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Plaidoyers devant le Conseil des droits de l’homme pour « faire mieux » face à la junte au Myanmar et pour créer une mission d'enquête internationale indépendante sur la situation en Iran

Compte rendu de séance

Après avoir achevé, en entendant plusieurs délégations*, son débat général au titre de la promotion et de la protection de tous les droits de l’homme, le Conseil des droits de l’homme a tenu ce matin son dialogue avec le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme au Myanmar, M. Thomas Andrews. Il a ensuite engagé son dialogue avec le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en République islamique d’Iran, M. Javaid Rehman.

Présentant son rapport, M. Andrews a constaté que deux années après le coup d’Etat illégal au Myanmar, la campagne de violence et d’oppression pour écraser l’opposition publique se poursuit. Il est essentiel que le peuple du Myanmar sache qu’il n’est pas oublié et qu’il n’est pas seul dans son combat en faveur des droits de l’homme, a souligné le Rapporteur spécial. La junte n’offre aucune voie vers la stabilité ou vers une cessation de la crise en matière des droits de l’homme car elle est la cause même de la crise, a-t-il insisté, rappelant que la junte ne jouit d’aucune forme de légitimité constitutionnelle ou démocratique.

Alors qu’elle perd le contrôle sur le terrain, l’armée a accru ses attaques contre des populations innocentes, les bombardements aériens sur les villages, les écoles, les hôpitaux et les campements ayant nettement augmenté, a ensuite indiqué M. Andrews, ajoutant recevoir des rapports de massacres de civils. Le Rapporteur spécial a ajouté que malheureusement, il recevait aussi des rapports indiquant que des groupes d’opposition ont commis des violations de droits de l’homme qui, elles aussi, doivent cesser.

En tant que communauté internationale, nous pouvons faire mieux face à la junte, a déclaré M. Andrews. Il a notamment relevé qu’une minorité d’États Membres et d’entités non étatiques continuaient de fournir à la junte des armes, du matériel pour en construire ou des revenus qui sont utilisés pour commettre des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Cela doit cesser, a insisté le Rapporteur spécial. « Nous pouvons également faire mieux pour venir en aide aux centaines de milliers de personnes qui ont fui le Myanmar », a-t-il également déclaré.

Suite à cette présentation, de nombreuses délégations* ont pris part au dialogue avec M. Andrews.

Présentant son rapport, qui met l’accent sur les événements survenus avant et après la mort de Jina Mahsa Amini, le 16 septembre 2022, M. Rehman a, quant à lui, insisté sur le fait que ce rapport se situait dans le contexte « des plus graves violations des droits de l'homme » commises en République islamique d'Iran ces quatre dernières décennies. Les revendications légitimes des Iraniens qui demandent la fin des graves violations des droits de l'homme, y compris la violence et la discrimination fondées sur le sexe, et qui aspirent à un système de gouvernance démocratique et laïque, ont été accueillies par la violence brutale de l'État, a observé M. Rehman. Les forces de sécurité ont tiré à balles réelles directement sur des manifestants non armés et pacifiques, a-t-il souligné, précisant qu’au moins 527 personnes, dont 71 enfants, ont été tuées et des centaines de manifestants ont été gravement blessés.

Outre la tragédie qui se déroule depuis le 16 septembre, le Rapporteur spécial s’est dit profondément préoccupé par la forte augmentation des exécutions en Iran : au moins 500 personnes, dont deux condamnés mineurs et treize femmes, ont été exécutées en 2022, a-t-il indiqué. M. Rehman s’est dit aussi très préoccupé par le fait que les minorités ethniques et religieuses continuent d'être la cible d'une répression brutale de la part de l'État.

En l'absence d'obligation de rendre des comptes au niveau national, le Rapporteur spécial a plaidé en faveur de la création d'une mission d'enquête internationale indépendante.

Suite à cette présentation, l’Iran est intervenue en tant que pays concerné, avant que plusieurs délégations*** n’engagent le dialogue avec M. Rehman.

Au terme du débat général sur la promotion et la protection de tous les droits de l’homme, le Maroc, l’Indonésie, l’Azerbaïdjan et l’Arménie ont exercé leur droit de réponse.

 

Le Conseil achèvera le dialogue avec M. Rehman cet après-midi, à 15 heures. Il sera ensuite saisi de rapports sur la République populaire démocratique de Corée et sur l’Ukraine.

 

Fin du débat général au titre de la promotion et de la protection de tous les droits de l’homme

Les organisations non gouvernementales (ONG) qui ont pris part au débat ce matin ont attiré l’attention sur des violations des droits humains dans plusieurs pays, territoires ou régions à travers le monde, dénonçant des situations d’occupation et des activités illégales de colonisation ; des coupures d’Internet et des pratiques d’étouffement de la liberté d’expression ; des arrestations, disparitions ou meurtres de défenseurs des droits de l’homme ; des discriminations envers des minorités ethniques et religieuses ; ou encore des activités délictueuses de milices non étatiques.

Plusieurs intervenants ont dénoncé une recrudescence des violations des droits des femmes et des filles. Une ONG a regretté que le Conseil négligence les souffrances des femmes victimes de fistule obstétricale. Une autre a mis en garde contre les répercussions meurtrières des mesures coercitives unilatérales sur les populations des pays visés.

* Liste des intervenants : World Muslim Congress, International Action for Peace & Sustainable Development, Promotion du développement économique et social, Lidskoprávní organizace Práva a svobody obcanučů Turkmenistánu, Youth in Technology and Arts Network (YOTAN), Association culturelle des Tamouls en France, Asociación Cubana de las Naciones Unidas, Il Cenacolo, Baha'i International Community, Commission of the Churches on International Affairs of the World Council of Churches, Chunhui Children's Foundation, Human Rights Solidarity Organization, Human Rights & Democratic Participation Center SHAMS, Organization for Defending Victims of Violence, Centre Zagros pour les droits de l'homme, Samarthanam Trust for the Disabled et Alliance internationale pour la défense des droits et des libertés.

Dialogue avec le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme au Myanmar

Le Conseil est saisi du rapport du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme au Myanmar (A/HRC/52/66, à paraître en français).

Présentation du rapport

M. THOMAS H. ANDREWS, Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme au Myanmar, a constaté d’emblée que deux années après le coup d’Etat illégal, la campagne de violence et d’oppression pour écraser la vaste opposition publique se poursuit. Or, a-t-il ajouté, alors même qu’elle n’a pas réussi à vaincre cette opposition, l’armée ne fait que détruire la nation et attaquer les droits de l’homme fondamentaux de sa population. M. Andrews a cependant noté qu’en dépit de leur « campagne héroïque » pour sauver leur pays, de nombreux Birmans ont le sentiment que le monde, distrait, les a oubliés. Il est essentiel que le peuple du Myanmar sache qu’il n’est pas oublié et qu’il n’est pas seul dans son combat en faveur des droits de l’homme, a souligné le Rapporteur spécial, avant de rappeler qu’il est indispensable d’honorer, de respecter et de défendre ces droits, de refuser de soutenir ceux qui les violent et de venir en aide aux survivants des violations. M. Andrews a souligné dans ce contexte la grande responsabilité qui incombe au Conseil de faire respecter de telles obligations et a renvoyé à cet égard aux recommandations figurant dans son rapport.

Le Rapporteur spécial s’est ensuite réjoui d’informer le Conseil que la défense des droits de l’homme et l’opposition citoyenne contre la Junte n’ont jamais été aussi fortes. Ainsi, a-t-il précisé, les manifestations et la désobéissance civile se poursuivent, ce qui fait que le contrôle de la junte sur le territoire et sur la population s’érode, tandis que les groupes d’opposition forgent des alliances et gagnent en force. Le peuple met au jour le mensonge de la junte selon lequel un avenir dominé par l’armée serait inévitable pour le Myanmar, a ajouté M. Andrews. A la veille du deuxième anniversaire du coup d’État, l’extension de l’état d’urgence pour six mois en invoquant l’absence de paix et d’instabilité, et l’imposition, en février, de la loi martiale dans 40 nouvelles zones sont autant de mesures qui ne sont pas celles d’un régime confiant dans sa position, mais qui relèvent plutôt d’actes de désespoir, a déclaré le Rapporteur spécial. La junte n’offre aucune voie vers la stabilité ou vers une cessation de la crise en matière des droits de l’homme car elle est la cause même de la crise, a-t-il insisté, rappelant que la junte ne jouit d’aucune forme de légitimité constitutionnelle ou démocratique. Nombre d’Etats ont du reste opté pour le Gouvernement d’unité nationale, qui est l’alternative crédible à la junte, a-t-il souligné. Le Rapporteur spécial a dénoncé le fait que la Junte cherche à se racheter une reconnaissance internationale et un semblant de légitimité à travers ce qu’elle décrit comme une « élection », a également affirmé le Rapporteur spécial, exhortant les membres du Conseil à rejeter cette « revendication outrageante ». Il n’est pas possible d’organisation de véritables élections alors que les dirigeants de l’opposition sont arrêtés, détenus, torturés et exécutés, alors qu’il est illégal de critiquer la junte, et alors que des journalistes sont jetés en prison pour le seul fait d’exercer leurs fonctions. L’opposition est forte mais les assauts croissants contre le peuple ont un impact dévastateur : depuis le coup d’État, plus de 3000 civils ont été tués ; plus d’1,3 million de personnes ont été déplacées ; plus de 16 000 prisonniers politiques sont derrière les barreaux ; et 17,6 millions de personnes ont grandement besoin d’assistance humanitaire, a notamment énuméré le Rapporteur spécial, qui a aussi évoqué le fait que 58 000 logements et structures civils ont été incendiés ou détruits.

Alors qu’elle perd le contrôle sur le terrain, l’armée a accru ses attaques contre des populations innocentes, les bombardements aériens sur les villages, les écoles, les hôpitaux et les campements ayant nettement augmenté, a ensuite indiqué M. Andrews, ajoutant recevoir des rapports de massacres de civils. Le Rapporteur spécial a ajouté que malheureusement, il recevait aussi des rapports indiquant que des groupes d’opposition ont commis des violations de droits de l’homme qui, elles aussi, doivent cesser.

En tant que communauté internationale, nous pouvons « faire mieux » face à la junte, a déclaré M. Andrews. Il a notamment relevé qu’une minorité d’États Membres et d’entités non étatiques continuaient de fournir à la junte des armes, du matériel pour en construire ou des revenus qui sont utilisés pour commettre des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Cela doit cesser, a insisté le Rapporteur spécial. « Nous pouvons également faire mieux pour venir en aide aux centaines de milliers de personnes qui ont fui le Myanmar », a-t-il également déclaré.

Aperçu du dialogue

Les intervenants ont fortement appuyé le mandat du Rapporteur spécial et condamné, dans les termes les plus forts, le coup d’Etat militaire de février 2021. L’absence du Myanmar au présent dialogue a été déplorée. D’aucuns ont réitéré leur appel à la cessation immédiate de toutes les formes de violations des droits de l’homme, y compris la violence sexuelle et sexiste. La junte militaire a été exhortée à mettre fin à l’intimidation et aux représailles systématiques à l’encontre de la population qui ne cherche qu’à exercer ses droits et libertés fondamentaux. A également été demandée la libération immédiate et inconditionnelle de toutes les personnes arbitrairement détenues, incluant des enfants, des dirigeants politiques, des journalistes et des défenseurs des droits de l’homme.

Dénonçant la grave crise humanitaire qui secoue le pays, nombre de délégations ont exigé que soit accordé un accès sans entrave à l’assistance humanitaire, sans aucune discrimination.

Au vu des graves exactions commises, il a été demandé que leurs auteurs rendent des comptes.

Comment la communauté internationale pourrait-elle apporter son soutien aux fins de la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales de toutes les personnes au Myanmar, a-t-il été demandé au Rapporteur spécial ?

Nombre de délégations se sont alarmées de l’escalade de la violence et de la répression en réponse à l’opposition croissante à la prédominance du régime militaire. Elles ont dénoncé le fait que les civils qui osent défier les autorités de facto subissent des détentions arbitraires et des actes de torture, de persécution et de harcèlement. A l’évidence, la loi sur l’enregistrement des associations du 28 octobre 2022 a été élaborée pour briser l’espace civique et imposer un contrôle sur les organisations locales et internationales, a commenté une délégation.

La situation des Rohingya et d’autres groupes ethniques et religieux demeure très préoccupante, a-t-il été souligné, l’attention étant aussi attirée sur la situation également préoccupante des personnes déplacées internes et des réfugiés ayant fui dans les pays voisins. Dans ce contexte, il a été recommandé de veiller à jeter les bases d’un retour volontaire sûr, durable et dans la dignité des personnes ainsi déplacées.

Le consensus en cinq points de l’Association des nations de l’Asie du sud-Est (ANASE/ASEAN) ainsi que le travail de l’Envoyé spécial de l’ANASE en coopération étroite avec l’Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU ont été vivement appuyés, de même que l’engagement continu de l’Union européenne.

D’autre part, la persécution des chrétiens, des musulmans et d’autres minorités religieuses a été condamnée. Nombre d’intervenants ont réitéré leurs appels pour que la junte militaire cesse immédiatement toutes les hostilités, les attaques contre le civils et l’utilisation des mines antipersonnel.

Il a en outre été demandé aux Etats Membres de s’abstenir de fournir, de vendre et de transférer des armes à la junte militaire. A cet égard, il a été recommandé d’imposer un embargo global sur les armes.

D’aucuns ont plaidé pour un renvoi de la situation du Myanmar à la Cour pénale internationale (CPI). Le rôle de la société civile a été reconnu, en particulier pour ce qui est de la collecte des éléments de preuve face aux exactions commises.

Quelles mesures concrètes le Conseil pourrait-il envisager pour que la communauté internationale engage une stratégie coordonnée et efficace pour surmonter cette crise, a-t-il été demandé au Rapporteur spécial ?

Déplorant les exécutions capitales au Myanmar, certains intervenants ont plaidé pour l’instauration d’un moratoire sur l’abolition de la peine de mort.

Certains ont dénoncé une « politisation extrême » du rapport du Rapporteur spécial.

D’autres ont qualifié de « farce » l’intention de la junte militaire d’organiser des élections générales en 2023 ; ce scrutin ne sera ni libre ni transparent et qu’en conséquence, la communauté internationale ne doit pas le considérer comme une résolution acceptable de la crise, a-t-il été affirmé.

**Liste des intervenants : Allemagne, Afrique du Sud, Autriche, Australie, Bangladesh, Bulgarie, Canada, Chine, Croatie, Danemark (pays nordiques et baltes), Espagne, États-Unis, France, Gambie, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Laos, Liechtenstein, Malaisie, Malawi, Malte, Nouvelle-Zélande, Pakistan (au nom de l’Organisation de la coopération islamique - OCI), Pays-Bas (au nom des pays du Bénélux), République de Corée, République tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Fédération de Russie, Suisse, Thaïlande, Türkiye, Ukraine, Union européenne, Venezuela.

Réponses et remarques de conclusion du Rapporteur spécial

M. ANDREWS a de nouveau plaidé pour l’adoption d’un embargo sur les armes et de sanctions ciblées ainsi que pour un renvoi de la situation du Myanmar devant la Cour pénale internationale. Evoquant le sort des milliers de personnes qui ont traversé les frontières du pays pour fuir tous les actes de violence commis au Myanmar, le Rapporteur spécial a indiqué qu’il mentionnait dans son rapport tous les pays – voisins ou non du Myanmar –, dont le Bangladesh, la Malaisie, la Thaïlande et l’Inde, qui sauvent des vies en prenant des mesures positives à cet égard.

M. Andrews a ensuite insisté sur l’importance d’un bon financement des programmes d’aide humanitaire. Il a également insisté sur le caractère « illégitime » de la junte et a affirmé qu’il ne faut pas dialoguer avec elle ; il ne faut pas se faire complice d’une fraude en appuyant les élections prévues par la junte, a-t-il déclaré.

Dialogue avec le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en République islamique d’Iran

Le Conseil est saisi du rapport du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en Iran (A/HRC/52/67), qui met l’accent sur « les événements survenus avant et après la mort de Jina Mahsa Amini, le 16 septembre 2022 ».

Présentation du rapport

M. JAVAID REHMAN, Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme en République islamique d'Iran, a d’emblée insisté sur le fait que le rapport qu’il présente ici se situait dans le contexte « des plus graves violations des droits de l'homme » commises en République islamique d'Iran ces quatre dernières décennies. Il a fait part de son admiration pour les millions de femmes, d'hommes, de filles et de garçons iraniens épris de paix qui, depuis septembre dernier, défient les autorités de l'État et participent à des manifestations pacifiques dans toutes les provinces du pays, au péril de leur vie, pour exprimer leur indignation suite à la mort en garde à vue de Jina Mahsa Amini et pour exiger le respect des droits de l'homme.

En particulier, a précisé le Rapporteur spécial, le rapport examine en détail les circonstances de la mort de Mme Amini. Les preuves disponibles, y compris les témoignages de témoins oculaires et les commentaires de sources médicales fiables, établissent que Mme Amini est décédée le 16 septembre à la suite de coups portés par la police des mœurs. « Comme à l'accoutumée », a déploré le Rapporteur spécial, les autorités ont nié tout acte répréhensible ou toute faute de leur part et ont présenté les résultats de prétendues enquêtes qui n'étaient ni crédibles ni transparentes et ne répondaient pas aux exigences minimales d'impartialité et d'indépendance. Aucun des membres de la police des mœurs impliqués dans la mort de Mme Amini n'a eu à répondre de ses actes, a déploré le Rapporteur spécial, qui a ajouté que cette mort « n'est pas un événement isolé, mais le dernier d'une longue série de violences extrêmes commises par les autorités iraniennes à l'encontre des femmes et des jeunes filles ». M. Rehman a rappelé qu’un mois seulement avant la mort de Mme Amini, le Président Raisi avait signé un décret ordonnant de nouvelles mesures répressives pour « hijab inapproprié » : la responsabilité des hauts responsables dans l'instigation de cette violence ne peut donc être ignorée, a souligné le Rapporteur spécial.

Les revendications légitimes des Iraniens qui demandent la fin des graves violations des droits de l'homme, y compris la violence et la discrimination fondées sur le sexe, et qui aspirent à un système de gouvernance démocratique et laïque, ont été accueillies par la violence brutale de l'État, a poursuivi M. Rehman. Les forces de sécurité ont tiré à balles réelles, à la chevrotine et avec d'autres billes métalliques, directement sur des manifestants non armés et pacifiques, a-t-il souligné. Au moins 527 personnes, dont 71 enfants, ont été tuées et des centaines de manifestants ont été gravement blessés, a précisé le Rapporteur spécial.

M. Rehman s’est dit scandalisé par le fait que les autorités iraniennes ont exécuté au moins quatre personnes associées à des manifestations à l'issue de procès arbitraires et entachés d'allégations de torture. Ces exécutions sommaires sont le symbole d'un État prêt à utiliser tous les moyens pour instiller la peur et étouffer les protestations, a-t-il déclaré. Au moins 17 manifestants ont déjà été condamnés à mort et plus de cent sont actuellement sous le coup d'accusations passibles de la peine de mort, a-t-il poursuivi. Récemment, les autorités ont reconnu que plus de 22 000 personnes avaient été arrêtées, a-t-il fait observer.

Outre la tragédie qui se déroule depuis le 16 septembre, le Rapporteur spécial s’est dit profondément préoccupé par la forte augmentation des exécutions en Iran : au moins 500 personnes, dont deux condamnés mineurs et treize femmes, ont été exécutées en 2022. M. Rehman a aussi déploré la poursuite des violences contre les femmes et les filles, notamment les attaques chimiques coordonnées dans tout le pays contre des écolières. Les prises de position publiques récentes ne laissent planer aucun doute quant aux intentions des autorités de réprimer brutalement les femmes et les jeunes filles, a affirmé le Rapporteur spécial.

M. Rehman s’est dit aussi très préoccupé par le fait que les minorités ethniques et religieuses continuent d'être la cible d'une répression brutale de la part de l'État. Plus de la moitié des personnes tuées depuis le début des manifestations sont originaires des provinces peuplées de Baloutches et de Kurdes, a-t-il observé.

M. Rehman a enfin fait part de son inquiétude devant le fait que plusieurs personnes ayant une double nationalité et ressortissants étrangers détenus de manière arbitraire sont victimes de mauvais traitements et de tortures mentales et physiques.

En l'absence d'obligation de rendre des comptes au niveau national, le Rapporteur spécial a plaidé en faveur de la création d'une mission d'enquête internationale indépendante.

Pays concerné

La République islamique d’Iran a d’abord regretté que la défense des droits de l'homme soit de plus en plus souvent confondue par certains États et titulaires de mandats avec des ingérences illégales dans les affaires intérieures d'autres États. Le pays a appelé le Conseil à se distancer de la politisation, de la stigmatisation et des stéréotypes qui, selon lui, ne peuvent que créer des divisions et transformer les droits de l'homme en un outil conforme aux agendas politiques de certains pays.

L’Iran a ensuite déploré que les allégations du Rapporteur spécial aient été reprises par un certain nombre de gouvernements occidentaux et leurs médias, ainsi que par « des groupes terroristes stationnés dans leurs pays » au cours des derniers mois. Les personnes qui visitent l’Iran admettent que ce qui est dit dans les médias occidentaux diffère considérablement des faits sur le terrain, a affirmé la délégation iranienne.

L’Iran a aussi déploré que M. Rehman joue le jeu de l’opposition et qu’il n’ait pas mentionné l'attaque terroriste de Daech contre un site religieux à Shiraz, qui a fait 13 martyrs parmi les femmes innocentes, les enfants et les gens ordinaires. Cette attaque terroriste a été perpétrée pour alimenter les émeutes et promouvoir la violence, a affirmé la délégation iranienne.

Tous les détenus, à l'exception de ceux qui ont commis des meurtres, ont été libérés, mais le Rapporteur spécial ignore ce fait, a par ailleurs déclaré la délégation.

L’Iran a rappelé que la Rapporteuse spéciale sur les mesures coercitives unilatérales s’était rendue en Iran, où elle a pu constater les violations des droits de l'homme commises à l'encontre du peuple iranien. L’Iran a regretté que M. Rahman ne mentionne pas non plus ce fait dans son rapport.

Aperçu du dialogue

Les délégations qui ont pris part au débat ont largement condamné le recours à la violence, au harcèlement et à la détention contre des manifestants pacifiques en Iran. L'Iran a été appelée à libérer toutes les personnes qui ont été emprisonnées ou détenues pour avoir exercé leur droit de manifester pacifiquement. Les auteurs d'actes de torture, de meurtres et de violences, y compris de violences sexuelles et sexistes, doivent répondre de leurs actes, a-t-il également été demandé. Par ailleurs, les autorités iraniennes doivent s'abstenir d'instrumentaliser la peine capitale pour susciter la peur dans la société et doivent mettre un terme à toutes les exécutions, a demandé un intervenant.

Nombre d’intervenants ont aussi fait part de leurs graves préoccupations face aux « violations généralisées » des droits des femmes et des jeunes filles. Il a notamment été estimé que « les dispositions légales existantes violent clairement les droits des femmes et des filles, y compris leur droit à la santé sexuelle et reproductive ». Les autorités iraniennes ont été appelées à abroger toutes les lois discriminatoires et à mettre en place des politiques visant à instaurer l'égalité pour les femmes et les filles dans la loi et dans la pratique.

Un certain nombre de délégations ont demandé que toute la lumière soit faite sur l’empoisonnement de 12 000 écolières en Iran.

Un intervenant a fait observer que le Gouvernement iranien détenait et intimidait des journalistes, des personnalités culturelles, des athlètes, des avocats et des défenseurs des droits de l'homme, y compris les journalistes qui ont été les premiers à signaler la mort de Mahsa Amini, Elaheh Mohammadi et Niloufar Hamedi. Le Rapporteur spécial a été prié de donner des conseils sur la manière de venir en aide à la société civile iranienne et sur la manière de protéger les minorités religieuses et ethniques en Iran.

Prenant acte des annonces d’amnisties faites par l’Iran, une délégation a espéré que d’autres mesures concrètes seraient prises en vue de consolider une désescalade et de respecter les droits de l’homme et les droits des femmes et des filles en Iran.

Un intervenant a demandé à la communauté internationale d’évaluer objectivement les efforts réalisés par l’Iran pour réaliser les droits humains, en tenant compte de ses particularités et des défis que le pays doit relever – en particulier les mesures coercitives unilatérales, qui bafouent les droits de sa population, a indiqué cet intervenant.

D’autres délégations ont dénoncé une utilisation abusive du Conseil et de ses mécanismes pour imposer des mandats hostiles à des pays souverains.

*** Liste des intervenants : Estonie (au nom d’un groupe de pays), Union européenne, Liechtenstein, États-Unis, Irlande, Allemagne, République tchèque, Israël, Belgique, Chine, Suisse, Luxembourg, République populaire démocratique de Corée, Costa Rica, Macédoine du Nord, Venezuela, Canada, Zimbabwe, Pays-Bas, République de Moldova, Autriche et Royaume-Uni.

 

Ce document produit par le Service de l’information des Nations Unies à Genève est destiné à l'information ; il ne constitue pas un document officiel.

Les versions anglaise et française de nos communiqués sont différentes car elles sont le produit de deux équipes de couverture distinctes qui travaillent indépendamment.

 

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