Aller au contenu principal

LE CONSEIL OUVRE LES TRAVAUX DE SA SESSION EXTRAORDINAIRE SUR LA SITUATION DANS L'EST DE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

Compte rendu de séance
La Haut-Commissaire aux droits de l'homme insiste sur la nécessité de lutter contre l'impunité et de traiter la cause profonde du conflit

Le Conseil des droits de l'homme a ouvert, cet après-midi, sa huitième session extraordinaire, convoquée par la France avec l'appui de quinze autres membres du Conseil et consacrée à la situation des droits de l'homme dans l'est de la République démocratique du Congo. Cette session doit se poursuivre lundi.

Ouvrant les travaux de cette session extraordinaire, la Haut Commissaire aux droits de l'homme, Mme Navanethem Pillay, a averti que l'incapacité à traiter les causes réelles du conflit en République démocratique du Congo risque d'entraîner un nouveau déchaînement de violence dans le pays et dans toute la région. Depuis la reprise des combats au Nord-Kivu en août dernier, le Haut-Commissariat constate une détérioration constante de la situation des droits de l'homme, a-t-elle indiqué. Mme Pillay a par ailleurs affirmé que les cycles périodiques de destructions et de meurtres qui affectent le pays depuis si longtemps ne cesseront pas tant que les auteurs des violations des droits de l'homme ne seront pas traduits en justice et tant que le problème de l'exploitation illégale des ressources naturelles ne sera pas traité et résolu une fois pour toutes.

Le représentant de la République démocratique du Congo a pour sa part reconnu que les droits de l'homme sont gravement violés dans l'est du pays, ajoutant que depuis dix ans, les conflits qui agitent le pays ont fait plus de cinq millions de morts. Alors que les intérêts de toutes les ethnies sont pris en compte par le Gouvernement issu des élections de 2006, le général Nkunda s'est révolté contre le verdict des urnes et a lancé une rébellion clairement soutenue par l'extérieur, a-t-il expliqué. L'objectif du général Nkunda, a-t-il poursuivi, est de déstabiliser le Kivu pour, en fin de compte, faire la partition du pays, jouant le jeu, ce faisant, de grandes multinationales et d'États intéressés par les ressources minières du pays.

S'exprimant au nom de l'ensemble des titulaires de mandats de procédures spéciales, la Présidente-Rapporteuse du Groupe de travail sur la détention arbitraire, Mme Manuela Carmena Castrillo, a reconnu l'esprit de coopération dont a fait preuve la République démocratique du Congo en acceptant les demandes de visites qui lui ont été adressées par les titulaires de mandats. Les procédures spéciales restent à disposition du Conseil pour répondre à cette crise et contribuer à l'amélioration de la situation des droits de l'homme en République démocratique du Congo, a-t-elle indiqué.

Les représentants des pays suivants ont fait des déclarations : Suisse, Égypte (au nom du Groupe africain puis en son nom propre), France (au nom de l'Union européenne et de plusieurs autres pays), Pakistan (au nom de l'Organisation de la Conférence islamique), Inde, Royaume-Uni, Pays-Bas, Zambie, Canada, Italie, Angola, Japon, Slovaquie, Chili, Ghana, Bangladesh, Mexique, Malaisie, Argentine, Allemagne, Fédération de Russie, Brésil, Djibouti, Cuba, Uruguay, Chine, Indonésie, Afrique du Sud, République de Corée, Nigéria, Bolivie, Slovénie, Norvège, Australie, Danemark, Irlande, Panama, Finlande, Algérie, Soudan, Israël. L'Observateur du Saint-Siège est également intervenu.

Les intervenants ont tous fait part de leurs préoccupations face à la détérioration de la situation des droits de l'homme en République démocratique du Congo, appelant toutes les parties au conflit armé à une cessation des hostilités. Un grand nombre d'entre eux ont fermement condamné les violences contre les femmes perpétrées dans le cadre de ce conflit, en particulier la violence sexuelle utilisée comme arme de guerre. Plusieurs délégations ont demandé que le mandat de la Mission de l'Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC) soit renforcé de manière à prendre en compte la protection des civils.

Durant la séance, le Président du Conseil a présenté les condoléances du Conseil à l'Inde pour les tristes événements qui viennent de se produire à Mumbai. Le représentant de l'Inde a assuré que son pays ne laisserait pas le terrorisme prévaloir.

N'ayant eu le temps d'entendre tous les intervenants qui s'étaient inscrits sur la liste des orateurs, le Conseil doit poursuivre et achever sa session extraordinaire lundi prochain, 1er décembre, à 13 heures, en salle XIX du Palais des Nations.


Aperçu des déclarations

Ouvrant la session extraordinaire, le Président du Conseil, M. MARTIN IHOEGHIAN UHOMOIBHI, a souligné l'importance pour le Conseil de pouvoir s'exprimer au sujet de la question dont il est saisi aujourd'hui. Nous avons toujours estimé que le Conseil des droits de l'homme devait pouvoir se pencher sur toutes les violations des droits de l'homme, où qu'elles aient lieu et quels qu'en soient les instigateurs, a-t-il déclaré. En tant que membres du Conseil, nous avons toujours estimé que, pour que la communauté internationale continue de nous faire confiance, il fallait que nous tenions compte de toutes les couches de population de toutes les sociétés et ce, de manière équitable, a rappelé M. Uhomoibhi.

Rappelant le contexte de la tenue de la présente session extraordinaire, le Président du Conseil a notamment rappelé que le 26 novembre dernier, lors d'une réunion d'information ouverte, il avait indiqué avoir reçu de la France une lettre demandant la convocation d'une session extraordinaire du Conseil sur la situation des droits de l'homme dans l'est de la République démocratique du Congo.

Le Président du Conseil a par ailleurs indiqué avoir reçu du coordinateur du Groupe africain, à savoir l'Ambassadeur de l'Égypte, une lettre datée d'aujourd'hui, 28 novembre, dans laquelle ce dernier informe le Conseil que le Groupe africain a appris que deux ministres qui devaient assister à cette session n'ont pas obtenu de visa pour entrer en Suisse. Aussi, le Groupe africain exprime-t-il sa grande déception et son mécontentement face au fait que ces ministres ne puissent pas participer à la présente session extraordinaire du Conseil.

MME NAVANETHEM PILLAY, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, a estimé que la convocation de cette huitième session extraordinaire du Conseil des droits de l'homme est l'occasion de faire savoir au peuple congolais que la communauté internationale est consciente de l'épreuve terrible qu'il traverse. Cette session extraordinaire signale de plus l'engagement du Conseil aux côtés de la communauté internationale dans ses efforts pour mettre un terme à un conflit et à des souffrances qui durent depuis maintenant plusieurs années. Mais la démarche engagée aujourd'hui n'est pas suffisante, a ajouté Mme Pillay: l'incapacité à traiter les causes réelles du conflit risque d'entraîner un nouveau déchaînement de violence en République démocratique du Congo et dans toute la région, a-t-elle averti.

Depuis la reprise des combats au Nord-Kivu en août dernier, le Haut Commissariat aux droits de l'homme constate une détérioration constante de la situation des droits de l'homme : exécutions sommaires, enlèvements, pillages à grande échelle commis quotidiennement par les belligérants. La culture d'impunité prévalente exacerbe ces violations généralisées des droits de l'homme, au premier rang desquelles il faut s'inquiéter des violences sexuelles, notamment les viols, commis contre les femmes - un problème d'une ampleur sans précédent, a souligné Mme Pillay. Le conflit armé a provoqué des déplacements de population massifs, a-t-elle poursuivi : on enregistre ainsi 250 000 nouvelles personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays, en majorité des femmes et des enfants, exposées aux exactions de toutes les parties en conflit. Les derniers rapports disponibles indiquent une escalade des violences sexuelles dans leurs formes les plus brutales commises par des soldats des Forces armées de la République démocratique du Congo, notamment dans le camps de personnes déplacées de Kibati. À Kiwanja, contrôlée par les forces du Congrès national pour la défense du peuple de M. Laurent Nkunda, le Haut Commissariat a été informé, la semaine dernière, de disparitions et d'exécutions sommaires de personnes suspectées de sympathies progouvernementales. La crise ne se limite pas au Kivu, a ajouté Mme Pillay. Elle s'ajoute au contraire, au niveau régional, aux brutalités commises par d'autres forces, telle l'Armée de résistance du Seigneur ougandaise, et qui ont entraîné des déplacements massifs de populations, des viols, des exécutions et le recrutement forcé d'enfants dans la province orientale de la République démocratique du Congo.

Parallèlement à l'intensification des négociations entre toutes les parties prenantes à ce conflit, il importe de mettre les belligérants face à leurs responsabilités au regard du droit international humanitaire et des droits de l'homme, a souligné la Haut-Commissaire. Ainsi, les parties au conflit devront-elles rendre compte des atrocités commises par leurs forces armées respectives, a-t-elle insisté. La Mission de l'Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC) doit être soutenue politiquement et être dotée des moyens de mener des enquêtes sur les allégations de crimes graves, a affirmé Mme Pillay. Toutes les parties engagées dans les efforts diplomatiques et politiques pour résoudre la crise devront tenir compte des résultats de ces enquêtes, a-t-elle ajouté.

Les cycles périodiques de destructions et de meurtres qui affectent la République démocratique du Congo depuis si longtemps ne cesseront pas, à moins que les auteurs des violations des droits de l'homme ne soient traduits en justice et à moins que le problème de l'exploitation illégale des ressources naturelles ne soit traité et résolu une fois pour toutes, a aussi fait valoir la Haut-Commissaire. Mme Pillay a rappelé que les précédents accords de paix avaient permis aux responsables d'atrocités d'être intégrés dans les forces militaires et de police. Cette situation a renforcé le climat d'impunité qui prévaut actuellement en République démocratique du Congo, au détriment de la population civile, a-t-elle expliqué. Il n'est plus possible d'ignorer que les Forces armées de la République démocratique du Congo et la police congolaise comptent parmi les auteurs d'atrocités, comme celles commises il y a trois semaines à Goma. D'autres rapports indiquent que des faits similaires se sont déroulés dans la région de Kanyabayonga. À défaut de réforme radicale des forces de sécurité de l'État, la population de la République démocratique du Congo restera vulnérable aux atrocités, a mis en garde Mme Pillay. D'autre part, si la population congolaise est démunie, le pays est, lui, riche de vastes ressources minérales, a rappelé Mme Pillay. Malheureusement, l'essentiel de l'extraction minière se fait dans l'illégalité, a-t-elle fait observer. Cette situation constitue manifestement une violation des droits économiques du peuple congolais, dont les souffrances se poursuivent tandis que les profits économiques alimentent le conflit. Seul un effort concerté, impliquant les acteurs étatiques et non étatiques ainsi que la communauté internationale, permettra de mettre un terme aux combats et de consacrer les ressources du pays au bien-être et à la prospérité auxquels le peuple congolais a pleinement droit, a conclu Mme Pillay.

S'exprimant au nom de l'ensemble des titulaires de mandats de procédures spéciales, la Présidente-Rapporteuse du Groupe de travail sur la détention arbitraire, MME MANUELA CARMENA CASTRILLO, a rappelé que ces quinze dernières années, l'ancienne Commission des droits de l'homme et ensuite le Conseil des droits de l'homme ont suivi de près la situation des droits de l'homme en République démocratique du Congo. Outre le mandat spécifique créé en 1994, révisé en 2004 et auquel il a été mis fin en 2008, un certain nombre de procédures thématiques ont régulièrement effectué des visites dans le pays, y compris dans sa partie orientale, pour faire rapport au sujet des questions relevant de leurs mandats respectifs. À travers leurs rapports, ces procédures ont fourni des informations sur la situation des droits de l'homme sur le terrain et ont présenté des recommandations visant à redresser la situation, a souligné Mme Castrillo.

Au mois de mars dernier, a poursuivi la Présidente-Rapporteuse du Groupe de travail, le Conseil des droits de l'homme a adopté sa résolution 7/20 dans laquelle il invite six titulaires de mandats de procédures spéciales ainsi que le Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés à « faire des recommandations, dans le cadre de leur mandat respectif, sur les meilleurs moyens d'aider techniquement la République démocratique du Congo à traiter la situation des droits de l'homme, en vue d'obtenir des améliorations tangibles sur le terrain, compte tenu aussi des besoins formulés par le Gouvernement de la République démocratique du Congo ». Nous souhaiterions indiquer que nous reconnaissons l'esprit de coopération dont a fait preuve la République démocratique du Congo en acceptant les demandes de visites de titulaires de mandats qui lui ont été adressées, a indiqué Mme Castrillo, au nom de l'ensemble des titulaires de mandats de procédures spéciales. Nous sommes confiants que la même coopération sera accordée dans le cadre des récentes demandes de visite présentées par la Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme et par le Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires et que ces deux détenteurs de mandats seront invités à effectuer une visite dans les mois à venir, a-t-elle ajouté. Elle a par ailleurs salué la récente initiative du Ministre des droits de l'homme de la République démocratique du Congo nouvellement nommé demandant à des procédures spéciales d'évaluer la situation des droits de l'homme actuelle dans l'est du pays, en particulier dans un certain nombre de localités du Nord-Kivu et du Dungu. Nous pouvons vous assurer que les procédures spéciales sont fermement engagées à assurer qu'un suivi soit donné à cette requête, a indiqué Mme Castrillo. Nous sommes confiants que la coopération de la République démocratique du Congo avec les procédures spéciales ira au-delà du simple lancement d'invitations à visiter le pays, pour donner lieu à des efforts sérieux visant à appliquer les recommandations émanant des divers titulaires de mandats, a ajouté la Présidente-Rapporteuse du Groupe de travail. Les procédures spéciales restent à disposition du Conseil pour répondre à cette crise et contribuer à l'amélioration de la situation des droits de l'homme en République démocratique du Congo, a-t-elle conclu.

M. DANTE MARTINELLI (Suisse) a regretté que la délégation que la République démocratique du Congo souhaitait envoyer à cette session extraordinaire ne puisse être présente. La Suisse a tout fait pour assurer la venue de cette délégation, accordant à cette fin une autorisation spéciale pour l'admission sans délai de ses membres sur le sol suisse, a assuré le représentant de la Suisse.

M. SÉBASTIEN MUTOMB MUJING (République démocratique du Congo) a déclaré que la situation des droits de l'homme dans son pays, en particulier au Nord-Kivu, est cruciale aux yeux du Gouvernement et de la population de la République démocratique du Congo. Il a toutefois fait savoir que sa délégation assiste à la présente session extraordinaire avec une certaine frustration, car elle avait demandé que cette session se déroule à une date ultérieure. Cette précipitation a entraîné une préparation insuffisante de la part de certaines délégations, ainsi que des difficultés de visa avec les autorités suisses, a déploré le représentant, soulignant que de ce fait, deux ministres de la République démocratique du Congo ne peuvent finalement pas assister à la session.

Quoi qu'il en soit, il reste que les droits de l'homme sont gravement violés dans l'est du pays, a poursuivi le représentant de la République démocratique du Congo. Depuis dix ans, les conflits qui agitent le pays ont fait plus de cinq millions de morts, a-t-il rappelé. Depuis 2003, a-t-il poursuivi, un gouvernement de coalition tente de redresser la barre. Les élections de 2006 ont permis la mise en place d'un gouvernement légitime, a-t-il ajouté. Cependant, alors que les intérêts de toutes les ethnies sont pris en compte par le Gouvernement issu de ces élections, le général Nkunda s'est révolté contre le verdict des urnes et a lancé une rébellion clairement soutenue par l'extérieur. Avec quelques milliers d'hommes, il met ainsi en échec la Mission de l'Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC) dotée de 17 000 soldats, a fait observer M. Mutomb Mujing. L'objectif du général Nkunda est de déstabiliser le Kivu pour, en fin de compte, faire la partition du pays, jouant le jeu, ce faisant, de grandes multinationales et d'États intéressés par les ressources minières du Congo, a-t-il expliqué.

La délégation de la République démocratique du Congo estime que la Haut-Commissaire aux droits de l'homme a bien résumé la situation des droits de l'homme. La population a besoin avant tout de la paix. Il faut donc dire aux États et aux multinationales qui soutiennent la rébellion de cesser leur commerce morbide visant à la partition de la République démocratique du Congo. Les mécanismes régionaux appropriés se penchent actuellement sur une solution politique à la situation, avec un bon espoir de réussite, a souligné le représentant. De leur côté, les pays qui ont convoqué la présente session extraordinaire devront s'attacher à faire pression sur le général Nkunda afin qu'il se soumette aux décisions politiques du peuple congolais. Il s'agit là de la seule manière de mettre un terme aux violations des droits de l'homme au Kivu, a conclu le représentant de la République démocratique du Congo.

M. HISHAM BADR (Égypte, au nom du Groupe africain) s'est dit surpris et mécontent de constater que deux ministres qui devaient participer à la présente session n'ont pas pu obtenir les visas nécessaires pour entrer en Suisse, ce qui témoigne du bien-fondé de la demande qu'avait faite le Groupe africain d'accorder davantage de temps aux préparatifs de cette session extraordinaire. Le Groupe africain partage les préoccupations suscitées par la détérioration de la situation des droits de l'homme dans le Kivu et condamne toutes les violations des droits de l'homme qui y ont été commises, a poursuivi le représentant égyptien. Le Groupe africain demande à toutes les parties concernées de respecter scrupuleusement les droits de l'homme et le droit humanitaire international et de permettre un accès de l'aide humanitaire à toutes les zones, a-t-il ajouté.

Le Groupe africain demande en outre aux Nations Unies de renforcer le mandat de la MONUC afin de mieux protéger les civils et de restaurer la paix, la sécurité et la stabilité dans le Kivu, a ajouté le représentant égyptien. Le Groupe africain demande par ailleurs à la communauté internationale de traiter sérieusement les causes profondes du conflit, à savoir l'exploitation illicite des ressources naturelles et la formation de milices qui sont les premières responsables des violations de droits de l'homme et de la crise humanitaire sur le terrain.

M. JEAN-BAPTISTE MATTÉI (France, au nom de l'Union européenne et de plusieurs autres pays) a rappelé que par la résolution 60/251 portant création du Conseil des droits de l'homme, cet organe a pleinement vocation à traiter des situations présentant un caractère d'urgence. Cet impératif est au cœur de son mandat. Or, il ne fait malheureusement aucun doute que les récents événements survenus dans l'est de la République démocratique du Congo relèvent bien de l'urgence. Le Conseil devait donc se saisir de cette situation. Il en va de sa crédibilité, a insisté M. Mattei.

Comme toujours, les populations civiles, en particulier les femmes et les enfants, sont les premières victimes des violences, a poursuivi le représentant de la France. La poursuite des opérations militaires, en particulier la récente offensive lancée par le Congrès national pour la défense du peuple, a ainsi provoqué des déplacements massifs de population dans le Nord-Kivu et a créé une situation humanitaire particulièrement alarmante. Par ailleurs, comme le souligne le quatrième Rapport du Secrétaire général des Nations Unies sur la Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo qui vient d'être présenté à New York, les exactions commises par tous les participants au conflit sont nombreuses - en particulier les actes de pillage, de torture et les exécutions extrajudiciaires - et il existe des preuves tangibles que des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité ont été commis. Nous devons agir avec fermeté pour que cessent ces violences, pour que les victimes puissent faire valoir leurs droits à justice et réparation, pour que les responsables répondent de leurs actes, y compris devant la Cour pénale internationale, a dit M. Mattei. La France salue la coopération du Gouvernement de la République démocratique du Congo avec la Cour pénale internationale en transférant les personnes pour lesquelles des mandats d'arrêt ont été lancés, a-t-il ajouté.

L'attention doit porter en premier lieu sur les plus vulnérables, a poursuivi le représentant de la France. Comme l'a rappelé la Haut-Commissaire, des dizaines de milliers de femmes ont été violées, battues, réduites en esclavage ou assassinées au cours de ces dix dernières années en République démocratique du Congo. Il faut mettre un terme à l'inacceptable. Le viol ne doit pas être érigé en arme de guerre ni les violences sexuelles considérées comme de simples "dommages collatéraux", a insisté M. Mattei. D'autre part, les enfants sont les premières victimes des affrontements dans les provinces du Nord, où ils sont victimes d'enlèvements, d'atteintes à leur intégrité physique, de violences sexuelles et d'enrôlement dans des groupes armés. L'Union européenne réitère son appel à ce qu'il soit mis un terme à ces violences. Plus globalement, l'Union européenne appelle toutes les parties au conflit à mettre sans délai fin aux violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire et invite les autorités à mettre en œuvre toutes les mesures nécessaires afin de renforcer la protection des populations civiles. L'Union européenne réitère par ailleurs son plein appui à la MONUC et demande que toutes les mesures possibles soient prises pour lui permettre d'assurer pleinement son rôle et le mandat que lui a confié la communauté internationale. Toutes les parties concernées doivent respecter le cessez-le-feu, seule une solution politique pouvant permettre un retour durable à la stabilité. Les processus de paix de Goma et de Nairobi restent à cet égard le cadre approprié, a souligné M. Mattei. Le résultat de cette session extraordinaire devrait refléter l'ensemble de ces préoccupations, qu'il s'agisse de la fin des violences, du renforcement de la lutte contre l'impunité, du soutien aux efforts internationaux de règlement politique de la crise ou de la mise en œuvre de la résolution 7/20 du Conseil, qui a chargé un certain nombre de procédures spéciales thématiques et le Haut-Commissaire aux droits de l'homme de faire rapport sur la situation des droits de l'homme en République démocratique du Congo pour la prochaine session ordinaire du Conseil, a conclu M. Mattei.

M. ZAMIR AKRAM (Pakistan, au nom de l'Organisation de la Conférence islamique) a déclaré que la situation au Nord-Kivu requiert toute l'attention des Nations Unies et de ce Conseil. La situation humanitaire et la situation des droits de l'homme au Nord-Kivu sont catastrophiques et l'OCI lance un appel à toutes les parties à ce conflit armé afin qu'elles mettent immédiatement un terme aux hostilités, a-t-il indiqué.

De l'avis de l'OCI, a poursuivi le représentant pakistanais, la réponse du Conseil des droits de l'homme face à la situation qui prévaut en République démocratique du Congo doit absolument dénoncer clairement les violations des droits de l'homme et demander le respect absolu de la protection des droits des civils, tout en exprimant une solidarité avec les efforts déployés par le Gouvernement de la République démocratique du Congo pour apporter paix et stabilité dans le pays. Le représentant du Pakistan s'est réjoui des assurances catégoriques fournies par le Gouvernement de la République démocratique du Congo quant à sa volonté de coopérer avec la communauté internationale et de traiter des questions de droits de l'homme. Il a en outre apporté le soutien de l'OCI au mandat de la MONUC qui, a-t-il ajouté, devrait être renforcé de manière à prendre en compte la protection des civils.

M. SWASHPAWAN SINGH (Inde) a indiqué que son Gouvernement appelle à un arrêt immédiat des hostilités par toutes les parties au conflit en République démocratique du Congo, afin de garantir la stabilité et la paix à long terme dans la région. L'Inde est en faveur d'une solution politique à la crise, par le biais d'un dialogue direct entre les parties concernées, a-t-il précisé. L'Inde se félicite par avance du dialogue constructif entre le Gouvernement de la République démocratique du Congo et le Conseil en vue de la protection des droits de l'homme et de l'aide humanitaire aux populations affectées. Enfin, l'Inde soutient fermement la MONUC, dont elle est un contributeur essentiel. Le fonctionnement de cette force devrait être strictement conforme aux paramètres approuvés par le Conseil de sécurité, a souligné le représentant indien. Toute modification de ses règles d'engagement devrait faire l'objet d'une consultation avec les pays concernés, a-t-il ajouté.

M. PETER GOODERHAM (Royaume-Uni) a souligné qu'il en va de la responsabilité du Conseil de se pencher sur les violations des droits de l'homme dans le monde, où qu'elles aient lieu. Nous avons le devoir de protéger les victimes où qu'elles se trouvent et, de ce point de vue, le Royaume-Uni est préoccupé par la violence des violations des droits de l'homme perpétrées par toutes les parties au conflit en République démocratique du Congo. Le Royaume-Uni condamne l'utilisation très répandue du viol comme arme de guerre. Le Gouvernement de la République démocratique du Congo doit prendre toutes les mesures possibles pour protéger ses populations civiles, a insisté le représentant britannique. Il faut en outre que les parties au conflit répondent de leurs actes. Il n'y a pas de solution militaire au conflit en République démocratique du Congo et c'est pourquoi le Royaume-Uni appelle toutes les parties au conflit à se concerter dans les meilleurs délais, a conclu le représentant britannique.

M. BOUDEWIJN J. VAN EENENNAAM (Pays-Bas) a notamment déclaré que seule une solution politique, dans le prolongement des accords de Goma et de Nairobi, pourra amener une paix durable dans l'est de la République démocratique du Congo. Il a donc appelé les autorités de ce pays à œuvrer à la recherche d'une solution politique, tout en tenant compte de leur obligation de protéger les populations placées sous leur autorité. Les Pays-Bas se félicitent de la décision du Conseil de sécurité de renforcer la MONUC par le déploiement de trois mille soldats supplémentaires. Dans ce contexte, les Pays-Bas souhaitent insister sur la nécessité d'impliquer le Haut Commissariat aux droits de l'homme et de renforcer le volet "droits de l'homme" de l'action de la MONUC. D'autre part, des solutions concrètes devront être trouvées pour débloquer la situation en République démocratique du Congo, a souligné le représentant néerlandais. À cet égard, les rapporteurs spéciaux devront proposer des recommandations pratiques et vérifiables. Ces recommandations devront permettre au Gouvernement de la République démocratique du Congo et à la communauté internationale de prendre les mesures qui s'imposent pour améliorer la situation des droits de l'homme sur le terrain.

M. DANTE MARTINELLI (Suisse) a jugé urgent que les invitations aux procédures spéciales mentionnées dans la résolution 7/20 du Conseil des droits de l'homme soient suivies d'effet afin que ces procédures puissent contribuer à une amélioration de la situation des droits de l'homme sur le terrain. Il a demandé que des invitations similaires soient également transmises aux rapporteurs spéciaux sur les exécutions extrajudiciaires et sur la torture.

Suite à la recrudescence des exactions dans le Nord-Kivu, a poursuivi le représentant suisse, des informations alarmantes continuent à parvenir faisant état d'attaques ciblées contre la population civile. Selon des sources de l'ONU, plus d'un million de personnes fuient les combats. La Suisse tient à exprimer sa très vive préoccupation face à cette situation humanitaire et rappelle que rien ne saurait justifier des violations aux droits de l'homme et au droit international humanitaire. Le respect et la mise en œuvre des droits de l'homme sont indissociables de la lutte contre l'impunité, a poursuivi le représentant suisse. Il a exhorté toutes les parties au conflit à suspendre immédiatement les hostilités.

MME ENCYLA M. SINJELA (Zambie) a indiqué que son pays surveille de près la situation en République démocratique du Congo, dont il est voisin. Déplorant les souffrances endurées par les populations civiles de la République démocratique du Congo, elle a appelé toutes les parties au conflit à accorder la priorité aux intérêts des peuples qu'elles prétendent protéger. Tous les civils ont le droit d'être protégés et respectés, en particulier les femmes et les jeunes filles, quotidiennement victimes de viols, et les jeunes garçons, enrôlés de force. La Zambie appelle toutes les parties à dépasser leurs intérêts particuliers et à coopérer, avec la communauté internationale, aux initiatives politiques actuellement engagées pour résoudre le conflit.

M. TERRY CORMIER (Canada) a déclaré que son pays condamne énergiquement la recrudescence des affrontements dans la région, soulignant qu'ils ont entraîné le déplacement de centaines de milliers de personnes et une montée de la violence et de l'insécurité, qui touchent plus particulièrement les femmes. Les hostilités doivent cesser et le Canada demande à toutes les parties et aux gouvernements de la région de conjuguer leurs efforts pour assurer la paix et la réconciliation ainsi que le plein respect des droits des personnes. De plus, le Canada exhorte toutes les parties au conflit à respecter le droit international humanitaire, y compris la protection des civils. Depuis avril 2006, le Canada a offert plusieurs dizaines de millions de dollars pour l'aide alimentaire et humanitaire, a indiqué le représentant canadien. Il s'est dit profondément préoccupé par la prévalence de la violence sexuelle en République démocratique du Congo ainsi que par le recours à ce type de violence comme tactique dans le cadre du conflit. À cet égard, le Canada, qui participe financièrement à des programmes de réinsertion des victimes, demande à toutes les parties au conflit de mettre en œuvre intégralement les dispositions de la résolution 1820 du Conseil de sécurité sur la violence sexuelle pendant les conflits.

Par ailleurs, le Canada appuie vigoureusement le travail de la Cour pénale internationale et félicite la République démocratique du Congo d'avoir ratifié le Statut de Rome y relatif, par lequel le pays s'est engagé à respecter les principes de la justice internationale et de la responsabilisation. Le représentant a conclu son intervention en faisant valoir que le Conseil des droits de l'homme a un rôle évident à jouer face à la situation en République démocratique du Congo. Cette session extraordinaire attire sur cette situation une attention qui s'impose, a-t-il souligné. De l'avis du Canada, a-t-il précisé, cette session devrait déboucher sur un recours aux procédures spéciales mentionnées dans la résolution 7/20 du Conseil, en redoublant d'efforts pour assurer qu'elles se rendent en République démocratique du Congo et en s'assurant qu'une attention spéciale est accordée à l'est de la République démocratique du Congo. Le Canada estime en outre que le Rapporteur spécial sur la torture et le Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires devraient être invités à se rendre en République démocratique du Congo.

M. GIOVANNI CARACCIOLO DI VETRI (Italie) a indiqué que, face à la situation actuelle dans l'est de la République démocratique du Congo, où de graves violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire sont commises de manière massive et systématique, l'Italie appelle à une cessation immédiate des violences et des violations des droits de l'homme. Nous invitons instamment toutes les parties à mettre en œuvre les mesures nécessaires pour renforcer la protection des populations civiles et pour combattre l'impunité dont, trop souvent, jouissent les coupables. L'Italie réitère en outre sa plus ferme condamnation des violences contre les femmes, notamment de la violence sexuelle utilisée comme arme de guerre. L'Italie réitère également son plein appui à la MONUC et demande que toutes les mesures soient prises pour lui permettre d'assumer pleinement son rôle, notamment en ce qui concerne la protection des civils.

M. ARCANJO MARIA DO NASCIMENTO (Angola) a déclaré que son pays suit avec préoccupation la dégradation de la situation humanitaire en République démocratique du Congo, condamnant les exactions commises contre les populations civiles, la torture, ainsi que l'enrôlement d'enfants soldats. La présente session extraordinaire se tient dans un contexte d'initiatives politiques régionales dont il faut espérer qu'elles aboutiront, a indiqué le représentant angolais. Un corridor humanitaire doit être créé au profit des populations civiles de l'est de la République démocratique du Congo, a-t-il ajouté. L'Angola estime à cet égard que le mandat de la MONUC devrait être modifié de telle sorte que la force de maintien de la paix puisse agir directement pour protéger les populations civiles.

M. SHINICHI KITAJIMA (Japon) s'est dit très préoccupé par la situation des droits de l'homme qui se détériore en République démocratique du Congo et par les très nombreuses violations des droits de l'homme perpétrées, notamment à l'encontre des femmes et des enfants, dans l'est du pays. Les efforts déployés par le Gouvernement de la République démocratique du Congo sont certes encourageants ; mais la situation sur le terrain en requiert davantage, tant de la part de ce Gouvernement que de l'ensemble de la communauté internationale, a poursuivi le représentant japonais. Le Gouvernement de la République démocratique du Congo a la responsabilité d'assurer la sécurité de sa population civile, a-t-il souligné. Le représentant japonais a par ailleurs déclaré que le meurtre du journaliste de radio Okapi est un crime intolérable et a demandé au Gouvernement de poursuivre et traduire en justice les auteurs de ce crime. Le Conseil doit envoyer un message clair et unanime afin de contribuer à l'amélioration de la situation des droits de l'homme sur le terrain et à la recherche d'une solution politique à cette crise.

M. DRAHOSLAV ŠTEFÁNEK (Slovaquie) a souligné que son pays a appuyé la tenue de la session extraordinaire sur la situation des droits de l'homme en République démocratique du Congo, estimant qu'elle relève pleinement du mandat du Conseil des droits de l'homme. La gravité de la situation, telle qu'elle ressort des rapports du Secrétaire général de l'ONU, en particulier, justifie l'envoi du Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires et du Rapporteur spécial sur la torture pour enquêter sur la situation des droits de l'homme dans l'est de la République démocratique du Congo, a poursuivi le représentant slovaque. La Slovaquie se félicite de la coopération du Gouvernement de la République démocratique du Congo avec les procédures spéciales et avec la Cour pénale internationale et appelle la République démocratique du Congo à traduire en justice tous les responsables des crimes commis récemment dans l'est du pays, en particulier dans le Nord-Kivu.

M. CARLOS PORTALES (Chili) a rappelé que le Conseil des droits de l'homme se doit de se pencher de manière opportune, claire et constructive sur les violations graves et actuelles de droits de l'homme où qu'elles se produisent. Il est indispensable d'envoyer un message clair face à de telles violations, surtout lorsque les victimes sont des civils, a-t-il ajouté. Il est nécessaire d'agir face à la situation grave qui prévaut en République démocratique du Congo et qui préoccupe l'ensemble du monde, a insisté le représentant chilien. Il faut dénoncer les violences sexuelles et en particulier l'utilisation du viol comme arme de guerre, a-t-il notamment souligné. Il convient de soutenir et de renforcer les efforts déployés par l'Union africaine et la MONUC, ainsi que par l'ensemble de la communauté internationale, pour trouver une solution politique durable en tant que seul moyen de restaurer la paix dans la région, a ajouté le représentant chilien. On ne saurait envisager une sortie de cette crise sans parler fermement de la nécessité de lutter contre l'impunité, a-t-il également fait observer.

MME MERCY YVONNE AMOAH (Ghana) a affirmé qu'il appartient au Conseil des droits de l'homme de condamner fermement tous les actes de violence commis contre des civils ainsi que les violations du droit international humanitaire par toutes les parties au conflit en République démocratique du Congo. Le Conseil doit appeler à la fin de la violence contre les civils et demander aux parties de garantir la protection des droits de l'homme des populations sous leur contrôle. Le Ghana demande en particulier qu'il soit mis un terme aux violences sexuelles utilisées comme une arme de guerre contre les femmes et les petites filles - et d'en traduire les responsables en justice. D'autre part, les parties en conflit doivent faciliter la création de couloirs humanitaires permettant le libre passage de l'aide alimentaire, notamment. La MONUC, quant à elle, devra offrir une meilleure protection aux populations civiles, a souligné la représentante ghanéenne. Le Ghana appelle le Conseil de sécurité à renforcer le mandat de cette Mission et à la doter des moyens de protéger les civils contre les violences. À long terme, la communauté internationale devra se pencher sur les causes du conflit et sur les différents prétextes invoqués pour piller les richesses de la République démocratique du Congo, a ajouté la représentante.

M. MUSTAFIZUR RAHMAN (Bangladesh) a exprimé la profonde préoccupation de sa délégation face à la situation qui prévaut dans l'est de la République démocratique du Congo. En tant que contributeur de premier plan à la MONUC, le Bangladesh a suivi l'évolution de la situation avec beaucoup d'attention et attend avec impatience un cessez-le-feu dans la région. Le Gouvernement de la République démocratique du Congo et la communauté internationale doivent travailler de concert pour rétablir la paix. Comme le conflit a un effet domino, les pays limitrophes doivent aussi endosser leurs responsabilités, a souligné le représentant du Bangladesh, ajoutant que le Conseil doit envoyer un signal fort aux responsables. À plus long terme, a-t-il ajouté, il est essentiel d'appréhender le problème à sa racine pour garantir une paix et une stabilité durables.

MME MABEL GÓMEZ OLIVER (Mexique) a affirmé que la crise humanitaire et des droits de l'homme en République démocratique du Congo exige le déploiement d'efforts concertés de la part des organisations internationales, en particulier celles chargées de la protection et de la protection des droits de l'homme, de leurs procédures spéciales et du Haut Commissariat aux droits de l'homme. Le Mexique exhorte ce dernier à renforcer sa présence et sa coopération technique sur le terrain. Le Mexique souhaite également le renforcement des capacités de la MONUC en matière de protection des populations civiles. Le Mexique invite en outre le Gouvernement de la République démocratique du Congo à lutter contre l'impunité des auteurs des graves violations des droits de l'homme commises, en particulier, contre les femmes et les enfants.

MME ANIZAN SITI HAJAR ADNIN (Malaisie) a fait part de sa grave préoccupation face aux hostilités et à la situation humanitaire qui ne cesse de se détériorer en République démocratique du Congo. Aussi, a-t-elle demandé au Conseil de se prononcer de façon claire sur ce conflit en appelant toutes les parties à mettre un terme aux hostilités et aux violations des droits de l'homme. Les causes du conflit doivent également être abordées, a souligné la représentante de la Malaisie. Elle s'est dite préoccupée par le sort des centaines de milliers de personnes qui se sont retrouvées réfugiées ou déplacées à l'intérieur de leur propre pays. Aussi, s'est-elle dite favorable à la création de couloirs humanitaires permettant de venir en aide aux populations affectées.

M. HÉCTOR RAÚL PELÁEZ (Argentine) a souligné que le Conseil s'est vu confier le mandat de se pencher sur les situations de violations des droits de l'homme, notamment lorsque ces violations sont graves et systématiques, et de présenter des recommandations à ce sujet. Aussi, l'Argentine, ayant présents à l'esprit l'appel lancé par plusieurs ONG ainsi que les informations faisant état de violations généralisées des droits de l'homme, a-t-elle souscrit à la demande de convocation de la présente session extraordinaire dans le but de contribuer à l'amélioration de la situation dans l'est de la République démocratique du Congo. Le message du Conseil doit être clair quant à la responsabilité individuelle s'agissant des violations graves commises dans ce cas. Le Conseil a déjà adopté la résolution 7/20 dans laquelle sont adressées des recommandations à plusieurs titulaires de mandats et l'Argentine attend donc le suivi particulier de la situation qui doit intervenir en mars prochain.

M. REINHARD SCHWEPPE (Allemagne) a indiqué que l'opinion publique de son pays est très préoccupée par la situation dans l'est de la République démocratique du Congo et condamne fermement les actes de violence inqualifiables commis contre des civils innocents, en particulier contre des femmes et des enfants, par toutes les parties au conflit dans cette région. L'Allemagne exhorte le Gouvernement de la République démocratique du Congo et toutes les parties concernées à mettre un terme aux graves violations des droits de l'homme, dont le climat d'impunité prévalant est l'une des causes. L'Allemagne exhorte enfin le Gouvernement à coopérer avec les rapporteurs spéciaux du Conseil des droits de l'homme et à faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire aux populations déplacées.

M. YURY BOICHENKO (Fédération de Russie) s'est dit très inquiet par les événements qui se produisent dans l'est de la République démocratique du Congo où un conflit entre les forces rebelles et l'armée nationale menace la population. La Fédération de Russie souhaite que des mesures soient prises pour apporter une aide humanitaire d'urgence dans ce contexte. Il est nécessaire de renforcer la MONUC afin qu'elle soit en mesure de protéger la population civile, a ajouté le représentant russe. Tous les pays doivent œuvrer de concert pour s'opposer aux graves actes de violence dans l'est de la République démocratique du Congo, a-t-il insisté.

MME MARIA NAZARETH FARANI AZEVÊDO (Brésil) a exprimé sa profonde préoccupation face à la situation qui prévaut en République démocratique du Congo, particulièrement dans la province du Nord-Kivu. Il a estimé que le Conseil avait un rôle central à jouer dans ce contexte. Ce rôle sera d'autant plus efficace qu'il sera défini sur la base d'un consensus et d'un dialogue, a souligné la représentante brésilienne, préconisant notamment la participation de l'Union africaine, des pays de la région et de la communauté internationale. Le renforcement de la coopération entre la République démocratique du Congo, le Conseil des droits de l'homme et le Haut Commissariat aux droits de l'homme est également crucial pour atteindre de bons résultats au cours de cette session, a ajouté la représentante. Elle a recommandé au Conseil d'appeler à un cessez-le-feu immédiat et à la conclusion d'accords de paix, invitant aussi cet organe à plaider en faveur d'un renforcement de la MONUC. La représentante du Brésil a enfin invité le Conseil à se pencher sur les causes et conséquences politiques de ce conflit.

M. AHMED MOHAMED ABRO (Djibouti) s'est félicité de la tenue de cette session extraordinaire, ainsi que de la réaction prompte et constructive du Gouvernement de la République démocratique du Congo qui, en prenant la décision de dépêcher une délégation de haut niveau, a voulu souligner sa détermination à coopérer avec le Conseil. Djibouti observe par ailleurs que la session intervient à la suite d'importantes réunions au niveau continental (c'est-à-dire en Afrique) visant à formuler le cadre politique pour une résolution de la crise dans l'est de la République démocratique du Congo. Djibouti se félicite en particulier de la décision de mettre en place un mécanisme visant à faciliter un règlement global et à s'attaquer à la cause première de la crise. La présente session extraordinaire est par ailleurs l'occasion d'examiner en profondeur la situation des droits de l'homme et d'élaborer des propositions concrètes pour améliorer la situation humanitaire dans cette partie du pays. Djibouti exhorte à cet égard les Nations Unies à continuer d'apporter un appui cohérent aux processus de Goma et de Nairobi et à renforcer les capacités de la MONUC à protéger les civils, victimes innocentes de ce conflit.

M. JORGE A. FERRER RODRÍGUEZ (Cuba) a déclaré que les événements qui se sont succédé ces derniers jours dans l'est de la République démocratique du Congo relèvent d'une situation complexe et délicate, dont les causes profondes trouvent leur origine dans le passé colonial et dans les divisions artificielles imposées dans toute l'Afrique par les anciennes métropoles, ainsi que dans la pauvreté structurelle générée par des siècles d'esclavage, de colonialisme, d'exploitation et de pillage direct lié à l'ordre économique international inégal. Cuba exhorte la communauté internationale à éviter la voie des sanctions et de la confrontation et à choisir celle du dialogue constructif et de la coopération.

M. ALEJANDRO ARTUCIO RODRÍGUEZ (Uruguay) a rappelé que son pays a envoyé un contingent important de soldats de la paix sous les auspices de la MONUC. Le rôle du Conseil des droits de l'homme est de protéger les victimes, a rappelé le représentant uruguayen, dénonçant les exécutions sommaires, les violences sexuelles, les destructions de propriétés, l'exode forcé de civils et l'utilisation d'enfants soldats. Il a insisté sur la nécessité pour le Conseil de faire en sorte que les organisations d'aide aient accès à la région dévastée. Il a en outre invité la République démocratique du Congo à permettre l'établissement de couloirs humanitaires. L'Uruguay continue d'appuyer fermement les appels en faveur d'un cessez-le-feu immédiat, a conclu le représentant de ce pays.

M. LI BAODONG (Chine) a regretté que la délégation de la République démocratique du Congo n'ait pu se présenter au complet devant la présente session extraordinaire. La Chine est très préoccupée par la situation des droits de l'homme en République démocratique du Congo et est favorable à un renforcement des capacités de la MONUC, a-t-il indiqué. La Chine est d'autre part convaincue de la nécessité de discussions politiques pour résoudre la crise. Il faut tout mettre en œuvre pour éviter un démembrement du pays, a ajouté le représentant chinois. La résolution de la crise passe par une prise en compte des demandes du Groupe africain et par un soutien aux efforts du Gouvernement de la République démocratique du Congo en faveur des droits de l'homme, a-t-il ajouté. La Chine participe concrètement aux efforts de paix dans la région, sur le terrain comme sur le plan diplomatique, a souligné le représentant chinois. Il a indiqué que la Chine entend jouer un rôle constructif pour assurer la paix dans la région des Grands Lacs.

M. GUSTI AGUNG WESAKA PUJA (Indonésie) s'est dit profondément préoccupé par l'évolution de la situation dans le Nord-Kivu et a souligné que cette situation requiert une action sérieuse et immédiate. Il a lancé un appel à toutes les parties à ce conflit armé afin qu'elles cessent les hostilités et s'abstiennent de commettre toute autre violation des droits de l'homme. L'Indonésie espère que cette session extraordinaire aboutira à un résultat fondé sur le consensus.

MME GLAUDINE J. MTSHALI (Afrique du Sud) a rappelé le rôle important que jouent les groupes de coordination régionale en Afrique. Elle a ensuite déploré les violences commises contre les civils, en particulier contre les femmes et les enfants, ainsi que le rôle joué par des intervenants extérieurs, fauteurs de troubles, dans le contexte de la situation dont est aujourd'hui saisi le Conseil. L'Afrique du Sud appuie les efforts du Gouvernement de la République démocratique du Congo. Il faut que cette session extraordinaire porte ses fruits et incite toutes les parties en mesure de le faire à appuyer les efforts de la MONUC, a déclaré la représentante sud-africaine.

M. IM HAN-TAEK (République de Corée) a indiqué que son pays a appuyé l'initiative de la convocation de cette session extraordinaire. Les violations des droits de l'homme dans la région sont terribles et il faut demander aux belligérants de mettre fin à leurs actes, a-t-il dit, appelant le Conseil à agir, faute de quoi sa crédibilité serait mise en question. La République de Corée demande instamment à tous les belligérants de respecter les obligations qui leur incombent en vertu du droit international et d'assurer la protection des populations civiles.

M. IFEANYI E. NWOSU (Nigéria) a fait part de la profonde préoccupation de son pays face à la détérioration des droits de l'homme et de la situation humanitaire dans le Kivu. Le Nigéria condamne fermement toutes les violations des droits de l'homme, en particulier celles commises contre des femmes et des enfants depuis la reprise des hostilités en République démocratique du Congo. Le Nigéria appelle toutes les parties prenantes à mettre fin aux hostilités et à respecter leurs obligations internationales. Il appuie en outre les efforts déployés pour trouver une solution politique à la crise et appelle à un renforcement des attributions de la MONUC. Enfin, le Nigéria se félicite des efforts déployés par l'Union africaine pour résoudre cette crise.

MME MAYSA UREÑA MENACHO (Bolivie) a invité le Conseil à réagir face à la situation qui sévit en République démocratique du Congo. Au plan multilatéral, il convient de trouver des solutions aux causes du problème, a-t-elle souligné, préconisant notamment de promouvoir un commerce équitable pour lutter contre la pauvreté. Si une infime partie des sommes colossales détenues par les grandes banques était utilisée pour promouvoir les droits économiques, sociaux et culturels et pour aider des peuples comme celui de la République démocratique du Congo, la situation des droits de l'homme dans le monde serait bien meilleure, a-t-elle souligné. Elle a fait part de la solidarité de son pays avec le peuple congolais.

M. ANDREJ LOGAR (Slovénie) a fait part de la préoccupation de son pays face aux violations des droits de l'homme en République démocratique du Congo, qui ont entraîné le déplacement de centaines de milliers de personnes. Les femmes et les enfants souffrent de violations graves de leurs droits fondamentaux, notamment du fait des violences sexuelles utilisées comme arme de guerre, a-t-il souligné. L'impunité des auteurs de ces crimes doit être combattue, jusque devant la Cour pénale internationale, a-t-il insisté. La Slovénie se félicite de la collaboration du Gouvernement de la République démocratique du Congo avec la Cour pénale internationale, a-t-il ajouté.

MME BENTE ANGELL-HANSEN (Norvège) a déploré les nouveaux déplacements massifs de population et les récentes violations de droits de l'homme perpétrées en République démocratique du Congo. Elle a rappelé qu'en toutes circonstances, les civils doivent être protégés et les organisations humanitaires respectées. Elle a par ailleurs invité le Gouvernement de la République démocratique du Congo à poursuivre et punir les responsables des exactions commises, afin de lutter contre l'impunité. La Norvège recommande au Conseil de plaider en faveur d'un renforcement de la MONUC. Elle souligne en outre l'importance de se pencher sur les causes du conflit, insistant à cet égard sur la nécessité d'assurer la transparence des activités des sociétés d'extraction de minerais en République démocratique du Congo.

M. GUY O'BRIEN (Australie) s'est dit alarmé par les assassinats de civils et les violences sexuelles perpétrés en République démocratique du Congo. L'Australie demande un renforcement des efforts de la MONUC et appuie tous les processus politiques en cours visant à résoudre la crise. L'Australie a contribué de manière concrète à l'amélioration de la situation humanitaire, par l'envoi d'une aide alimentaire et médicale, a ajouté le représentant.

M. ARNOLD SKIBSTED (Danemark) a estimé qu'une solution politique est seule à même de ramener une paix et une sécurité durables dans la région. Plus de 250 000 personnes ont été déplacées lors des derniers combats en République démocratique du Congo, a-t-il fait observer, s'inquiétant en outre des allégations de participation des forces gouvernementales et des forces rebelles à des violations massives des droits de l'homme. Le Danemark exhorte la Cour pénale internationale et la communauté internationale à enquêter sur les crimes qui ont été commis. Le représentant danois a fait part de son étonnement suite au non-renouvellement, au printemps dernier, du mandat du rapporteur spécial sur la République démocratique du Congo, compte-tenu de la situation. Depuis sa création en 1994, ce mandat avait pourtant démontré son utilité, a-t-il souligné.

M. HUBERTUS MATHEUS VAN MEGEN (Saint-Siège) a condamné les violations à grande échelle du droit international humanitaire et des droits de l'homme commises dans l'est de la République démocratique du Congo. Le Saint-Siège déplore le recrutement d'enfants soldats et les nombreux cas de torture et de violences sexuelles commis contre les populations civiles. La communauté internationale doit réagir sans délai face à ces graves violations des droits de l'homme, a souligné M. Van Megen. Il a par ailleurs dénoncé le commerce illicite d'armes en direction de la République démocratique du Congo. De l'avis du Saint-Siège, les organisations internationales et régionales, et en particulier l'Union africaine, devraient redoubler d'efforts dans la recherche d'une solution pacifique à la crise en République démocratique du Congo.

M. DÁITHI Ó CEALLAIGH (Irlande) a indiqué que son pays était très choqué par les violences sexuelles perpétrées contre les femmes et les jeunes filles, de même que par tous les crimes et violations des droits de l'homme commis en République démocratique du Congo. Il a instamment demandé au gouvernement de la République démocratique du Congo d'instaurer une discipline dans l'armée et de garantir la protection des populations civiles.

M. EDGAR GARCÍA DE PAREDES CARLES (Panama) a relevé qu'il y a trois jours seulement, était célébrée la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'encontre des femmes, rappelant l'obligation qu'ont tous les États de mettre un terme à l'impunité dont jouissent les responsables de cette forme de violence. C'est dans cet esprit que le Panama a appuyé la résolution 1820 du Conseil de sécurité condamnant l'utilisation de la violence sexuelle comme arme de guerre. De l'avis de Panama, il incombe maintenant au Conseil des droits de l'homme de rappeler aux États leurs responsabilités en matière de prévention de la violence, de poursuite à l'encontre des auteurs de violences et d'aide aux victimes. Le Panama appuie donc sans réserve la proposition du Secrétaire général visant à demander aux autorités de la République démocratique du Congo d'adopter une stratégie nationale de prévention et de lutte contre la violence sexuelle.

M. HANNU HIMANEN (Finlande) s'est dit très inquiet par les violences commises en République démocratique du Congo et en particulier par les violences sexuelles perpétrées dans l'est du pays. Il a estimé que la violence sexuelle est une des manières les plus horribles et les plus brutales de mener la guerre, rappelant les propos de l'ancien commandant de division de la MONUC, le major général Patrick Cammaert, qui avait estimé, en mai dernier, qu'il était actuellement plus dangereux d'être une femme qu'un soldat en République démocratique du Congo.

M. IDRISS JAZAÏRY (Algérie) a fait part de la profonde préoccupation de son pays face à la fragilisation du pouvoir central de la République démocratique du Congo dans l'exercice de ses responsabilités de protection de la population civile ainsi que face à l'incapacité de tous - y compris la MONUC, malgré le courage de ses soldats - à faire face comme il se doit à l'impact humanitaire dramatique qu'engendre cette crise. L'Algérie appelle cependant le Conseil des droits de l'homme à éviter de prendre prétexte de la crise récente pour essayer de régler - en matière d'amnistie et de responsabilité de protéger - des problèmes de politique générale qui doivent être débattus dans le cadre approprié.

M. JOHN UKEC LUETH UKEC (Soudan) a souligné l'importance pour le Gouvernement de la République démocratique du Congo d'avoir la possibilité de participer de manière constructive aux débats en présentant la délégation de son choix. Les questions des droits de l'homme sont très complexes, a relevé le représentant du Soudan, appelant le Conseil à appuyer les initiatives du Groupe africain et à écouter le point de vue du pays concerné. Il a en outre déclaré que la cause du conflit, c'est la rébellion et les pays qui soutiennent les rebelles et que résoudre la situation des droits de l'homme exige de traiter la cause du conflit.

M. AHARON LESHNO-YAAR (Israël) a rappelé que son pays est l'un des premiers à avoir envoyé une aide humanitaire à la République démocratique du Congo. Cette semaine, le Ministère israélien des affaires étrangères a acheminé quatre tonnes de matériel médical et d'antibiotiques à Kinshasa, a-t-il ajouté. Ces fournitures seront distribuées à la population grâce aux efforts conjoints du Gouvernement, des Nations Unies et d'organisations non gouvernementales. Un envoyé de haut niveau du Ministère des affaires étrangères israélien s'est rendu sur place pour coordonner l'aide israélienne dans la région. Il est évident que l'ampleur de la crise exige une réponse coordonnée de la communauté internationale, Israël étant décidé à poursuivre son action dans ce domaine.



Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

HRC08109F