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LE CONSEIL OUVRE SA SESSION COMMÉMORATIVE DU SOIXANTIÈME ANNIVERSAIRE DE LA DÉCLARATION UNIVERSELLE DES DROITS DE L'HOMME

Compte rendu de séance

Le Conseil des droits de l'homme a ouvert ce matin à Genève sa session commémorative célébrant le soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, qui se tient aujourd'hui dans la Salle des droits de l'homme et de l'Alliance des civilisations du Palais des Nations.

À l'ouverture de la session, des enfants ont donné lecture, dans plusieurs langues, de l'ensemble des articles de la Déclaration universelle.

Ouvrant cette session commémorative, le Président du Conseil, l'Ambassadeur Martin Ihoeghian Uhomoibhi du Nigéria, a rappelé que la Déclaration universelle adoptée il y a soixante ans, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, était le premier instrument affirmant que chacun a le droit de jouir d'un ensemble de droits fondamentaux.

Au cours du débat général de ce matin, les intervenants ont plus particulièrement présenté les initiatives nationales, régionales et internationales qu'ils ont lancées afin de commémorer ce soixantième anniversaire de la Déclaration universelle. La plupart des délégations ont en outre souligné qu'en dépit des nombreux progrès réalisés depuis 1948, les droits énoncés dans la Déclaration ne sont toujours pas une réalité pour un grand nombre de personnes à travers le monde. L'accent a maintes fois été mis sur le caractère universel et interdépendant de tous les droits de l'homme.

Les représentants des pays suivants ont fait des déclarations: Chili (au nom du Groupe des pays d'Amérique latine et des Caraïbes), Cuba (au nom du Mouvement des non-alignés), Égypte (au nom du Groupe africain, puis au nom du Groupe des pays arabes), Pakistan (au nom de l'Organisation de la Conférence islamique), Canada, Chine, Maldives, Inde, Autriche, Indonésie, Israël, Philippines, Qatar, Suède, Norvège, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Royaume-Uni, Djibouti, Venezuela, Ghana, Turquie, Italie, Albanie, Thaïlande, Danemark, Népal, République de Corée, Japon, Roumanie, Nigéria, Australie et Oman. Les représentants du Saint-Siège et de la Palestine ont également pris la parole.

Sont également intervenus les représentants des institutions ci-après: Organisation internationale de la Francophonie, Commission européenne, Organisation internationale du travail, Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).

Une représentante du Comité international de coordination des institutions nationales pour la promotion et la protection des droits de l'homme a aussi pris la parole.

Cet après-midi, à 15 heures, le Conseil tiendra, dans le cadre de cette session commémorative, un segment de haut niveau auquel participeront le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, la Haut-Commissaire aux droits de l'homme, Mme Navanethem Pillay, ainsi que des hauts dignitaires d'une douzaine de pays.


Débat général

Ouvrant la session commémorative du Conseil consacrée au soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, M. MARTIN IHOEGHIAN UHOMOIBHI, Président du Conseil des droits de l'homme, a rappelé que la Déclaration universelle adoptée il y a soixante ans, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, était le premier instrument affirmant que chacun a le droit de jouir d'un ensemble de droits fondamentaux. Le Président du Conseil s'est ensuite félicité de la présence, pour cette journée de célébration, de nombreuses délégations, de représentants d'organisations non gouvernementales, ainsi que du Secrétaire général des Nations Unies et de la Haut-Commissaire aux droits de l'homme.

M. CARLOS PORTALES (Chili, au nom du Groupe des États d'Amérique latine et des Caraïbes - GRULAC) a rappelé le rôle historique joué par les pays du GRULAC pour la protection des droits de l'homme. Il a rappelé que parmi les rédacteurs de la Déclaration universelle des droits de l'homme, l'on comptait déjà des membres de ce Groupe, à savoir le Chili, le Panama et l'Uruguay. L'acceptation de l'universalité et de l'interdépendance des droits de l'homme a constitué la grande avancée de cette œuvre, ce qui a été confirmé par la suite, notamment lors de la Conférence de Téhéran, a-t-il également rappelé. Force est de constater que les violations des droits de l'homme se multiplient néanmoins dans le monde, y compris contre ceux-là mêmes qui défendent ces droits, a poursuivi le représentant chilien. L'égalité reste bien souvent un vœu pieux et les conflits interethniques restent légion, a-t-il fait observer. Le GRULAC est conscient qu'il reste fort à faire pour améliorer le respect des droits de l'homme dans sa propre région mais l'ensemble des pays membres de ce Groupe a la volonté de s'atteler à cette tâche, tout en gardant à l'esprit que le caractère universel des droits de l'homme signifie que leur violation n'est pas à considérer comme une affaire intérieure, mais bien comme un problème qui affecte l'ensemble de la communauté internationale.

M. JUAN ANTONIO FERNÁNDEZ PALACIOS (Cuba, au nom du Groupe des pays non alignés) a insisté sur la volonté et l'engagement de tous les membres du Mouvement des non-alignés de contribuer à l'instauration d'un monde sans injustice, où la dignité et le respect soient une réalité pour tous les êtres humains, sans distinction. Le Mouvement des non-alignés rappelle que la Déclaration universelle des droits de l'homme, document historique auquel il est attaché, a été utilement complétée en 1993 par la Déclaration et le Programme d'action de Vienne, qui posent le principe de l'universalité, de l'indivisibilité et de l'interdépendance de tous les droits humains. Dans le contexte des deux crises, alimentaire et financière, vécues cette année, le Mouvement des non-alignés réaffirme la nécessité de la pleine réalisation du droit au développement, notamment par l'adoption d'une Convention, et appelle une nouvelle fois à l'élimination des mesures coercitives unilatérales, qui constituent une grave entrave à la promotion et à la protection des droits de l'homme. De même, la commémoration de ce jour ne saurait passer sous silence le sort du peuple palestinien dont les droits fondamentaux sont bafoués par Israël, a ajouté le représentant cubain. Le Conseil peut et doit jouer un rôle important pour la promotion et la protection des droits de l'homme, a-t-il insisté. Il n'y parviendra cependant que s'il peut respecter les principes d'impartialité, de dialogue et de coopération, surtout dans le contexte de l'Examen périodique universel, un mécanisme qui devrait être renforcé et amélioré, a affirmé le représentant.

M. HISHAM BADR (Égypte, au nom du Groupe africain) a souligné l'importante évolution des droits de l'homme depuis l'adoption de la Déclaration universelle en 1948. Ainsi, en Afrique plus particulièrement, l'apartheid a-t-il été aboli et de nombreux États ont-ils obtenu leur indépendance et construit les fondements de l'architecture régionale des droits de l'homme, a précisé le représentant égyptien, rappelant notamment l'existence de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples et de la Charte africaine des droits et du bien-être de l'enfant. L'engagement de l'Afrique en faveur des droits de l'homme a connu un nouveau sommet en 2002 avec la création de l'Union africaine, dont l'Acte constitutif se réfère explicitement à la Déclaration universelle des droits de l'homme et à la protection et la promotion des droits de l'homme, allant jusqu'à prévoir un droit d'intervention en cas de crime de guerre, de crime contre l'humanité et de crime de génocide, a insisté le représentant. En outre, les États africains ont pris des mesures courageuses pour renforcer les institutions démocratiques et garantir la liberté d'expression ainsi que le développement de la société civile, même s'ils réalisent que de nombreux problèmes demeurent - certains émanant du monde extérieur et d'autres de leurs propres sociétés. Le chemin à parcourir est long, mais les États ont la volonté politique de s'y engager et en appellent au Conseil des droits de l'homme pour les épauler dans ce voyage long et difficile vers l'établissement d'une culture des droits de l'homme, a indiqué le représentant égyptien.

MME TEHMINA JANJUA (Pakistan, au nom de l'Organisation de la Conférence islamique - OCI) a déclaré que la célébration du soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme constitue une consécration de cet instrument qui pose les droits de tous les individus - un message qui rejoint celui de toutes les grandes religions. L'OCI estime que la Déclaration universelle a jeté les bases de toute une série d'instruments, notamment sociaux et culturels, d'une grande importance. Il importe aujourd'hui de se pencher sur les obstacles qui empêchent encore la réalisation de tous les droits consacrés par cet instrument, notamment dans le domaine de la justice sociale, a déclaré la représentante pakistanaise. Il importe aussi de poursuivre la lutte contre la haine religieuse, en particulier à l'encontre de l'islam, a-t-elle ajouté. Conformément aux valeurs centrales de l'islam, a-t-elle affirmé, la Déclaration universelle promeut la tolérance et le respect d'autrui. La représentante a en outre rappelé que lors de son dernier sommet, l'OCI a lancé une grande initiative en faveur de la promotion d'une culture universelle des droits de l'homme dans le respect de la diversité culturelle et religieuse. La Déclaration doit rester une source d'inspiration pour toutes les politiques en faveur des droits de chacun et de chacune, a conclu la représentante pakistanaise.

M. HISHAM BADR (Égypte, au nom du Groupe des pays arabes) a souligné que la Déclaration universelle des droits de l'homme avait été élaborée avec la contribution de pays arabes. Son adoption n'a pas été facile, mais un accord a pu être trouvé après de nombreuses discussions, a-t-il rappelé. Le principe de la dignité et de l'égalité de tous les membres de la famille humaine a été placé au cœur des droits de l'homme, a-t-il poursuivi. Au moment où la Déclaration était adoptée, en 1948, les réalités étaient pourtant bien sombres, a-t-il ajouté, rappelant que l'année de naissance de la Déclaration universelle était aussi celle de la tragédie palestinienne. Aujourd'hui encore, le peuple palestinien est privé de ses droits inaliénables, a insisté le représentant égyptien. Le Pacte international relatif aux droits civils et politique et le Pacte international relatif aux droits économique, sociaux et culturels, ainsi que nombre de conventions complètent l'œuvre que constitue la Déclaration universelle, a par ailleurs souligné le représentant égyptien. Il en a appelé à la communauté internationale pour qu'elle n'établisse pas de distinction discriminatoire entre les différents éléments constituant l'architecture des droits de l'homme.

M. LIBÈRE BARARUNYERETSE a rappelé les mots du Secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), M. Abdou Diouf, selon lequel, «malgré le travail et les efforts accomplis par l'ONU et la communauté internationale, malgré l'action inlassable des organisations non gouvernementales et des milliers de héros anonymes qui se dévouent souvent au péril de leur vie, malgré les progrès accomplis et les avancées incontestables réalisées tout au long de ces soixante années, l'œuvre reste encore et toujours inachevée». La Francophonie est pleinement mobilisée en faveur de la mise en œuvre des droits de l'homme, a-t-il poursuivi. Les chefs d'États et de gouvernements francophones se sont engagés, dans la Déclaration de Bamako de 2003, en faveur de la consolidation de l'État de droit, de la tenue d'élections libres, fiables et transparentes, de la vie politique apaisée, de la promotion d'une culture démocratique intériorisée et du plein respect des droits de l'homme, a rappelé le représentant de l'OIF. Il a indiqué que son Organisation organisait, en collaboration avec le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, des événements de célébration du soixantième anniversaire de la Déclaration universelle en Haïti, au Sénégal et au Togo. L'OIF soutient également la publication d'articles consacrés à la célébration du soixantième anniversaire, a-t-il précisé. Ces articles mettent en lumière, dans dix pays francophones, les efforts déployés et les difficultés rencontrées pour garantir aux populations la pleine jouissance des droits énoncés dans la Déclaration.

M. ECKART GUTH (Commission européenne) a rappelé que l'intégration européenne est basée sur un engagement commun à renforcer la démocratie et le respect effectif des droits fondamentaux. Bien entendu, a-t-il poursuivi, la protection des droits de l'homme requiert un effort constant d'élargissement et de mise à jour des initiatives législatives et politiques des membres de l'Union européenne dans des domaines tels que la lutte contre le racisme, la xénophobie et tous types de discrimination. De plus, a déclaré le représentant de la Commission européenne, la protection et la promotion des droits de l'homme font partie intégrante de nos relations politiques avec les pays tiers. Soixante ans après son adoption, la Déclaration universelle des droits de l'homme est largement acceptée comme faisant partie du droit international coutumier, ce qui témoigne de la vraie nature des droits qui y sont reconnus, a souligné le représentant. Il a rappelé qu'il y a deux jours, l'Union européenne a célébré le soixantième anniversaire de la Déclaration universelle dans le cadre du dixième Forum annuel des droits de l'homme associant l'Union européenne et les organisations non gouvernementales.

M. MARIUS GRINIUS (Canada) a notamment déclaré que la Déclaration universelle des droits de l'homme est la première expression mondiale de droits fondamentaux appartenant à tous les êtres humains. Le Canada est fier que l'un de ses ressortissants, M. John Humphrey, ait fait partie des rédacteurs de cette Déclaration. Le représentant canadien a par ailleurs indiqué que le Prix Liberté John Humphrey avait été décerné, il y a deux jours, à l'organisation des Avocats du Zimbabwe pour les droits de l'homme, qui se bat pour les droits des citoyens et tente de redonner l'espoir aux victimes de violations des droits de l'homme. Les organes de traités et les procédures spéciales dans le domaine des droits de l'homme, ainsi que le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme ont contribué à aider les États à remplir leurs obligations en matière de respect des droits de l'homme, a poursuivi le représentant canadien. Tous les êtres humains bénéficient de droits fondamentaux, garantis par la Déclaration universelle, a-t-il rappelé. La seule promotion de ces droits est insuffisante: il faut les défendre activement, comme s'y engage le Canada par des mesures concrètes au profit des personnes qui se voient privées de la réalisation de leurs droits, a-t-il déclaré.

MME KAREN CURTIS a donné lecture d'une déclaration du Directeur général de l'Organisation internationale du travail (OIT), M. Juan Somavia, dans lequel ce dernier rappelle que le mandat de son Organisation est étroitement lié au contenu de la Déclaration universelle. En effet, fait observer M. Somavia, la Déclaration universelle s'inspire de nombreux principes énoncés dans la Constitution de l'OIT, comme par exemple le droit à des conditions de travail justes, le paiement de salaires équitables ou encore les droits syndicaux. Les instruments adoptés par l'OIT forment un corps juridique cohérent pour le renforcement des droits et libertés définis par la Déclaration universelle des droits de l'homme, souligne le Directeur général de l'OIT. Le programme d'action de l'OIT dans le domaine de la qualité du travail est une réponse concrète aux problèmes rencontrés aujourd'hui dans le monde du travail, ajoute-t-il. Ce programme poursuit quatre objectifs complémentaires, précise-t-il : création d'emplois et d'entreprises, protection sociale, dialogue social et droits au travail. D'autre part, le soixantième anniversaire de la Déclaration universelle marque aussi le soixantième anniversaire de la Convention n° 87 de l'OIT sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical, ainsi que le cinquantième anniversaire de la Convention n° 111 contre la discrimination au travail.

M. LI BAODONG (Chine) a souligné que la Déclaration universelle de droits de l'homme constitue un jalon important pour la société civile. De nombreux points de ce document ne sont pas appliqués, en particulier ceux ayant trait au droit à la vie, à l'environnement ou encore à la santé, a-t-il fait observer. L'intolérance règne encore de par le monde et les droits de groupes vulnérables tels que les femmes et les enfants sont souvent bafoués. En tant que l'un des pères fondateurs de l'Organisation des Nations Unies et membre permanent du Conseil de sécurité, la Chine pense que chacun doit pouvoir jouir du droit au développement. Le nombre de personnes vivant dans la pauvreté a beaucoup reculé en Chine, bien que de grandes différences persistent entre zones rurales et urbaines, a poursuivi le représentant. Le Gouvernement chinois a lancé un plan d'action en faveur des droits de l'homme, ce qui témoigne de l'attachement de la Chine à ces droits, a-t-il ajouté. La Chine a adhéré à un grand nombre d'instruments internationaux et accorde une grande importance à l'échange d'expériences et au dialogue, a-t-il précisé.

M. ABDUL GHAFOOR MOHAMED (Maldives) a déclaré que l'importance de la Déclaration universelle des droits de l'homme, véritable "langage commun de l'humanité", est de nous rappeler que malgré leurs différences, tous les peuples, nations et cultures partagent des valeurs fondamentales et que nous sommes tous nés égaux en droits. Les principes et idées posés il y a soixante ans par les rédacteurs de la Déclaration universelle sont aujourd'hui concrétisés dans la Constitution des Maldives, a poursuivi le représentant. Il a affirmé que son pays jouit d'un secteur judiciaire indépendant, d'une presse libre et d'une société civile active. Les dernières élections ont permis un transfert de pouvoir harmonieux, a-t-il ajouté. Les Maldives parlent ainsi très bien - sinon parfaitement - ce «langage commun de l'humanité», s'est félicité le représentant.

M. SWASHPAWAN SINGH (Inde) a rappelé que son pays figure au nombre des rédacteurs de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Le rêve du Mahatma Gandhi de voir essuyées les larmes de chaque être humain est encore loin d'être réalisé, a-t-il poursuivi. Il a fait part d'un certain nombre d'initiatives prises par l'Inde dans le cadre des commémorations du soixantième anniversaire de la Déclaration universelle, indiquant notamment que le pays s'est efforcé d'accroître la sensibilisation à ce document et d'améliorer la protection accordée aux victimes de violations des droits de l'homme. Dans les jours à venir, a-t-il indiqué, la Commission nationale des droits de l'homme de l'Inde organisera une conférence régionale des pays du sud asiatique consacrée à la sensibilisation aux droits de l'homme et à la création de capacités institutionnelles dans ce domaine. Le terrorisme, ces dernières années, a émergé comme l'un des défis majeurs auxquels est confrontée la communauté internationale, a par ailleurs souligné le représentant indien, ajoutant que les récentes attaques survenues à Mumbai marquent une escalade de ce phénomène qui requiert une réponse coordonnée et ferme de la communauté mondiale.

M. CHRISTIAN STROHAL (Autriche) a souligné que son pays, hôte de la Conférence mondiale sur les droits de l'homme de 1993, attache une importance toute particulière à la mise en œuvre de la Déclaration universelle des droits de l'homme ainsi qu'à celle de la Déclaration et du Programme adoptés il y a quinze ans, à Vienne, lors de cette Conférence. C'est dans cet esprit que l'Autriche célèbre le soixantième anniversaire de la Déclaration universelle, a-t-il indiqué. Il a rappelé qu'une conférence organisée cet été à Vienne, consacrée aux «normes internationales pour une action locale», a permis de confronter des avis d'experts sur la manière d'améliorer la mise en œuvre, au niveau local, des normes internationales de droits de l'homme. Cette conférence a notamment souligné que les normes internationales doivent être appliquées sans réserve au niveau local, que les connaissances relatives aux droits de l'homme doivent être systématiquement enseignées et que le système international doit être renforcé et connecté au niveau local.

M. GUSTI AGUNG WESAKA PUJA (Indonésie) a déclaré que le lien entre droits de l'homme et démocratie est étroit. La démocratie doit naître et croître intérieurement, a-t-il ajouté ; personne n'aime se voir imposer des solutions étrangères, a-t-il souligné, précisant que l'Indonésie n'en apprécie pas moins l'échange d'expériences et le dialogue. Il n'existe pas de solution parfaite et la démocratie est en évolution constante, a-t-il poursuivi. Il a rappelé que le Forum de la démocratie de Bali s'est tenu les 10 et 11 décembre 2008; il s'agissait du premier forum intergouvernemental sur la démocratie tenu en Asie. Ce Forum a rassemblé des représentants de 32 pays asiatiques, démocratiques ou aspirant à la démocratie. Le but de la démocratie est d'assurer une société plus stable, pacifique et respectueuses des droits de l'homme, a souligné le représentant indonésien.

Un représentant de l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) a donné lecture d'une déclaration de la Commissaire générale de l'UNRWA, Mme Karen Abuzayd, dans laquelle il est rappelé que soixante ans après l'adoption de la Déclaration universelle, le fossé n'a jamais été aussi profond entre les principes et la réalité des droits de l'homme, notamment dans le cas du peuple palestinien. La nécessité de combler ce fossé et de donner tout son sens au principe de la protection des Palestiniens n'a jamais été aussi grande, souligne la Commissaire générale de l'UNRWA dans sa déclaration. Plusieurs personnalités internationales ont jugé que le sort réservé aux Palestiniens de Gaza constituait une violation massive des droits de l'homme, rappelle-t-elle. Le droit à la vie, la liberté de mouvement, ainsi que le droit à la liberté et à la sécurité personnelle des Palestiniens sont constamment bafoués, dans le cadre d'une crise humanitaire imposée par des acteurs politiques, insiste-t-elle, avant d'ajouter que le droit à l'autodétermination coiffe tous les autres droits et que depuis soixante ans d'exil et de dépossession, les Palestiniens en sont privés.

M. AHARON LESHNO-YAAR (Israël) a rappelé que la Déclaration universelle des droits de l'homme plonge ses racines dans les horreurs de l'Holocauste, qui ont motivé la communauté internationale à prévoir un mécanisme qui soulignerait l'importance qu'il y a à assurer un respect universel des droits de l'homme. Peut-être serait-il encore plus correct d'aller rechercher les racines de la Déclaration universelle dans la Bible, a poursuivi le représentant israélien. L'éducation aux droits de l'homme constitue la clef du respect des droits de l'homme et de la lutte contre l'intolérance et la haine, a-t-il souligné. C'est pour cette raison que la Déclaration universelle des droits de l'homme a été intégrée au programme des écoles israéliennes. La société civile contribue grandement à l'éducation aux droits de l'homme, a poursuivi le représentant; ainsi l'Association pour les droits civils a-t-elle commencé, depuis cet été, en collaboration avec le Commissaire pénitentiaire israélien, à former les gardiens de prison, et plus particulièrement ceux qui ont affaire à des détenus palestiniens.

MME ERLINDA F. BASILIO (Philippines) a rappelé qu'en tant que pays fondateur de l'Organisation des Nations Unies, les Philippines ont l'honneur d'avoir joué un rôle dans la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Elle a indiqué que dans le cadre de cette commémoration du soixantième anniversaire de la Déclaration universelle, le Comité présidentiel des droits de l'homme des Philippines a lancé de vastes consultations au sujet d'un plan d'action national des droits de l'homme qui doit prendre en considération les résultats de l'Examen périodique universel, ainsi que d'autres recommandations des organes de traités et contributions de la société civile. Le Gouvernement philippin a mis sur pied une base de données nationale recensant les allégations de violations des droits de l'homme - un outil qui servira à évaluer les progrès enregistrés dans le traitement juridique des plaintes et le dédommagement des victimes, a par ailleurs indiqué la représentante. En outre, la Commission nationale des droits de l'homme continue de jouer un rôle important pour ce qui est du contrôle du respect des droits de l'homme sur le terrain, a-t-elle assuré.

M. ABDULLA FALAH ABDULLA AL-DOSARI (Qatar) a déclaré que la Déclaration universelle des droits de l'homme est le premier texte international à avoir garanti des droits à tous, sans distinction. Elle consacre la conception de la justice et de la dignité pour tous. Tout comme la charia, la Déclaration universelle a inspiré la constitution du Qatar, a-t-il poursuivi. De grandes avancées ont pu être constatées dans ce pays, où une culture des droits de l'homme a été instaurée qui sera transmise aux générations futures. Le Qatar s'efforce d'assurer les droits de l'homme aux travailleurs migrants comme aux ressortissants qatariens. Le représentant du Qatar a souligné que son pays accueillerait les 13 et 14 décembre une conférence arabe sur le droits de l'homme. Il a en outre rappelé qu'un blocus fait souffrir de manière aveugle le peuple de Palestine.

M. HANS DAHLGREN (Suède) a rappelé que la Déclaration universelle des droits de l'homme fixe des droits et libertés individuels et énonce l'obligation des États d'en surveiller le respect. La Déclaration universelle traite aussi du droit de ne pas être soumis à l'oppression et du droit au respect de la vie privée; elle traite également de la protection de l'intégrité physique et mentale et du droit de participer à la gouvernance de son propre pays. La Déclaration universelle énonce en outre la liberté d'expression et de pensée et la liberté de diffuser des informations. Le processus dans lequel s'inscrit ce document vise à l'instauration d'une société meilleure et plus libre, a souligné le représentant suédois. Malheureusement, a-t-il fait observer, ce processus est loin d'être achevé. Des personnes sont toujours emprisonnées en raison de leurs croyances, torturées et mises à mort, interdites d'expression et de croyance, victimes de discrimination. Cependant, le monde est devenu globalement plus libre et la démocratie et l'État de droit sont devenus des réalités tangibles pour des millions de personnes, a affirmé le représentant. Les idéaux ont tenu bon et le monde a pris une nouvelle direction, s'est-il félicité. Le principe de la société ouverte, sur lequel se fonde la Déclaration universelle, a pris corps dans de nombreux pays, s'est réjoui le représentant suédois.

MME BENTE ANGELL-HANSEN (Norvège) a rappelé que des violations de droits de l'homme sont commises quotidiennement. Plus d'un milliard de personnes vivent dans l'extrême pauvreté, ce qui constitue un des défis majeurs de nos temps, a-t-elle souligné, ajoutant que la Norvège redoublerait d'efforts pour lutter en faveur de l'éradication de la pauvreté. Les objectifs du millénaire pour le développement ne seront pas atteints sans l'aide d'instruments des droits de l'homme forts, a-t-elle poursuivi. En se plaçant dans la perspective des droits de l'homme, la Norvège affirme les droits des plus pauvres ainsi que la responsabilité des États en matière de promotion d'un développement fondé sur la participation, la non-discrimination et la responsabilité des pouvoirs publics. Le Ministère des affaires étrangères norvégien a publié une «Réflexion sur les droits de l'homme» regroupant les contributions d'hommes politiques, universitaires et représentants de la société civile : ce recueil, qui accorde une large place à la lutte contre la faim, au droit à la terre et au lien entre les droits de l'homme et le monde des affaires inspirera la politique étrangère du pays, a indiqué la représentante.

M. DON MACKAY (Nouvelle-Zélande) a déploré qu'en dépit de l'orientation claire donnée par la Déclaration universelle des droits de l'homme, la discrimination persiste au motif de la race, du sexe, de la religion, des opinions politiques, du handicap, des origines sociales ou nationales ou encore de l'orientation sexuelle. Pour la Nouvelle-Zélande, la commémoration de ce jour est l'occasion de concentrer toutes les énergies sur une application rationnelle de la Déclaration universelle et des autres instruments de droits de l'homme - démarche dans le cadre de laquelle le Conseil des droits de l'homme peut jouer un rôle utile. En tant que pays de la région Asie-Pacifique, la Nouvelle-Zélande s'efforce de contribuer activement au renforcement des droits de l'homme et à la sensibilisation aux droits de l'homme dans la région. La Commission nationale des droits de l'homme mène à cet égard des projets bilatéraux et organise des séminaires de formation à l'intention d'autres membres régionaux du Commonwealth. Un manuel de référence des droits de l'homme a été rédigé pour mieux expliquer le fonctionnement des mécanismes des Nations Unies relatifs aux droits de l'homme.

M. SILVANO M. TOMASI (Saint-Siège) a déclaré que la Déclaration universelle des droits de l'homme confirme la valeur suprême de la dignité humaine. Les droits de l'homme sont vulnérables s'ils ne sont pas enracinés dans les valeurs profondes de nos sociétés, tels que conférées par Dieu, a-t-il ajouté. Mais ces droits ne peuvent être niés, a-t-il précisé. Rien de révolutionnaire n'a été décrété par la Déclaration, a poursuivi le représentant du Saint-Siège. Ainsi, le droit à la vie, le mariage en tant qu'union d'un homme et d'une femme, les limites de l'autorité de l'État, sont-ils des valeurs immémoriales et le Saint-Siège rend hommage au rôle que jouent les Nations Unies dans la protection de ce patrimoine commun de l'humanité. Ce qui importe, c'est le respect des droits de l'homme dans les faits, a insisté le représentant. Dans le monde, il y a trop de personnes affamées, trop de conflits, trop de persécutions en raison de l'opinion. Mais en poursuivant le but des droits de l'homme, on peut garder l'espoir de voir une évolution positive, a affirmé le représentant du Saint-Siège. Les droits de l'homme sont le fruit et l'expression de ce que l'esprit humain a de plus noble, a-t-il conclu.

M. BOUDEWIJN J. VAN EENENNAAM (Pays-Bas) a rappelé que la majorité des rédacteurs de la Déclaration universelle des droits de l'homme étaient originaires de pays non occidentaux. La plupart des États présents aujourd'hui ont signé les traités des droits de l'homme inspirés par la Déclaration universelle, dont on est ainsi fondé à reconnaître le caractère véritablement universel, a-t-il souligné. Abordant la question de la liberté d'expression, il a fait observer que la discussion publique de sujets tels que la corruption, le rôle des élites politiques et économiques ou le rôle de la religion dans la société ne va pas toujours de soi. Cependant, cette liberté fait bel et bien partie intégrante de toute société démocratique, a rappelé le représentant néerlandais. Cela ne veut pas dire que l'on puisse tout dire en public, comme doit le rappeler le rôle joué par la Radio Mille Collines dans le génocide au Rwanda. Par ailleurs, lors de violations graves des droits de l'homme, comme c'est le cas aujourd'hui au Zimbabwe, la communauté internationale doit intervenir au nom des victimes de ces violations, a estimé le représentant ; le refus de coopérer des gouvernements concernés ne doit pas être un motif d'inaction, a-t-il insisté.

M. PETER GOODERHAM (Royaume-Uni) a souligné que son pays est fier d'avoir été, dès le début, l'un des plus fervents partisans de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Aujourd'hui, le temps est venu d'examiner ce qui a été réalisé et ce qui ne l'a pas été. Or, les droits énoncés dans la Déclaration restent hors de portée pour de trop nombreuses personnes et en de trop nombreux endroits. Pour ceux qui sont torturés et emprisonnés pour le simple fait de pratiquer leur religion ou de vouloir en changer, pour ceux qui ont faim, pour ceux qui n'ont pas d'abri, pour ceux qui n'ont pas accès à l'assainissement de base, les droits de l'homme ne restent que des mots. Pour ceux qui sont persécutés par des systèmes juridiques corrompus pour la simple raison qu'ils ont voulu attirer l'attention sur des violations des droits de l'homme, la Déclaration universelle reste une aspiration au lieu d'être une réalité. Pour ceux qui sont traités comme des citoyens de deuxième rang, juste parce qu'ils sont différents de la majorité, cette Déclaration n'a pas encore rempli ses promesses. Aussi, le Conseil des droits de l'homme a-t-il l'obligation d'assurer la mise en œuvre de la Déclaration, a insisté le représentant britannique.

M. MOHAMED-SIAD DOUALEH (Djibouti) a déclaré que son pays est résolument engagé en faveur de la réalisation effective de la totalité des articles de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Djibouti a entrepris en 2008 une action de sensibilisation au contenu de ce texte et aux défis nouveaux et multiforme qui continuent de se poser à cet égard. Une réflexion doit porter sur les lacunes de la Déclaration universelle, que des travaux futurs devront combler, a indiqué le représentant. Djibouti rappelle l'importance dans ce contexte de la Déclaration et du Programme d'action de Vienne, qui viennent compléter les dispositions de la Déclaration universelle dans le domaine économique et social. La tendance à élaborer des politiques économiques indépendamment des réalités du développement est à proscrire, a ajouté le représentant de Djibouti.

M. GERMÁN MUNDARAÍN HERNÁNDEZ (Venezuela) a déclaré que la Déclaration universelle des droits de l'homme est le fruit d'un compromis élaboré dans une période difficile. De nouvelles menaces mettent aujourd'hui en danger les plus vulnérables : des conflits armés, soutenus par des intérêts particuliers; la crise alimentaire; le changement climatique, entre autres. Il faut parvenir à une meilleure répartition des richesses et à faire émerger un monde plus juste, basé sur la solidarité et la coopération véritable, pour espérer voir réaliser un jour l'esprit de la Déclaration universelle.

M. KWABENA BAAH-DUODU (Ghana) a rappelé qu'il y a soixante ans, au moment de l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme, la plupart des peuples se trouvaient sous le joug colonial. Le Ghana n'était pas membre des Nations Unies, pas plus que nombre d'autre pays africains. Les principes inscrits dans la Déclaration universelle - liberté individuelle, droit à l'autodétermination - ont incité ces pays à lutter contre le colonialisme et à prendre leur destin en mains. Mais soixante ans plus tard, beaucoup reste à faire, tant les injustices continuent de sévir. Des milliers de personnes voient leurs droits bafoués, la protection des droits économiques, sociaux et culturels est moindre que celle accordée aux droits civils et politiques et la pauvreté afflige des millions d'hommes. Les promesses de coopération sont restées lettre morte, le fossé entre riches et pauvres ne cessant de s'approfondir. Dans ce contexte, les États doivent coopérer, éviter les stéréotypes et assumer leur responsabilité collective, a souligné le représentant ghanéen.

M. AHMET ÜZÜMCÜ (Turquie) a déclaré qu'à l'heure du bilan en cette année de soixantième anniversaire de la Déclaration universelle, la Turquie pense que l'éducation des populations reste encore à faire et qu'il reste à consacrer les ressources appropriées à la réalisation pleine et effective des principes de ce texte. Le partage des bonnes pratiques, associé à l'assistance technique, contribuera à étendre le respect des droits de l'homme, a-t-il ajouté. Le monde se trouve à une croisée de chemins, alors que la polarisation culturelle, l'intolérance et les malentendus se répandent. Dans ce contexte, il faut construire sur les valeurs communes ; or, le projet de l'Alliance des civilisations, sous l'égide du Secrétaire général, semble être un moyen privilégié d'y parvenir et la Turquie invite chacun à rejoindre le groupe des amis de cette Alliance. La Déclaration universelle a guidé la Turquie sur la voie des droits de l'homme, a poursuivi le représentant turc. De l'avis de son pays, la célébration de ce soixantième anniversaire doit être l'occasion de multiplier les activités d'information.

M. GIOVANNI CARACCIOLO DI VIETRI (Italie) a déclaré que son pays agit avec détermination pour promouvoir et protéger les droits de l'homme partout dans le monde et pour prévenir et dénoncer les violations partout où elles se produisent. L'Italie est convaincue que la protection des droits de l'homme est une valeur fondamentale de l'humanité et une condition sine qua non de la paix et de la sécurité ainsi que du développement économique. L'Italie est activement engagée en faveur de l'abolition de la peine de mort, en faveur de la lutte contre toutes les formes d'intolérance religieuse et en faveur de la protection des femmes dans le cadre des conflits armés, a rappelé le représentant. L'Italie est également engagée en faveur de la protection des enfants dans le cadre des conflits armés, a-t-il ajouté. L'Italie n'est elle-même pas exempte de toute critique, a convenu le représentant. En Italie, a-t-il ajouté, la lutte contre toutes les formes de racisme, de discrimination raciale et d'intolérance y associée, si elle est au cœur de la Constitution, n'en exige pas moins un engagement constant de la société civile. Un effort d'information dans ce domaine est consenti par les autorités italiennes, a assuré le représentant.

M. SEJDI QERIMAJ (Albanie) a rappelé que pour son pays, le 10 décembre marque aussi la date du soulèvement des étudiants contre la dictature communiste. Il a rappelé que ces étudiants avaient été inspirés par la Déclaration universelle des droits de l'homme. Depuis lors, l'Albanie a rejoint les pays démocratiques et a ratifié sept des huit principaux instruments internationaux sur les droits de l'homme. En dépit des nombreux progrès accomplis, l'Albanie est consciente du long chemin qu'il lui reste à parcourir, a souligné le représentant. Il a fait observer qu'il est difficile d'imaginer le monde sans la Déclaration universelle - qui est devenue le Livre commun de toutes les civilisations et de tous les peuples et citoyens de la planète.

M. SIHASAK PHUANGKETKEOW (Thaïlande) a relevé qu'en dépit des progrès réalisés depuis soixante ans, les droits de l'homme sont toujours menacés dans toutes les régions du monde. L'anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme devrait de ce point de vue être l'occasion de redoubler d'efforts pour faire en sorte que les traités et instruments de droits de l'homme soient véritablement appliqués et mis en œuvre. Quant au Conseil des droits de l'homme, il ne peut être efficace que dans la mesure où ses membres sont capables de coopérer dans le cadre d'un dialogue constructif et sincère. Le Conseil n'est cependant pas la panacée ; il doit davantage être vu comme un catalyseur de l'action et du changement, a estimé le représentant thaïlandais. Les droits de l'homme doivent être protégés sur le terrain, dans chaque région et chaque pays. C'est pourquoi la Thaïlande, qui a accédé à pratiquement tous les instruments internationaux de droits de l'homme, milite pour la mise sur pied d'une institution des droits de l'homme dans le cadre de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE).

MME MARIE-LOUISE OVERVAD (Danemark) a relevé qu'alors qu'il y a des violations de droits de l'homme dans toutes les parties du monde, des efforts sont déployés pour nier l'universalité des droits de l'homme. Il faut rester vigilant afin de combattre toute tentative visant à saper les droits de l'homme. La tradition ne saurait constituer une entorse légitime, a poursuivi la représentante danoise. Le Danemark développe une stratégie nationale de mise en œuvre des droits de l'homme sur son sol et œuvre à la promotion de la démocratie dans les pays en voie de développement. Les défenseurs des droits de l'homme mettent souvent leur vie en péril pour défendre les droits des autres; leur engagement est d'autant plus méritoire et ils méritent soutien et protection, a souligné la représentante.

M. DINESH BHATTARAI (Népal) a rappelé les progrès réalisés par son pays sur le chemin de la démocratie, avec l'adoption -en 2007 - d'une Constitution garantissant les principes universels des droits de l'homme, de la démocratie et de la justice sociale. La transition pacifique qui s'est opérée au Népal a notamment permis une mobilisation des femmes et la prise en compte des droits des minorités. Le Népal est engagé pour le renforcement d'institutions nationales durables en matière de droits de l'homme et est sur le point de créer une commission de vérité et de réconciliation qui se penchera sur les violations des droits de l'homme commises pendant le conflit qu'a traversé le pays. C'est ainsi que le Népal contribuera, de manière certes modeste, aux célébrations du soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, a conclu le représentant.

M. IM HAN-TAEK (République de Corée) a affirmé que la Déclaration universelle des droits de l'homme atteste que de grandes choses peuvent être faites pour l'humanité au-delà des différences idéologiques. Parmi les évènements organisés par la République de Corée dans le cadre de la célébration de ce soixantième anniversaire, figure la Conférence internationale pour les droits de l'homme des victimes de crimes, qui fait partie des programmes lancés cette année par le Ministère de la justice de la République de Corée pour renforcer la protection de droits de l'homme des groupes vulnérables. L'organisation d'un atelier sur l'éducation aux droits de l'homme à l'intention des procureurs et du personnel pénitentiaire est un autre exemple des efforts déployés par ce Ministère. La République de Corée réitère son engagement de coopérer avec la communauté internationale dans le but de mettre en œuvre les principes de la Déclaration universelle des droits de l'homme.

M. SHINICHI KITAJIMA (Japon) a déclaré que la Déclaration universelle des droits de l'homme est importante pour trois raisons. D'abord, elle suggère que la protection des droits de l'homme peut contribuer à éviter de nouvelles guerres. Ensuite, elle a introduit et consolidé le concept général de "droit de l'homme devant être protégé", une notion qui couvre aussi bien les droits civils et politiques que les droits économiques, sociaux et culturels. Enfin, la Déclaration universelle a grandement influencé l'idée de gouvernance mondiale et le principe d'une gestion appropriée des affaires de la communauté internationale. La Déclaration universelle a institué une norme mondiale de protection des droits de l'homme qui a influencé l'adoption d'autres normes dans d'autres domaines, comme par exemple le commerce international ou la protection de l'environnement. L'importance de la Déclaration universelle depuis soixante ans réside aussi dans les efforts collectifs consentis pour améliorer la sécurité humaine et pour préserver les peuples des graves menaces contre leur vie, leur liberté et leur dignité.

M. DORU ROMULUS COSTEA (Roumanie) a rappelé que la réalisation des droits de l'homme ne s'opère pas dans un environnement abstrait et exige donc des instruments concrets et adaptés aux circonstances. Le but final reste d'assurer la paix et la sécurité, ce qui est un objectif ambitieux. Le Haut Commissariat aux droits de l'homme n'a pu être créé que 45 ans après l'adoption de la Déclaration universelle; mais depuis sa création, celui-ci a accompli un travail remarquable, a fait observer le représentant roumain. Il faut laisser du temps au temps, mais aussi se dépêcher, car la souffrance est quotidienne et exige des solutions immédiates, a-t-il souligné. La Roumanie estime que la protection des minorités est une question essentielle, a-t-il ajouté.

M. IFEANYI E. NWOSU (Nigéria) a affirmé que son pays a pris des mesures fermes pour l'instauration d'un État de droit fondé sur la démocratie et le respect des droits de l'homme. Le Nigéria estime que la célébration du soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme doit être l'occasion pour la communauté internationale de réfléchir aux droits de l'homme de tous les citoyens et de remédier aux situations complexes qui empêchent la jouissance de tous les droits de l'homme.

M. IMAD ZUHAIRI (Palestine) a relevé que la mise en œuvre des droits de l'homme n'est pas une tâche aisée, comme en témoigne la tragédie du peuple palestinien, dont les souffrances se poursuivent alors que la puissance occupante viole quotidiennement toutes les dispositions des droits de l'homme. Le peuple palestinien n'a guère de raisons de célébrer le soixantième anniversaire de la Déclaration universelle, a poursuivi le représentant. La Palestine réitère son engagement à ne ménager aucun effort pour respecter et protéger les droits de l'homme et en appelle aussi à la communauté internationale pour qu'elle déploie tous les efforts afin de parvenir à l'existence de deux États indépendants, ce qui donnerait une raison véritable aux Palestiniens de fêter et célébrer la Déclaration universelle des droits de l'homme.

MME CECILIA QUISUMBING (Comité international de coordination des institutions nationales de droits de l'homme ) a souligné que la Déclaration universelle des droits de l'homme a permis d'unir la communauté internationale autour de valeurs communes d'égalité et de dignité. Cette année marque aussi le quinzième anniversaire de l'adoption de la Déclaration de Vienne et des Principes de Paris, a-t-elle fait observer, ajoutant que ces documents soulignent l'importance de la mise en œuvre de l'application au niveau national des obligations internationales ainsi que la valeur intrinsèque des institutions nationales des droits de l'homme. La représentante a rappelé qu'au mois d'octobre dernier, les institutions nationales de droits de l'homme se sont réunies au Kenya, pour réaffirmer leur rôle dans le domaine de l'administration de la justice, en réponse à l'appel lancé par la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme pour une meilleure prise en compte des droits des détenus. Lors de cette réunion, les délégués ont adopté des directives devant régir la mise en détention, les procès, l'accès à la justice et l'assistance juridique. Il s'agit d'un exemple de la manière dont les institutions nationales de droits de l'homme participent à la concrétisation de la vision inscrite dans la Déclaration universelle, a souligné la représentante.

MME CAROLINE MILLAR (Australie) a déclaré que l'Australie est fière des mesures qu'elle a prises ces dernières années, soulignant notamment que le pays est devenu partie à la Convention sur les droits de personnes handicapées et a engagé la procédure visant à devenir également partie au Protocole facultatif se rapportant à la Convention contre la torture. Au niveau intérieur, a par ailleurs fait valoir la représentante australienne, des initiatives ont été prises pour réduire les écarts existants entre populations indigènes et non indigènes, ainsi que pour lutter contre la discrimination à l'encontre des couples homosexuels. L'Australie augmente également son aide internationale en faveur de la santé, de l'éducation de base, de l'eau et de l'assainissement.

YAHYA SALIM HAMED AL-WAHAIBI (Oman) s'est félicité des progrès réalisés depuis plusieurs décennies en matière de promotion des droits de l'homme, comme l'illustre l'important événement qu'a constitué la création du Conseil des droits de l'homme. Oman, pour sa part, a mis en place une commission nationale des droits de l'homme et a légiféré dans le domaine de la lutte contre la traite des êtres humains. En outre, les médias locaux ont donné une résonance aux célébrations de ce jour. Oman espère que de nouveaux efforts seront consentis pour concrétiser les droits de l'homme.


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