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LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME OUVRE SA SESSION EXTRAORDINAIRE SUR LE DARFOUR

Compte rendu de séance
Face aux informations contradictoires concernant la situation dans la région, la proposition d'y envoyer une mission d'évaluation reçoit un large soutien

Le Conseil des droits de l'homme a ouvert, ce matin, au Palais des Nations, à Genève, sa quatrième session extraordinaire, consacrée au Darfour. Cette session extraordinaire a été convoquée suite à une demande appuyée par 35 membres du Conseil, a rappelé le Président du Conseil, M. Luis Alfonso De Alba, à l'ouverture de la séance.

Dans un message transmis au Conseil par vidéo-diffusion, le Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, a affirmé que la crise au Darfour demande l'attention de toute la communauté internationale; depuis plus de trois ans, a-t-il souligné, les habitants du Darfour vivent un cauchemar. Ces dernières semaines, les combats se sont intensifiés et les conditions de la populations civile ont empiré. Des milices armées poursuivent leurs attaques contre des civils sans défense. Près de quatre millions de personnes, dont deux millions de personnes déplacées, ont besoin d'une aide humanitaire. La violence s'étend maintenant à deux pays voisins, a ajouté M. Kofi Annan. Il est essentiel que le Conseil envoie un message d'unité pour avertir clairement toutes les parties concernées, au nom du monde entier, que la situation actuelle est tout simplement inacceptable et que l'on ne saurait permettre qu'elle se poursuive. La violence doit cesser, a-t-il insisté, demandant instamment au Conseil de ne pas perdre de temps pour envoyer une équipe d'experts afin de faire enquête sur l'escalade des violations.

Mme Louise Arbour, Haut-Commissaire aux droits de l'homme, a pour sa part déclaré que, face aux violations incessantes et en l'absence d'initiative de quelque ampleur sur le terrain, l'accord de paix signé en mai 2006 entre le Gouvernement du Soudan et certains groupes rebelles doit être réactivé et renforcé. Des efforts doivent être consentis pour inclure tous les groupes dans ce processus de paix, a-t-elle insisté. Toutes les informations collectées depuis 2005 indiquent par ailleurs une accentuation des schémas de violations constatés antérieurement, a ajouté Mme Arbour, regrettant en outre l'impunité qui règne au Darfour.

Un représentant du Soudan est intervenu pour affirmer qu'actuellement, la stabilité prévaut sur 80% de la zone du Darfour. Il a déploré que la vérité sur la situation dans la région soit déformée. Après avoir dénoncé la démarche selon lui non professionnelle et favorable à certains pays adoptée par la Haut-Commissaire aux droits de l'homme, il a fait observer que le rapport présenté par le Président de la Commission de l'Union africaine indique que le taux de malnutrition reste statistiquement inférieur au seuil d'urgence. En outre, les cas de violences contre les femmes ont été exagérés, a-t-il ajouté. Il a dénoncé l'attitude des protagonistes de la confrontation, qui ont souhaité la tenue de cette session extraordinaire et ont mobilisé les médias contre le Soudan.

Au nom de l'Union européenne, qui est à l'origine de la convocation de cette session et a soumis un premier projet de résolution à la présente session extraordinaire, le représentant de la Finlande a affirmé que l'ampleur de la crise humanitaire et de droits de l'homme au Darfour est bien documentée et qu'elle est choquante. Une mission d'évaluation devrait donc chercher les moyens par lesquels le Gouvernement soudanais pourrait appliquer des recommandations visant l'amélioration des droits de l'homme de ses citoyens. La coopération du Soudan est essentielle pour aboutir à une amélioration réelle de la situation au Darfour, a souligné le représentant finlandais.

Au nom du Groupe africain, auteur d'un second projet de résolution sur la situation au Darfour, le représentant de l'Algérie a souligné que, comme c'est le cas dans tous les conflits et guerres civils, le conflit au Darfour s'accompagne d'une vaste propagande dans laquelle l'information est manipulée et la situation des droits de l'homme politisée. Le Groupe africain est favorable à une mission d'évaluation dirigée par le Président du Conseil, notamment pour déterminer les faits de manière incontestable, par le biais d'informations recueillies de première main, et pour présenter une feuille de route novatrice à la prochaine session du Conseil, afin d'avancer substantiellement s'agissant de la situation des droits de l'homme au Darfour. Si nous limitons la mission à l'évaluation d'une mission d'experts, en particulier si nous préjugeons de ses résultats dans son mandat, nous ne ferons que maintenir le statu quo, a déclaré le coordonnateur du Groupe africain.

Les représentants des pays suivants ont également participé au débat : Zambie, Cuba, Pakistan (au nom de l'Organisation de la Conférence islamique), Afrique du Sud, Ghana, Allemagne, Arabie saoudite (au nom de la Ligue arabe), Indonésie, Suisse, Roumanie, France, Chine, République de Corée, Malaisie, Royaume-Uni, Argentine, Maroc, Tunisie, Pologne, Fédération de Russie, Inde, Bahreïn, Canada, Équateur, Nigéria, Uruguay et Pays-Bas.

Relevant le caractère contradictoire des informations circulant au sujet de la situation au Darfour, nombre de délégations ont insisté sur la nécessité, pour le Conseil, de se prononcer sur la question sur la base d'informations fiables et incontestables. Aussi, la nécessité d'envoyer sur le terrain une mission d'évaluation de la situation a-t-elle été largement appuyée, le seul point de divergence parfois évoqué portant sur la composition de cette mission et plus précisément sur la personne devant la diriger, certains plaidant pour que ce soit le Président du Conseil et d'autres préférant que ce rôle soit dévolu à la Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l'homme au Darfour, Mme Sima Samar.

Le Conseil poursuivra les travaux de sa session extraordinaire sur la situation des droits de l'homme au Darfour cet après-midi, à 15 heures.




Déclarations liminaires

Dans un message transmis au Conseil par vidéo-diffusion, le Secrétaire général des Nations Unies, M. KOFI ANNAN, a déclaré que la crise au Darfour demande l'attention de toute la communauté internationale; depuis plus de trois ans, a-t-il souligné, la population du Darfour vit un cauchemar. Ces dernières semaines, les combats se sont intensifiés et les conditions de la populations civile ont empiré. Des milices armées poursuivent leurs attaques contre des civils sans défense, a poursuivi le Secrétaire général. Près de quatre millions de personnes, dont deux millions de personnes déplacées, ont besoin d'une aide humanitaire, a-t-il indiqué. La violence s'étend maintenant à deux pays voisins, a ajouté M. Kofi Annan. Il a rappelé que le Conseil de sécurité et le Secrétariat s'efforcent de parvenir à un accord avec le Gouvernement soudanais afin de déployer une force internationale et africaine plus efficace et plus forte. Il est essentiel que le Conseil des droits de l'homme envoie un message d'unité pour avertir clairement toutes les parties concernées, au nom du monde entier, que la situation actuelle est tout simplement inacceptable et que l'on ne saurait permettre qu'elle se poursuive, a insisté le Secrétaire général.

La population du Darfour ne peut attendre un jour de plus; la violence doit cesser, a déclaré le Secrétaire général. Je vous demande instamment de ne pas perdre de temps pour envoyer une équipe d'experts afin de faire enquête sur l'escalade des violations; il est urgent d'agir, y compris pour demander des comptes à ceux qui sont responsables des nombreux crimes déjà commis, a souligné le Secrétaire général à l'intention des membres du Conseil. C'est le moins que l'on puisse faire pour dire aux habitants du Darfour que leurs appels au secours ont été entendus, a-t-il conclu.

MME LOUISE ARBOUR, Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, a déclaré que les civils au Darfour sont toujours victimes d'attaques brutales et concertées. Le Secrétaire général, a-t-elle rappelé, a ainsi dénombré, ces seules six dernières semaines, la fuite de 80 000 personnes et la mort de plusieurs centaines d'autres, y compris des femmes et des enfants. Les viols collectifs, notamment, n'ont pas cessé. On constate que l'impunité permet, et même encourage, les responsables de ces crimes à étendre leur emprise sur la population du Darfour. Le conflit a aussi débordé sur certaines régions du Tchad et de la République centrafricaine. L'incapacité à prévenir ces crimes, à en protéger les populations et à rendre la justice, doit inciter le Conseil, la communauté internationale et surtout le Gouvernement du Soudan à appliquer toutes les mesures promises ou convenues jusqu'ici, mesures qui, prises ensemble, permettraient de soulager les souffrances du peuple du Darfour. Le Haut Commissariat a rassemblé, par ses observations sur le terrain et avec l'apport d'autres institutions des Nations Unies, une importante documentation sur ces faits. Cette documentation est disponible sur le site Internet du Haut Commissariat (www.ohchr.org).

Face aux violations incessantes et en l'absence d'initiative de quelque ampleur sur le terrain, a poursuivi la Haut Commissaire, l'accord de paix signé en mai 2006 entre le Gouvernement du Soudan et certains groupes rebelles doit être réactivé et renforcé. Des efforts doivent être consentis pour inclure tous les groupes dans ce processus de paix. Actuellement, a déploré Mme Arbour, on ne constate pratiquement aucun «dividende de la paix», ni de volonté apparente de mettre en œuvre les termes de l'accord. Toutes les informations collectées depuis 2005 indiquent par ailleurs une accentuation des schémas de violations constatés antérieurement, comme par exemple: attaques contre les civils du Darfour, dont certaines sont, selon des témoins oculaires, des opérations coordonnées entre forces gouvernementales et les milices qui leur sont associées; bombardements aveugles par l'aviation gouvernementale; obstacles opposés à l'action humanitaire; arrestations et détentions arbitraires, torture et traitements cruels, inhumains et dégradants commis par les forces gouvernementales, entre autres crimes.

Mme Arbour a estimé que, compte tenu des informations disponibles et des observations sur le terrain, il n'est pas possible d'attribuer les événements du Darfour à une simple escalade de rivalités entre tribus. Il faut aussi tenir compte d'un afflux d'armes en provenance des pays voisins, qui contribue à alimenter le conflit. Non seulement le Gouvernement n'est pas parvenu à désarmer les milices, comme l'accord de paix l'y enjoignait, mais il existe des preuves crédibles indiquant sa responsabilité dans le renforcement des arsenaux et des moyens de transports des milices. La situation est d'autant plus grave que les rebelles sont eux aussi responsables de violations des droits de l'homme, commettant meurtres, viols, torture et destruction des moyens d'existence des populations civiles.

La Haut-Commissaire a également déploré que l'impunité règne au Darfour. Du simple exécutant aux plus hauts responsables gouvernementaux, les responsables de la majorité des crimes ne sont ni poursuivis ni punis. En réponse aux critiques internationales, le Gouvernement a mis en place des mécanismes juridiques qui doivent encore faire leurs preuves. Un seul responsable de quelque importance a été à ce jour accusé, avant d'être finalement acquitté.

Les souffrances du peuple du Darfour ont été trop longtemps négligées; elles ont fait l'objet de mesures de réparation insuffisantes, quand elles ont seulement été prises en compte. Les victimes et les civils vulnérables attendent maintenant du Conseil une réponse crédible, a conclu Mme Arbour.


Déclaration du pays concerné

M. FARAH MUSTAFA (Soudan) a tenu à rappeler que le Soudan est fermement convaincu de la nécessité de protéger et de promouvoir les droits de l'homme en dehors de toute politisation. Il a ainsi espéré que le Conseil sera en mesure de protéger les droits de l'homme et ce, a-t-il précisé, sans revenir aux pratiques de l'ancienne Commission en exploitant certaines situations et suivant des «agendas occultes» sous couverts de protection droits de l'homme. Le Soudan est une cible depuis toujours, a fait remarquer le représentant. Nous avons fait des choix nationaux a-t-il précisé, et nous avons choisi d'appartenir à la communauté africaine, arabe et islamique. Il a ainsi estimé qu'il ne s'agit pas aujourd'hui de protéger les droits de l'homme, mais de compromettre la souveraineté d'États faibles. Il faut aujourd'hui dire la vérité dans cette enceinte, a-t-il poursuivi, et vous serez déçus si vous essayez de faire le contraire. Il a souligné que cette session extraordinaire est une occasion pour le Soudan de présenter la vérité. Cette occasion, a-t-il ajouté, nous n'aurions jamais pu la trouver au sein des médias de l'hémisphère nord qui ne cessent de propager des mensonges.

La situation étant ce qu'elle est avec les médias, qu'en est-il de la Haut-Commissaire, avec qui travaille-t-elle, s'est demandé M. Mustafa? Notant que la Haut-Commissaire rappelait qu'un pays a le devoir de protéger les droits de sa population, il a fait observer que les fonctionnaires internationaux ont le devoir d'être parfaitement neutres. Enfin, il a réitéré sa préoccupation s'agissant des rapports des médias internationaux et de la Haut-Commissaire qui, non seulement oublient certaines violations commises par les groupes armées, mais de plus les attribuent au Gouvernement soudanais. La Haut-Commissaire, a-t-il insisté, a adopté une démarche non professionnelle et favorable à certains pays.

L'Union africaine, dans tous ses documents, a souligné que la résolution du conflit et la cessation des violations résident dans la signature d'un accord de paix au Darfour, a fait observer le représentant. Le conflit ne peut être réglé que par un processus politique, au sein duquel aucune autre partie, outre celles parties à l'Accord de paix au Darfour, ne devrait intervenir. La stabilité existe aujourd'hui dans 80% du Darfour, a souligné le représentant, ajoutant qu'il est regrettable que la vérité soit déformée. Il a ainsi expliqué que le Soudan s'est lancé dans des actions humanitaires, en coopération avec les Nations Unies. Il a également fait observer que le Président de la Commission de l'Union africaine a rapporté que le taux de malnutrition reste statistiquement inférieur au seuil d'urgence. De plus, les statistiques remises par le Soudan aux organisations internationales montrent clairement que les cas de violences contre les femmes ont été exagérés, a-t-il ajouté.

Le Soudan est ouvert au dialogue et à la coopération pour promouvoir les droits de l'homme dans le pays, et plus particulièrement au Darfour, a poursuivi le représentant. Toutefois, il s'est dit conscient de la différence entre préoccupation sincère pour les droits de l'homme et dérive politique et idéologique de certains pays qui contrôlent le pouvoir, la richesse et les médias. Les protagonistes de la confrontation ont souhaité la tenue de cette session extraordinaire, a-t-il souligné, ajoutant qu'ils ont mobilisé les médias, les pays, les personnes contre le Soudan. Cette mobilisation, a-t-il estimé, a pour but de détourner l'attention de l'agonie de populations qui subissent des bombes, sont sous occupation ou sont détenues dans des prisons secrètes sur ce même continent où nous nous réunissons aujourd'hui. De toute évidence, on ne souhaite pas prêter attention à ces violations terribles, a-t-il insisté. Pour conclure, il s'est demandé si cette mobilisation a été réellement faite en vue de protéger véritablement les droits de l'homme au Darfour ou s'il s'agit de viser le Soudan, son peuple, ses ressources et son intégrité territoriale de façon ignominieuse.

Débat

M. IDRISS JAZAÏRY (Algérie, au nom du Groupe africain) a fait observer que la présente session extraordinaire diffère des autres sessions. Les sessions passées, a-t-il expliqué, ont été initiées par les pays en développement et contrées par leurs partenaires des pays développés, tandis que cette session a été proposée par les pays développés et soutenue par les pays en développement. Le représentant algérien a exprimé le vœu que cette approche plaçant les populations au-dessus des considérations politiques puisse se prémunir contre toute tentative d'instrumentalisation des souffrances d'une population à des fins de promotion d'un agenda politique en rapport avec le partage du pouvoir et des ressources. Comme c'est le cas dans tous les conflits et guerres civils, le conflit au Darfour s'accompagne d'une vaste propagande dans le cadre de laquelle l'information est manipulée et la situation des droits de l'homme politisée. L'analyse fournie par une organisation non gouvernementale majeure ayant son siège dans un pays avancé - qui présente l'affaire comme un conflit ethnique de proportion apocalyptique entre un gouvernement oppresseur arabe et ses milices prenant pour cibles des tribus non arabes - est contredite par le rapport présenté par le Président de l'Union africaine le 29 novembre dernier, lequel fait état d'une situation contrastée, qui s'améliore dans certaines parties de la région et se détériore dans d'autres. Le Conseil se doit d'être guidé par les faits obtenus de première main sur le terrain et non par des interprétations fournies par les médias. Aussi, le Conseil devrait-il s'efforcer de recueillir de telles informations de première main et voir comment l'Union africaine pourrait être impliquée plus étroitement dans la canalisation de l'information sur la situation des droits de l'homme au Darfour.

Le Conseil devrait également élaborer une feuille de route visant à mettre immédiatement un terme à la violence et identifiant les moyens d'améliorer la jouissance des droits de l'homme de la population du Darfour et de promouvoir l'obligation redditionnelle des auteurs des violations, a poursuivi M. Al-Jazaïri. Pourquoi avoir une mission d'évaluation dirigée par le Président du Conseil, comme le propose le Groupe africain? Tout simplement pour démontrer que le Conseil accorde une priorité de premier ordre à la question, après les précédents de la Commission des droits de l'homme à Cuba et en Tchétchénie; pour déterminer ce que les faits sont réellement, de manière incontestable, par le biais d'informations recueillies de première main; et pour présenter une feuille de route novatrice à la quatrième session du Conseil, afin d'avancer substantiellement s'agissant de la situation des droits de l'homme au Darfour. Si nous limitons la mission à l'évaluation d'une mission d'experts, en particulier si nous préjugeons de ses résultats dans son mandat, nous ne ferons que maintenir le statu quo, ce qui, pour le Groupe africain, n'est pas une option.

Comme il dans tous les conflits civils et les guerres, a poursuivi M. Al-Jazaïri, le conflit du Darfour s'accompagne de campagnes de propagande où l'information est manipulée et la situation des droits de l'homme politisée. Il a ainsi expliqué qu'une organisation non gouvernementale dont le siège se trouve dans un pays avancé a présenté le cas du Darfour comme étant un conflit ethnique mettant en présence un gouvernement arabe oppresseur qui, par le biais de milices, attaque des tribus non arabes. Il n'y a aucune mention de la véritable nature du conflit entre éleveurs et pastoraux ou d'action de groupes rebelles utilisant des boucliers humains et attaquant les convois humanitaires. Il a rappelé que lors de sa deuxième session, le Conseil des droits de l'homme a exprimé sa préoccupation s'agissant de la situation des droits de l'homme au Darfour en adoptant la décision 2/115. Il a souligné que le Conseil se réunit aujourd'hui pour poser un diagnostique objectif de la situation

M. LOVE MTESA (Zambie) a remercié le Secrétaire général pour son message très clair et a assuré la Haut Commissaire de son soutien. Il a indiqué que des représentants de la Zambie se sont rendus au Soudan en novembre. Le peuple du Darfour a droit au respect de ses droits de l'homme et de sa dignité. La Zambie a mis à disposition un petit contingent de policiers. Cependant, compte tenu de l'étendue du territoire, une force importante est requise. Personne ne réfute la nécessité de la présence des troupes des Nations Unies au sud du Soudan. Dans ces conditions, pourquoi s'opposer à une telle présence au Darfour, a demandé le représentant. Il faut ici aussi éviter le «deux poids, deux mesures», et prendre des mesures sans plus tarder. Les Africains, qui n'hésitent pas à demander l'intervention des Nations Unies sur des théâtres extérieurs, semblent plus timides dès lors que leur continent est concerné: cette «politique de l'autruche» doit cesser, a estimé le représentant de la Zambie. Les déclarations sur le Darfour sont très contradictoires et il faut que la mission qui y sera dépêchée bénéficie de l'assistance des autorités locales.

M. JUAN ANTONIO FERNÁNDEZ PALACIOS (Cuba) a rappelé que son pays a soutenu la tenue de cette session extraordinaire, à l'instar de ce qu'il avait fait au préalable pour les autres sessions extraordinaires. Nous avons agi avec intégrité en nous en tenant aux principes fondateurs du Conseil, a-t-il fait observer, rappelant que l'impartialité, l'objectivité, la non-sélectivité, le dialogue constructif et la coopération devraient prévaloir au Conseil. Cette session extraordinaire, a-t-il poursuivi, est une réponse aux critiques faites contre le Conseil par ceux qui pariaient sur son échec pour cacher leurs violations. Il a ainsi fait valoir que le Conseil n'est pas resté silencieux face à la situation au Darfour, en adoptant une résolution sur la question du Darfour le 28 novembre dernier. Le représentant cubain a expliqué que les causes profondes de la situation humanitaire au Darfour résident dans le passé colonial, les divisions artificielles créées par les métropoles et la pauvreté structurelle héritée de siècles d'exploitation et de pillage. Il y a une campagne de discrédit orchestrée à l'encontre du Gouvernement soudanais pour assurer les prétentions hégémoniques de l'Occident, a-t-il ajouté. Il a ainsi expliqué qu'un groupe d'ambassadeurs et de diplomates de différents pays, y compris Cuba, a récemment eu l'occasion de visiter le Darfour et que le Gouvernement soudanais leur a fourni de nombreuses informations. La situation complexe au Darfour ne sera jamais résolue en imposant de l'extérieur des décisions prises à New York ou à Genève, a-t-il souligné. Il a ainsi rappelé que les décisions prises par le Conseil ne seront efficaces que si elles sont acceptées par le Soudan. Pour conclure, il a souligné que sa délégation espère que les débats de cette session extraordinaire permettront d'avancer et souhaité que soient laissés de côté les grands mots et les prétentions d'imposer des sanctions et des condamnations inutiles.

M. VESA HIMANEN (Finlande, au nom de l'Union européenne) a déclaré que la crise au Darfour est grave et se poursuit. L'ampleur de la crise humanitaire et des droits de l'homme est bien documentée et choquante, a-t-il insisté. Ces derniers jours, des informations font état de heurts dans le nord du Darfour, en violation flagrante des accords de paix au Darfour. Ces six dernières semaines, 80 000 personnes ont dû fuir leurs foyers au Darfour et au Tchad. Les informations qui nous parviennent font état de viols massifs. Au total, les informations émanant des Nations Unies font état de plus de 200 000 morts et de deux millions de personnes déplacées en raison des attaques au Darfour. C'est pourquoi l'Union européenne appelle le Conseil à se rassembler pour examiner la situation au Darfour et décider de mesures immédiates.

Le Conseil doit agir, a insisté le représentant de l'Union européenne, jugeant encourageant le grand nombre de pays qui ont signé la demande de convocation de la présente session extraordinaire du Conseil. Il est essentiel d'assurer un suivi à cette session. Le Conseil doit veiller à ce que ses travaux aboutissent à des résultats opérationnels et ne se limitent pas à de simples déclarations, a ajouté le représentant. Une mission d'évaluation devrait donc chercher les moyens par lesquels le Gouvernement soudanais pourrait appliquer des recommandations visant l'amélioration des droits de l'homme de ses citoyens. La coopération du Soudan est essentielle pour aboutir à une amélioration réelle de la situation au Darfour. L'Union européenne lance un appel aux États membres afin qu'ils laissent le Conseil traiter de manière constructive et efficace la question faisant l'objet de cette session extraordinaire.

M. MASOOD KHAN (Pakistan, au nom de l'Organisation de la Conférence islamique) a constaté que le peuple du Darfour souffre de violations des droits de l'homme auxquelles il convient de mettre un terme. Cependant, il ne faut pas envisager la présente session extraordinaire comme une réponse du tac au tac aux trois premières sessions consacrées au Moyen-Orient, d'autant plus que ces sessions ne sont pas des panacées, comme en témoigne le fait que les décisions qui y ont été prises n'ont pas été appliquées. Le Secrétaire général a choisi d'envoyer un message pour cette session, a observé le représentant, demandant pourquoi ni le Liban ni Gaza n'ont bénéficié de sa sollicitude. Concernant le Darfour, M. Khan a salué l'effort du Groupe africain pour aboutir à des décisions par consensus. La session extraordinaire ne doit pas préjuger du résultat de la mission qui sera dépêchée. La décision prise au terme de la session ne doit pas être unilatérale et doit refléter les vues du Gouvernement soudanais qui coopère avec les mécanismes des droits de l'homme.

La situation au Darfour est grave, a dit le représentant, saluant les mesures prises par le Gouvernement du Soudan pour résoudre la crise et appliquer l'accord de paix. Le même Gouvernement a accueilli les représentants de la communauté internationale et encouragé les visites du Secrétaire général, de la Haut Commissaire, des Rapporteurs spéciaux et des organisations non gouvernementales et humanitaires. Enfin la Mission de l'Union africaine au Soudan doit être renforcée par une aide technique et financière appropriée. Le Gouvernement est le principal acteur de la résolution de cette crise. Le rôle des organisations non gouvernementales est important dans les secours apportés aux populations du Darfour. Cependant, aussi bien intentionnées soient-elles, elles ne peuvent résoudre la crise à elles seules. Des solutions locales doivent être trouvées. Quant au Conseil, sa mission doit être de jeter des ponts et non de susciter de nouvelles fractures, a conclu le représentant pakistanais.

MME GLAUDINE J. MTSHALI (Afrique du Sud) a estimé qu'en tenant une session extraordinaire sur le Darfour, le Conseil fait passer un message clair, celui qu'il agira promptement face aux situations de violations des droits de l'homme là où qu'elle se produisent, lorsqu'elles se produisent. Cela fait trois ans que le Darfour connaît de graves violations des droits de l'homme et une dégradation de la sécurité, a-t-elle poursuivi, ajoutant que la situation demeure volatile. Elle a souhaité saluer le travail de l'Union africaine dans ses efforts en vue d'assurer la paix, la stabilité, la sécurité et la réconciliation. Il est de notoriété publique que la mission de l'Union africaine manque cruellement de ressources, a-t-elle souligné, rappelant qu'avec ses 7000 membres, par rapport à la taille du Darfour, sa mission est un énorme défi. Elle a ainsi rappelé qu'il est impérieux que l'accord de paix du Darfour soit respecté par toutes les parties et invité les parties qui ne l'ont pas signé à le faire sans délai. La résolution du conflit au Darfour ne peut être obtenu que par la volonté politique, a-t-elle insisté. Pour conclure, elle s'est félicitée de la prolongation du mandat de la mission de l'Union africaine et appelé la communauté internationale à aider cette dernière en fournissant ressources logistiques et financières.

M. KWABENA BAAH-DUODU (Ghana) a relevé que les informations concernant la situation dans la région du Darfour sont conflictuelles. Le Représentant spécial du secrétaire général au Soudan, M. Jan Pronk, affirme que la situation au Darfour n'est pas meilleure qu'en 2003-2004 alors que le Président de l'Union africaine, dans son rapport, fait état d'améliorations dans certaines parties de la région et de dégradations dans d'autres, a-t-il rappelé. Le Ghana, soucieux d'aider le pays frère du Soudan à faire face à la situation des droits de l'homme qu'il connaît, est favorable à l'envoi d'une équipe au Darfour pour y évaluer la situation des droits de l'homme. Il faut que cette équipe soit en mesure de procéder à une évaluation précise et objective des droits de l'homme; la composition de cette délégation doit être décidée en gardant cela à l'esprit. Aussi, le Ghana estime-t-il que, quelle que soit sa composition, l'équipe qui sera envoyée possède les compétences nécessaires pour procéder à une évaluation précise et impartiale de la situation. Le Ghana demande à toutes les délégations de faire preuve de souplesse car tout échec du consensus ne se fera qu'au préjudice des victimes du Darfour, a conclu le représentant ghanéen.

M. MICHAEL STEINER (Allemagne) a constaté que l'on assiste, depuis six mois au Darfour, à une augmentation des attaques aériennes, des combats et des meurtres de civils. Des centaines de villages ont été détruits au cours d'un conflit qui déborde maintenant sur les pays voisins, notamment le Tchad. Des dizaines milliers de personnes ont dû fuir. Les travailleurs humanitaires sont empêchés de faire leur travail. Plusieurs centaines de civils ont été tués, y compris des femmes et des enfants. Le Gouvernement du Soudan doit protéger ces populations contre toutes les formes de violence, a déclaré le représentant, rappelant que son pays a été parmi les premiers États à appuyer l'appel du Secrétaire général à une session extraordinaire sur le Darfour. La communauté internationale est de plus en plus consciente de la nécessité d'agir, a dit le représentant, et il faudra certes prendre des informations sur la réalité de la situation sur le terrain, grâce à une mission d'information digne de foi. Le représentant a cependant observé que si certaines informations font état d'une amélioration de la situation, d'autres sont au contraire alarmistes. Le Conseil des droits de l'homme, qui a été fondé pour promouvoir le respect des droits de l'homme pour tous, doit aborder la situation au Darfour sans délai, avec efficacité, dans le cadre de débats objectifs et émettre des recommandations concrètes, a conclu le représentant allemand.

M. ABDULWAHAB A. ATTAR (Arabie saoudite, au nom de la Ligue arabe) a affirmé que cette session extraordinaire du Conseil devrait constituer une occasion de révéler la réalité des faits au Darfour. Il a rappelé que l'Accord de paix d'Abuja de mai 2006 comprenait les éléments et principes nécessaires afin d'empêcher les violations de droits de l'homme dans la région; il est donc essentiel que le Conseil appuie cet accord et coopère avec les parties prenantes afin d'en assurer la mise en œuvre. Jusqu'ici, l'Accord d'Abuja a permis de parvenir à des résultats concrets sur le terrain. Aussi, l'Arabie saoudite demande-t-elle à la communauté internationale et aux donateurs d'appuyer cet Accord. Les informations concernant la situation au Darfour sont contradictoires; aussi, convient-il pour le Conseil de recueillir des informations sûres afin de prendre des décisions conformes à la réalité sur le terrain. Il faut que le Conseil soit un forum de coopération et non de confrontation, a conclu le représentant saoudien.

M. MAKARIM WIBISONO (Indonésie) a souligné l'importance de cette session extraordinaire du Conseil du fait de la coopération du Gouvernement du Soudan qui permet d'espérer une amélioration de la situation dans la région. La situation au Darfour, a-t-il précisé, est une question compliquée qui implique de nombreux groupes, fait intervenir des conflits tribaux et des intérêts politiques et conduit à de nombreux déplacements de populations. En tant que pays engagé en faveur de la protection et la promotion des droits de l'homme, l'Indonésie est particulièrement préoccupée par la situation humanitaire au Darfour, a-t-il poursuivi, ajoutant que sa délégation espère que la situation y reviendra au plus vite à la normale. Il a souligné que les problèmes humanitaires existants ont été abordés par le Gouvernement soudanais de façon ouverte, comme en atteste la présence de nombreuses institutions des Nations Unies et d'autres organisations humanitaires sur le terrain. La présence de ces organisations est une preuve de la volonté du Gouvernement de faire face à cette situation, a-t-il précisé. Rappelant que plusieurs ambassadeurs ont pu visiter le pays, il a souligné que le Soudan s'est ainsi également ouvert à l'extérieur. De plus, le Gouvernement soudanais coopère avec divers mécanismes des droits de l'homme des Nations Unies, y compris avec la Rapporteuse spéciale pour le Soudan, Mme Sima Samar, a fait valoir le représentant. Pour conclure, il a souligné que si le Conseil se décide pour l'envoi d'une mission au Soudan, il faudra que celle-ci soit une solution et non pas une partie du problème. Il faut qu'elle soit objective et impartiale, a-t-il précisé.

M. BLAISE GODET (Suisse) a souligné que le Darfour est le théâtre de graves violations des droits humains et du droit international humanitaire au quotidien. Malgré les dispositions de cessez-le-feu mises en place suite à l'Accord de paix de mai 2006, la population civile continue de payer un lourd tribut en vies humaines et en souffrances. À cela s'ajoute la difficulté grandissante des organisations humanitaires à accéder à ces personnes dans le besoin, où qu'elles se trouvent. Des attaques délibérées ont aussi été perpétrées à l'encontre du personnel humanitaire local et international. Les crimes commis ne font que trop rarement l'objet de poursuites et l'administration de la justice ainsi que l'accès des populations aux institutions judiciaires souffrent de lacunes préoccupantes. Cette situation est alarmante et intolérable. Le Gouvernement d'unité nationale du Soudan a la responsabilité primaire de protéger et respecter les droits humains. Toutes les parties au conflit doivent faciliter l'action humanitaire neutre et indépendante, en garantissant notamment la sécurité du personnel humanitaire.

Le représentant de la Suisse a estimé que la mission dépêchée par le Conseil devra être en mesure de faire des propositions et des recommandations concrètes afin d'améliorer la protection des groupes et personnes vulnérables, en particulier les femmes, les enfants, les personnes déplacées à l'intérieur du pays et celles qui demeurent hors d'atteinte de l'aide humanitaire et des mécanismes de protection instaurés par les Nations Unies et l'Union africaine. La Suisse est prête à mettre du personnel à disposition pour cette mission. La Suisse estime par ailleurs que les membres de la mission pourraient être désignés par le Président, comme cela a été le cas pour le Liban et Beit Hanoun. Le représentant a dit ne pas comprendre les raisons pour lesquelles les modalités ayant permis de mettre sur pied ces deux missions ne conviendraient pas pour le Darfour. Enfin le représentant a dit l'attachement tout particulier de son pays au processus de suivi qui découlera de la décision adoptée par le Conseil et donc à l'envoi de la mission d'évaluation. La Suisse invite donc le Gouvernement d'unité nationale du Soudan et les autres parties au conflit à intensifier leur collaboration avec la communauté internationale, le Rapporteur spécial sur la situation des droits humains au Soudan ainsi qu'avec le Haut Commissariat aux droits de l'homme et le Conseil des droits de l'homme.

M. DORU ROMULUS COSTEA (Roumanie) a déclaré qu'après la signature de l'Accord de paix au Darfour, la situation a continué à se dégrader dans la province. Quelques centaines de personnes ont récemment été tuées et les luttes entre les différentes factions continuent de faire des victimes parmi la population civile. Ces faits contribuent, selon différentes sources, à la dégradation de la situation sécuritaire dans la région et de la situation des droits de l'homme, a affirmé le représentant roumain. De l'avis de la Roumanie, le Conseil doit agir immédiatement en utilisant les instruments et les mécanismes dont il dispose pour envoyer une mission d'établissements des faits et d'évaluation de la situation des droits de l'homme au Darfour. À notre avis, a insisté le représentant, les critères fondamentaux qui doivent rester à la base de notre décision sont l'indépendance, la non-politisation et l'expertise de la mission en la matière. La Roumanie est favorable à ce que cette mission soit dirigée par le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme au Darfour et composée d'autres représentants des procédures spéciales. La Roumanie demande au Gouvernement soudanais de coopérer avec les mécanismes de suivi qui seront mis en place par cette session spéciale.

M. JEAN-MAURICE RIPERT (France) a fait observer que la crise du Darfour est sans conteste la crise la plus inquiétante de l'ensemble du continent africain. Nous savons la gravité des événements, a-t-il poursuivi, et malgré la conclusion d'un accord de paix cette année, la situation n'a cessé de se dégrader. Les informations de toutes parts se multiplient qui confirment ce que nous redoutons: un désastre humain est en cours. Il a ainsi fait observer que les populations civiles sont victimes de violences multiples, que des attaques sont lancées sur de nombreux villages, en violation de l'accord de paix d'Abuja, et que l'extension du conflit au Tchad et à la République centrafricaine est source de profonde préoccupation. Aussi, il a souligné que sa délégation est en faveur du déploiement d'une force internationale au Darfour selon l'approche en trois phases proposée par le Secrétaire général à Addis Abeba le 16 novembre dernier. La dégradation récente de la situation sur le terrain alourdit un bilan déjà particulièrement meurtrier et douloureux, avec plus de 200 000 morts et 2 millions de personnes déplacées en moins de trois ans, a insisté le représentant. Le drame humanitaire qui sévit au Darfour est un défi humain d'une exceptionnelle ampleur et l'accès et le travail des organisations humanitaires aux populations civiles est difficile, voire impossible dans les zones les plus reculées où persiste une insécurité volontaire et entretenue. C'est la responsabilité du Soudan de lutter contre ces exactions et de protéger les populations civiles contre toutes les formes de violence, a souligné le représentant, ajoutant qu'il incombe également au Gouvernement de rendre effective la lutte contre l'impunité, partout où des crimes contre les droits de l'homme sont commis. Les auteurs de ces crimes doivent savoir qu'ils devront tôt ou tard répondre de leurs actes devant la justice, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité qui consacre la compétence de la Cour pénale internationale, a averti le représentant français. Pour conclure, il a estimé que la présente session extraordinaire doit permettre d'envoyer sur place une mission d'évaluation composée d'experts pouvant travaille en toute indépendance et objectivité. Le rapport de cette mission devra décrire clairement la situation sur le terrain, a-t-il estimé, ajoutant qu'il faudra à l'avenir que le Conseil suive de près l'évolution de la situation des droits de l'homme au Darfour.

M. SHA ZUKANG (Chine) s'est dit convaincu que grâce à la session extraordinaire, la crédibilité du Conseil sera fortement accrue, en particulier compte tenu de la couverture médiatique. La situation au Darfour est très préoccupante, a poursuivi le représentant, évoquant les pillages, les meurtres et les déplacements de population. La Chine est préoccupée par la situation humanitaire au Darfour. Elle relève les efforts consentis par le Gouvernement soudanais et en particulier sa coopération avec les institutions des Nations Unies. Les causes du conflit sont complexes. Les groupes n'ayant pas signé l'accord de paix doivent être convaincus de le faire. Les parties au conflit doivent respecter les droits de l'homme des populations civiles, a fait valoir le représentant. Il a ajouté que le Soudan doit bénéficier de l'aide internationale, et a salué à cet égard l'action de l'Union africaine.

M. DONG-HEE CHANG (République de Corée) a affirmé que la situation au Darfour reste grave et constitue un défi pour l'ensemble de la communauté des droits de l'homme. Aussi, la présente session extraordinaire du Conseil revêt-elle une importance toute particulière. La République de Corée reste préoccupée par la vulnérabilité accrue des civils au milieu de la violence actuelle, a poursuivi le représentant. Aussi, la République de Corée engage-t-elle toutes les parties à cesser les hostilités et à respecter l'Accord de paix sur le Darfour. La République de Corée engage en outre le Haut Commissariat aux droits de l'homme à suivre de près la situation dans la région et à fournir son soutien. Il est important que le Conseil parle d'une seule voix; à cet égard, la mission d'évaluation qu'il devrait envoyer dans la région doit pouvoir fournir des informations crédibles au Conseil. Aussi, est-il important que cette mission soit constituée de manière à pouvoir procéder à une évaluation crédible et indépendante de la situation sur le terrain, a insisté le représentant. La République de Corée encourage le Gouvernement du Soudan à continuer de faire preuve de coopération.

MME HSU KING BEE (Malaisie) a estimé que la décision du Groupe africain de soutenir la tenue de cette session extraordinaire montre sa volonté d'aborder cette question de manière transparente et constructive. Elle a souhaité que le Conseil et la communauté internationale continuent d'aider le Gouvernement du Soudan dans la mise en œuvre effective de l'accord de paix du Darfour. Une mise en œuvre effective de cet accord fournira la base de la paix au Darfour et permettra de régler les problèmes de sécurité et de droits de l'homme, a-t-elle estimé. Elle a d'autre part souligné que le Gouvernement du Soudan a pris des mesures concrètes, notamment s'agissant de la lutte contre la violence faites aux femmes et dans le but de traduire ses auteurs en justice. Le Gouvernement soudanais a étendu sa coopération avec l'Union africaine, a-t-elle en outre fait valoir, ajoutant par ailleurs que l'Union africaine fait un travail louable en aidant l'État du Soudan. Il est impérieux que la communauté internationale s'engage pour compléter ce travail, notamment en fournissant une aide technique et financière, a-t-elle insisté. Enfin, elle a salué l'engagement du Soudan à coopérer avec le Rapporteur spécial et l'a encouragé à continuer cette coopération. Pour conclure, elle a préconisé que le Conseil adopte une démarche constructive et offre la réciproque au Soudan pour sa coopération, en l'intégrant dans toutes les décisions qu'il s'apprête à prendre, dans un esprit de coopération et de dialogue franc.

M. NICHOLAS THORNE (Royaume-Uni) a rappelé l'abondance de sources des informations concernant la situation au Darfour: institutions des Nations Unies présentes sur le terrain, Union africaine et organisations de la société civile au contact des populations. Cependant, il a été convenu que le Conseil reçoive son propre rapport sur les événements. Les personnes chargées de la rédaction de ce rapport devront être objectives et indépendantes. Par définition, elles ne pourront représenter les gouvernements. En outre, elles devront pouvoir se rendre au Darfour en toute liberté et y rencontrer sans restriction les acteurs importants. Dans l'attente du rapport, qui serait examiné à la quatrième session du Conseil, le Royaume-Uni se déclare très préoccupé du sort des femmes et des enfants victimes de graves actes de violence. Le représentant a cité la dénonciation par l'Union africaine des viols commis sur des femmes et des fillettes en dehors des camps de réfugiés ou des villages, et la demande faite par l'Union africaine au Gouvernement soudanais d'établir la responsabilité de ces actes, afin que les coupables soient punis. Le représentant britannique a relevé également, parmi d'autres sources, que le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies, dans son rapport d'octobre, fait état d'attaques généralisées perpétrées par les milices progouvernementales contre des villages du Sud-Darfour, causant des centaines de morts et le déplacement de dizaines de milliers de personnes. Le rapport indique que les femmes et les enfants ont été particulièrement touchés par ces violences. Le Conseil doit maintenant prendre publiquement position face à cette situation, a demandé le représentant.

M. SERGIO CERDA (Argentine) a indiqué que son pays avait appuyé la convocation de la présente session extraordinaire en raison de sa vive préoccupation face à la situation des droits de l'homme et face à la situation humanitaire au Darfour, dont les terribles conséquences incluent des violations graves et systématiques des droits de l'homme. L'Argentine estime que la Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l'homme au Soudan est la personne compétente pour se rendre au Darfour et présenter son rapport au Conseil. L'Argentine, rappelant l'obligation primordiale qui incombe au Gouvernement soudanais de protéger toutes les personnes contre les violations de leurs droits de l'homme, réitère son appel à toutes les parties impliquées dans ce conflit afin qu'elles respectent le droit international relatif aux droits de l'homme et au droit humanitaire. L'Argentine appuie l'idée que le Conseil se départisse de la sélectivité et de la politisation qui ont semblé marquer ses débuts, en abordant toutes les situations graves, en tout lieu du monde, qui exigent une action de sa part.

M. MOHAMMED LOULICHKI (Maroc) a estimé que la tenue de cette session extraordinaire est de bonne augure pour l'avenir et qu'elle constitue une approche collective en vue d'assurer protection et promotion des droits de l'homme dans le monde. Il est important d'œuvrer ensemble vers un consensus qui devrait permettre d'étendre la capacité du Conseil, en vue d'aborder d'autres questions à l'avenir, a-t-il estimé. Il a souligné qu'il importe d'aider le Gouvernement soudanais à relever les difficultés, rappelant que ce dernier a fait preuve de sa volonté de collaborer avec le Conseil pour atteindre paix et sécurité et régler le problème de la région du Darfour. Cette initiative du Gouvernement soudanais, a-t-il précisé, a été précédée d'autres initiatives qui ont mené à la signature de l'accord de paix. Il a à ce titre rappelé qu'il fallait favoriser une pleine coopération de tous pour que cet accord puisse être mis en œuvre de manière efficace et appelé les parties qui ne l'ont pas signé à le faire. Le Gouvernement soudanais a besoin de l'appui de la communauté internationale, a-t-il insisté, soulignant qu'il importe de s'en tenir aux promesses faites, et notamment d'assurer une assistance financière. Le Gouvernement soudanais a fait preuve de sa bonne volonté, a-t-il insisté. S'agissant de la mission envisagée par le Conseil, le représentant marocain a rappelé l'importance qu'elle soit conforme aux objectifs du Conseil. Il ne faut pas décevoir les espoirs, a-t-il insisté. Pour conclure, il a souhaité rappeler que son pays participe aux travaux du Conseil pour œuvrer en faveur des droits de l'homme selon les principes de neutralité, d'objectivité, de coopération. Il faut prouver que nous sommes sérieux et prêts à remplir nos engagements pour la crédibilité du Conseil, a-t-il souligné.

M. SAMIR LABIDI (Tunisie) s'est félicité de ce que de nombreux pays, le sien compris, se soient joints à la demande de tenue de cette session extraordinaire, dont il a espéré que les travaux seront marqués par la sagesse et l'objectivité, dans un esprit de coopération constructive. Le représentant a rappelé que la signature des accords d'Abuja, en mai 2006, avait été une mesure pratique positive vers l'établissement d'un cessez-le-feu. Le représentant a espéré que les parties au conflit qui n'ont pas encore signé cet instrument le feront rapidement, pour la sécurité dans la région. La Tunisie apprécie le rôle assumé par l'Union africaine, y compris sur le terrain par le déploiement d'une force de maintien de la paix. Le représentant a enfin relevé la nature contradictoire des informations disponibles sur la situation au Darfour, relevant ainsi la nécessité d'envoyer une mission d'évaluation qui bénéficie de la coopération du Gouvernement du Soudan. Le Conseil doit faire tous les efforts pour trouver un consensus sur la manière de traiter ce problème et aboutir ainsi à une décision impartiale, a conclu le représentant.

M. ZDZISLAW RAPACKI (Pologne) a relevé que la convocation de la présente session extraordinaire a été soutenue par un nombre impressionnant de membres du Conseil issus de tous les groupes régionaux. Aussi, convient-il de ne pas gâcher cette occasion de prouver que les droits de l'homme – et non pas les considérations politiques – sont la véritable préoccupation du Conseil. La Pologne reste profondément préoccupée par la situation désastreuse qui prévaut au Darfour du point de vue des droits de l'homme et du droit humanitaire, et demande à toutes les parties au conflit de mettre immédiatement un terme au conflit, de protéger les civils et d'assurer la fourniture sans entrave de l'aide humanitaire. Il est urgent d'envoyer une mission d'évaluation dotée des compétences nécessaires en matière de droits de l'homme afin de fournir des informations objectives et des recommandations utiles, a poursuivi le représentant polonais. Il a demandé aux membres du Conseil – agissant de manière consensuelle – de soutenir le projet de résolution L.1 soumis par l'Union européenne afin de traiter de manière adéquate de la question du Darfour, en fournissant à la communauté internationale des informations crédibles obtenues par le biais d'une mission inclusive, transparente et coopérative.

M. YURI BOYCHENKO (Fédération de Russie) a relevé le caractère complexe de la situation au Darfour, se disant en particulier inquiet de la confrontation entre groupes armés qui attaquent les convois humanitaires et les civils. Ces actes empêchent le Gouvernement soudanais de faire valoir le droit, de protéger les civils et de mettre fin à l'impunité, a déploré le représentant russe. Tous les groupes armés doivent respecter les accords de paix d'Abuja et les droits de l'homme, a-t-il ajouté, observant que certains faits et données confirment les effets positifs de l'accord de paix d'Abuja. Le Conseil des droits de l'homme doit donc aborder cette situation dans toute sa complexité et réaliser que le Gouvernement soudanais, avec l'aide de ses partenaires internationaux, s'efforce de résoudre les problèmes liés aux droits de l'homme, même si ces efforts ne donnent pas encore tous les résultats escomptés. La responsabilité de la protection des droits de l'homme dans les États repose sur les Gouvernements, a rappelé le représentant. Aujourd'hui le Gouvernement du Soudan a besoin de l'aide internationale. Le Conseil doit parvenir à trouver un consensus et faire en sorte que ses décisions soient mises en œuvre avec la pleine coopération du Soudan. La mission ne devra pas se contenter de faire le bilan de la situation, mais bien émettre des propositions concrètes pour aider les populations du Darfour, a souligné le représentant russe.

M. SWASHPAWAN SINGH (Inde) a estimé que la question du Darfour et des violations des droits de l'homme dans cette région doivent être réglées par une solution négociée de manière pacifique. La situation sur le terrain est préoccupante, a-t-il fait observer, et il est indispensable d'assurer la protection des civils. Il a à cet égard appelé toutes les parties à respecter et mettre en œuvre l'accord de paix. Rappelant que la résolution 60/251 de l'Assemblée générale demande au Conseil de contribuer à la prévention des violations de droits de l'homme et de réagir rapidement aux situations de violence, il a fait observer que ce n'est que grâce à cette coopération avec les Nations Unies et l'Union africaine que la situation sur le terrain sera réglée. Enfin, il a espéré que des mesures pourront être rapidement mises en place en concertation avec le Gouvernement du Soudan. Pour conclure, il s'est montré convaincu que l'action concertée de la communauté internationale et du Gouvernement soudanais devrait mener à des résultats concrets.

M. ABDULLA ABDULLATIF ABDULLA (Bahreïn) a rappelé que le 5 mai dernier, a été signé à Abuja un Accord de paix qui inclut des éléments de promotion des droits de l'homme. Aussi, est-il important que le Conseil soutienne cet Accord et demande à toutes les parties qui ne l'ont pas signé de le faire sans plus tarder. Il faut aussi que la communauté des donateurs respecte ses engagements en vertu de cet accord. Il existe des informations tout à fait contradictoires sur la situation au Darfour, a poursuivi le représentant. Aussi, est-il temps pour le Conseil d'accéder à des informations sûres, transparentes et impartiales. Le Bahreïn espère que l'esprit de coopération qui a prévalu à la convocation de la présente session extraordinaire perdurera.

M. PAUL MEYER (Canada) a déclaré que son pays est très inquiet de la persistance au Darfour de l'impunité, de violations systématiques et graves des droits de l'homme, notamment celles à caractère sexuel, et de la poursuite de violations du droit international humanitaire commises par toutes les parties au conflit. Le Canada est alarmé par les conditions de plus en plus précaires de civils et par le débordement du conflit aux pays voisins. Le Canada souhaite dire aux populations du Darfour que la communauté internationale ne les a pas oubliées, et au Gouvernement du Soudan qu'il a la responsabilité de protéger ses populations. La communauté internationale devrait faire tout son possible pour offrir une aide au Darfour, a dit le représentant, regrettant qu'elle ait failli à ce devoir. Le Canada appelle toutes les parties au conflit au Darfour à appliquer les recommandations des rapports de la Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l'homme au Soudan, en particulier. Les responsables des violations doivent être poursuivis en justice, conformément aux normes internationales et dans la transparence. La lutte contre l'impunité fait partie intégrante des efforts visant à instaurer une paix et une stabilité durables au Darfour, a fait valoir le représentant canadien. La communauté internationale doit de son côté offrir une assistance technique en matière d'éducation aux droits de l'homme et d'administration de la justice. La mission devra faire une évaluation impartiale de la situation et émettre des recommandations concrètes sur les actions à mener.


M. GALO LARENAS SERRANO (Équateur) a réitéré sa préoccupation à l'égard de la situation des droits de l'homme au Darfour. Il a insisté sur la nécessité d'adopter d'urgence des mesures, par le truchement du Conseil, pour éviter que la situation ne dégénère en situation incontrôlable. S'intéressant plus particulièrement à la question de la responsabilité pénale des auteurs d'exactions, il s'est demandé qui, dans le domaine des droits de l'homme, peut jeter la première pierre. Nous ne devons toutefois pas rester inactifs, a-t-il souligné. Pour conclure, il a espéré que le Conseil réussira à trouver un consensus.

M. JOSEPH U. AYALOGU (Nigéria) a rappelé que son pays avait témoigné de sa préoccupation quant à la situation au Darfour depuis le début de la crise en 2003. Il a également rappelé que son pays avait accueilli, sous les auspices de l'Union africaine, les pourparlers de paix inter-soudanais qui ont abouti à l'Accord d'Abuja de mai 2006. À cet égard, il a appelé toutes les parties qui ne l'ont pas encore fait à signer cet Accord. Le Nigéria est favorable à ce qu'une mission soit envoyée sur le terrain et demande donc au Gouvernement soudanais d'aider cette mission. Mais le Nigéria accorde tout autant d'importance à ce que le Conseil fera du rapport qui émanera de cette mission, afin d'améliorer concrètement la situation dans la région. Le Nigéria se réjouit que le mandat de la Mission africaine au Soudan ait été prorogé de six mois à compter de janvier 2007. Le Nigéria demande à la communauté internationale, à la communauté des donateurs et aux défenseurs de la paix de soutenir la Mission africaine au Soudan et d'apporter une assistance financière et technique urgente au Gouvernement soudanais et aux acteurs pertinents, étatiques et non étatiques, afin d'assurer la protection des droits de l'homme dans la région. Le Nigéria demande au Conseil d'adopter sans vote le projet de résolution L.2 présenté par le Groupe africain.

MME PAULINE DAVIES (Uruguay) a déclaré qu'il n'est pas possible de rester insensibles devant les preuves de violations graves et persistantes des droits de l'homme commises au Darfour. La communauté internationale a le devoir de protéger les victimes et d'empêcher l'aggravation de leur situation. Relevant les informations contradictoires concernant la situation sur le terrain, la représentante a estimé urgent que le Conseil se dote, sans plus tarder, des instruments d'action qui lui permettront d'empêcher que la situation ne dégénère encore. La mission envisagée devra donc non seulement faire une évaluation objective, mais aussi émettre des recommandations concrètes sur les mesures à prendre pour protéger les droits de l'homme. La coopération du Gouvernement soudanais a été saluée par ailleurs, avec d'autres institutions des Nations Unies: il conviendra qu'elle se manifeste à nouveau dans le cadre de la mission du Conseil, a demandé la représentante uruguayenne.

M. BOUDEWIJN J. VAN EENENNAAM (Pays-Bas) a estimé que la tenue de cette session extraordinaire montre la détermination commune de la communauté internationale à prendre les mesures nécessaires pour mettre un terme aux violations incessantes des droits de l'homme au Darfour. Il a exprimé sa profonde préoccupation, à l'instar d'autres membres du Conseil, face à l'aggravation de la crise humanitaire au Darfour. La communauté internationale ne peut pas rester les bras croisés tant que ces crimes se poursuivent et doit faire en sorte que les auteurs soient traduits en justice, a-t-il insisté. Il a ainsi appelé le Gouvernement soudanais à collaborer pleinement avec les enquêteurs de la Cour pénale internationale, s'agissant des crimes commis au Darfour. Les faits sont connus, a-t-il souligné, expliquant que l'armée du Soudan conjointement aux milices armées a conduit des opérations militaires dans l'Ouest et le Nord du Darfour, tandis que des conflits entre groupes rebelles se déroulaient au Sud du Darfour. Les organisations internationales sont la cible d'attaques, les personnes déplacées font l'objet de graves violations des droits de l'homme, plus particulièrement les femmes, et aucune réponse de la police n'a lieu. Les informations sur ces événements proviennent de sources crédibles, a-t-il fait valoir, rappelant qu'outre le système des Nations Unies, 7000 membres de l'Union africaine sont sur le terrain et font des rapports sur ces événements tragiques. Il a rappelé que la responsabilité de protéger la population du Darfour incombe au Gouvernement du Soudan. Jusqu'alors, a-t-il souligné, le Gouvernement n'a pas réussi à protéger ses populations de ces atrocités. Il a en outre fait observer qu'en dépit de ce que prétend le Gouvernement du Soudan, à savoir qu'il n'y a aucun lien entre le Gouvernement et les milices janjaouid, il est de plus en plus clair que le Gouvernement soutient ces groupes armés. En dépit de la signature d'un Accord de paix, le Gouvernement continue de violer cet accord, a-t-il souligné. Il a estimé que cet accord de paix est le principal outil pour obtenir la paix, tout en rappelant que la mise en œuvre de cet accord est impossible sans cessez-le-feu durable. Cette session extraordinaire doit fournir des résultats concrets, a insisté le représentant, ajoutant que sa délégation est en faveur de l'envoi d'une mission d'évaluation. Cette mission devrait permettre de collecter des informations récoltées par l'Union africaine et les Nations Unies sur le terrain et, partant, de faire des recommandations pour améliorer la situation des droits de l'homme au Darfour, a-t-il précisé. Enfin, il a estimé qu'une mission composée d'États Membres du Conseil sera nécessairement politisée. C'est le rôle de la mission d'évaluer la situation sur le terrain et celui du Conseil de juger cette évaluation, a-t-il expliqué, et une claire distinction entre ces responsabilités est essentielle pour assurer la crédibilité de la mission et du Conseil.

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