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LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME POURSUIT LES DÉBATS DANS LE CADRE DE SA SESSION EXTRAORDINAIRE SUR LE DARFOUR

Compte rendu de séance

Le Conseil des droits de l'homme a poursuivi cet après-midi ses débats dans le cadre de sa quatrième session extraordinaire, consacrée à la situation des droits de l'homme au Darfour.

De nombreuses délégations ont fait état de la coopération du Gouvernement du Soudan avec les institutions des Nations Unies et le Conseil. D'autres délégations, constatant que, sept mois après la signature de l'Accord d'Abuja, la situation sur le terrain ne s'est pas vraiment améliorée, ont demandé aux parties qui n'ont pas encore signé cet accord de s'y résoudre et d'œuvrer, elles aussi, au respect des droits de l'homme dans la région. Des délégations ont rappelé au Gouvernement soudanais son obligation de protéger ses populations civiles.

Les violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire dirigées contre les groupes les plus vulnérables - femmes, enfants et personnes âgées - ont été dénoncées par des délégations par ailleurs inquiètes des entraves à l'action des travailleurs humanitaires. Les parties en conflit ont toutes été appelées par plusieurs délégations à coopérer avec l'enquête en cours de la Cour pénale internationale sur les crimes commis au Soudan et à lutter contre l'impunité dont bénéficient trop souvent les auteurs de violations des droits de l'homme.

Plusieurs délégations se sont dites alarmées par le débordement du conflit dans les pays voisins du Soudan, le Tchad et la République centrafricaine.

Les représentants des États suivants ont fait des déclarations: Japon, Sénégal, Brésil, Azerbaïdjan, Bangladesh, Jordanie, Libye, Égypte, Costa Rica, République populaire démocratique de Corée, Irlande, Albanie, Suède, Oman, Liban, Tchad, Syrie, Saint-Siège, Slovaquie, Espagne, Luxembourg, Yémen, Italie, Arménie, Portugal, Australie, Estonie, Chili, Iran, États-Unis, Slovénie, Hongrie, Danemark, Grèce, Norvège, Israël, Palestine, Nouvelle-Zélande, Belgique, Nicaragua et Liechtenstein. L'Iran a exercé le droit de réponse.

Ont également pris la parole le Fonds des Nations Unies pour la population, l'Union africaine, le Fonds des Nations Unies pour l'enfance, le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies et le Haut Commissariat des droits de l'homme aux réfugiés,


Le Conseil poursuivra son débat sur le Darfour demain matin, à 10 heures. Il devrait procéder dans la journée à l'examen d'un projet de résolution sur la question.



Suite du débat sur la situation au Darfour

M. SHIGERU ENDO (Japon) a déclaré que la gravité de la situation au Darfour est source d'une vive préoccupation pour la communauté internationale et pour le Japon, qui estime que cette question mérite pleinement la tenue de cette session extraordinaire. Le Japon espère que les groupes qui n'ont pas encore signé l'accord de paix le feront au plus tôt. Dans ses efforts pour contribuer à améliorer la situation, le Japon a déjà consenti une aide importante, en particulier l'octroi d'une aide financière de 30 millions de dollars, a fait savoir le représentant. Le Japon approuve aussi le principe de l'envoi d'une mission d'experts indépendants qui évaluerait la situation de manière objective, a conclu le représentant.

M. CHEIKH TIDIANE THIAM (Sénégal) a estimé que cette quatrième session extraordinaire témoigne que le Conseil entend s'acquitter de son mandat conformément à la résolution 60/251 de l'Assemblée générale. Le Darfour est en proie à des troubles dont la densité et la complexité rendent plus difficile le retour vers la paix, en dépit des efforts déployés par l'Union africaine, l'Organisation des Nations Unies et divers partenaires, de concert avec le Gouvernement soudanais. Les défis auxquels doit faire face la Mission de l'Union africaine ne peuvent être relevés sans appui de la communauté des donateurs à la mise en œuvre de l'Accord de paix d'Abuja, avec l'implication de toutes les parties au conflit, a souligné le représentant sénégalais. Il faut adopter des mesures concrètes pour permettre la jouissance effective des droits de l'homme par le biais d'une assistance humanitaire renforcée et adaptée aux besoins, en particulier ceux des personnes déplacées et autres groupes vulnérables. Les parties concernées doivent être appelées à renoncer à la violence. Le succès de la mission d'évaluation que le Conseil devrait envoyer sur le terrain dépendra de l'objectivité et de l'impartialité avec lesquelles ses membres exerceront leurs attributions ainsi que de la pleine coopération du Gouvernement soudanais.

M. SÉRGIO ABREU E LIMA FLORENCIO (Brésil) a estimé que la tenue de cette session extraordinaire confirme la capacité du Conseil de se saisir des questions violations de droits de l'homme les plus urgentes. Il s'est félicité de la volonté du Groupe africain de participer au débat et a salué la décision du Gouvernement soudanais d'inviter certains membres du Conseil sur le terrain. Cette attitude facilite le dialogue sur cette question difficile. Il a exprimé sa préoccupation s'agissant de la situation au Darfour. Tous les chiffres dont nous disposons sont alarmants, a-t-il insisté, rappelant que 2,7 millions, soit un tiers de la population locale, ont été touchés par le conflit, dont les femmes et les enfants sont les principales victimes. Le rôle des Nations Unies est crucial et déterminant, a-t-il fait observer, et il n'y aura pas de paix durable dans la région sans la participation de la communauté internationale. Le représentant brésilien a en outre souligné que le Conseil doit disposer d'informations de première main et s'est, pour cette raison, montré en faveur de l'envoi d'une mission sur le terrain. L'objectif du Conseil ne doit pas être de trouver des coupables, a-t-il souligné, mais d'instaurer la confiance entre les uns et les autres. Il a ainsi préconisé d'aider le Soudan à mettre en œuvre le programme de désarmement et de renforcer ses capacités à gérer les aspects touchant les droits de l'homme de cette crise.

M. ELCHIN AMIRBAYOV (Azerbaïdjan) a félicité le Gouvernement soudanais pour sa coopération avec la communauté internationale, en particulier avec les institutions des Nations Unies et le Conseil des droits de l'homme, ainsi que pour avoir permis aux membres du Conseil de récolter des informations de première main sur son sol. Le Gouvernement soudanais a consenti des efforts méritoires pour appliquer le plan de paix du 5 mai 2006, a estimé le représentant, déplorant que certaines parties aient refusé d'y souscrire et choisi de mener des opérations factieuses causant la perte de nombreuses vies humaines. La complexité de la situation interdit de la dépeindre en termes manichéens, a aussi estimé le représentant. S'il est impossible de nier la gravité de la situation des droits de l'homme résultant de la violence, il faut toutefois s'attacher à envisager les possibilités d'améliorer cette situation plutôt que de condamner les actions insuffisantes menées à ce jour. L'approche du Conseil ne doit pas se résumer à discuter de la situation mais bien à aider le Gouvernement du Soudan à relever les défis auxquels il est confronté. Dans ce contexte, la mission d'évaluation doit être composée d'un élément technique et d'un élément politique. L'objectivité ne peut être sélective, c'est pourquoi les membres du Conseil doivent s'efforcer de parvenir à un consensus et au compromis, a conclu le représentant azerbaïdjanais.

M. MUSTAFIZUR RAHMAN (Bangladesh) a mis l'accent sur la nécessité de veiller à ce que les droits de l'homme soient placés au-dessus de toute manœuvre politique. De récentes évolutions au sein du Conseil ont suscité des préoccupations dans l'esprit de beaucoup, a-t-il ajouté. Le Bangladesh est très inquiet face aux informations rapportées s'agissant de la situation des droits de l'homme et de la situation humanitaire au Darfour, a poursuivi le représentant. Si ces informations sont vraies, alors la situation est indéniablement grave. Mais il faut avoir conscience du fait qu'il existe d'autres versions des faits qui ne nous parviennent pas à tous, a ajouté le représentant. Il a recommandé que la communauté internationale se penche non seulement sur les problèmes au Darfour qui impliquent le Gouvernement, mais aussi sur la question des producteurs et des fournisseurs d'armes et de munitions aux acteurs non étatiques. Différentes évaluations existent quant au nombre de personnes déplacées internes ou quant au nombre de morts, a poursuivi M. Rahman. La délégation soudanaise affirme pour sa part que la situation s'améliore depuis la signature de l'Accord de paix sur le Darfour. Il est donc important pour le Conseil de disposer d'informations précises et authentiques afin de pouvoir prendre une décision objective et impartiale. Aussi, une mission d'établissement des faits au Darfour composée de personnes compétentes et responsables dont l'intégrité est reconnue constitue-t-elle la seule option. À cet égard, la proposition de l'Union africaine serait le meilleur choix présenté jusqu'ici, a estimé le représentant du Bangladesh.

M. MOHAMMED HINDAWI (Jordanie) a indiqué qu'il a écouté avec attention les messages formulés ce matin par le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies et la Haut-Commissaire aux droits de l'homme. Il a à cet égard souligné que sa délégation n'a aucun doute quant à l'intégrité du Secrétaire général et de la Haut-Commissaire. La situation au Darfour est critique, a-t-il acquiescé, mais il a relevé que le tableau brossé par les deux hauts responsables de l'ONU est bien différent de celui exposé par le Président de l'Union africaine. Ce dernier, a-t-il précisé, a essayé de mettre en évidence les mesures prises par le Gouvernement du Soudan pour régler cette situation. Aussi, M. Hindawi a-t-il expliqué qu'en raison de l'existence d'informations conflictuelles, le Conseil a besoin d'informations neutres, exactes, claires et impartiales. Pour les obtenir, il faut établir une mission de haut niveau composée d'experts et qui soit menée par le Président du Conseil, a-t-il précisé. Pour conclure, il a estimé que le Conseil doit saisir cette occasion historique rendue possible par la coopération affichée du Soudan au travail du Conseil.

M. MURAD HAMAIMA (Libye) a notamment expliqué que la proximité géographique de son pays, voisin du Soudan, explique son souci constant de trouver une solution au conflit. Les parties en présence ne sont pas toutes signataires de l'accord de paix, a observé le représentant, tandis que d'autres fournissent des armes aux combattants et perpétuent ainsi les affrontements. Les informations reçues de la région sont conflictuelles, aussi convient-il d'envoyer une mission composée de membres du Conseil, a estimé le représentant.

M. SAMEH SHOUKRY (Égypte) s'est dit très préoccupé par l'évolution de la situation au Darfour. Il s'est dit convaincu que le Conseil peut jouer un rôle important pour promouvoir et protéger les droits de l'homme de tous, y compris au Darfour. L'Égypte se réjouit de la décision de prorogation de six mois de la Mission de l'Union africaine au Darfour, qui témoigne de la volonté – mais aussi de la capacité – de l'Afrique de résoudre ses propres problèmes. Pour restaurer la paix et la sécurité dans la région, il faut que la communauté internationale fournisse l'appui technique et financier nécessaire au Gouvernement soudanais et renforce sa capacité de fourniture de l'aide humanitaire nécessaire, tout en restreignant l'afflux d'armes et de munitions dans la région. L'envoi d'une mission impartiale permettra de faire toute la lumière sur la situation. Il faut que le Conseil veille à rester impartial et se départisse de toute politisation tout en mettant en œuvre ses décisions.

M. LUIS VARELA QUIRÓS (Costa Rica) a fait part de sa préoccupation face aux informations alarmantes qui font état de violations des droits de l'homme au Darfour et qui proviennent de sources différentes, d'institutions des Nations Unies, d'organisations non gouvernementales, de la presse internationale et du Gouvernement du Soudan. Il a expliqué que suite à sa récente visite, la Haut-Commissaire a attiré l'attention sur les graves violations des droits de l'homme et lancé un appel pour protéger les victimes et pour aider les efforts de la Cour pénale internationale pour que ces crimes contre l'humanité ne restent pas impunis. Au vu la gravité de ce qui nous est signalé, il apparaît judicieux d'envoyer une mission d'enquête dans cette zone pour évaluer la situation et formuler des recommandations, a-t-il expliqué. La communauté internationale ne saurait rester indifférente, a-t-il insisté, et le Conseil est appelé à réagir de manière efficace et prompte pour que la violence cesse au Darfour. Il a ainsi espéré que cette session extraordinaire débouchera sur un consensus et viendra soulager les populations du Darfour de leurs souffrances.

M. CHOE MYONG NAM (République populaire démocratique de Corée) a dit que son pays suit de près la situation compliquée qui prévaut au Darfour, source importante de problèmes, et estime que la priorité doit être accordée à la résolution du conflit par des moyens pacifiques. À cet égard, l'accord de paix d'Abuja est un bon pas dans la bonne direction. Le problème doit être analysé avec impartialité et objectivité. Certaines parties, du fait de leur partialité, enveniment ce problème, a estimé le représentant, qui a espéré que la session extraordinaire contribuera à renforcer la stabilité au Soudan et dans la région

MME SIRI TELLIER (Fonds des Nations Unies pour la population, FNUAP) a attiré l'attention du Conseil sur les effets négatifs sans précédent du conflit armé au Darfour sur les femmes et les fillettes, notamment en raison des nombreux viols qui s'y produisent. Le programme actuellement mis en œuvre par le FNUAP au Darfour entend prévenir les violences sexuelles et aider les survivants de ces violences, tout en réduisant les taux de mortalité maternelle et infantile. Les données disponibles indiquent qu'en avril dernier, les programmes soutenus par le FNUAP avaient permis d'accroître de 50% l'accès des survivants aux soins médicaux et aux soins de santé génésique; cinq mois plus tard, en septembre 2006, les données indiquent que ce taux s'est réduit en raison de l'intensification des combats et de l'insécurité. Aujourd'hui, au Darfour, les femmes et les fillettes sont de plus en plus vulnérables aux attaques. Le FNUAP demande à toutes les parties concernées d'accorder une attention prioritaire à la nécessité d'assurer la sécurité et l'accès pour les <orns de secours humanitaire.

M. PAUL KAVANAGH (Irlande) a souligné que la gravité de la situation au Darfour n'a pas été exagérée, en dépit de ce que prétendent certaines délégations. La situation ne s'améliore pas, bien que certains aient prétendu le contraire, a-t-il ajouté, ajoutant que ces faits ont été rapportés par des sources indépendantes. L'Irlande, a-t-il poursuivi, n'a pas d'intérêt stratégique, politique, militaire ou économique au Soudan ou ailleurs en Afrique. Notre objectif est de promouvoir la paix, la stabilité, le développement durable et le respect des droits de l'homme, a-t-il insisté. Il a ainsi rappelé que le Gouvernement irlandais et le parlement se sont engagés à promouvoir une résolution du conflit et que de nombreux travailleurs humanitaires irlandais se sont rendus sur le terrain. Il a appelé à un arrêt immédiat des violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire au Darfour et dans la région. Le Gouvernement du Soudan a la responsabilité de protéger ses citoyens contre les violences et de garantir le respect des droits de l'homme, a-t-il fait observer, appelant toutes les parties à mettre un terme à l'impunité en mettant en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité. Il a dans ce contexte estimé qu'il serait utile à cet égard que le Conseil des droits de l'homme envoie un message fort demandant la fin de la culture de l'impunité. Toutes les parties devraient coopérer pleinement dans le cadre des enquêtes menées par la Cour pénale internationale, a-t-il précisé. Pour conclure, il s'est montré en faveur de l'envoi d'une mission d'évaluation sur le terrain, qui soit crédible, objective et indépendante.

M. SEJDI QERIMAJ (Albanie) a indiqué que son gouvernement est très préoccupé par la violation des droits de l'homme au Darfour, les assassinats, le déplacement forcé de civils, les viols, les attaques contre les troupes africaines et les employés des organisations internationales. Le représentant s'est dit conscient de la complexité de la situation générale sur le terrain et salue les efforts du Gouvernement soudanais visant à résoudre les problèmes par un processus politique, conforme aux conclusions des consultations de haut niveau sur la crise au Darfour. Seule la sincère collaboration des parties intéressées permettra de résoudre cette crise, a estimé le représentant albanais, appelant les membres du Conseil à adopter le projet de résolution déposé par l'Union européenne,

MME ELISABET BORSIIN BONNIER (Suède) a relevé que les déplacements forcés à grande échelle, les tueries, les disparitions forcées et actes de torture, prenant particulièrement pour cibles les populations civiles, se produisent au Darfour dans un climat d'impunité. Toutes les parties au conflit sont grandement responsables de cette situation; mais c'est au Gouvernement soudanais qu'incombe la principale responsabilité de protéger ses citoyens, a rappelé la représentante suédoise. Les milices doivent être désarmées et non pas armées, a-t-elle ajouté. Toutes les parties au conflit doivent ensemble œuvrer à la mise en œuvre de l'Accord de paix sur le Darfour, a insisté la représentante.

MME KHADIJA RACHIDA MASRI (Union africaine) a expliqué que, depuis le début du conflit au Darfour, l'Union africaine a déployé des efforts considérables pour amener les protagonistes à mettre fin au conflit et pour améliorer les conditions difficiles et pénibles des populations du Darfour. Elle a ainsi rappelé que de nombreuses rencontres de haut niveau ont été organisées pour aboutir à la signature des Accords de paix au Darfour. Toutefois, a-t-elle souligné, il est clair que la mise en œuvre de cet accord, qui n'a pas été signé par certaines factions qui continuent de perturber la sécurité, demeure un défi. Ceci nécessite une mobilisation plus énergique et un appui concret de la communauté internationale pour mettre fin à cette situation. Mme Masri a fait observer que l'Union africaine n'a cessé de déployer des efforts diplomatiques, et notamment rappelé qu'une consultation de haut niveau coprésidée par le Président de la Commission de l'Union africaine et par le Secrétaire général s'est tenue le 16 novembre dernier pour créer des conditions acceptables à la mise en application effective des accords de paix et appeler toutes les parties à mettre fin immédiatement aux hostilités et actes de violence.

Le souci majeur de l'Union africaine, a poursuivi la représentante de l'Union africaine, demeure la paix et la sécurité dans la région. Et elle attend du Conseil des droits de l'homme qu'il prenne une décision sur le Darfour fondée sur l'éthique de la responsabilité collective de protéger et de contribuer de manière constructive à la consolidation de cette paix et à la protection des droits de l'homme, a-t-elle précisé. Pour conclure, elle a souligné que la décision qui sera prise par le Conseil devrait constituer certainement un tournant historique et décisif pour l'avenir du Conseil, pour garantir son efficacité et son efficience dans le traitement des questions humanitaires. Le Groupe africain soutenu par l'Union africaine est convaincu qu'une mission du Conseil conduite par le Président et les membres du Bureau sera le signal fort qui encouragera et amplifiera l'action de ceux qui se sont engagés au Darfour pour alléger le sort tragique des populations.

M. AHMED MOHAMED MASOUD AL RIYAMI (Oman) a déclaré que la communauté internationale doit accorder toute l'attention nécessaire au Darfour, notamment par la mise à disposition d'une aide appropriée. Toutes les parties n'ayant pas encore signé l'accord de paix d'Abuja doivent le faire sans tarder, a demandé le représentant. Il a espéré que le Conseil adoptera les mécanismes permettant au Gouvernement soudanais de résoudre la situation des droits de l'homme au Darfour.

M. GEBRAN SOUFAN (Liban) a fait observer que c'est la première fois que deux groupes régionaux se mettent d'accord pour convoquer une session extraordinaire du Conseil. L'Afrique mérite toutefois qu'on lui consacre encore plus de dialogue et d'ouverture ce afin de s'assurer que les initiatives ne consistent pas seulement en résolutions politisées, qui font plus de mal que de bien. Le Président du Conseil est le principal porte-parole du Conseil et bénéficie de la confiance de tous; aussi, devrait-il incontestablement présider la mission d'évaluation de la situation que le Conseil s'apprête à envoyer au Darfour, a estimé le représentant libanais.

M. AHMAT ABDOULAYE OGOUM (Tchad) a fait observer que le conflit au Darfour affecte dangereusement la sécurité du Tchad et de toute la région. Cette session extraordinaire témoigne de la gravité de la situation, a-t-il souligné. Depuis 2003, le conflit au Darfour est caractérisé par des atteintes aux droits de l'homme, des déplacements de population, des crimes, des tortures et des viols. Et ces atteintes aux droits fondamentaux se répètent maintenant au Tchad. Le représentant a ainsi fustigé les groupes armés du Darfour soutenus par le Gouvernement soudanais, qui s'adonnent à des violations au Tchad contre les populations civiles. Les autorités soudanaises qui sont responsables des agissements des milices janjaouid, ainsi que ces milices elles-mêmes sont tenus de respecter le droit international et devront répondre de leurs actes. Ces attaques ont eu pour conséquences de nombreux déplacements de populations, a-t-il déploré, ajoutant que de plus en plus de personnes, en proie à des nouveaux harcèlements, cherchent à s'éloigner des frontières. Ces attaques, a-t-il précisé, ont un caractère raciste, à l'instar de ce qui s'est passé au Darfour. Il a également souligné que les objectifs de ces milices janjaouid ne sont pas uniquement matériels, mais que ces dernières cherchent à affaiblir les populations locales et les forcer à quitter leurs terres. Pour conclure, il a cité le rapport de juin 2006 d'Amnesty International qui montre qu'une grave crise commence au Tchad, crise qui est liée à celle du Darfour. Les attaques sont perpétrées par les mêmes auteurs que celles commises au Darfour, a insisté le représentant.

M. EVERETT RESSLER (Fonds des Nations Unies pour l'enfance, UNICEF), observant que plus d'un enfant sur cinq au Darfour est victime de malnutrition grave, a déploré les difficultés croissantes que rencontrent les travailleurs humanitaires dans cette région. Depuis mai dernier, l'UNICEF a été informée de 23 cas d'organisations non gouvernementales contraintes de retirer leur personnel pour cause d'insécurité sur le terrain. L'UNICEF estime qu'à la suite de ces retraits, 700 000 personnes ont été abandonnées à une situation de grande vulnérabilité. Les organisations non gouvernementales ne sont pas seules touchées, a poursuivi le représentant, rapportant que plusieurs employés des services publics d'approvisionnement en eau potable de l'ouest du Darfour ont été tués. La situation des femmes et des enfants est d'autant plus préoccupante, a dit le représentant, que les conditions d'accès aux populations se compliquent. Un sentiment d'impunité règne au Darfour, auquel il convient de remédier de toute urgence, a encore dit le représentant.

M. KHALIT BITAR (Syrie) a dit faire confiance au Gouvernement soudanais pour le règlement de la crise au Darfour. Le Gouvernement a déjà fait preuve de ses capacités en la matière, a-t-il fait observer. Tout intervenant étranger doit cesser de s'ingérer dans les affaires intérieures du Soudan, a poursuivi le représentant syrien. L'Accord de paix d'Abuja peut constituer le point de départ du règlement de la crise, a-t-il ajouté. La Syrie est d'avis que la mission d'évaluation que le Conseil s'apprête à envoyer dans la région devrait être dirigée par le Président du Conseil.

M. SILVANO TOMASI (Saint-Siège) s'est montré préoccupé face aux violations terribles des droits de l'homme qui ont lieu dans la région du Darfour, citant notamment que les assassinats d'enfants, les viols de femmes et fillettes et les attaques contre les personnes déplacées sont monnaie courante. Ce sont les civils non armés qui sont le plus visés, a-t-il déploré. Le représentant s'est en outre inquiété des répercussions écologiques et humaines de cette violence aveugle. Le Conseil, a-t-il poursuivi, s'est saisi du sort de ces populations et s'est engagé à les protéger contre les violations de leurs droits fondamentaux. La priorité est de prendre des mesures pour mettre fin aux abus, aux destructions et à l'impunité. Les victimes ne sont pas uniquement des statistiques, ce sont de vraies personnes, a insisté le représentant. Il a ainsi appelé à accorder plus d'importance à mettre un terme aux tueries et aux abus, plutôt que de suivre des intérêts commerciaux et politiques. Il a expliqué que l'accord de paix a généré beaucoup d'espoir. Il y a d'autres mesures pratiques à prendre, a-t-il poursuivi, soulignant notamment qu'il importe de recueillir des informations, d'assurer l'assistance humanitaire, d'évaluer les responsabilités et de désarmer les groupes. Une solution juste sera trouvée lorsque les voix des populations du Darfour seront entendues, a-t-il souligné. Pour conclure, il a estimé que ce conflit constitue un défi humanitaire considérable, mais qu'il offre également une occasion de faire face aux problèmes dans un esprit de coopération et, partant, de construire un avenir plein d'espoir pour le Soudan et pour la totalité du Continent africain.

M. ANTON PINTER (Slovaquie) a souligné que son pays s'était félicité de la signature de l'accord de paix d'Abuja en mai dernier. Malheureusement, a-t-il constaté, sept mois après cet accord, la situation sur le terrain ne s'est pas améliorée, et même s'est détériorée, selon certaines informations. Les attaques récentes contre la population civile, la destruction de douzaines de villages dans le nord du Darfour ainsi que les heurts dans le nord de la région témoignent de l'ampleur de la violence. Qui plus est, le conflit a entre-temps débordé sur les pays voisins que sont le Tchad et la République centrafricaine. Particulièrement inquiétantes sont les violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire dirigées contre les groupes les plus vulnérables, femmes, enfants et personnes âgées. L'impunité est un problème préoccupant dans ces circonstances, a encore relevé le représentant, avant d'appeler à la recherche d'un consensus autour du texte de la résolution qui sera soumise au vote du Conseil.

M. GERHARD J.W. PUTMAN-CRAMER (Bureau de coordination des affaires humanitaires, OCHA) a donné lecture d'un message de M. Jan Egeland, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence, dans lequel ce dernier rappelle qu'il y a moins de trois semaines, il a averti le Conseil de sécurité que les semaines à venir allaient être celles du «quitte ou double» pour trois millions de personnes. Depuis, les événements sur le terrain n'ont cessé de se dégrader; les tendances sont alarmantes et s'étendent au Tchad et à la République centrafricaine. Quant aux travailleurs humanitaires, ils sont de plus en plus fréquemment attaqués. Davantage de violences pour les civils, davantage de populations déplacées et moins d'accès à ceux qui ont le plus besoin d'aide; telle est la situation actuelle, insiste M. Egeland dans son message. Davantage de travailleurs humanitaires ont été tués ces six derniers mois qu'au cours des deux dernières années écoulées, ajoute-t-il. Ces faits de base ne peuvent être contestés; aussi, une action urgente est-elle nécessaire et le Conseil doit-il exercer une pression sur toutes les parties concernées.

M. JUAN ANTONIO MARCH (Espagne) a fait observer que la situation des violations des droits de l'homme au Darfour est une des situations les plus graves qui se soient produites. C'est pourquoi la convocation de cette session était nécessaire. Il a estimé que le Conseil des droits de l'homme doit montrer aux victimes, à l'opinion publique internationale et aux gouvernements qu'il demeure alerte et qu'il est capable de réagir face aux violations des droits de l'homme. Il a ainsi insisté sur l'importance de faciliter le dialogue et la coopération, et ce en vue d'aider de manière utile ceux qui peuvent et qui doivent prendre des mesures urgentes pour améliorer la situation sur le terrain. Le représentant a à ce titre espéré que cette session aboutira à un consensus. Le Conseil des droits de l'homme joue en partie sa crédibilité, a-t-il averti, et nous devons faire preuve de responsabilité. Enfin, il a espéré que les autorités soudanaises sauront relever le défi auquel il est confronté et a souhaité l'assurer de l'appui de l'Espagne dans ses efforts. Le Conseil est un organe de dialogue et non de confrontation qui doit toujours œuvrer en faveur des victimes, a-t-il conclu.

M. JEAN FEYDER (Luxembourg) a rappelé que cela fait maintenant trois ans que la tragédie du Darfour frappe la population civile. Des récits de villages détruits, de traitements brutaux, de torture de civils, jusque dans les pays voisins, nous parviennent tous les jours. Quotidiennement, des centaines de civils, particulièrement de femmes et d'enfants, font l'objet de viols et d'abus sexuels, utilisés comme armes de guerre. Le Luxembourg appelle donc toutes les parties prenantes au conflit à cesser immédiatement les hostilités contre les civils, à respecter les droits de l'homme et le droit international humanitaire, les accords de cessez-le-feu et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Le Gouvernement du Soudan a la responsabilité d'assurer une protection adéquate de la population civile, a dit le représentant. Il a dit sa consternation devant les attaques contre les travailleurs humanitaires et a appelé les parties à garantir le libre accès aux personnes ayant besoin d'assistance. Le Luxembourg souhaite enfin que la question de l'impunité soit traitée avec tout le sérieux qu'elle mérite, a déclaré son représentant.

M. FARAG BIN GHANEMN (Yémen) a exprimé l'espoir que cette session ne serait pas politisée et permettrait de régler la question du Darfour en toute équité. Pour cela, il faut parvenir à trouver des moyens novateurs de recueillir des informations sûres, sans avoir à se fier aux médias. L'Accord d'Abuja est un premier pas vers la résolution de la crise au Darfour, a par ailleurs souligné le représentant yéménite. Cet accord doit donc être appuyé par tous. Il faut en outre trouver des moyens de fournir une assistance, à savoir une bonne base économique, à la population du Darfour. De l'avis du Yémen, le Conseil et les membres de son bureau doivent donc mener une mission d'évaluation des faits au Darfour.

MME ERIKA FELLER (Haut Commissariat pour les réfugiés) a rappelé que les déplacements sont le résultat de combats entre tribus et d'attaques par des milices armées, des nomades ou le Gouvernement du Soudan. Le nombre des déplacés se monte maintenant à 1,9 millions de personnes, a-t-elle expliqué. Fournir une assistance dans ce contexte constitue un énorme défi. Elle a également fait observer que les quelques améliorations devant découler des Accords de paix ont du mal à se produire. Le Haut Commissariat pour les réfugiés a peu accès aux personnes déplacées, a-t-elle expliqué, ajoutant que les jours passent et que les conséquences humaines sont de plus en plus floues. La population du Darfour paie le prix fort, les familles sont écartelées et les femmes violentées. Des hommes armés pénètrent dans les camps la nuit, assaillant hommes et femmes. Elle a également attiré l'attention du Conseil sur le fait que les patrouilles pour aller chercher du bois de chauffe ont dû être suspendues dans de nombreuses localités pour des raisons de sécurité. Il faut voir comment remédier aux conséquences humanitaires, a-t-elle souligné, insistant sur la nécessité que le Gouvernement soudanais remplisse ses obligations et assure stabilité et sécurité pour sa population et les travailleurs humanitaires. Il faut reconnaître la neutralité et le caractère non politique du travail humanitaire, a-t-elle conclu.

M. PASQUALE D’AVINO (Italie) a dit son inquiétude devant la détérioration de la situation sécuritaire, humanitaire et des droits de l'homme au Darfour. Les attaques contre les civils se multiplient, aggravées par celles dirigées contre les travailleurs humanitaires qui leur portent secours. Le représentant a réclamé la fin de l'impunité contre les auteurs des violations et demandé au Conseil de prendre des mesures adéquates. Le représentant s'est dit encouragé par la réaction rapide que le Conseil après d'appel du Secrétaire général à la prise en compte de la situation au Darfour. Le représentant italien a dit espérer que la session extraordinaire permettra de parvenir à un résultat efficace et objectif, fondé sur un consensus.

M. ZOHRAB MNATSAKANIAN (Arménie) a relevé que la présente session extraordinaire du Conseil témoigne de la vive préoccupation de la communauté internationale à l'égard de la situation humanitaire très grave qui prévaut au Darfour, conformément à ce qu'indiquent les informations émanant de diverses sources et non pas seulement des Nations Unies elles-mêmes. Des mises en garde ont été adressées à plusieurs reprises au sujet de cette situation, a rappelé le représentant arménien. Aussi, l'Arménie se réjouit-elle de l'émergence d'un consensus quant à l'urgence d'envoyer une mission d'évaluation dans la région. L'Arménie reconnaît également la coopération du Gouvernement soudanais avec la Rapporteuse spéciale spécial sur la situation des droits de l'homme au Soudan et souligne que cette coopération doit être maintenue.

M. CARLOS PEREIRA MARQUES (Portugal) a rappelé que depuis le début du conflit au Darfour entre les forces du Gouvernement soudanais et les milices alliées d'une part, et les groupes rebelles d'autre part, plus de 2 millions de personnes ont été déplacées et que près de 200 000 personnes ont trouvé la mort. La dimension de la tragédie humaine est effrayante, a-t-il insisté. Nous avons tous le devoir d'agir, a-t-il poursuivi, car nous avons eu à dire «plus jamais» trop souvent. Le représentant a souhaité saluer le travail de l'Union africaine et les efforts des Nations Unies et a appelé le Soudan à respecter ses engagements. Il a en outre salué la volonté du gouvernement du Soudan de participer au dialogue de cette session extraordinaire. Le dialogue et la coopération avec l'État concerné est la manière la plus efficace de mettre en œuvre les recommandations du Conseil. Il a ainsi espéré que le Conseil sera en mesure d'adopter un consensus à la fin de la présente session et mettre en œuvre un mécanisme de suivi crédible et efficace capable d'avoir un impact positif sur la situation des victimes. Les faits et la dimension de la crise sont bien documentés par les rapports de l'ONU et de l'Union africaine, a-t-il expliqué, soulignant que la valeur ajoutée de la mission d'évaluation au Darfour sera d'évaluer les conséquences de la crise et de faire des recommandations pour mettre un terme aux violations des droits de l'homme et garantir que leurs auteurs soient traduits en justice.

MME CAROLINE MILLAR (Australie) a déclaré que la situation au Darfour appelle un sentiment d'urgence collective de la communauté internationale. Comme l'a dit le Secrétaire général, il convient d'agir immédiatement en faveur du Darfour. Cette session extraordinaire doit permettre d'engager une action bénéficiant d'un large soutien. Ses résultats devront faire l'objet d'un suivi rigoureux. La réputation du Conseil dépendra en grande partie des résultats de cette session extraordinaire et de la clarté et de l'efficacité de ses résultats. Il convient donc d'envoyer une mission urgente composée d'experts en droits de l'homme, à même de procéder à une évaluation impartiale. Le représentant a par ailleurs fait valoir que le Gouvernement australien a pour sa part déjà accordé une importante aide financière humanitaire au Darfour depuis 2004 et a délivré 15 000 visas humanitaires depuis la mi-2003.

M. TONIS NIRK (Estonie) a souligné l'importance pour le Conseil de répondre immédiatement aux situations d'urgence humanitaire, conformément à ce qui lui est demandé dans la résolution 60/251 de l'Assemblée générale portant création du Conseil. Or, la situation au Darfour relève incontestablement d'une situation d'urgence humanitaire. L'Estonie est gravement préoccupée par les violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire au Soudan. Plus de 70% de la population du Darfour n'a pas accès à une alimentation de base et la population civile est victime d'une violence extrême. Face à cette situation, règne un climat d'impunité. Dans ce contexte, l'Estonie estime qu'il est crucial que soit de toute urgence envoyée dans la région une mission d'évaluation composée d'experts compétents et indépendants et incluant des procédures spéciales thématiques ainsi que Mme Sima Samar, Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l'homme au Soudan.

M. JUAN MARTABIT (Chili) a rappelé que sa délégation a à de maintes reprises souligné qu'il est du devoir du Conseil de s'intéresser à la situation des droits de l'homme au Darfour. La présentation très détaillée faite par la Haut-Commissaire à l'ouverture de la troisième session du Conseil a montré l'urgence de tenir une session extraordinaire, a-t-il estimé. Citant la Haut-Commissaire, il a rappelé que le Gouvernement du Soudan et les milices armées continuent d'être responsables de violations sérieuses des droits de l'homme et du droit international humanitaire. De plus, les attaques et les violations contre les villages se poursuivent et ont atteint les niveaux de 2004. Ces informations ne laissent aucun doute s'agissant des violations des droits de l'homme commises et des souffrances des populations, a-t-il insisté. Aussi, il a estimé indispensable que le Conseil envoie une mission d'évaluation sur le terrain, mission qui rendra compte à la quatrième session du Conseil. Il a souhaité que cette mission soit composée d'experts et proposé qu'elle soit présidée par une personnalité éminente. Pour conclure, il a lancé un appel pour que la coopération établie entre le Soudan et la Rapporteuse spéciale s'intensifie.

M. ALIREZA MOAIYERI (Iran) a observé que le Gouvernement du Soudan a déjà pris un certain nombre de mesures positives, en particulier la coopération avec les Nations Unies, les mécanismes régionaux tels que l'Union africaine, et la société civile une coopération qui doit être reconnue par le Conseil. L'Iran estime que l'Union africaine doit jouer un rôle important dans la gestion de la situation afin de permettre de réaffirmer la capacité des États africains de résoudre les problèmes de leur continent. C'est pourquoi l'Iran appelle les membres du Conseil à adopter les propositions formulées par le Groupe africain. Le représentant s'est dit inquiet de la politisation du conflit au Darfour par un groupe d'États. Il est également clair que l'on est confronté à un cycle de violence dans le contexte de l'anarchie où est plongée la région, a poursuivi le représentant, compte tenu que certaines parties n'ont pas ratifié l'accord de paix d'Abuja. Il est impératif que toutes les parties respectent le droit international humanitaire et les droits de l'homme, a conclu le représentant de l'Iran.

M. WARREN W. TICHENOR (États-Unis) a indiqué que son pays était consterné par la violence au Darfour soudanais et se réjouissait donc de la convocation de la présente session extraordinaire du Conseil, qui permet d'attirer l'attention sur la crise en cours. Il est important de dire clairement que la communauté internationale respecte la vie humaine. Les États-Unis réitèrent leur forte préoccupation face à la situation humanitaire déplorable qui prévaut sur le terrain au Darfour, en raison de la poursuite de la violence exercée par toutes les parties et exacerbée par le manque d'accès humanitaire à certaines zones qui se prolonge. Aussi, les États-Unis demandent-ils au Gouvernement soudanais et à tous les groupes armés, notamment aux groupes rebelles qui n'ont pas signé l'Accord de paix sur le Darfour, de s'abstenir de toute violence et de rechercher une solution pacifique à la crise. En attendant la restauration de la paix et de la sécurité, le Gouvernement du Soudan doit assumer sa responsabilité de protéger tous les individus contre toute violation des droits de l'homme. Les États-Unis demandent en outre que le Gouvernement soudanais cesse d'employer les milices janjaouid contre les civils innocents du Darfour. Les États-Unis sont par ailleurs alarmés par la propagation de la violence au Tchad et dans la République centrafricaine voisins, ce qui constitue une menace plus large pour la stabilité régionale de l'Afrique et le bien-être des citoyens de ces pays. Il faut que le Gouvernement soudanais accepte immédiatement et totalement l'Accord de paix signé le 16 novembre à Addis-Abeba, qui demande une opération hybride impliquant les Nations Unies et l'Union africaine au Darfour – opération qui aurait un caractère essentiellement africain et serait commandée et contrôlée par les Nations Unies. La communauté internationale n'acceptera pas la tentative du Gouvernement soudanais de renégocier l'Accord d'Addis-Abeba. Une opération de maintien de la paix effective et forte doit être déployée dès maintenant, a insisté le représentant des États-Unis.

M. ANDREJ LOGAR (Slovénie) a souligné que la question du Darfour est présente dans l'esprit de tous depuis longtemps. Les informations faisant état de la situation déplorable du Darfour sont nombreuses et fiables, a-t-il expliqué, soulignant à que la mise à jour de la situation sur le terrain effectuée par la Haut-Commissaire ce matin est à cet égard effrayante. Il a ainsi rappelé que le gouvernement du Soudan doit respecter sa principale obligation qui est de protéger sa population et souhaité qu'il s'assure que les sévices perpétrés ne restent pas impunis. Il a expliqué que sa délégation est surtout préoccupée par la situation des enfants, qu'il a qualifié d'avenir du Darfour. Il a ainsi indiqué que près de 1,8 million d'enfants ont été affectés par le conflit, qu'ils en aient été témoins ou qu'ils en aient directement soufferts. Cette violence contre les enfants aura des conséquences à long terme, a-t-il averti. Pour conclure, il a estimé que cette session extraordinaire est un test crucial pour le Conseil. Il a exhorté toutes les parties à mettre de côté les sympathies politiques, régionales, culturelles et religieuses et à assurer que la situation au Darfour fasse l'objet d'une évaluation objectif, indépendante et fiable.

MME ORSOLYA TOTH (Hongrie) a déclaré que son pays est très inquiet des conditions régnant au Darfour, que ce soit dans le domaine humanitaire, des droits de l'homme ou en matière de sécurité. Il convient dans ce contexte de veiller plus particulièrement aux intérêts des plus vulnérables, femmes et enfants en particulier. Le Gouvernement du Soudan doit assumer une double responsabilité: d'abord celle de protéger ces personnes des attaques, ensuite de ne pas se livrer lui-même à de tels agissements. Le Gouvernement doit également garantir des recours juridiques indépendants et impartiaux au profit des victimes. La Hongrie estime que la communauté internationale dispose dès à présent d'informations fiables et crédibles sur la situation des droits de l'homme au Darfour, et ce grâce aux rapports du Secrétaire général, du Rapporteur spécial et du Haut Commissariat aux droits de l'homme. C'est pourquoi le Conseil devrait envoyer une mission sur place chargée d'identifier les moyens de venir en aide au Gouvernement du Soudan dans ses efforts d'application des recommandations visant à améliorer la situation des droits de l'homme au Darfour, qui est très grave, a estimé la représentante hongroise.

MME MARIE LOUISE OVERVAD (Danemark) a rappelé que son pays avait appuyé la convocation de la présente session extraordinaire sur le Darfour. Il est important de reconnaître le caractère urgent de la situation au Darfour. La crise s'étend dans la partie orientale du Tchad et dans la partie septentrionale de la République centrafricaine, a relevé la représentante. Nous assistons à une catastrophe provoquée par l'homme d'une ampleur horrible, a-t-elle poursuivi; des centaines de milliers de personnes ont déjà perdu la vie et des millions d'individus continuent d'être déplacés. Le viol et les meurtres aveugles sont quelques-unes des terribles armes utilisées dans ce conflit qui se détériore. Au cours de la présente session extraordinaire, il convient pour le Conseil de trouver un moyen d'œuvrer à la recherche de moyens qui permettront d'éviter une nouvelle escalade de la violence et des violations des droits de l'homme. Lors de sa récente session, le Conseil a adopté une résolution sur le Darfour qui n'a pas constitué une réponse suffisante à la situation véritable telle qu'elle existe actuellement; nous devons remédier à cela et cette session extraordinaire constitue à cet égard un pas dans la bonne direction. Une autre étape nécessaire consistera à envoyer une mission d'expert indépendante, a affirmé la représentante danoise. En effet, une quantité importante d'informations crédibles existent déjà; mais des informations complémentaires pourraient nous aider à décider d'un suivi concret et effectif à notre prochaine session.

M. FRANCISCOS VERROS (Grèce) a salué l'ampleur du soutien fourni par les délégations de tous les groupes géographiques à la demande de convocation d'une session spéciale du Conseil sur la situation du Darfour. C'est une preuve que des délégations peuvent, quand les situations l'exigent, dépasser les clivages des groupes géographiques pour agir selon des critères objectifs, a-t-il estimé. Il a souligné que la tragédie du Darfour est reconnue par la société internationale comme ayant les dimensions d'une crise humanitaire majeure, avec des effets atroces pour les groupes les plus vulnérables de la population. Il est par conséquent évident que la convocation du Conseil répond à une nécessité objective, loin d'émaner d'une volonté de sélectivité, a-t-il fait observer. D'autre part, il a indiqué que sa délégation partage la conviction que l'impunité pour ceux qui se sont rendus coupables de tels crimes serait inconcevable. Il a rappelé la compétence de la Cour pénale internationale à cet égard. Pour conclure, le représentant grec s'est montré convaincu que l'organisation d'une mission spéciale au Darfour mandatée par le Conseil s'impose face à la situation actuelle. Le rôle du Président quant à la composition de cette mission pourrait être décisif, a-t-il estimé, soulignant qu'une formule qui ferait l'unanimité est loin d'être impossible.

M. WEGGER STROMMEN (Norvège) a déclaré que son pays est très inquiet de la situation au Darfour: la spirale de violence et les attaques menées contre des villages ont des conséquences dramatiques pour les populations civiles de la région. Ces derniers jours, des travailleurs humanitaires ont dû être évacués et redéployés au nord et au sud du Darfour, suite à des attaques directes contre eux. Le manque d'accès et les entraves aux opérations humanitaires compromettent toute l'aide humanitaire au Darfour. Les combats doivent cesser, a demandé le représentant, les civils protégés et les agences humanitaires respectées. Le Gouvernement du Soudan doit assumer ses responsabilités touchant à la protection de ses populations. De même, toutes les parties en conflit devraient s'engager à garantir l'accès humanitaire. La Norvège estime que seul un processus politique crédible sera à même d'apporter des solutions durables à la crise au Darfour. Toutes les parties, même celles n'ayant pas signé les accords de paix, devraient à cet égard s'engager à respecter les accords de cessez-le-feu. La Norvège estime par ailleurs dignes de foi les informations fournies par le Haut Commissaire aux droits de l'homme et le Secrétaire général et est favorable à l'envoi d'une mission indépendante du Conseil sur le terrain, dont la mission serait d'émettre des recommandations sur la conduite à tenir.

M. ITZHAK LEVANON (Israël) a déclaré que s'il existe un signe positif et encourageant depuis la création du Conseil, c'est incontestablement celui qu'envoie la présente session extraordinaire sur le Darfour afin de traiter ce que M. Jan Egeland a qualifié de pire catastrophe humanitaire du monde et d'affront à l'humanité. Le Gouvernement soudanais prêche la rhétorique de la paix mais promeut la réalité de la destruction, a déclaré le représentant israélien. Il faut veiller à ne pas répéter l'Histoire, a-t-il averti. Ces jours-ci, a-t-il ajouté, on se moque du souvenir des horreurs de l'Holocauste avec des initiatives telles que la Conférence sur le déni de l'Holocauste convoquée en Iran. Y aura-t-il dans soixante ans une conférence qui déniera le fait que des centaines de milliers d'innocents ont péri au Darfour?

M. MOHAMMAD ABU-KOASH (Palestine) s'est dit impressionné par les paradoxes dont le Conseil est témoin. Le Secrétaire général a lancé un message enregistré ce matin, alors qu'il ne l'avait pas fait lors des sessions extraordinaires précédentes sur la Palestine et le Liban. Est-ce une coïncidence que le Secrétaire général intercède en faveur de la session extraordinaire sur le Darfour, celle-là même initiée par le groupe des pays occidentaux, s'est-il demandé. Il s'est également dit impressionné par la déclaration éloquente faite par le Haut-Commissaire, ainsi que le nombre de rapports sur le Darfour produits par le Haut Commissariat. Nous nous demandons pourquoi la Haut-Commissaire n'a rédigé aucun rapport sur les violations des droits de l'homme commises par Israël, a-t-il souligné. D'autre part, il s'est dit amusé de voir qu'Israël se soit porté co-auteur de la résolution sur la situation des droits de l'homme au Darfour. Il a ainsi souligné qu'Israël soutient l'envoi d'un Rapporteur spécial au Soudan, alors qu'il refuse la mission du Rapporteur spécial sur la Palestine et s'oppose à la Commission d'enquête sur le massacre de Beit Hanoun. Pour conclure, il a félicité les efforts déployés par le Soudan et l'Union africaine pour faire face à cette situation et demandé à la communauté internationale d'assister le Gouvernement du Soudan dans ses efforts. La résolution qu'adoptera le Conseil ne doit pas refléter les positions d'un seul groupe, mais respecter les préoccupations du Groupe africain qui est le groupe concerné, a-t-il souligné.

MME AMY LAURENSON (Nouvelle-Zélande) a admis que le Gouvernement du Soudan a coopéré avec les Rapporteurs spéciaux en visite sur son sol. Cependant, il faudra faire davantage pour remédier à la situation. Il appartient notamment à toutes les parties en conflit de mettre un terme à la violence, à signer les accords de paix et à les respecter. La sécurité des organisations humanitaires doit être garantie et les responsables des attaques contre les civils traduits en justice. Dans les circonstances actuelles, le déploiement d'une mission des Nations Unies est la meilleure chance de protéger, promouvoir et contrôler la situation des droits de l'homme dans cette région et de garantir la sécurité des travailleurs humanitaires et des civils. Le Conseil doit identifier quelles contributions efficaces et concrètes elle peut apporter aux efforts de la communauté internationale, a conclu la représentante.

M. ALEX VAN MEEUWEN (Belgique) a déclaré que des témoignages convergents émanant de sources dignes de foi prouvent qu'en ce moment, plus de trois millions de personnes au Darfour ont un besoin urgent de protection, d'aide et d'assistance. Il a insisté sur la nécessité de protéger, de prévenir et de mettre fin à l'impunité et donc de garantir le fonctionnement de la justice. La première responsabilité de protéger les civils contre les violations des droits de l'homme et la violence incombe au Gouvernement du Soudan, a rappelé le représentant belge. Il a demandé au Gouvernement de mettre fin à l'impunité et de coopérer avec la Cour pénale internationale. En décidant d'envoyer une mission d'évaluation de la situation constituée de personnes véritablement indépendantes et expertes, la communauté internationale enverra un message sans équivoque. La violence au Darfour doit cesser maintenant, a conclu le représentant belge.

MME ALICIA MARTIN (Nicaragua) a estimé que la tenue de cette session extraordinaire vient renforcer la crédibilité du Conseil. Il est temps de mettre fin au conflit qui a cours au Darfour, a-t-elle souligné, rappelant que ce sont les civils et surtout les femmes et les enfants qui sont le plus touchés par le conflit. Elle a reconnu que le Gouvernement soudanais a fait des efforts pour régler cette situation. Sans paix durable, les droits de l'homme ne pourront prévaloir, a-t-elle insisté, ajoutant que pour surmonter la situation, le Gouvernement du Soudan doit pouvoir compter sur l'aide de la communauté internationale. Rappelant qu'il importe que le Conseil trouve des moyens urgents pour faire face à la crise humanitaire, elle s'est montrée en faveur de l'envoi d'une mission spéciale d'évaluation de la situation des droits de l'homme au Darfour et espéré qu'un esprit de coopération prévaudra au sein du Conseil.

MME ISABEL FROMMELT (Liechtenstein) a notamment déclaré que la coopération est le terme clé quand il s'agit de mettre un terme aux violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire au Darfour. Le Gouvernement du Soudan a l'obligation de protéger les civils, en particulier les femmes et les enfants, contre toutes les formes de violence. Le fait que certaines parties au conflit n'aient pas signé les accords de paix au Darfour ne justifie pas que le Gouvernement omette de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les populations civiles, a dit la représentante, estimant par ailleurs que la lutte contre l'impunité est vitale pour éviter une nouvelle détérioration de la situation des droits de l'homme. La représentante a appelé les parties au conflit à garantir un accès libre aux populations ayant besoin d'assistance

Droit de réponse

MME FOROUZANDEH VADIATI (Iran) a jugé ironique que le représentant du régime israélien, puissance occupante, détourne l'attention du Conseil en évoquant la Conférence qui se tient actuellement à Téhéran. Il ne s'agit pas ici du déni de l'Holocauste mais d'étudier divers aspects de l'Holocauste. Le peuple palestinien, quant à lui, est victime d'un holocauste.

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