Fil d'Ariane

Le chef de l'ONU exhorte l'Iran et Israël à « respecter pleinement » le cessez-le-feu

Avant même que les deux parties n'aient confirmé l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu, des échanges de tirs ont eu lieu tôt dans la matinée de mardi, durant laquelle les habitants de Téhéran ont déclaré avoir subi une avalanche d'attaques.
Juste avant de quitter Washington pour se rendre à un sommet de l'OTAN en Europe, le président Donald Trump a exprimé sa frustration face aux violations du fragile accord de cessez-le-feu, exhortant l'Iran et Israël à respecter la trêve.
Dans un post sur les réseaux sociaux, le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a exhorté les deux pays à « respecter pleinement » le cessez-le-feu.
« Les combats doivent cesser. Les populations des deux pays ont déjà trop souffert », a-t-il déclaré, ajoutant espérer sincèrement que le cessez-le-feu puisse s'étendre à d'autres parties de la région.
L'AIEA plaide pour un nouvel accord nucléaire
Le Directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Mariano Grossi, a quant à lui exhorté Téhéran à envisager une « reprise de la coopération » avec la communauté internationale, afin d'apaiser les tensions relatives à son programme nucléaire.
« La reprise de la coopération avec l'AIEA est essentielle à la réussite d'un accord », a-t-il insisté sur les réseaux sociaux.
En ce sens, M. Grossi a dit avoir proposé de rencontrer le ministre iranien des affaires étrangères, Abbas Araghchi, auprès de qui il a souligné que « cette étape peut conduire à une solution diplomatique à la controverse de longue date concernant le programme nucléaire » du pays.
Frappe sur la prison d’Evin
Par ailleurs, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a exprimé mardi sa vive inquiétude après une frappe israélienne signalée la veille sur la prison d’Evin, à Téhéran. Connue pour être le principal centre de détention des dissidents politiques en Iran, cette prison ne saurait, selon l'agence, être considérée comme une cible militaire.
« Le fait de la prendre pour cible constitue une grave violation du droit humanitaire international », a déclaré Thameen Al-Kheetan, porte-parole du Haut-Commissariat, lors d’un point de presse à Genève. Selon lui, la prison d’Evin ne représente pas un objectif militaire au sens du droit des conflits armés. Les services du Haut-Commissaire, Volker Türk, ne disposent pour l’instant pas de toutes les informations sur cette attaque, mais font état d’incendies dans l’enceinte de la prison et de plusieurs blessés.
La prison d’Evin abrite de nombreux prisonniers politiques, parmi lesquels des journalistes. « Qu’ils soient détenus arbitrairement ou en relation avec des crimes qu’ils ont réellement commis, les détenus doivent être protégés », a insisté M. Al-Kheetan. D’après les médias d’État, les autorités iraniennes auraient transféré tous les détenus vers d’autres établissements pénitentiaires de la région afin de permettre des réparations après la frappe.
Arrestations et exécutions
Outre le conflit armé, l’ONU s’inquiète d’une possible intensification de la répression interne par les autorités iraniennes. « Il est difficile de vérifier les informations en provenance d’Iran, étant donné le manque d’accès », a reconnu Thameen Al-Kheetan. Toutefois, des ONG ont signalé des arrestations ciblant des citoyens accusés d’avoir publié en ligne des contenus relatifs aux frappes israéliennes. Le porte-parole du Haut-Commissariat a également mentionné l’exécution de neuf hommes depuis le début des hostilités, soulignant un climat répressif croissant.
Lundi, des experts indépendants de l’ONU ont renouvelé leurs préoccupations face à l’usage par l’Iran de motifs d’emprisonnement liés à des infractions vagues, dont certaines peuvent entraîner la peine capitale, notamment en lien avec des accusations d’espionnage.
« Les citoyens iraniens arrêtés et accusés d’espionnage ou de collaboration avec Israël doivent bénéficier de tous leurs droits en termes de procédures légales et de procès équitable », a rappelé M. Al-Kheetan. Et de préciser : « Si ces arrestations sont arbitraires, ces personnes doivent être libérées immédiatement et sans condition. »
Appel au respect des libertés
Le Haut-Commissariat a également exhorté les autorités iraniennes à « respecter totalement les droits à la liberté d’expression et d’information, à tout moment », rappelant que les journalistes « doivent pouvoir faire leur travail sans aucun obstacle ».
Ces préoccupations rejoignent les alertes lancées la semaine dernière par Nada Al-Nashif, Haute-Commissaire adjointe aux droits de l’homme. Devant le Conseil des droits humains à Genève, elle a déploré un nombre record d’exécutions en 2023 en Iran – au moins 975 selon l’ONU –, le plus élevé depuis 2015. Elle a également dénoncé l’usage de la torture en détention et les persécutions visant les minorités, les journalistes et les défenseurs des droits humains.
Alors que les armes semblent s’être momentanément tues, les Nations Unies appellent à la retenue, au respect du droit international et à la protection des droits fondamentaux des civils.