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LE COMITÉ DES DROITS DE L'ENFANT EXAMINE LE RAPPORT PÉRIODIQUE DE LA FINLANDE

Compte rendu de séance
Il examine aussi le rapport initial présenté par la Finlande en vertu du Protocole facultatif sur l'implication des enfants dans les conflits armés

Le Comité des droits de l'enfant a examiné, aujourd'hui, le troisième rapport périodique de la Finlande sur les mesures prises par ce pays pour se conformer aux dispositions de la Convention relative aux droits de l'enfant, ainsi que le rapport initial présenté par ce pays en vertu du Protocole facultatif sur l'implication des enfants dans les conflits armés.

Présentant le rapport de son pays, M. Arto Kosonen, Directeur au Ministère des affaires étrangères de la Finlande, a indiqué qu'un plan national d'action en faveur des enfants, rendu public au mois de mars dernier, vise à servir au mieux l'intérêt supérieur de l'enfant dans tous les domaines de sa vie quotidienne. Il a par ailleurs souligné qu'un poste d'ombudsman pour les enfants a été créé; et que le premier détenteur de ce mandat est entré en fonction il y a trois semaines. M. Kosonen a par ailleurs indiqué qu'un amendement à la loi sur la protection de l'enfant est en cours de discussion au Parlement et devrait entrer en vigueur au début de l'année prochaine. Parallèlement, a-t-il poursuivi, une réforme globale de la loi sur la protection de l'enfant est en cours de préparation.

M. Kosonen a par ailleurs indiqué que la loi sur la non-discrimination entrée en vigueur en février dernier fait obligation aux autorités de renforcer les pratiques non discriminatoires dans toutes leurs activités et de préparer des projets visant à favoriser l'égalité ethnique en interdisant la discrimination, tant directe qu'indirecte. M. Kosonen a par ailleurs fait part des nouvelles dispositions pénales s'agissant notamment de l'interdiction du trafic de personnes et de la pornographie impliquant des enfants.

La délégation finlandaise était également composée de représentants des ministères de la justice; de l'éducation; des affaires sociales et de la santé, et des affaires étrangères, ainsi que du Parlement finlandais. Elle a fourni aux experts des compléments d'information s'agissant, entre autres, des prérogatives de l'ombudsman pour les enfants; de la lutte contre la violence et des abus sexuels contre les enfants; de la lutte contre la pornographie impliquant des enfants; de la lutte contre la traite de personnes; du problème de la consommation d'alcool chez les jeunes; de l'administration de la justice pour mineurs; des questions d'éducation; de l'adoption; ainsi que de la mise en œuvre du Protocole facultatif sur l'implication des enfants dans les conflits armés.

Présentant des observations préliminaires sur les rapports de la Finlande, M. Lothar Friedrich Krappmann, membre du Comité chargé de l'examen de ce rapport, a relevé que nombreux sont les membres du Comité qui se sont réjouis que les enfants en Finlande puissent grandir dans des conditions propices à leur développement. Les observations finales que le Comité adoptera devraient néanmoins inciter l'État partie à réfléchir à certains sujets de préoccupations. Aussi, devrait-il être demandé à la Finlande d'assurer une bonne diffusion, à travers le pays, des observations finales du Comité. Le Comité rendra publiques, à la fin de la session, vendredi 30 septembre prochain, ses observations finales sur le rapport finlandais.


Le Comité entamera lundi matin, 26 septembre, à 10 heures, l'examen du troisième rapport périodique du Danemark (CRC/C/129/Add.3) et du rapport initial présenté par cet État partie en vertu du Protocole facultatif sur l'implication des enfants dans les conflits armés (CRC/C/OPAC/DNK/1).



Examen du rapport

Présentant le rapport de son pays, M. ARTO KOSONEN, Directeur au Ministère finlandais des affaires étrangères, a indiqué qu'un plan national d'action en faveur des enfants, préparé par le Comité national des droits de l'enfant en coopération avec des représentants de la jeunesse, a été rendu public au mois de mars dernier. Il vise à servir au mieux l'intérêt supérieur de l'enfant dans tous les domaines de sa vie quotidienne. Ce plan met l'accent sur nombre de problèmes et de lacunes existant actuellement en ce qui concerne la situation de l'enfant dans la société, a précisé M. Kosonen. Il a par ailleurs souligné qu'un poste d'ombudsman pour les enfants a été créé; le premier ombudsman pour les enfants ayant commencé ses travaux il y a environ trois semaines. L'ombudsman pour les enfants prépare un plan d'action annuel ainsi qu'un rapport annuel directement soumis au Gouvernement, a précisé M. Kosonen.

Le représentant finlandais a indiqué qu'un projet de loi gouvernemental visant à amender la loi sur la protection de l'enfant est en cours de discussion au Parlement et devrait entrer en vigueur au début de l'année prochaine. D'une manière générale, a-t-il précisé, l'enfant devrait se voir offrir davantage de possibilités de prendre part aux discussions relatives à la mise en œuvre des soins de substitution et des mesures de restriction le concernant. Les dispositions relatives aux contacts ou à la limitation des contacts entre l'enfant placé en soins de substitution et ses parents seront éclaircies, a également souligné M. Kosonen. Parallèlement, a-t-il poursuivi, une réforme globale de la loi sur la protection de l'enfant est en cours de préparation et le projet de loi à ce sujet est attendu pour l'automne 2006.

M. Kosonen a indiqué que la loi sur la non-discrimination entrée en vigueur en février dernier fait obligation aux autorités de renforcer les pratiques non discriminatoires dans toutes leurs activités et de préparer des projets visant à favoriser l'égalité ethnique en interdisant la discrimination, tant directe qu'indirecte. Il peut être exigé des personnes et organes qui violeraient les dispositions de cette loi qu'ils versent une indemnisation à la victime de discrimination. La discrimination est également punissable en vertu du droit pénal, a précisé M. Kosonen.

M. Kosonen a souligné qu'en ce qui concerne les obligations des autorités locales en matière de services familiaux et éducatifs, la législation finlandaise ne fait que fixer le cadre des mesures que doivent prendre ces autorités. Ce n'est que dans de rares cas, en ce qui concerne par exemple les services de jour aux enfants, que la législation fixe clairement les dispositions précises concernant le type de services à apporter; et même dans de tels cas, les autorités locales ont toute latitude pour décider de la manière dont elles souhaitent organiser ces services afin de répondre au mieux aux besoins locaux. La plupart des services gérés par les autorités locales sont financés par les impôts et taxes qu'elles perçoivent, l'État apportant des fonds additionnels sous forme de subventions. En 1996, les services destinés aux familles ont été étendus en garantissant des services de jour à tous les enfants jusqu'à l'âge scolaire. Parallèlement, toutefois, le soutien financier direct aux familles a diminué, a précisé M. Kosonen. En 2004, le niveau des prestations pour les enfants a été augmenté et un soutien financier additionnel a été accordé aux foyers monoparentaux et aux parents qui restent chez eux pour élever leurs enfants.

Selon le Programme international d'évaluation des écoliers, les jeunes finlandais se retrouvent au plus haut niveau des pays de l'OCDE pour ce qui est des mathématiques, des sciences, de la capacité à lire et de la résolution des problèmes, a fait valoir M. Kosonen. Il a expliqué que l'un des principaux facteurs expliquant ce succès réside dans qualité élevée de la formation des enseignants. Les mesures précoces visant à prévenir l'exclusion et le renforcement de la capacité des enfants à apprendre à vivre dans un environnement multiculturel figurent parmi les défis auxquels le système scolaire finlandais est aujourd'hui confronté, a néanmoins indiqué M. Kosonen.

M. Kosonen a par ailleurs fait part des nouveaux amendements apportés au Code pénal et des nouvelles dispositions qui y ont été intégrées, tous entrés en vigueur en 2004, s'agissant notamment de l'interdiction du trafic de personnes et de la pornographie impliquant des enfants. À cet égard, l'enseignement des questions relatives aux médias a été renforcé dans les écoles, a indiqué le Directeur. Il a précisé qu'un rapport préparé le mois dernier par le Ministère des transports et des communications afin de prévenir l'usage de l'internet à des fins de diffusion de matériels pornographiques impliquant des enfants recommande de prendre des mesures sur une base volontaire afin de restreindre l'accès aux sites internet contenant de tels matériels. Concrètement, cela signifie que les sociétés de télécommunications devraient introduire des filtres, sur la base des informations fournies par la police.

La nouvelle loi sur les étrangers, entrée en vigueur en 2004, énonce les principes de base de l'intérêt supérieur de l'enfant et de la prise en compte de son opinion, a souligné M. Kosonen. Elle stipule que les questions relatives aux mineurs doivent être traitées de manière urgente, a-t-il fait valoir. La loi cherche en outre à protéger, autant que faire se peut, l'unité familiale; elle ouvre la voie, pour des raisons humanitaires, à une entrée plus facile en Finlande pour les parents dont les enfants se sont vu accorder un permis de résidence. Le nombre d'enfants non accompagnés requérants d'asile en Finlande a régulièrement augmenté, bien qu'il reste assez faible (environ 150 par an) en comparaison de ce qu'il est dans d'autres pays du monde, a poursuivi M. Kosonen. La plupart des requérants d'asile mineurs se voient accorder un permis de résidence, a-t-il souligné; le statut de réfugié est rarement accordé car il implique l'existence d'une menace personnelle de persécution, a-t-il ajouté. Actuellement, le Gouvernement évalue la nécessité d'amender éventuellement la loi sur les étrangers pour ce qui est de renforcer la communication entre les autorités et de retrouver les membres de la famille du mineur qui demande l'asile en Finlande, a précisé M. Kosonen.

Le troisième rapport périodique de la Finlande (CRC/C/129/Add.5) indique notamment que l'âge minimum pour la responsabilité pénale est de 15 ans. Un enfant de moins de 15 ans ne peut être arrêté ni emprisonné, mais des mesures basées sur la protection sociale des enfants peuvent être appliquées. La responsabilité des dommages causés par des crimes ou délits concerne aussi les jeunes de moins de 15 ans. Le rapport souligne par ailleurs que les autorités locales doivent assurer gratuitement l'enseignement préscolaire. Une nouvelle Loi sur la liberté de religion (2003) vise à mettre à jour les dispositions relatives aux cours de religion au niveau de l'école polyvalente et de l'enseignement secondaire supérieur et à les aligner sur les dispositions relatives à la liberté de religion et de conscience énoncées dans la nouvelle Constitution de la Finlande, entrée en vigueur en 2000. Des dispositions ont par ailleurs été prises pour sanctionner l'achat de services sexuels fournis par un mineur. L'offre de services sexuels concernant une personne de moins de 18 ans constitue aussi une infraction sanctionnée. En outre, la production, la possession et la diffusion de matériel pornographique impliquant des enfants constituent des infractions sanctionnées depuis le début de 1999. Une nouvelle disposition du code de procédure prévoit que l'on peut utiliser comme preuve devant un tribunal le témoignage d'une personne de moins de 15 ans enregistré sur bande vidéo ou film ou document sonore, si on laisse à l'accusé la possibilité de poser des questions au témoin interrogé, précise en outre le rapport. D'après la loi, le tribunal peut s'il le juge opportun procéder à l'audition d'un témoin de moins de 15 ans.

La Constitution de la Finlande dispose que : « Les enfants doivent être traités comme des personnes à part entière et doivent pouvoir influer sur les questions les concernant personnellement dans une mesure correspondant à leur degré de maturité ». L'ombudsman parlementaire, Mme Ritta-Leena Paunio, a décelé des insuffisances concernant le respect des droits fondamentaux des enfants placés dans des centres d'éducation surveillée, précise en outre le rapport. Le nombre d'enfants placés hors de leur famille a augmenté en Finlande pendant toutes les années 1990: il était de 8 724 en 1991 et a atteint 12 224 en 1999 et 13 453 en 2001. La dépression économique des années 1990 en Finlande paraît avoir influé avec retard sur les services de protection sociale des enfants. Plus le chômage des parents se prolonge, plus la situation financière de la famille se détériore et plus il y a de problèmes de santé mentale et d'alcoolisme. La protection sociale des enfants devrait mettre l'accent sur les mesures préventives et les soins hors institutions. Chaque fois qu'un enfant est placé hors de sa famille, on doit s'efforcer d'assurer son retour dans sa famille, si possible, dans les délais les plus brefs. Les autorités de la protection sociale doivent toujours s'efforcer de créer des conditions favorables pour assurer le retour de l'enfant et de rester en contact avec ses parents et d'autres proches pendant son placement hors de la famille. Ces contacts ne peuvent être restreints que pendant une période limitée, et la mesure de restriction doit être fondée sur des motifs réglementaires importants. Lorsque l'enfant est placé hors de sa famille, on doit aussi aider les parents, par exemple, en organisant des services de soutien et, le cas échéant, de réinsertion.

La disparité socio-économique entre les Roms et le reste de la population est encore considérable, poursuit le rapport. Les Roms sont confrontés couramment à des difficultés en matière de logement, d'emploi, d'éducation, ainsi qu'à des problèmes sociaux d'où découle en général l'exclusion sociale. On estime que sur un total d'environ 10 000 enfants rom, près de 1700 suivent l'enseignement de base. Selon les données collectées par le Parlement sami, environ 7500 Samis vivaient en Finlande en 1999. Sur ce total, 3842 vivaient dans le territoire des Samis au nord de la Finlande. Les Samis en tant que peuple autochtone ont le droit de préserver et de développer leur langue et leur culture dans le territoire sami et leur autonomie linguistique et culturelle.


Examen du rapport

Observations et questions des membres du Comité

M. LOTHAR FRIEDRICH KRAPPMANN, rapporteur du Comité pour l'examen du rapport de la Finlande, a rappelé que la Finlande est un pays qui a été dominé pendant des siècles par d'autres empires. Elle n'a pas beaucoup de ressources naturelles, à part le bois, mais cela ne l'a pas empêchée d'être un pays prospère, stable, doté de structures bien développées et de dispositions jugées par nombre d'observateurs extérieurs comme des modèles. Dans l'histoire récente, la Finlande est parvenue à influencer dans un sens très positif un certain nombre d'évolutions politiques essentielles en Europe et dans le monde, a ajouté M. Krappmann. Il s'est dit parfaitement conscient que les enfants en Finlande grandissent dans de très bonnes conditions. La plupart des données disponibles concernant la situation des enfants dans ce pays sont excellentes, notamment en ce qui concerne la santé ou l'éducation. À maints égards, la Finlande est un pays de bonnes pratiques du point de vue des droits de l'enfant, a insisté M. Krappmann.

L'expert a néanmoins souhaité savoir si l'ombudsman pour les enfants, entré en fonction il y a trois semaines, sera habilité à engager des enquêtes de sa propre initiative et s'il sera doté des ressources nécessaires pour les mener à bien. Sera-t-il associé d'une quelconque manière au processus d'élaboration de nouvelles lois? Sera-t-il habilité à examiner les plaintes individuelles?

Relevant qu'un médiateur municipal a été mis en place dans la ville de Tampere, M. Krappmann a souhaité savoir si cette expérience avait inspiré d'autres municipalités finlandaises. Il a par ailleurs rappelé qu'une importante question soulevée dans les observations finales que le Comité avait adoptées en 2000 s'agissant de la Finlande avait trait à l'insuffisance de la coordination entre autorités centrales et locales. Cette question est d'autant plus importante que nombre de municipalités ont adopté leurs propres programmes d'action en faveur des enfants, a souligné l'expert. Aussi, serait-il intéressant d'en savoir davantage au sujet des questions sur lesquelles ces programmes municipaux mettent l'accent. Le rapport présenté par la Finlande mentionne que certaines municipalités ont dû réduire leur fourniture de services de base en raison de revenus fluctuants et de dépenses non anticipées, a par ailleurs relevé M. Krappmann.

M. AWICH POLLAR, corapporteur du Comité pour l'examen du rapport finlandais, a pris note de l'entrée en vigueur d'une nouvelle Constitution en 2000. Il s'est en outre réjoui de la décision des autorités de créer un poste d'ombudsman pour les enfants ainsi que de l'adoption d'un plan d'action national en faveur des enfants et d'autres plans nationaux d'action tels que celui contre la traite de personnes. Quel est le statut de la Convention au regard de la législation nationale, s'est-il toutefois enquis? Qu'advient-il en cas de conflit entre ces deux sources de droit, a-t-il demandé? Qu'en est-il des recours possibles en cas de violation de l'une quelconque des dispositions de la Convention?

M. Pollar a par ailleurs relevé que la loi finlandaise sur l'asile n'est pas pleinement conforme au droit international. En ce qui concerne les châtiments corporels, certes interdits par la loi, leur pratique semble demeurer acceptable dans la société, a poursuivi l'expert. Quelles sont les procédures de plainte auxquelles il peut être fait appel lorsque des châtiments corporels sont infligés à un enfant, s'est-il enquis?

Un autre membre du Comité s'est dit préoccupé par l'exposition des enfants à la violence et à la pornographie à travers les médias, en particulier l'internet. Des mesures ont été prises mais elles s'avèrent insuffisantes, a estimé l'expert. Relevant que, selon le rapport de la Finlande, les questions relatives à l'utilisation des médias par les enfants relèvent de la responsabilité de la famille, un expert a souhaité savoir comment les autorités aident les familles à jouer leur rôle dans ce domaine, notamment en matière de surveillance.

Un autre expert a fait état d'informations selon lesquelles certaines municipalités ne possèdent pas de travailleurs sociaux compétents spécialisés en soins et protection de l'enfance.

Un expert s'est dit inquiet par les informations laissant apparaître qu'un adolescent finlandais est en état d'ébriété grave au moins une fois par mois.

En ce qui concerne les enfants samis, un membre du Comité s'est inquiété d'informations selon lesquelles les municipalités des zones où vivent des Samis manqueraient de personnel parlant le sami.


Cadre général d'application

Fournissant des renseignements complémentaires sur l'application de la Convention relative aux droits de l'enfant dans son pays, la délégation de la Finlande a notamment expliqué la que, si la Convention est rarement invoquée devant les tribunaux, c'est parce la législation finlandaise est parfaitement conforme à ses dispositions, de sorte qu'il n'est pas besoin de faire appel à cet instrument. S'il y avait une quelconque incohérence entre la loi interne et les dispositions de la Convention, les tribunaux privilégieraient toujours une interprétation favorable aux droits de l'homme, a assuré la délégation. Mais il n'y a pas d'écart ou d'incohérence entre ces deux sources de droit, a-t-elle affirmé.

La délégation a rappelé que le poste d'ombudsman pour les enfants est de création récente (il a été créé il y a trois semaines seulement), de sorte que bien peu de choses se sont produites à ce jour dans son domaine d'intervention. L'ombudsman pour les enfants travaille sur le volet préventif de l'action en faveur de l'enfance et c'est pourquoi il n'a pas pouvoir de traiter de plaintes individuelles, a expliqué la délégation. Le traitement de plaintes individuelles est une prérogative qui appartient au médiateur «général», a précisé la délégation.


Violence au sein de la famille, abus sexuels et pornographie impliquant des enfants

En ce qui concerne les abus contre les enfants et la violence au sein de la famille, la délégation a souligné que le principal problème dans ce domaine réside dans la détection de la victime, laquelle craint généralement de témoigner des abus, violences et autres mauvais traitements qu'elle a subis. D'après le Code pénal, la violence au sein de la famille et les châtiments corporels sont passibles de peines, a souligné la délégation.

La délégation a indiqué que les cas d'abus sexuels sur enfants signalés aux autorités compétentes ont doublé ces dix dernières années. L'un des problèmes dans ce domaine a trait au fait que les enfants craignent souvent de témoigner devant des adultes de ce qu'ils ont enduré; or, ces crimes sont soumis à un délai de prescription. Aussi, le Ministère de la justice est-il en train de préparer un projet de loi selon lequel les abus sexuels allant jusqu'au viol caractérisé sur une victime mineure de moins de 18 ans seraient passibles de poursuites jusqu'à ce que la victime ait atteint l'âge de 28 ans, voire peut-être davantage selon l'âge de la victime.

En ce qui concerne la pornographie impliquant des enfants, la délégation a fait valoir les trois dispositions pénales dont s'est dotée la Finlande pour lutter contre ce phénomène. Elle a notamment souligné que la peine maximale encourue pour possession d'images pornographiques a été portée de six mois à un an. L'an dernier, peu de personnes ont été condamnées pour ce délit, a précisé la délégation. Elle a fait part de l'élaboration, par le Ministère de l'éducation, d'un avant-projet de programme d'action axé sur la prévention s'agissant de ces questions.


Santé

La délégation a par indiqué qu'en Finlande, l'âge légal pour boire de l'alcool est de 18 ans et de 21 ans pour les alcools forts. Les statistiques concernant la consommation d'alcool chez les jeunes sont tirées de questionnaires remplis par les jeunes gens eux-mêmes et lorsqu'ils disent être gravement enivrés, c'est peut-être de la vantardise, de sorte que le phénomène n'a peut-être pas l'ampleur qu'on lui prête, a déclaré la délégation. Selon les études internationales, il semble que les jeunes nordiques boivent rarement, mais que, lorsqu'ils le font, ce soit dans l'excès, a relevé la délégation.

Un expert s'est enquis des mesures prises en matière de prévention de la consommation des «alcopops», ces alcools très en vogue dans tous les milieux de la jeunesse occidentale.


Minorités

En ce qui concerne les enfants samis, la délégation a souligné qu'ils ont des difficultés à maintenir leur identité sans soutien; aussi, les autorités accordent-elles toute l'attention voulue à cette question.

La délégation a indiqué que la Convention relative aux droits de l'enfant n'a pas été traduite en langue rom; mais le Bureau des affaires rom a lui-même jugé qu'il n'était pas nécessaire de disposer de cet instrument en langue rom. Peut-être ce bureau changera-t-il d'avis; mais pour l'instant, les autorités finlandaises s'attachent à répondre aux demandes qu'il leur adresse effectivement, a souligné la délégation.

Les enfants résidents permanents en Finlande ont l'obligation de suivre un enseignement scolaire, a rappelé la délégation. L'éducation des enfants rom dans leur langue maternelle concernait, il y a trois ans, 234 enfants. Au total, 600 000 enfants fréquentent l'école en Finlande, a rappelé la délégation. Le niveau d'éducation des Roms s'est amélioré, a-t-elle ajouté.


Administration de la justice pour mineurs

S'agissant de l'administration de la justice pour mineurs, la délégation a rappelé que l'âge de la responsabilité pénale est fixé à 15 ans en Finlande. La délégation a fait état de tout un éventail de peines applicables aux délinquants mineurs, qui va de la simple amende à l'emprisonnement, en passant par le travail communautaire et l'emprisonnement conditionnel (avec sursis). Une peine d'emprisonnement inférieure à huit mois peut se transformer en peine de travail communautaire, a précisé la délégation. En ce qui concerne l'emprisonnement des mineurs, la délégation a assuré que la règle veut que les délinquants mineurs soient détenus dans des pavillons distincts de ceux des adultes; néanmoins, ce qui prime en la matière, conformément aux dispositions de la Convention, c'est l'intérêt supérieur de l'enfant, a souligné la délégation.


Lutte contre la traite de personnes

En ce qui concerne la lutte contre la traite des personnes, la délégation a souligné que la législation en vigueur prévoit un délit de traite caractérisée lorsque la victime a moins de 18 ans. Il y a moins d'un mois, la Finlande a approuvé un programme national de lutte contre la traite de personnes.


Éducation, adoption

Pour ce qui est des questions d'éducation, la délégation a notamment reconnu que, si les résultats sont bons, il semble en revanche que les enfants finlandais n'aiment pas l'école.

Lorsqu'il y a adoption, les liens avec les parents biologiques sont coupés, a indiqué la délégation; mais le nombre d'adoption est très faible en Finlande, a-t-elle souligné.


Protocole facultatif sur l'implication des enfants dans les conflits armés

En ce qui concerne la mise en œuvre du Protocole facultatif sur l'implication des enfants dans les conflits armés, un membre du Comité s'est réjoui des mesures, en particulier législatives, prises par la Finlande pour donner effet aux dispositions de cet instrument. Qu'en est-il de la durée et des conditions d'application de l'alternative au service militaire obligatoire, s'est enquis un expert?
La délégation a indiqué que la durée du service civil est de 13 mois contre 6 à 12 mois, voire parfois davantage, pour le service militaire. La durée moyenne du service militaire accompli par les volontaires est d'un peu plus de sept mois et demi, a précisé la délégation.

Un expert ayant souhaité savoir s'il existait en Finlande des écoles gérées par les forces armées, la délégation a souligné qu'il n'existe pas d'écoles militaires en Finlande; il n'y a que des écoles civiles.

Il n'existe pas de groupes armés en Finlande tels que les définit le Protocole, a par ailleurs indiqué la délégation. En revanche, on pourrait peut-être réfléchir à la question des groupes armés opérant éventuellement en dehors du territoire national d'un État mais y recrutant des jeunes.


Observations préliminaires

Présentant en fin de journée des observations préliminaires sur le rapport finlandais, M. LOTHAR FRIEDRICH KRAPPMANN, rapporteur du Comité pour l'examen de ce rapport, a remercié la délégation pour les réponses qu'elle a apportées aux questions soulevées par le Comité. Nombreux sont les membres du Comité qui se sont réjouis que les enfants en Finlande puissent grandir dans des conditions propices à leur développement, a-t-il fait observer. Il n'en demeure pas moins que les observations finales que le Comité adoptera s'agissant de la Finlande, tout en tenant compte des succès et des évolutions positives du pays, devraient inciter l'État partie à réfléchir à certains sujets de préoccupations. Aussi, devrait-il être demandé à la Finlande d'assurer une bonne diffusion, à travers le pays, des observations finales du Comité


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