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Le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes auditionne la société civile au sujet de l’application de la Convention au Niger, au Tadjikistan, en Italie et au Turkménistan

Compte rendu de séance

 

Le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW, selon l’acronyme en anglais) a auditionné, cet après-midi, des organisations de la société civile au sujet de l’application de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes dans les quatre pays dont les rapports seront examinés cette semaine : Niger, Tadjikistan, Italie et Turkménistan.

S’agissant du Niger, a notamment été dénoncé ce qui a été considéré comme un esclavage traditionnel subi par la femme nigérienne, d’aucuns déplorant la stigmatisation des victimes en la matière. La création par le pays d’un centre pour l’égalité entre les sexes a néanmoins été jugée positive. Il a par ailleurs été recommandé que le Niger ratifie le Protocole facultatif se rapportant à la Convention – qui instaure une procédure de plainte devant le Comité – et que le pays criminalise tous les cas de mutilations génitales féminines.

Concernant le Tadjikistan, les mesures prises par le Gouvernement pour favoriser les droits des femmes ont été reconnues, mais les progrès concrets en la matière ont été jugés insuffisants. Il a par ailleurs été recommandé que l’État adopte des mesures temporaires spéciales en faveur des femmes dans les domaines de l’éducation et de l’économie, entre autres, et qu’il criminalise la violence familiale. Le nombre de femmes dans la population active a diminué depuis quelques années, a-t-il par ailleurs été regretté. Ont aussi été évoqués des problèmes de violence sexuelle et sexiste au Tadjikistan.

Au sujet de l’Italie, il a été regretté que les femmes participent comparativement moins que les hommes au marché du travail dans ce pays, d’aucuns estimant que les stéréotypes sexistes et l’absence de services pour les familles contribuent à cette situation. Des discriminations ont en outre été évoquées concernant l’accès des femmes à la justice et le respect des droits à la santé procréative et génésique. Ont également été évoquées les situations des femmes réfugiées et demandeuses d’asile, des femmes handicapées et des femmes transgenres.

En ce qui concerne le Turkménistan, une organisation a affirmé qu’il s’agissait d’un pays traditionnellement patriarcal qui ne respecte pas les droits des femmes. Le taux de pauvreté au Turkménistan ne cesse de croître, a-t-il par ailleurs été observé. D’aucuns ont mis en garde contre une régression dans l’accès à l’avortement dans ce pays et ont relevé que les lois en vigueur au Turkménistan ne permettent pas de prévenir la violence domestique.

Plusieurs membres du Comité sont intervenus dans le cadre de ce dialogue avec les organisations de la société civile.

 

Demain matin, à partir de 10 heures, le Comité entamera l’examen du rapport du Niger.

 

Audition d’organisations de la société civile

S’agissant du Niger

Un esclavage traditionnel subi par la femme nigérienne, à des fins d’exploitation par le travail ou d’exploitation sexuelle, a été dénoncé comme contraire à l’article 2 de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. A aussi été dénoncé le fait que la société nigérienne continue de stigmatiser les victimes de ces pratiques.

D’aucuns ont en outre regretté la persistance de mariages d’enfants et la faible participation des femmes à la gestion des affaires publiques. Il a été observé que le quota de 30% de femmes dans les instances élues n’est jamais respecté.

La création au Niger d’un centre pour l’égalité entre les sexes a été jugée positive, et l’adoption d’une stratégie en faveur de l’éducation des filles et des femmes a été saluée.

Il a été recommandé que le Niger ratifie le Protocole de Maputo ainsi que le Protocole facultatif se rapportant à la Convention, qui instaure une procédure de plainte devant le Comité. Il a également été recommandé au pays de criminaliser tous les cas de mutilations génitales féminines.

Intervenants : Collectif des organisations de défense des droits de l’homme et de la démocratie (CODDHD), au nom de plusieurs autres organisations, et Dimol.

S’agissant du Tadjikistan

Les mesures prises par le Gouvernement tadjike pour favoriser les droits des femmes ont été saluées, mais les progrès concrets en la matière ont été jugés insuffisants. Il a été recommandé que l’État adopte des mesures temporaires spéciales en faveur des femmes dans les domaines de l’éducation et de l’économie, entre autres, et qu’il collecte des statistiques ventilées sur les différentes catégories de femmes vulnérables.

Le nombre de femmes dans la population active a diminué depuis quelques années, a regretté une organisation, qui a notamment recommandé que le Gouvernement mette en place des mesures pour favoriser la création d’entreprises par des femmes et qu’il légifère pour améliorer la participation des femmes au Parlement.

La persistance de violences et la diffusion de discours sexistes ont été jugées regrettables. Le Gouvernement devrait mettre au point une stratégie de communication autour de l’égalité entre les sexes, a-t-il été recommandé.

Ont aussi été évoqués des problèmes de violence sexuelle et sexiste au Tadjikistan, une organisation recommandant au pays de criminaliser la violence familiale et de ratifier la Convention (n°190) de l’Organisation internationale du Travail concernant l’élimination de la violence et du harcèlement dans le monde du travail.

D’autres recommandations ont été faites à l’attention du Gouvernement du Tadjikistan s’agissant de la prise en charge et de l’intégration des femmes séropositives.

Intervenants : From Equality de Jure to Equality de Facto (au nom de plusieurs organisations), Tajikistan Network of Women Living with HIV et ADC Memorial.

Une experte membre du Comité a voulu savoir si les familles migrantes avaient accès aux subventions publiques. Un de ses collègues a, quant à lui, souhaité en savoir davantage sur la traite des êtres humains à partir du Tadjikistan.

S’agissant de l’Italie

Une intervenante a regretté que les autorités italiennes ne prennent pas au sérieux – selon elle – l’application de la Convention, dans un contexte où, a-t-elle ajouté, persiste une vision traditionnaliste du rôle des femmes. Les femmes participent comparativement moins que les hommes au marché du travail, a-t-il par ailleurs été relevé, d’aucuns estimant que les stéréotypes sexistes et l’absence de services pour les familles contribuent à cette situation. Des discriminations ont en outre été évoquées concernant l’accès des femmes à la justice et le respect des droits à la santé procréative et génésique.

La situation des femmes réfugiées et demandeuses d’asile en Italie a été jugée précaire. Les femmes handicapées en Italie sont vulnérables face à la violence sexiste, a par ailleurs mis en garde une organisation. Une intervenante a déploré les stéréotypes néfastes et les discriminations qui opèrent au détriment des femmes transgenres en Italie.

Il a été recommandé que l’État s’abstienne de réduire les budgets consacrés aux soins de santé pour les femmes et qu’il mette en œuvre un système unique et cohérent de traitement des demandes d’asile en Italie.

Intervenants : Organisations de la société civile italienne pour la CEDEF, Forum Italiano sulla Disabilita (FID) / International Disability Alliance et Gruppo Trans / Office against Discrimination, Racism, and Intolerance (ODRI).

Des expertes membres du Comité ont posé des questions sur les conditions d’accès à l’avortement en Italie et sur la situation des femmes rurales vivant dans le sud du pays.

S’agissant du Turkménistan

Le Turkménistan est un pays traditionnellement patriarcal qui ne respecte pas les droits des femmes, a affirmé une organisation. Cette organisation a déploré que la participation affichée des femmes à la vie politique recouvre en réalité le fait qu’elles n’ont aucun pouvoir. Le taux de pauvreté au Turkménistan ne cesse de croître, a ajouté cette organisation.

Au Turkménistan, l’avortement n’est possible que jusqu'à la cinquième semaine de grossesse, soit une régression significative par rapport à la loi précédente qui autorisait les avortements jusqu'à douze semaines de gestation, a regretté un intervenant.

Les lois en vigueur au Turkménistan ne permettent pas de prévenir la violence domestique, dont les victimes ne sont pas soutenues par l’État, a-t-il également été regretté. Ont par ailleurs été dénoncées les conditions de vie des femmes détenues, ainsi que des violences sexuelles commises par des personnes proches du pouvoir.

Il a été recommandé que le pays amende la loi sur le travail afin que les femmes sans travail puissent tout de même accéder aux soins de santé gratuits. L’État devrait aussi autoriser la création d’associations spécialisées dans la protection des femmes contre la violence, a-t-il été ajouté.

Intervenants : Rights and Freedoms of Turkmenistan’s Citizens , Progress Foundation, Center for Reproductive Rights et Rights and Freedoms of Turkmenistan’s Citizens.

Une experte du Comité a demandé pourquoi la loi sur l’avortement avait été changée en 2016. Qu’en est-il de la création d’une agence publique unique chargée des droits des femmes au Turkménistan, a demandé un expert ? D’autres questions ont porté sur la répression de la traite des êtres humains, sur le statut des femmes qui se livrent à la prostitution ou encore sur les compétences de la police des mœurs.

 

 

Ce document produit par le Service de l’information des Nations Unies à Genève est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel.

Les versions anglaise et française de nos communiqués sont différentes car elles sont le produit de deux équipes de couverture distinctes qui travaillent indépendamment.

 

 

CEDAW24.002F