Pasar al contenido principal

Examen du rapport de l’Afrique du Sud devant le Comité des droits de l’enfant : les experts s’inquiètent d’une forte prévalence de la violence à l’égard des enfants et de la persistance de discriminations

Compte rendu de séance
Le Comité des droits de l’enfant a examiné hier après-midi et ce matin le rapport soumis par l’Afrique du Sud au titre de la Convention relative aux droits de l’enfant.

 

A l’issue du dialogue noué entre les membres du Comité et la délégation sud-africaine venue présenter le rapport, un expert du Comité a estimé que les réponses apportées par la délégation aux questions du Comité montraient que les enfants constituent une priorité pour les autorités sud-africaines. Pour autant, ce rapport montre que, malgré les efforts du Gouvernement sud-africain, les enfants restent dans ce pays parmi les groupes les plus vulnérables à la pauvreté, a-t-il été observé.

Un expert a fait part de la préoccupation du Comité face à la forte prévalence de la violence à l'encontre des enfants en Afrique du Sud – en particulier en termes d'exploitation et d’abus sexuels, mais aussi en termes de violence domestique – et face à la faible mise en œuvre des lois, politiques et programmes dans ce domaine.  Malgré l’interdiction expresse des châtiments corporels dans tous les contextes, le Comité est informé de la persistance de ces châtiments à l’école et dans les institutions pour enfants, a-t-il indiqué, avant d’insister sur l’importance pour les enfants de disposer à cet égard d'un mécanisme de plainte sûr et confidentiel.  A par ailleurs été mentionné un risque croissant d'exploitation sexuelle et commerciale en ligne des enfants. Un expert a pointé un niveau élevé de violence envers les enfants à la maison et a fait état d’« échecs systématiques » s’agissant des soins prodigués aux enfants placés hors de leur contexte familial. 

Ont également été dénoncées des pratiques néfastes dont sont victimes des enfants, notamment l'enlèvement de filles à des fins de mariage forcé, les tests de virginité, les rites d'initiation violents ou préjudiciables, ou encore les mutilations génitales.  Le faible niveau de signalement et de poursuites, ainsi que le haut niveau d'impunité dont jouissent les auteurs de violence sont très inquiétants, a affirmé un expert. 

L’Afrique du Sud a adopté des politiques complètes de lutte contre les discriminations, mais le Comité est informé de discriminations contre certaines catégories de la population, a d’autre part souligné un membre du Comité, relevant notamment une discrimination visant les jeunes LGBTI en Afrique du Sud.  Ont par ailleurs été jugées préoccupantes l'absence de loi globale visant la réalisation des droits des enfants handicapés et la marginalisation significative de ces enfants en raison de la pauvreté et de croyances culturelles et traditionnelles néfastes.  Une experte s’est enquise des stratégies visant à éliminer les disparités entre les provinces et districts ruraux et urbains s’agissant de la répartition des services de santé mentale pour enfants et adolescents.  Des préoccupations ont en outre été exprimées s’agissant des résultats scolaires moins bons obtenus dans les écoles rurales, qui sont fréquentées majoritairement par des élèves noirs.

Le taux de mortalité chez les moins de 5 ans est très élevé et semble à la hausse depuis la COVID-19, a-t-il par ailleurs été relevé.

 

Une experte du Comité a noté des progrès sensibles dans le taux d’enregistrement des naissances en Afrique du Sud, mais s’est enquise des stratégies appliquées pour identifier tous les enfants sans papiers qui sont placés dans les centres pour enfants, de même que pour éliminer les obstacles à l’enregistrement de la naissance d’enfants migrants non accompagnés ou séparés de leur famille, d’enfants réfugiés ou d’autres enfants qui n’ont pas la nationalité sud-africaine.

Présentant le rapport de son pays, Mme Isabella Sekawana, Directrice générale adjointe par intérim des services sociaux au Département national du développement social de l’Afrique du Sud, a assuré le Comité que son Gouvernement avait redoublé d’efforts pour protéger et faire respecter les droits des enfants, avec en particulier de nouvelles politiques telles que la Loi n°17 de 2022 portant modification de la Loi sur les enfants, le projet de loi portant modification des lois sur l'éducation de base, le Livre blanc sur la citoyenneté, l'immigration et la protection des réfugiés, le Livre blanc révisé sur les familles (2023) ou encore le projet de loi sur le mariage de 2022.

Le Gouvernement a par ailleurs veillé à améliorer la participation des enfants, en particulier au niveau politique, en les associant à l'élaboration des politiques, a poursuivi Mme Sekawana. Il a en outre augmenté les budgets dans les domaines où un financement supplémentaire était nécessaire pour remplir efficacement son mandat en faveur des droits de l'enfant, a-t-elle ajouté. Les interventions du Gouvernement se déroulent désormais dans les neuf provinces du pays et visent à atteindre l'ensemble du territoire de la République, y compris les régions éloignées qui sont généralement plus rurales et étaient auparavant négligées, dans le but de ne laisser aucun enfant de côté, a-t-elle déclaré.

Mme Sekawana a ensuite mentionné des programmes d'action visant l'absence de violence à l'égard des enfants et des femmes et fait état d’un renforcement de l'accès au système judiciaire, grâce à la création de 1112 salles dédiées aux victimes dans les commissariats de police et à la formation de 26 575 policiers aux questions liées à la violence sexuelle. 

La délégation sud-africaine était également composée, entre autres, de M. Mxolisi Nkosi, Représentant permanent de l’Afrique du Sud auprès des Nations Unies à Genève, ainsi que de représentants des Départements nationaux des relations et de la coopération internationales, des affaires intérieures, et du développement social, de même que des gouvernements provinciaux de l’État Libre, du Nord-du-Cap et du Cap oriental.

Les membres du Comité ayant souhaité en savoir davantage sur les amendements apportés à la Loi sur les enfants, la délégation a notamment fait état d’amendements destinés à permettre aux enfants déjà placés dans leur famille élargie d’y rester plutôt que d’être confiés à des institutions, le but étant d’améliorer leur protection. D’autres mesures de protection consistent à informer sur les moyens de recours ouverts aux enfants victimes de maltraitance et de négligence, a-t-elle ajouté.

Le Comité adoptera ultérieurement, à huis clos, ses observations finales sur le rapport de l’Afrique du Sud et les rendra publiques à l’issue de sa session, le 2 février prochain.

Avec l’Afrique du Sud s’est achevé l’examen, par le Comité, des six rapports de pays qui étaient à l’ordre du jour de sa session. À sa prochaine réunion publique, jeudi 1er février à 15 heures, le Comité dialoguera de manière informelle avec les États parties à la Convention.

Examen du rapport de l’Afrique du Sud

Le Comité est saisi du rapport valant troisième à sixième rapports périodiques de l’Afrique du Sud (CRC/C/ZAF/QPR/3-6), document établi sur la base d’une liste de points à traiter qui avait été préalablement soumise au pays par le Comité.

Présentation du rapport

Présentant le rapport de son pays, MME ISABELLA SEKAWANA, Directrice générale adjointe par intérim des services sociaux au Département national du développement social de l’Afrique du Sud, a d’abord assuré le Comité que son Gouvernement avait redoublé d’efforts pour protéger et faire respecter les droits des enfants, avec en particulier de nouvelles politiques telles que la Loi n°17 de 2022 portant modification de la Loi sur les enfants, le projet de loi portant modification des lois sur l'éducation de base, le Livre blanc sur la citoyenneté, l'immigration et la protection des réfugiés, le Livre blanc révisé sur les familles (2023) ou encore le projet de loi sur le mariage de 2022.

Le Gouvernement a par ailleurs veillé à améliorer la participation des enfants, en particulier au niveau politique, en les associant à l'élaboration des politiques, a poursuivi Mme Sekawana. Il a investi dans plusieurs programmes et plates-formes numériques, tels que les réseaux de jeunes sur les médias sociaux, afin de renforcer la défense et la participation des enfants sur les questions qui les concernent, a-t-elle ajouté. 

Le Gouvernement a en outre augmenté les budgets dans les domaines où un financement supplémentaire était nécessaire pour remplir efficacement son mandat en faveur des droits de l'enfant, a souligné Mme Sekawana. Les interventions du Gouvernement se déroulent désormais dans les neuf provinces du pays et visent à atteindre l'ensemble du territoire de la République, y compris les régions éloignées qui sont généralement plus rurales et étaient auparavant négligées, dans le but de ne laisser aucun enfant de côté. Ces interventions sont axées sur la famille et la communauté, car la famille est le point d'ancrage et le premier lieu de socialisation des enfants et c'est là que l’État doit avoir un impact significatif, a dit Mme Sekawana.

Elle a ensuite mentionné des programmes d'action visant l'absence de violence à l'égard des enfants et des femmes et fait état d’un renforcement de l'accès au système judiciaire, grâce à la création de 1112 salles dédiées aux victimes dans les commissariats de police et à la formation de 26 575 policiers aux questions liées à la violence sexuelle. 

D’autre part, préoccupées par les niveaux élevés d'abus de substances dans le pays, en particulier chez les enfants, les autorités sont en train de mettre en place un programme intégré de lutte contre la toxicomanie dans tout le pays ; elles ont présenté en juillet 2023 une politique de prévention et de traitement des troubles liés à l'utilisation de substances, a indiqué Mme Sekawana. 

L'Afrique du Sud a par ailleurs signé des accords de partenariat bilatéral avec des pays tels que le Lesotho, la Côte d'Ivoire et le Zimbabwe afin d’échanger de bonnes pratiques sur les questions relatives aux enfants, en particulier en ce qui concerne la protection sociale, les mouvements transfrontaliers de personnes – y compris d'enfants –, l'adoption, la protection sociale et le développement communautaire. 

Une autre étape importante pour l’Afrique du Sud a été l'adoption par le Conseil des ministres du [quatrième] Plan national d'action pour les enfants 2019-2024, a poursuivi Mme Sekawana, avant d’ajouter que l'élaboration du plan national d’action pour la période 2024-2029 est en route. Ce plan rassemble les obligations du Gouvernement en matière de réalisation des droits de l'enfant dans le pays, a-t-elle précisé, avant d’indiquer que toutes les sphères du Gouvernement sont maintenant responsables de la planification et de l'établissement de rapports sur la manière dont elles œuvrent à la réalisation progressive des droits de l'enfant. Le prochain plan tiendra compte des recommandations formulées par le Comité, a assuré la cheffe de délégation. 

Mme Sekawana a par ailleurs encore mentionné un taux de réussite scolaire de 82,9% pour les apprenants de l’année 2023, contre 80,1% pour l’année 2022. Les bénéficiaires de bourses sociales ont formé le plus grand nombre d'apprenants qui se sont présentés aux examens du National Certificate et 202 156 ont réussi à intégrer les institutions d'enseignement supérieur, a mis en avant Mme Sekawana.

Complétant cette présentation, M. MXOLISI NKOSI, Représentant permanent de l’Afrique du Sud auprès des Nations Unies à Genève, a indiqué que son pays se présentait devant le Comité pour la troisième fois depuis son avènement démocratique et qu’il était, plus que jamais, engagé à faire respecter les droits de l’enfant.

Questions et observations des membres du Comité

M. PHILIP D. JAFFÉ, coordonnateur du groupe de travail chargé par le Comité d’examiner le rapport de l’Afrique du Sud, a d’abord souligné le rôle éminent joué par le pays sur la scène internationale, mentionnant en particulier la saisine récente par l’Afrique du Sud de la Cour internationale de Justice.

L’expert a ensuite demandé si l’Afrique du Sud ratifierait le Protocole facultatif [à la Convention] créant la procédure de plainte devant le Comité. Il a en outre souhaité en savoir davantage sur les amendements apportés à la Loi sur les enfants, sur l’avancement des plans en faveur des droits de l’enfant et sur les efforts déployés pour faire connaître la Convention dans le pays. L’expert a ensuite fait part de sa préoccupation face au manque de ressources affectées au Bureau des droits de l’enfant – qui compromet la réalisation de sa mission, a-t-il mis en garde.

L’Afrique du Sud a adopté des politiques complètes de lutte contre les discriminations, mais le Comité est informé de discriminations contre certaines catégories de la population, a poursuivi l’expert. Il a félicité l’Afrique du Sud pour les mesures qu’elle a prises afin de tenir compte du point de vue de l’enfant, mais il a estimé qu’il demeurait à cet égard des lacunes imputables à la conception patriarcale des relations entre les adultes et les enfants.

Le taux de mortalité chez les moins de 5 ans est très élevé et semble à la hausse depuis la COVID-19, a d’autre part regretté l’expert.  Il a également pointé un niveau élevé de violence envers les enfants à la maison. 

M. Jaffé a par ailleurs recommandé que le Gouvernement fasse connaître les recommandations du Comité dans la langue des signes sud-africaine, qui est devenue la douzième langue nationale du pays.

L’expert a d’autre part relevé une discrimination visant les jeunes LGBTI en Afrique du Sud. 

Il a ensuite demandé combien d’enfants étaient placés hors de leur contexte familial et a fait état d’« échecs systématiques » s’agissant des soins prodigués à ces enfants. 

D’autres questions du coordonnateur ont porté sur les adoptions internationales, sur la prise en charge des enfants dont l’un des parents est détenu ou encore sur la création d’un registre national de protection de l’enfant. 

Une autre experte membre du Comité a noté des progrès sensibles dans le taux d’enregistrement des naissances en Afrique du Sud. Elle a demandé quelles stratégies étaient appliquées pour identifier tous les enfants sans papiers qui sont placés dans les centres pour enfants, de même que pour éliminer les obstacles à l’enregistrement de la naissance d’enfants migrants non accompagnés ou séparés de leur famille, d’enfants réfugiés ou d’autres enfants qui n’ont pas la nationalité sud-africaine.

La même experte a ensuite voulu savoir quels efforts supplémentaires le Gouvernement consentirait pour permettre aux enfants démunis et marginalisés d’accéder aux informations dans les mêmes conditions que les autres enfants.

Malgré la politique nationale de 2019 en matière de soins et de protection des enfants, qui interdit expressément les châtiments corporels dans tous les contextes, y compris dans l'environnement familial, le Comité est informé de la persistance de ces châtiments à l’école et dans les institutions pour enfants, a pour sa part relevé un expert, avant d’insister sur l’importance pour les enfants de disposer à cet égard d'un mécanisme de plainte sûr et confidentiel.

Le même expert a également fait part de la préoccupation du Comité face à la forte prévalence de la violence à l'encontre des enfants en Afrique du Sud – en particulier en termes d'exploitation et d’abus sexuels, mais aussi en termes de violence domestique – et face à la faible mise en œuvre des lois, politiques et programmes dans ce domaine, tels que le plan stratégique national sur la violence fondée sur le genre (2020-2030) et la stratégie nationale de prévention intégrée du féminicide.

L’expert a ensuite mentionné un risque croissant d'exploitation sexuelle et commerciale en ligne des enfants. En outre, le faible niveau de signalement et de poursuites, ainsi que le haut niveau d'impunité dont jouissent les auteurs de violence sont très inquiétants, a-t-il affirmé. Il a par ailleurs dénoncé des pratiques néfastes dont sont victimes des enfants, citant notamment l'enlèvement de filles à des fins de mariage forcé, les tests de virginité, les rites d'initiation violents ou préjudiciables, ou encore les mutilations génitales. L’expert a en outre prié la délégation de décrire les mesures prises pour renforcer la protection des enfants atteints d'albinisme.

L’expert a enfin jugé déplorable l'acceptation par la population et par la société de la participation des enfants à la « chasse au trophée » des animaux.

Un expert s’est dit préoccupé par l'absence de loi globale visant la réalisation des droits des enfants handicapés et par la marginalisation significative de ces enfants en raison de la pauvreté et de croyances culturelles et traditionnelles néfastes. 

Une experte s’est enquise des stratégies visant à éliminer les disparités entre les provinces et districts ruraux et urbains s’agissant de la répartition des services de santé mentale pour enfants et adolescents. Elle a par ailleurs regretté que les jeunes n’aient pas tous pris conscience des conséquences de l’interruption volontaire de grossesse, car certaines jeunes filles utilisent ces services de manière répétée. 

Le rapport du pays montre que, malgré les efforts du Gouvernement, les enfants restent parmi les groupes les plus vulnérables à la pauvreté, a d’autre part souligné cette même experte.  Elle a posé des questions concernant la santé mentale des jeunes, la consommation de stupéfiants parmi les jeunes, ou encore la lutte contre le risque d’infection par le VIH parmi les filles. 

D’autres préoccupations ont été exprimées relativement au taux élevé d’abandon scolaire en Afrique du Sud, de même que s’agissant des résultats scolaires moins bons obtenus dans les écoles rurales, qui sont fréquentées majoritairement par des élèves noirs. La corruption semble constituer une entrave au développement de l’infrastructure scolaire, a fait remarquer une experte.

Une experte a constaté que l’Afrique du Sud pratiquait largement la détention de mineurs – alors même que la Constitution fait de cette pratique une mesure de dernier recours, a-t-elle rappelé. 

Réponses de la délégation

La délégation a d’abord indiqué que le Gouvernement sud-africain avait sollicité un avis juridique concernant la ratification du troisième Protocole facultatif se rapportant à la Convention (qui instaure une procédure de plainte devant le Comité). 

S’agissant du rapport au titre du Protocole facultatif concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés, que le pays n’a pas présenté, la délégation a souligné que l’Afrique du Sud n’était confrontée à aucun conflit et qu’elle aurait donc besoin des orientations du Comité sur le contenu d’un tel rapport.

Le Gouvernement a créé un registre exhaustif, utilisé par toutes les agences de protection de l’enfance du pays, afin notamment de récolter les statistiques nécessaires à l’application du Protocole facultatif concernant la vente d’enfants, a par la suite ajouté la délégation.

La délégation a ensuite décrit les moyens dont l’État s’est doté pour mesurer l’efficacité du plan national d’action pour les enfants et pour améliorer la qualité des statistiques dans ce domaine.  S’agissant précisément des statistiques, la délégation a reconnu des lacunes dans le recensement de la main-d’œuvre et du travail des enfants.

La budgétisation de l’État intègre la protection de l’enfance, a par ailleurs souligné la délégation. 

Les autorités ont participé à plusieurs conférences mondiales où elles ont mis l’accent sur la participation des enfants, a d’autre part indiqué la délégation.  Les autorités sud-africaines veillent à ce que les enfants puissent formuler leurs propres recommandations relativement aux politiques publiques qui les concernent, a-t-elle affirmé. Le « Parlement Nelson Mandela » permet aux enfants de participer aux décisions qui les concernent, a-t-elle insisté.

Le Gouvernement déploie également des ressources et des sources d’information adaptées aux jeunes, en particulier des comptes officiels de médias sociaux qui informent les enfants de leurs droits. 

La délégation a par ailleurs évoqué des amendements apportés à la Loi n°17 de 2022 qui sont destinés à permettre aux enfants déjà placés dans leur famille élargie d’y rester plutôt que d’être confiés à des institutions, le but étant d’améliorer leur protection. D’autres mesures de protection consistent à informer sur les moyens de recours ouverts aux enfants victimes de maltraitance et de négligence.

Face aux poussées de xénophobie qui ont aussi affecté des enfants étrangers en Afrique du Sud, les autorités ont mené des activités de sensibilisation et de renforcement de la cohésion sociale, a d’autre part déclaré la délégation. 

Par ailleurs, les autorités s’efforcent de remédier à l’accès inégal aux services dont pâtissent les enfants handicapés. Plutôt que de construire des établissements séparés, elles favorisent l’intégration de ces enfants dans les classes traditionnelles, une démarche qui s’accompagne d’autres mesures concrètes de soutien aux élèves, a souligné la délégation.

La délégation a par la suite assuré que le Ministère de l’éducation examinait toutes les dénonciations de maltraitance sur des écoliers handicapés. 

La langue des signes est largement utilisée dans les écoles, a d’autre part indiqué la délégation. Le Gouvernement a pour objectif de normaliser cette langue et de l’utiliser dans des vidéos explicatives sur les sites officiels, a-t-elle fait savoir.

Le Gouvernement a pris des mesures pour éviter la discrimination contre les personnes LGBTIQ+, conformément à la Constitution qui dispose que tous les citoyens doivent bénéficier des mêmes droits, a souligné la délégation. Dans les écoles, un travail de sensibilisation est mené contre l’homophobie, contre les brimades et pour l’acceptation des LGBTIQ+ en tant que citoyens comme les autres, a-t-elle indiqué, avant d’ajouter que les enseignants reçoivent une formation allant dans le même sens. Le mariage entre personnes du même sexe est autorisé en Afrique du Sud, a rappelé la délégation.

Les autorités ont mené une campagne nationale de sensibilisation des élèves et des enseignants au harcèlement à l’école, y compris quand il est lié à l’identité de genre. Une autre campagne a été conduite pour alerter au sujet du problème du harcèlement en ligne

Les autorités travaillent avec les communautés et leurs chefs, ainsi qu’avec les familles, afin de remédier à la discrimination à l’encontre des enfants atteints d’albinisme, a par ailleurs indiqué la délégation.  

La loi en vigueur régit le fonctionnement des écoles où se pratiquent des rites initiatiques, des campagnes de sensibilisation étant menées sur ce sujet, a également souligné la délégation. Le Gouvernement condamne fermement la pratique de l’enlèvement de filles à des fins de mariage forcé (ukuthwala), a-t-elle assuré délégation, faisant valoir qu’une personne coupable de cette pratique a été récemment condamnée à vingt ans de prison. L’ukuthwala ne peut être pratiquée sans le consentement des personnes concernées et les auteurs de ce délit sont sanctionnés pour enlèvement, a par la suite insisté la délégation. 

Les autorités ont pris conscience de l’existence de poches, dans le pays, où des mutilations génitales féminines sont pratiquées en lien avec des croyances religieuses, a d’autre part indiqué la délégation. Les autorités s’efforcent donc de détecter les filles qui risquent d’en être victimes et elles sont en train d’évaluer des recommandations qui leur ont été faites pour lutter contre ce problème.

Les enseignants qui se livrent à des châtiments corporels sont passibles de poursuites pénales, a-t-il par ailleurs été précisé. La délégation a fait état de l’adoption de mécanismes pour éviter les châtiments corporels à l’école et à la maison – châtiments qui sont interdits par la loi, a-t-elle rappelé. De plus, à la suite d’un arrêt de la Cour suprême, la loi sera amendée afin d’interdire les châtiments même modérés au sein de la famille, a précisé la délégation.

Plusieurs dizaines d’enseignants ont été mis à pied ces dernières années en raison de violences sexuelles sur des élèves, a poursuivi la délégation, avant d’ajouter que la tendance dans ce domaine est à la baisse. Tous les fonctionnaires au contact d’enfants doivent dénoncer les crimes commis sur des enfants dont ils auraient connaissance, a souligné la délégation.

Au cours du dialogue, la délégation a décrit les mesures prises par les autorités en cas d’abus sexuels commis dans le cadre familial et dans la communauté. Tous ces cas sont traités dans le contexte de la loi sur les délits sexuels, a-t-elle précisé. Les affaires sont transmises au Département des affaires sociales afin que les enfants victimes puissent recevoir le soutien dont ils ont besoin, avec éventuellement leur transfert dans un lieu sûr au sein du système de protection de remplacement, a-t-elle expliqué.

Un expert ayant fait remarquer que les cas d’exploitation sexuelle sur des enfants étaient peu dénoncés en Afrique du Sud, la délégation a assuré que les autorités s’efforçaient d’améliorer le taux de signalement et que les services de police et de justice faisaient en sorte qu’aucun cas ne reste impuni. Les autorités misent, ici aussi, sur le renforcement de la cellule familiale et des communautés afin qu’elles soient mieux armées pour protéger les enfants, a ajouté la délégation.

La législation en vigueur a été amendée en avril 2023 pour mieux protéger les enfants contre la violence domestique, avec désormais la possibilité de prononcer des ordres d’éloignement d’auteurs de violence et aussi l’obligation de dénoncer, à la police ou aux services sociaux, tout soupçon de violence domestique – la même disposition s’appliquant aux violences sexuelles et aux féminicides, a indiqué la délégation. Les enfants victimes qui entrent en contact avec le système judiciaire y bénéficient d’aménagements procéduraux, a-t-elle précisé.

S’agissant de la lutte contre la pauvreté, le Gouvernement mise sur le renforcement de la structure familiale et sur la distribution d’aides sociales, y compris la distribution de repas gratuits, a indiqué la délégation. Le Gouvernement doit encore adopter des stratégies pour remédier aux inégalités et disparités que l’on enregistre entre les neuf provinces du pays en matière d’accès aux services sociaux, a-t-elle fait savoir: l’État a pour cela élaboré une stratégie de financement avec l’aide de ses partenaires.

Le taux de mortalité infantile est certes élevé, mais il montre des signes d’amélioration depuis 2022, a déclaré la délégation. Elle a mentionné des initiatives couronnées de succès en faveur de l’allaitement maternel exclusif et du recours généralisé aux services de santé avant et pendant la grossesse. S’agissant des questions de santé, la délégation a attiré l’attention sur l’effort global déployé en faveur de la généralisation de services sanitaires abordables, en collaboration avec le secteur privé. Elle a cité des mesures prises pour améliorer l’accès physique aux soins en vue de combler les inégalités dans ce domaine, évoquant en particulier la mise en place de trains et de cliniques mobiles chargés de prodiguer, entre autres, des soins pédiatriques. D’autres stratégies sont déployées contre la malnutrition et l’obésité chez les enfants, a ajouté la délégation.

La délégation a également évoqué le programme de dépistage des problèmes de santé mentale à l’école, qui repose en partie sur l’action d’enseignants formés à cet effet.

Tous les enfants de moins de 24 mois qui sont séropositifs reçoivent automatiquement des médicaments antirétroviraux (ARV), a d’autre part indiqué la délégation, avant d’évoquer la stratégie de prévention du VIH/sida qui est menée en direction des enfants et adolescents. 

Concernant la « chasse aux trophées », la délégation a affirmé que le Gouvernement sud-africain était conscient des retombées de cette pratique sur les enfants et qu’il avait lancé des consultations à ce sujet.

La délégation a par ailleurs mentionné le travail de services itinérants d’enregistrement des naissances, habilités à dispenser gratuitement les certificats nécessaires. De plus, a-t-elle ajouté, les autorités vont élargir, d’ici au printemps, le réseau des dispensaires également autorisés à enregistrer les naissances.

La délégation a également décrit les mesures prises pour généraliser l’accès à Internet en Afrique du Sud, y compris les programmes destinés à faciliter l’accès à Internet pour les enfants vivant dans les communautés défavorisées. Le Département de l’éducation a édicté des directives sur l’utilisation des outils numériques et sur la compétence des élèves et des enseignants dans ce domaine, a-t-il été précisé.

Environ 222 000 enfants sont placés dans des institutions en Afrique du Sud – et 18 000 dans des « centres d’accueil pour enfants et pour jeunes » –, a indiqué la délégation. Quelque 60 000 enfants bénéficient de bourses qui leur permettent de rester placés dans leur famille élargie, plutôt que d’être placés en institution, a-t-elle fait valoir.

Les institutions appliquent des protocoles pour gérer l’accueil des enfants, mais les autorités sont conscientes des lacunes dans le dispositif de protection des enfants, a déclaré la délégation. Un expert du Comité ayant regretté que les centres abritant moins de cinq enfants ne soient pas réglementés, la délégation a indiqué que le Gouvernement se pencherait sur ce problème. 

Pour les enfants en attente d’adoption, les autorités favorisent d’abord la réunification familiale, puis les options communautaires et nationales, et en dernier lieu l’adoption à l’étranger, a expliqué la délégation.

L’enfant jusqu’à l’âge de 2 ans peut rester avec sa mère détenue, après quoi une solution de placement de l’enfant est ensuite recherchée, a d’autre part fait savoir la délégation. Les enfants concernés seront suivis par des travailleurs sociaux et bénéficieront de mesures de reconstruction familiale.

Contre l’abandon scolaire, le Gouvernement applique notamment une politique de gratuité de la scolarité et des repas, a fait valoir la délégation. Il s’efforce aussi d’impliquer davantage les parents et la communauté dans le suivi scolaire des enfants, et mise enfin sur la prise en charge préscolaire, qui favorise ensuite le suivi de l’école. 

S’agissant de la lutte contre la corruption, la délégation a notamment attiré l’attention sur l’obligation de transparence qui existe dans la passation des contrats publics et sur le renforcement des compétences des autorités chargées du contrôle et de l’identification des fraudes. 

L’afrikaans est une langue officielle enseignée à l’école, au même titre que l’anglais et le xhosa, qui ont le même statut, a d’autre part indiqué la délégation en réponse à la question d’une experte.

Remarques de conclusion

M. JAFFÉ a estimé que les réponses de la délégation aux questions du Comité montraient que les enfants constituent une priorité pour les autorités sud-africaines, conformément à l’enseignement de Nelson Mandela. La réduction de la pauvreté pourrait elle aussi être une priorité pour l’Afrique du Sud, a suggéré l’expert.

Ce document produit par le Service de l’information des Nations Unies à Genève est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel.

Les versions anglaise et française de nos communiqués sont différentes car elles sont le produit de deux équipes de couverture distinctes qui travaillent indépendamment.

Suivez l’ONU Genève sur Site webFacebookTwitterTwitter [fr] | Instagram  | LinkedInYouTube |Flickr

CRC.24.07F

MME SEKAWANA a assuré que son pays attendait avec intérêt les recommandations du Comité – recommandations que les autorités s’efforceront de traduire en actions au profit des enfants, a-t-elle ajouté.