabilités en jeu. Il convient également d'insister sur l'alphabétisation qui va de pair avec l'éducation aux droits de l'homme.

M. DHEERUJLALL SEETULSINGH, expert du Comité consultatif, tout en reconnaissant qu'il serait souhaitable que les représentants des organisations internationales concernées soient présents lors des discussions du Comité consultatif, comme le souhaite M. Alfonso Martínez, a toutefois fait remarquer que l'UNESCO, l'UNICEF et le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), entre autres, ont envoyé des réponses très utiles au questionnaire du groupe de rédaction sur l'éducation et la formation dans le domaine des droits de l'homme. D'autre part, il a estimé qu'il serait utile que le Conseil fournisse une échéance au Comité pour la soumission d'une déclaration sur cette question. L'expert a également relevé l'importance de mettre en place un mécanisme de surveillance une fois que tous les États auront accepté cette déclaration. Enfin, il a estimé utile d'intégrer cette question au processus d'Examen périodique universel, de manière à ce que les États assument leur responsabilité en matière d'éducation des droits de l'homme.

MME PURIFICACION V. QUISUMBING, experte du Comité consultatif, a relevé, en tant que membre du groupe de rédaction, que la France et les Philippines font partie des États qui n'ont pas renvoyé le questionnaire; les États européens sont largement sous-représentés dans la liste des États qui l'ont renvoyé, a-t-elle ajouté, appelant chacun à saisir l'occasion qui sera fournie par la réunion interinstitutionnelle prévue à Genève au mois de mars prochain. La Haut-Commissaire aux droits de l'homme a déjà été contactée pour apporter son soutien au Comité consultatif, a poursuivi l'experte. Elle a souscrit à l'idée d'incorporer la problématique de l'éducation aux droits de l'homme - voire le questionnaire lui-même - dans le processus d'Examen périodique universel.

M. LÁZARO PARY (Mouvement indien Tupaj Amaru) a fait remarquer que la question de l'éducation dans le domaine des droits de l'homme a évolué et évolue encore sous l'impulsion de la mondialisation. Il a, dans ce contexte, déploré que depuis une vingtaine d'années, nombre d'écoles aient été privatisées et constituent aujourd'hui une propriété privée qui reste fermée aux plus pauvres. L'éducation n'a cessé de régresser, a-t-il insisté. Beaucoup pensaient que l'éducation progresserait grâce à Internet et aux nouvelles technologies, a-t-il poursuivi. Or, certes, il est aujourd'hui possible de regarder des films, mais ce sont des films qui véhiculent la violence, la terreur, la crainte, a-t-il affirmé, souhaitant que les nouvelles technologies soient réellement mises au service de l'éducation plutôt qu'elles ne l'entravent. Il a souhaité que le Comité consultatif formule des recommandations sur ces questions et les présente au Conseil des droits de l'homme.

MME INDAH NURIA SAVITRI (Indonésie) a indiqué que le Gouvernement indonésien lui a transmis un certain nombre de renseignements afin de contribuer à la collecte d'information du Comité au sujet de l'éducation et de la formation aux droits de l'homme et que ces renseignements, en réponse au questionnaire adressé par le Comité, seront prochainement envoyés formellement à cet organe.

MME MONA ZULFICAR, experte du Comité consultatif, s'est félicitée des efforts déployés par tous au cours des consultations menées sur l'éducation et la formation dans le domaine des droits de l'homme. Elle a dit apprécier tout particulièrement que ce processus permette non seulement de dégager un consensus, mais également de mettre en avant les changements qu'il reste à apporter dans ce domaine, notamment en restructurant les différents programmes existants.

M. VLADIMIR KARTASHKIN, expert du Comité consultatif, a indiqué être d'accord sur le principe d'élaborer une déclaration courte portant sur l'éducation et la formation aux droits de l'homme, mais a rappelé qu'elle doit aussi être précise et se pencher sur les besoins particuliers de tous les groupes qui ont un rôle ou des besoins particuliers, tel que les forces de police. Jusqu'à présent, les réponses des organisations non gouvernementales sont assez peu nombreuses, a-t-il fait observer; or, il est indispensable de disposer d'une base de réponses large afin d'avoir une vision juste de la situation. Les programmes d'éducation varient fortement, en fonction des établissements qui les dispensent et qui élaborent eux-mêmes leurs propres programmes. Il convient donc de ne point trop se hâter et de prendre le temps nécessaire pour le recueil des données. M. Kartashkin a proposé que le Comité consultatif prépare son propre document et qu'il ne le présente au Conseil qu'une fois le travail achevé. Il s'agit d'un travail important qui doit tenir compte de toutes les réalités et des différentes approches.

M. CHEN SHIQIU, expert du Comité consultatif, a souligné que l'éducation revêt une dimension extrêmement large. Soulignant que l'éducation aux droits de l'homme relève de la responsabilité des gouvernements, il a fait remarquer que ces derniers devraient veiller à investir dans ce domaine. Outre les gouvernements, les organisations non gouvernementales et les institutions des droits de l'homme devraient également apporter leur soutien à l'éducation et la formation dans le domaine des droits de l'homme, a-t-il ajouté. À cet égard, M. Chen a expliqué qu'en Chine, la Société des droits de l'homme (Human Rights Society) est extrêmement active dans le domaine de l'éducation. Elle crée en effet des programmes scolaires, organise des discussions et des concours et propose même une simulation d'un forum des Nations Unies. L'expert a par ailleurs fait remarquer que l'éducation aux droits de l'homme est essentielle pour la coopération internationale. Aussi, a-t-il suggéré que les États mettent sur pied des programmes d'éducation en commun.


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