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Conseil des droits de l’homme : Examen périodique des États fédérés de Micronésie, du Liban, de la Mauritanie et de Saint-Kitts-et-Nevis

Compte rendu de séance

 

Le Conseil des droits de l'homme a adopté, ce matin, les documents finals résultant de l'Examen périodique universel (EPU) des États fédérés de Micronésie, du Liban, de la Mauritanie et de Saint-Kitts-et-Nevis.

Le document final issu de l'Examen de chacun de ces pays est constitué du rapport du Groupe de travail chargé de l'EPU ainsi que des informations complémentaires fournies par l'État concerné.

Ce matin, la présidence du Conseil a indiqué que, sur la base des informations reçues, les États fédérés de Micronésie avaient accepté 141 des 154 recommandations reçues et pris note des 13 restantes ; le Liban avait accepté 179 des 297 recommandations reçues, fourni des clarifications sur 25 autres (en indiquant quelles parties de ces recommandations le pays soutenait) et pris note des 93 restantes ; la Mauritanie avait accepté 201 des 266 recommandations reçues et pris note des 65 restantes ; et Saint-Kitts-et-Nevis avait accepté 69 recommandations sur 165 et pris note des 96 restantes.

De nombreuses délégations ont pris part aux débats sur l’EPU des quatre pays examinés ce matin, après que des représentants de chacun de ces quatre pays eurent fait une déclaration de présentation.

Au début de la séance, la Présidente du Conseil, Mme Nazhat Shameem Khan, a souligné le rôle important que les institutions nationales de droits de l’homme et les organisations non gouvernementales jouent dans le processus de l'EPU. Elle a rappelé la résolution 16/21 du Conseil des droits de l'homme, qui rejette fermement tout acte d'intimidation ou de représailles à l'encontre des personnes et des groupes qui coopèrent ou ont coopéré avec les Nations Unies et leurs représentants et mécanismes dans le domaine des droits de l'homme, et a prié les États de prévenir de tels actes.

 

À la mi-journée, le Conseil doit adopter les documents finals issus de l’Examen périodique de l’Australie, de Sainte-Lucie et du Népal.

 

Examen périodique universel : États fédérés de Micronésie

Le Conseil était saisi du rapport sur l'Examen périodique des États fédérés de Micronésie (A/HRC/47/4) qui s'est déroulé le 18 janvier 2021. Les trois rapporteurs chargés de faciliter cet Examen étaient le Cameroun, le Mexique et le Népal.

Présentation

M. BRENDY CARL, Secrétaire adjoint au Ministère des affaires étrangères des États fédérés de Micronésie, a déclaré que son pays avait évalué les recommandations qui lui ont été faites par les Etats membres et qu’il s’efforcerait d'y répondre compte tenu de ses ressources et capacités. Les États fédérés de Micronésie apprécient le processus de l'EPU car il reflète des principes importants pour eux et confirment l'importance de chaque vie humaine et de tous les droits de l'homme, indépendamment de l'âge, du sexe, de la religion, de la race, de la culture ou de l'idéologie.

Comme toutes les autres nations, États, îles et atolls du monde, les États fédérés de Micronésie sont confrontés aux problèmes posés par le changement climatique, qui sont aggravés par la pandémie de COVID-19, a poursuivi M. Carl. C’est pourquoi ils accueillent favorablement toute opportunité de dialogue avec les pays ayant formulé des recommandations et avec les partenaires de développement en vue d'un soutien et d'une assistance pour la réalisation des recommandations issues de l'EPU. Les États fédérés de Micronésie s'engagent à travailler avec leurs partenaires à l’application des recommandations concernant l'institution nationale des droits de l'homme et les lois de protection de la famille.

Aperçu du débat

Les délégations ont noté avec satisfaction les progrès réalisés par les États fédérés de Micronésie dans le cadre du troisième cycle de l'Examen périodique universel. Ont été saluées en particulier les mesures prises pour renforcer les droits de femmes et des enfants, notamment les droits à la santé génésique et sexuelle des femmes et des filles. La volonté de l’État partie d’appliquer les recommandations concernant la ratification du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et de la Convention sur la prévention du crime de génocide, entre autres, a été remarquée.

L'engagement des États fédérés de Micronésie à améliorer leur capacité à traiter les questions relatives aux droits de l'homme en travaillant à la création d'une institution nationale des droits de l'homme a également été considéré comme positif.

Le Gouvernement a par ailleurs été encouragé à intensifier ses efforts pour relever les défis qui subsistent dans le domaine des droits de l'homme, en particulier s’agissant de la répression de la violence sexuelle envers les femmes. La vulnérabilité des États fédérés de Micronésie face au changement climatique a d’autre part été reconnue.

Le pays a aussi été appelé à rejoindre l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste et à adopter ses définitions de travail de l'antisémitisme, de la négation et de la déformation de l'Holocauste.

Liste des intervenants : Fédération de Russie, Tunisie, Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), Vanuatu, Viet Nam, Venezuela, Chine, Cuba, Fidji, Inde, Indonésie, Népal, Nouvelle-Zélande, Congrès juif mondial et Center for Global Nonkilling.

Conclusion

M. LEONITO BACALANDO JR., Procureur général adjoint du Ministère de la justice des États fédérés de Micronésie, a déclaré que son pays considérait l'EPU comme un outil pour atteindre ses objectifs et cibles de développement durable, en particulier pour ce qui est de l’instauration de l'égalité des sexes ; de la prise de mesures urgentes pour lutter contre le changement climatique et ses effets ; et de la promotion d’une société juste, pacifique et inclusive.

Evoquant notamment des faiblesses institutionnelles, M. Bacalando Jr. a constaté que son pays n’était pas à l'abri de défis et de vulnérabilités s’agissant de la protection des droits de l'homme. À cet égard, il a demandé aux partenaires de son pays un niveau accru de collaboration et d'assistance au renforcement des capacités, qui soit adapté aux expériences nationales du pays – une assistance qui renforce non seulement des pratiques culturelles et un mode de vie valorisant la vie humaine, la préservation et la conservation de l’environnement naturel, mais aussi la survie du peuple et de la culture micronésiens.

Examen périodique universel : Liban

Le Conseil était saisi du rapport sur l'Examen périodique du Liban (A/HRC/47/5) qui s'est déroulé le 18 janvier 2021. Les trois rapporteurs chargés de faciliter cet Examen étaient la Bolivie, la Bulgarie et l’Indonésie.

Présentation

M. SALIM BADDOURA, Représentant permanent du Liban auprès des Nations Unies à Genève, a souligné que le Liban et son peuple vivent des circonstances dures, en raison de la crise politique et économique, qui font que le pays ne peut pas toujours remplir ses obligations en matière de droits de l'homme. Malgré cela, le Liban reste engagé à respecter et mettre en œuvre ses obligation internationales au regard des droits de l'homme. Mais il estime aussi que la question des droits de l'homme doit tenir compte des réalités.

C’est pour cette raison que le Liban n’a accepté que les recommandations qu’il pense pouvoir mettre en œuvre d’ici au prochain cycle, sans pour autant assurer que cela sera fait. le Liban a accepté 70% des recommandations qui lui ont été adressées. Il a partiellement accepté les recommandations relative au système de tutelle des travailleurs étrangers, également appelé kafala, convaincu de l’importance de ces recommandations. Bien que le Liban ne soit pas partie aux conventions relatives aux réfugiés et aux travailleurs étrangers (travailleurs migrants), il n’a jamais rechigné, malgré des ressources limitées, à accueillir des réfugiés sur son territoire, a ensuite souligné M. Baddoura. Le Liban garantit par ailleurs les droits civils et politiques à sa population et dispose d’une société civile libre, a-t-il fait valoir.

Dans la cadre de la lutte contre la corruption, le Liban – qui est partie à la Convention des Nations Unies contre la corruption – a adopté la semaine une loi sur les marchés publics qui vise à lutter contre ce phénomène. S’agissant du mariage des mineures, un processus législatif est en cours en vue de relever l’âge minimum du mariage, a d’autre part indiqué le Représentant permanent. La législation actuelle reconnaît le viol conjugal comme une violence domestique et un projet de loi actuellement à l’étude en fera bientôt un crime à part entière, a-t-il ajouté.

Aperçu du débat

Des délégations ont salué les efforts consentis par le Liban pour défendre les droits de l’homme, malgré les défis auxquels le pays est confronté. Ainsi, l’acceptation par le Liban des recommandations portant, entre autres, sur les droits des migrants, la participation des femmes, ainsi que la création d’une institution nationale de droits de l’homme et d’un mécanisme de prévention de la torture, a été jugée positive. La communauté internationale a été priée d’intensifier son soutien à la création de mécanismes destinés à soutenir l'économie libanaise et à réduire le fardeau de l'asile (aide aux réfugiés) et des déplacements de population résultant de l'occupation de territoires libanais.

Un intervenant a regretté que le Liban ait rejeté les recommandations l’appelant à assurer la sécurité des manifestants pacifiques, à mettre fin au recrutement d'enfants soldats par les groupes armés et à dissoudre et désarmer les milices et entités terroristes. De même, le refus du Liban d’accepter les recommandations sur l’abolition de la peine de mort et sur la ratification des Convention et Protocole relatifs au statut des réfugiés a été déploré. Il a en outre été recommandé au Liban de supprimer des restrictions discriminatoires à l’encontre des Palestiniens dans le domaine professionnel et dans l’accès au foncier.

Enfin, des organisations non gouvernementales (ONG) ont relevé que si le Liban s’est engagé à appliquer les recommandations visant à garantir que l'explosion du port de Beyrouth fasse l'objet d'une enquête, certaines autorités chargées de faire la lumière sur cette explosion avaient fait l’objet d’attaques. Les ONG ont appelé à la création d’une commission d’enquête indépendante sur cette explosion. Elles ont en outre appelé à la restitution des fonds pillés au Liban, ainsi qu’à l'adoption d’une loi sur l'indépendance de la justice et d'une loi garante d’élections démocratiques.

Liste des intervenants : Iraq, Israël, Koweït, Libye, Mauritanie, Maroc, Népal, Oman, Pakistan, Philippines, Qatar, Fédération de Russie, Arabie saoudite, Ensemble contre la peine de mort, Institut du Caire pour les études sur les droits de l’homme, Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté, VIDES, Commission internationale des juristes,Khiam Rehabilitation Center for Victims of Torture, Advocates for Human Rights, CIVICUS: Alliance mondiale pour la participation des citoyens, Human Rights Watch et Amnesty International.

Conclusion

Rappelant qu'Israël est une puissance occupante, M. BADDOURA a déclaré que le Liban ne participait pas à cette réunion pour entendre les déclarations moralisatrices d'une puissance occupante dont l'histoire est faite de violations des droits du peuple libanais.

Le Liban tiendra compte des appels à amélioration dans plusieurs domaines, notamment pour ce qui est de la lutte contre la corruption, a assuré le Représentant permanent. Le Gouvernement libanais a fait d’importants efforts pour garantir un espace d'expression démocratique dans les circonstances difficiles que traverse le pays, a-t-il par ailleurs affirmé.

Examen périodique universel : Mauritanie

Le Conseil était saisi du rapport sur l'Examen périodique de la Mauritanie (A/HRC/47/6) qui s'est déroulé le 19 janvier 2021. Les trois rapporteurs chargés de faciliter cet Examen étaient la Chine, la Libye et le Royaume-Uni.

Présentation

CHEIKH AHMEDOU SIDI, Commissaire aux droits de l'homme, à l'action humanitaire et aux relations avec la société civile de la Mauritanie, a déclaré que son pays a eu à cœur de considérer les recommandations qui lui ont été formulées et en a accepté 201, qui sont déjà mises en œuvre ou en passe de l’être. Les autres recommandations ont été considérées comme non compatibles avec la Constitution ou non conformes à la Constitution.

Ainsi, n’ont pas été soutenues les recommandations relatives à la ratification du deuxième Protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits civils et politiques (visant à abolir la peine de mort) et à l'adhésion au Statut de Rome de la Cour pénale internationale. La Mauritanie maintiendra cependant le moratoire de facto sur l’application de peine de mort qui est en place dans le pays depuis 1987, a précisé le Commissaire. D'autre part, le pays examinera sa position sur l'adhésion au Statut de Rome de la CPI en tenant compte des impératifs de ses intérêts nationaux, a-t-il indiqué.

Les recommandations relatives à la dépénalisation de l'homosexualité et des relations sexuelles consensuelles entre personnes du même sexe, ou encore à l'apostasie, la moquerie et l'adultère, n’ont pas été soutenues car elles violent les dispositions de la Constitution, a expliqué le Commissaire. Cependant, les étrangers et les non-musulmans sont libres de pratiquer leur religion en Mauritanie dans le respect des lois nationales et des valeurs morales, a-t-il ajouté.

La Mauritanie a accepté douze recommandations concernant la lutte contre l'esclavage et la prévention de la torture. Des travaux sont également en cours pour préparer une stratégie nationale de promotion et de protection des droits de l'homme sous la supervision du Haut-Commissariat aux droits de l'homme. Le Parlement a adopté en début d'année une nouvelle loi réglementant l'espace associatif et consacrant la liberté de réunion. Dans le domaine de la lutte contre la traite des êtres humains, les 29 recommandations ont toutes été approuvées. Un travail remarquable a été accompli dans ce domaine, puisque le Gouvernement a adopté la loi n°2020-017 relative à la prévention et à la répression de la traite des êtres humains et à la protection des victimes. Le Gouvernement intensifiera par ailleurs les campagnes de sensibilisation et de diffusion des lois contre la traite des êtres humains, contre l'esclavage ou encore contre la discrimination, a fait valoir le Commissaire. Les trois recommandations relatives à l'élimination de la torture ont également été acceptées, a-t-il indiqué. Par ailleurs, les 70 recommandations relatives aux enfants ont toute été acceptées. La Mauritanie entend donc travailler à la scolarisation des filles et lutter contre la mendicité des enfants. Des allocations seront également affectées aux familles ayant des enfants handicapés, a indiqué le Commissaire.

M. AHMED SALEM OULD BOUHOUBEYNI, Président de la Commission nationale des droits de l'homme de la Mauritanie (CNDH), a indiqué que la Commission qu’il préside continue de suivre la mise en œuvre des engagements internationaux et régionaux de la Mauritanie en matière de droits de l’homme, notamment pour ce qui est des recommandations adressées au pays dans le cadre de l’EPU. A cet égard, la CNDH note avec satisfaction que la Mauritanie a renforcé l’efficacité des institutions œuvrant dans le domaine des droits de l’homme et créé d’autres institutions comme la Délégation générale à la solidarité nationale et à la lutte contre l’exclusion (TAAZOUR) et l’Observatoire national des droits des femmes et des filles. A cet égard, la CNDH recommande une plus grande efficacité dans la gestion de l’agence TAAZOUR, ainsi que la transparence lors du processus de choix des membres de l’Observatoire susmentionné.

En ce qui concerne la traite des êtres humains, la CNDH note l’adoption de la loi N°2020-017 du 6 août 2020 relative à la prévention et la répression de la traite des personnes et la protection des victimes. Elle recommande qu’une plus grande activité de vulgarisation soit menée pour une mise en œuvre efficace de cette loi. La CNDH recommande aussi le renforcement des capacités financières et humaines des tribunaux spécialisés dans la lutte contre les pratiques d’esclavage.

Aperçu du débat

Les efforts du Gouvernement mauritanien pour renforcer la structure législative et institutionnelle, ratifier plusieurs conventions internationales, lutter contre la pauvreté et faire progresser le statut des femmes mauritaniennes, ainsi que sa lutte contre les formes contemporaines d'esclavage, ont été salués. Il a été souligné que la Mauritanie s’était engagée à soumettre un rapport volontaire à mi-parcours sur les progrès accomplis pour appliquer les recommandations qu'elle a acceptées pendant l’Examen périodique.

La Mauritanie a été appelée à renforcer sa coopération avec le Conseil et ses mécanismes, ce qui contribuerait notamment à l’harmonisation du cadre mauritanien des droits de l’homme avec les conventions relatives aux droits des femmes et à la discrimination raciale.

Des organisations non gouvernementales (ONG) ont salué l’acceptation par le pays de recommandations relatives au renforcement du secteur de la justice et à l’amélioration des conditions de détention. Il a cependant été regretté que la Mauritanie n’ait accepté aucune des recommandations relatives à l’abolition de la peine de mort. Des inquiétudes ont en outre été exprimées face à la persistance des mauvais traitements, de la traite et du trafic des migrants africains dans le pays, ainsi que face au durcissement des lois sur l’apostasie et le blasphème. La persistance des mutilations génitales féminines en Mauritanie a également été jugée préoccupante.

D’autre part, 28 recommandations portant sur la lutte contre la traite des personnes ont été acceptées par le pays, a-t-il été relevé : une ONG a espéré qu’il s’agissait là d’un signe que la fin de l’esclavage était placée en haut de l’agenda de la Mauritanie. Le nouveau Code sur la nationalité et le renforcement des capacités des tribunaux dans la lutte contre l'esclavage sont autant de signes encourageants de progrès en matière de promotion et de protection des droits humains, a-t-il été affirmé.

Liste des intervenants : Côte d'Ivoire, Cuba, Djibouti, Égypte, Éthiopie, Inde, Iraq, Koweït, Libye, Malawi, Mali, Maroc, Namibie, Ensemble contre la peine de mort, Minority Rights Group, Center for Global Nonkilling, RADDHO, Défense des enfants International,British Humanist Association,International Humanist and Ethical Union, Advocates for Human Rights, Maat for Peace, Development and Human Rights Association et Coordination nationale des associations des consommateurs.

Conclusion

CHEIKH AHMEDOU SIDI a remercié les délégations et les ONG qui ont participé au débat. La Mauritanie, a-t-il assuré, est engagée à mettre en œuvre les recommandations qu’elle a acceptées et à examiner avec attention les autres recommandations. La Mauritanie est attachée à sa collaboration avec le Conseil, a-t-il insisté. Il a attiré l’attention sur les importants progrès réalisés par son pays dans le cadre du dialogue constructif instauré avec la communauté internationale par le nouveau Président de la République.

Examen périodique universel : Saint-Kitts-et-Nevis

Le Conseil était saisi du rapport sur l'Examen périodique de Saint-Kitts-et-Nevis (A/HRC/47/7) qui s'est déroulé le 19 janvier 2021. Les trois rapporteurs chargés de faciliter cet Examen étaient l’Allemagne, le Pakistan et l’Uruguay.

Présentation

MME KAYE BASS, Secrétaire permanente du Ministère des affaires étrangères et de l'aviation de Saint-Kitts-et-Nevis, a déclaré que sur les 165 recommandations émises, son Gouvernement en a accepté 69 et a pris note des 96 autres. Elle a ensuite longuement exposé les mesures prises par son pays dans le contexte de la pandémie de COVID-19 dont – a-t-elle précisé – le virus a été importé en mars 2020 par un ressortissant revenant d’un voyage à l’étranger. Dès ce premier cas, le Gouvernement a fermé les frontières et déclaré l’état d’urgence dans le but de contenir l’épidémie, a-t-elle indiqué. Ces mesures ont, comme prévu, paralysé l'économie, en arrêtant notamment le tourisme, activité phare du pays. Environ 11 % de la population active s’est retrouvée sans emploi et les entreprises se sont effondrées. Le Gouvernement a annoncé en avril un train de mesures visant à atténuer les effets de cette crise, dont un plan de relance de 120 millions de dollars ; il a en outre réduit l'impôt sur les sociétés pour les employeurs, qui ont conservé 75 % de leurs effectifs. Il a aussi renoncé à la TVA et aux droits d'importation sur les produits liés à la pandémie, en plus des 13 millions de dollars investis dans du matériel et des fournitures médicales pour les hôpitaux et les centres de santé. Concernant le secteur de l’éducation, lui aussi affecté par la COVID-19, le Gouvernement a notamment fourni les équipements et outils nécessaires pour faciliter l’enseignement à distance, dans le but de favoriser l’inclusivité et l’accès à l’éducation pour tous, a poursuivi Mme Bass.

Saint-Kitts-et-Nevis reste par ailleurs déterminé à promouvoir les droits de l'homme des personnes handicapées. Depuis la ratification de la Convention relative aux droits des personnes handicapées en 2019, le Gouvernement s’est lancé dans un projet de collecte de données, ce qui devrait aider le Gouvernement à concevoir, mettre en œuvre, suivre et évaluer des programmes fondés sur des données probantes pour les personnes handicapées. Le Gouvernement introduira également les réformes juridiques et politiques nécessaires et intégrera le handicap dans le travail des agences gouvernementales, a fait valoir Mme Bass.

En ce qui concerne la promotion de la femme, Mme Bass a indiqué que les femmes continuent d'occuper des postes de direction, y compris des postes de secrétaires permanentes et autres postes de haut fonctionnaire dans l'ensemble du secteur public. Les secrétaires permanents sont essentiels car ils guident les ministres du Gouvernement dans la prise de décisions politiques, a précisé Mme Bass. La loi autorise la participation des femmes au processus politique et Saint-Kitts-et-Nevis a connu une augmentation de leur participation lors des dernières élections, a-t-elle par ailleurs fait valoir.

S’agissant de la jeunesse et de l’enfance, Saint-Kitts-et-Nevis dispose d’un centre de réadaptation pour mineurs (« New Horizons »), qui est un établissement pour jeunes à risque. Ce Centre travaille en étroite collaboration avec le Département des services de probation et de protection de l'enfance dont le mandat est de veiller à ce que chaque enfant jouisse du droit de vivre et de grandir comme un enfant, à l'abri de toutes les formes d'abus et de négligence, et se voie offrir toutes les possibilités de réaliser son plein potentiel.

Quant au système judiciaire de Saint-Kitts-et-Nevis, il continue de subir des changements positifs qui profitent aux citoyens et aux résidents.

Mais l'une des menaces les plus délétères qui pèse sur Saint-Kitts-et-Nevis est le changement climatique, d'autant plus que la plupart de la population vit le long du littoral et est donc exposée à l'élévation du niveau de la mer. Nous continuons de réaffirmer que le changement climatique continue de représenter une menace existentielle pour notre peuple ; il a déjà eu un impact négatif sur la pleine jouissance de tous les droits de l'homme, y compris le droit à la vie, le droit à l'alimentation, le droit à la santé, le droit à l'eau potable, le droit au travail et surtout le droit au développement, a insisté Mme Bass. A cet égard, elle a rappelé que la nature mondiale du changement climatique appelle à une coopération la plus large possible de tous les pays, de manière à garantir que les réponses soient coordonnées avec le développement social et économique des petits États insulaires en développement.

Aperçu du débat

Des délégations ont dit prendre note des efforts déployés par le Gouvernement de Saint-Kitts-et-Nevis pour sauvegarder les droits de l'homme de la population tout en répondant à la menace de la COVID-19 par l’application d’un plan d'action visant à préserver la vie et les moyens de subsistance des personnes touchées par la pandémie. Le Gouvernement a été félicité pour son programme de lutte contre la pauvreté et son fonds de secours d'urgence pour les victimes de la COVID-19. La baisse de 43 % du taux de natalité chez les adolescentes entre 2016 et 2018 a en outre été jugée très positive.

La ratification par le pays de la Convention contre la torture et de la Convention relative aux droits des personnes handicapées a été saluée, de même que l'acceptation des recommandations relatives aux mesures à prendre pour prévenir la discrimination à l'égard des personnes vivant avec un handicap.

Saint-Kitts-et-Nevis a été encouragé à poursuivre ses efforts visant à se conformer aux recommandations reçues lors de l'Examen, dont la plupart ont été acceptées. Le pays a notamment été encouragé à favoriser la participation des femmes à la vie politique et publique et à lutter contre la violence sexiste. Il a été recommandé que le pays veille à ce que les droits des groupes vulnérables, en particulier les femmes, les enfants, les personnes handicapées et les personnes âgées, soient protégés, dans la loi comme dans la pratique.

Des organisations non gouvernementales (ONG) se sont inquiétées que le Gouvernement ait seulement pris note de 96 des 165 recommandations qui lui ont été adressées et notamment de celles relatives à la ratification d'instruments pourtant très importants en matière de droits de l'homme, comme le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, ou encore la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. Il a en outre été recommandé que le pays impose un moratoire sur l’application de la peine de mort et abroge toutes les dispositions de la loi qui criminalisent les comportements homosexuels.

Liste des intervenants : Barbade, Botswana, Brésil, Cuba, Guyana, Inde, Maroc, Népal, Fédération de Russie, Tunisie, Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), Venezuela, Viet Nam,Commonwealth Human Rights Initiative,Center for Global Nonkilling, Advocates for Human Rights, Human Rights Watch et United Nations Watch.

Conclusion

MME BASS a assuré que son pays prend très au sérieux les obligations qu'il a contractées en vertu du droit international relatif aux droits de l'homme. L'adoption de notre rapport (au titre de l’EPU) nous poussera à prendre des mesures encore plus déterminées pour promouvoir les droits de l'homme de tous les citoyens et résidents à l'intérieur de nos frontières, a-t-elle déclaré.

Reprenant une déclaration du Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), Mme Bass a souligné que l'impact de la pandémie de COVID-19 sur les pays des Caraïbes s'est traduit par des défis à la fois internes et externes, dont les plus importants sont les pertes de revenus, la baisse des investissements, la hausse du chômage, l'augmentation de l'indigence et de la pauvreté, la faillite des petites et moyennes entreprises et les défis du système financier. Malheureusement, nous savons qu'étant donné le niveau élevé de vulnérabilité aux chocs exogènes, à la fois climatiques et économiques, et avec un niveau d'endettement relativement élevé, la reprise sera lente et longue, a-t-elle ajouté. Tout au long de cette pandémie, le Gouvernement de Saint-Kitts-et-Nevis a accordé la priorité à la santé, au bien-être et aux droits humains de sa population, a-t-elle souligné, avant de faire observer que le pays a enregistré beaucoup de progrès malgré ses vulnérabilités économiques et environnementales. Saint-Kitts-et-Nevis appelle donc la communauté internationale à s'associer à lui dans ses efforts pour renforcer sa résilience en vue d’un avenir plus durable où la promotion, la protection et le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales restent primordiaux, a conclu M. Bass.

 

HRC21.089F