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Le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes examine le rapport initial du Soudan du Sud

Compte rendu de séance

 

Le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes a examiné, aujourd’hui, le rapport initial soumis par le Soudan du Sud concernant l’application dans ce pays de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Pendant cet examen, plusieurs expertes membres du Comité ont félicité le Soudan du Sud d’avoir accepté, malgré les difficultés rencontrées en raison du conflit, de soumettre un rapport et de s’engager dans le processus de dialogue avec le Comité.

Il a été pris note de plusieurs progrès réalisés par le Soudan du Sud, notamment l’adoption de lois destinées à assurer une meilleure participation des femmes dans la gouvernance du pays. Ainsi, une experte s’est-elle félicitée de la volonté du Gouvernement de faire appliquer le quota de 35% de femmes dans la commission chargée d’élaborer la nouvelle constitution.

Cependant, a constaté une experte, la Constitution de transition est insuffisante en ce qu’elle ne contient pas de définition précise de la discrimination directe et indirecte. Une autre experte a voulu savoir s’il était prévu d’éliminer les dispositions juridiques discriminatoires envers les femmes, et de s’attaquer aux coutumes qui perpétuent les discriminations envers les femmes et les filles.

D’autre part, les tribunaux sud-soudanais étant habilités à appliquer le droit coutumier, les femmes victimes de discrimination doivent pouvoir faire appel, si nécessaire, devant des tribunaux de droit commun, a recommandé une experte. Le Soudan du Sud devrait affirmer la prééminence du droit international sur le droit positif et sur les autres sources de droit dans le pays, a-t-il également été recommandé.

Une experte a fait part de ses préoccupations face à ce qu’elle a qualifié d’atrocités commises sur des femmes et des filles au Soudan du Sud, évoquant notamment des exécutions illégales, des actes torture et des violences sexuelles. Il est impératif que la justice transitionnelle puisse traiter les causes profondes de ces phénomènes, qui sont liées à l’inégalité entre les sexes, a-t-elle insisté. À cet égard, l’experte a salué la décision récente du Gouvernement de créer un tribunal hybride pour juger les auteurs des crimes les plus graves, y compris les violences sexuelles.

D’autres préoccupations ont été exprimées, pendant le débat, s’agissant notamment du fait que de très nombreuses filles au Soudan du Sud ne sont pas scolarisées en raison de mariages ou de grossesses précoces, ou encore des tâches ménagères que les filles doivent assumer.

Présentant le rapport de son pays, Mme Aya Benjamin Libo Warille, Ministre de l'égalité des sexes, de l’enfance et des affaires sociales du Soudan du Sud, a d’abord évoqué les mesures prises pour mettre fin à la violence fondée sur le genre et à la violence sexuelle liée aux conflits, avec en particulier l’ouverture de dix-sept unités de protection spéciale dans des postes de police, ainsi que douze centres d’accueil dotés de services intégrés pour permettre aux survivants de cette violence d'accéder à la justice. Sur le plan judiciaire, des tribunaux mobiles ont été mis en place dans les États pour juger les affaires de violence fondée sur le genre et sexuelle à l'égard des femmes, a notamment ajouté la Ministre.

D’autre part, Mme Warille a indiqué que son Ministère s’efforce de faire approuver par l’Assemblée législative nationale revitalisée de transition (R-TNLA) le projet de loi de 2019 contre la violence sexiste, de même que le projet de directives nationales pour l'établissement de foyers d'accueil pour victimes de la violence sexuelle. La Ministre a ensuite fait état des progrès réalisés concernant la mise en œuvre de l'Accord revitalisé sur la résolution du conflit au Soudan du Sud (R-ARCSS). Elle a ainsi indiqué, entre autres, que l'Assemblée législative nationale de transition compte 154 femmes sur 550 députés, soit 28%, et que le Conseil des États compte 25 femmes sur cent Conseillers. Mme Warille a par ailleurs fait état de l'élaboration en cours d'un projet de loi portant création d’un fonds pour les femmes et les entreprises.

La Ministre a ensuite souligné que le Soudan du Sud disposait déjà de cadres juridiques progressistes concernant les droits fonciers des femmes. Le problème réside dans l'absence de mécanisme d’application de ces droits, surtout dans un contexte de pluralisme juridique où les droits fonciers formels des femmes ne sont pas applicables au régime coutumier, a-t-elle fait observer.

La délégation sud-soudanaise était également composée de la Vice-Présidente du Conseil des États du Soudan du Sud, ainsi que de plusieurs représentants du Ministère de l’égalité des sexes, de l’enfance et des affaires sociales et du Ministère des affaires étrangères.

 

Le Comité entamera, demain matin à 10 heures, l’examen du rapport de l’Afrique du Sud.

 

Examen du rapport

Le Comité était saisi du rapport initial du Soudan du Sud (CEDAW/C/SSD/1), ainsi que des réponses du pays à une liste de points à traiter qui avait été soumise par le Comité.

Présentation

Le rapport a été présenté par MME AYA BENJAMIN LIBO WARILLE, Ministre de l'égalité des sexes, de l’enfance et des affaires sociales du Soudan du Sud .

La Ministre a d’abord évoqué les mesures prises par son pays pour mettre fin à la violence fondée sur le genre et à la violence sexuelle liée aux conflits. Le Gouvernement a ainsi ouvert dix-sept unités de protection spéciale dans des postes de police, ainsi que douze centres d’accueil dotés de services intégrés – médicaux, psychologiques, juridiques et de sécurité – pour permettre aux survivants de cette violence d'accéder à la justice.

Sur le plan judiciaire, des tribunaux mobiles ont été mis en place dans les États pour juger les affaires de violence fondée sur le genre et sexuelle à l'égard des femmes, a poursuivi la Ministre. Un tribunal militaire est chargé de juger les affaires de violence fondée sur le genre et la violence contre les femmes imputables aux forces organisées. Le Gouvernement a aussi ouvert au sein de l'appareil judiciaire un tribunal spécialisé dans les affaires de violence sexuelle et sexiste à l'encontre des femmes et des filles. Procureurs et policiers reçoivent une formation continue sur la manière d'enquêter sur les cas de violence sexuelle.

D’autre part, la Ministre a indiqué que son Ministère s’efforce de faire approuver par l’Assemblée législative nationale revitalisée de transition (R-TNLA) le projet de loi de 2019 contre la violence sexiste, de même que le projet de directives nationales pour l'établissement de foyers d'accueil pour victimes de la violence sexuelle.

La Ministre a ensuite fait état des progrès réalisés concernant la mise en œuvre de l'Accord revitalisé sur la résolution du conflit au Soudan du Sud (R-ARCSS). Elle a ainsi indiqué que le chapitre premier de l’Accord prévoit une représentation des femmes de 35% à tous les niveaux. Actuellement, l'Assemblée législative nationale de transition compte 154 femmes sur 550 députés, soit 28% ; le Conseil des États compte 25 femmes sur cent Conseillers. Mme Warille a souligné que son Ministère avait exprimé son inquiétude face à un déclin de la représentation des femmes dans les exécutifs des États et avait appelé les parties à l'Accord à respecter leurs obligations. À cet égard, a-t-elle indiqué, le Gouvernement est en train d'élaborer un « projet de loi sur l'action positive » pour garantir la mise en œuvre du quota prévu par l'Accord et par la Constitution.

Concernant le chapitre deux de l’Accord, a ajouté la Ministre, le Gouvernement s'est engagé à intégrer la dimension de genre dans le secteur de la sécurité, qu’il s’agisse des opérations ou du recrutement du personnel. Des formations pour les femmes dans le secteur de la sécurité sont menées dans tout le pays.

Concernant le chapitre quatre – sur la gestion des ressources, de l'économie et des finances –, un consensus a été atteint en faveur de d’une réforme de la gestion des finances publiques pour qu’elle tienne compte des besoins des femmes, a d’autre part indiqué Mme Warille. Elle a en outre fait état de l'élaboration en cours d'un projet de loi portant création d’un fonds pour les femmes et les entreprises. Le Ministère de l'égalité des sexes propose d'affecter l’équivalent de 100 millions de dollars des États-Unis à la création du fonds, sur une période de dix ans, a précisé la Ministre.

Mme Warille a ensuite souligné que le Soudan du Sud disposait déjà de cadres juridiques progressistes concernant les droits fonciers des femmes. Le problème réside dans l'absence de mécanisme d’application de ces droits, surtout dans un contexte de pluralisme juridique où les droits fonciers formels des femmes ne sont pas applicables au régime coutumier, a-t-elle fait observer.

Enfin, le chapitre six de l’Accord demande l'inclusion des femmes dans le processus de révision de la Constitution – et notamment leur participation, à hauteur de 35% au minimum, aux consultations sur la reconstitution de la commission nationale de révision constitutionnelle, a rappelé la Ministre.

Mme Warille a conclu son intervention en indiquant que son pays, confronté à de nombreuses difficultés dans un contexte de conflit, faisait appel à la communauté internationale pour qu'elle l’aide à protéger les droits des femmes et des filles.

Questions et observations des membres du Comité

Des expertes ont félicité le Soudan du Sud d’avoir soumis son rapport et accepté de s’engager dans le processus de dialogue avec le Comité, malgré les difficultés rencontrées par le pays en raison du conflit. Il a été pris note de plusieurs progrès réalisés par le Soudan du Sud, notamment l’adoption de lois et normes destinées à assurer une meilleure participation des femmes dans la gouvernance du pays.

Une experte s’est félicitée de la volonté du Gouvernement de faire appliquer le quota de 35% de femmes dans la commission chargée d’élaborer la nouvelle Constitution. En l’état, a ajouté cette experte, la Constitution de transition est insuffisante en ce qu’elle ne contient pas de définition précise de la discrimination directe et indirecte. Le Soudan du Sud devrait, en outre, affirmer la prééminence du droit international sur le droit positif et sur les autres sources de droit dans le pays mentionnées par la cheffe de la délégation, a ajouté l’experte.

Les femmes étant au cœur de la reconstruction juridique et institutionnelle du pays, un processus de dialogue structuré avec la société civile est nécessaire dans ce contexte, a ajouté la même experte, s’interrogeant sur des restrictions de l’espace civique aujourd’hui au Soudan du Sud.

Une experte a fait part de ses préoccupations face à ce qu’elle a qualifié d’atrocités et crimes commis sur des femmes et des filles au Soudan du Sud, comme des exécutions illégales, des actes torture et des mauvais traitements, ainsi que des violences sexuelles. Il est impératif, a insisté l’experte, que la justice transitionnelle puisse traiter les causes profondes de ces phénomènes – causes qui sont liées à l’inégalité entre les sexes – et que les femmes soient impliquées dans ces processus, y compris dans l’établissement de la vérité. À cet égard, l’experte a salué la décision récente du Gouvernement de créer un tribunal hybride pour juger les auteurs des crimes les plus graves, y compris les violences sexuelles.

Une experte s’est enquise du budget consacré à l’intégration de la dimension de genre dans l’ensemble de l’action gouvernementale. Elle s’est également enquise du rôle les femmes dans les plans gouvernementaux visant à faire face aux effets du changement climatique.

Une experte a fait état d’enlèvements de femmes et de filles par des groupes armés, ajoutant qu’un nombre inconnu de femmes et d’enfants ne sont toujours pas localisés. Elle a aussi évoqué des arrestations arbitraires de femmes et d’enfants, accompagnées de mauvais traitements, de la part des membres des forces gouvernementales.

D’autres questions ont interrogé l’existence de plans visant à éliminer les dispositions juridiques discriminatoires envers les femmes et à s’attaquer aux coutumes qui perpétuent les discriminations envers les femmes et les filles.

Une experte a salué les dispositions progressistes figurant dans la Constitution de transition contre les pratiques préjudiciables aux femmes, ainsi que l’adoption d’un plan stratégique pour éliminer le mariage d’enfants. Mais l’experte a aussi relevé l’existence, au Soudan du Sud, de stéréotypes sexistes généralisés qui semblent normaliser la violence contre les femmes. L’experte a déploré la reconnaissance, par la Constitution, de coutumes et traditions qui justifient la violence envers les femmes et des pratiques telles que les mutilations génitales féminines.

Dans un tel contexte, l’accès aux droits est très important, a souligné une autre experte. Au Soudan du Sud, où les tribunaux peuvent appliquer le droit coutumier, les femmes victimes de discrimination doivent pouvoir faire appel, si nécessaire, devant des tribunaux de droit commun, a-t-elle insisté.

La délégation a aussi été priée de dire s’il était envisagé d’adopter des mesures temporaires spéciales (telles que prévues à l’article 4 de la Convention) pour assurer une participation effective des femmes dans la vie politique et aussi pour remédier au problème de la violence sexiste – qu’une experte a qualifié de grave au Soudan du Sud.

La délégation a été priée de dire ce qui était fait pour intégrer davantage de femmes dans les services de sécurité sud-soudanais.

Une experte a estimé que la loi sur la nationalité était discriminatoire envers les femmes : elles peuvent en effet être contraintes de produire des témoins pour prouver leur nationalité sud-soudanaise – une exigence à laquelle les hommes ne sont pas soumis.

Une experte a constaté que de très nombreuses filles au Soudan du Sud n’allaient pas à l’école, en raison de mariages ou grossesses précoces, voire à cause des tâches ménagères que les filles doivent assumer. D’autre part, a-t-elle relevé, plus de 200 attaques ont été commises contre des écoles par des membres des forces armées. D’autres questions de l’experte ont porté sur le renforcement de l’enseignement à distance et sur le programme d’éducation sexuelle à l’école. Une autre experte a regretté que seulement 8,5% du budget de l’État soit consacré à l’éducation.

Une experte a voulu savoir comment le Soudan du Sud veillait à l’application effective des principes relatifs à l’égalité entre les sexes posés par la Constitution. L’experte a insisté sur l’importance de verser aux femmes un salaire égal pour un travail de valeur égale ; elle a en outre relevé que les femmes occupent souvent des emplois moins valorisés et sont donc moins bien payées.

Une experte a relevé des carences dans le système de santé sud-soudanais, notamment la vétusté des installations et les pénuries de personnels et de médicaments. Un très faible pourcentage de femmes utilise des moyens de contraception fiables, a-t-elle également relevé. Elle a en outre souhaité savoir ce qui était fait pour remédier au taux élevé de mortalité maternelle. D’autre part, la pandémie a fortement réduit l’accès des femmes et des filles rurales – mais aussi des femmes et des filles vivant dans des camps de réfugiés – aux services de santé, a souligné l’experte.

D’autres questions des membres du Comité ont porté sur le système de protection sociale sud-soudanais. Une experte s’est enquise des prestations de sécurité sociale offertes aux femmes travaillant dans l'économie informelle, à celles qui sont déplacées à l'intérieur du pays ou encore à celles qui ne peuvent pas entreprendre d'activités génératrices de revenus en raison de la pandémie ou des catastrophes naturelles.

Une experte a demandé combien de femmes étaient en attente d’exécution capitale au Soudan du Sud.

D’autres questions ont porté sur la redistribution de la rente pétrolière.

Enfin, une experte s’est dite enthousiasmée par les exploits de l’équipe sud-soudanaise de football féminin, par les progrès que la création elle-même de cette équipe révèle, et par l’exemple que cette équipe donne en matière d’autonomisation des femmes et des filles.

Réponses de la délégation

Les instruments internationaux ratifiés par le Soudan du Sud deviennent partie intégrante de la charte des droits ( Bill of Rights) [la Constitution de transition de 2011 (telle que modifiée) comporte une charte des droits], a indiqué la délégation. Un processus de révision de la charte fondamentale est en cours avec la participation active des femmes, a-t-elle ajouté. Place du droit coutumier, âge minimal du mariage : autant de sujets auxquels les constituants s’attaquent, toujours avec la participation des femmes, a insisté la délégation. De nombreux députés et membres du Conseil des États sont partisans d’une nouvelle constitution qui tienne pleinement compte des droits des femmes, a-t-elle souligné.

Le Soudan du Sud est en train de finaliser un plan d’action sur les femmes, la paix et la sécurité, conformément au programme donné par la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur ce sujet, a par ailleurs fait savoir la délégation.

S’agissant des questions budgétaires, la délégation a indiqué que le Gouvernement avait sollicité des experts extérieurs pour le conseiller en matière de budgétisation sexospécifique. Des organisations non gouvernementales locales aident les députés à établir des budgets tenant compte de la dimension de genre. Les fonctionnaires du Ministère des finances reçoivent aussi des formations sur ce sujet. La réforme des finances publiques, prévue par l’Accord revitalisé, tient compte de la dimension sexospécifique, a en outre souligné la délégation.

Le Gouvernement, a dit la délégation, est bien conscient de l’importance de la participation des femmes dans toutes les institutions de gouvernance du pays, raison pour laquelle la Constitution de transition prévoit un quota de 35% de femmes dans les institutions politiques. Il s’agit d’un objectif à long terme, pour la réalisation duquel le Gouvernement travaille activement. Le Gouvernement entend non seulement que davantage de femmes occupent des postes à responsabilité, mais aussi qu’elles soient en mesure d’y jouer un rôle vraiment déterminant.

Le Gouvernement a lancé en 2020 une évaluation des effets de l’industrie pétrolière sur l’environnement, a d’autre part indiqué la délégation. Le Gouvernement veille, par des mécanismes auxquels les femmes sont associées, à ce que les bénéfices tirés de cette industrie profitent effectivement aux populations. Le Gouvernement fait par ailleurs en sorte que les femmes participent aux dialogues sur les plans d’atténuation des effets du changement climatique.

Le tribunal spécialisé dans les violences sexuelles, qui a commencé ses activités, est fondé sur un modèle zambien et fonctionne avec le concours d’organisations non gouvernementales. Une nouvelle loi qu’il est prévu d’adopter traitera de manière unifiée et rationnelle tous les cas de violence sexuelle, a indiqué la délégation.

Les unités de protection spéciale pour les femmes sont habilitées à recevoir les plaintes de victimes de violence, a poursuivi la délégation. Le Gouvernement sud-soudanais entend intégrer systématiquement à chacune de ces unités au moins une femme formée pour orienter les victimes vers les services compétents, a-t-elle précisé.

La délégation a d’autre part fait état d’une professionnalisation en cours des juges, procureurs et fonctionnaires de justice, afin qu’ils sachent comment procéder face à des affaires de violence sexuelle.

La pratique des mutilations génitales féminines existe mais est rare au Soudan du Sud, a ensuite affirmé la délégation.

Quant au mariage d’enfants, a ajouté la délégation, il s’agit d’un fait culturel contre lequel le Gouvernement a adopté un programme de sensibilisation en vue de l’éradiquer. Le programme en la matière vise surtout les populations pastorales, principales concernées par ce problème, a précisé la délégation. Le Gouvernement prend cette situation très au sérieux et, à Juba par exemple, tout citoyen célébrant un tel mariage est traduit en justice, la sanction pouvant consister en une peine de prison.

Le Gouvernement a créé en 2019 un groupe de travail chargé de coordonner la lutte contre la traite des êtres humains sur le plan national, a d’autre part souligné la délégation. Le groupe organise des visites sur le terrain pour sensibiliser les populations sur des pratiques coutumières assimilables à la traite de personnes. Le groupe dresse aussi une liste de « bonnes pratiques » utilisées par des pays voisins contre ce phénomène. Le groupe a en outre procédé à une analyse des lacunes dans les lois en vigueur, afin qu’il y soit remédié dans le cadre du processus d’harmonisation juridique interne qui est en cours dans le pays.

Le projet loi sur la violence sexiste qui est en cours d’examen prévoit l’incrimination du viol conjugal, a indiqué la délégation, avant de souligner que le Ministère de l’égalité entre les sexes plaidait avec force pour l’adoption de ce texte.

Répondant à une question soulevée au sujet de la nationalité, la délégation a déclaré que l’intention du Gouvernement était d’abord de régler le problème des certificats de naissance, dont l’absence suscite de nombreux problèmes pour les personnes qui en sont privées.

Concernant l’éducation, la délégation a notamment fait savoir que le Gouvernement sud-soudanais appliquait avec succès un ensemble de mesures pour que les filles puissent rester à l’école. Les jeunes filles enceintes ou allaitantes sont encouragées à poursuivre leur scolarité grâce à des subventions, a-t-elle précisé.

L’éducation sexuelle doit encore être intégrée aux programmes scolaires de manière systématique, cet enseignement étant pour l’heure dispensé dans un nombre restreint d’établissements, a ajouté la délégation. Les autorités mènent des campagnes de sensibilisation sur les risques du mariage et de la grossesse précoces et la déscolarisation des filles est citée au premier rang de ces risques, a-t-elle expliqué.

Le Gouvernement a d’autre part adopté un « plan d’action contre l’occupation des écoles par l’armée » jusqu’en 2022. Ce plan est appliqué avec tous les signataires de l’Accord revitalisé et l’évacuation des écoles se fait de manière progressive, a indiqué la délégation.

La scolarisation des filles est encouragée par des aides financières et des bourses, a poursuivi la délégation, faisant valoir que le taux d’inscription des filles à l’école avait augmenté. Toutes les filières d’enseignement sont ouvertes aux filles, y compris les matières scientifiques et techniques relatives, par exemple, à l’exploitation pétrolière, a-t-elle ajouté. Pour encourager les filles à saisir ces opportunités, le Gouvernement mène des campagnes de sensibilisation qui ont de bons résultats, a-t-elle insisté.

S’agissant des questions de travail, les femmes reçoivent effectivement des salaires égaux, conformément aux dispositions progressistes de la Constitution et du Code du travail, a assuré la délégation.

Le Ministère de l’égalité des sexes entend collaborer avec le Ministère du travail pour lancer une vaste campagne de lutte contre le harcèlement au travail, a aussi fait savoir la délégation.

Au Soudan du Sud, il existe un congé maternité, de même qu’un congé paternité – ce dernier étant mal connu des hommes, ce qui amène le Gouvernement à intensifier ses efforts de sensibilisation à ce sujet, a par ailleurs indiqué la délégation. Dans le secteur privé, certaines dispositions légales sont mal appliquées et, de fait, une femme qui prendrait tout son congé maternité risquerait de perdre son emploi : des efforts sont là aussi nécessaires, a affirmé la délégation.

Répondant aux questions sur la santé, la délégation a notamment indiqué que la culture sud-soudanaise interdisait encore l’accès des femmes seules aux services de planning familial, surtout en zone rurale. Le Gouvernement applique une stratégie à long terme pour encourager le recours aux contraceptifs, qui sont encore peu utilisés. L’avortement est illégal au Soudan du Sud, a en outre rappelé la délégation.

S’agissant de la riposte à la COVID-19, le Gouvernement s’efforce d’offrir des services de prévention et de soutien aux personnes les plus affectées, à Juba essentiellement, mais aussi dans d’autres grandes localités, a indiqué la délégation. Le Gouvernement compte sur l’aide des bailleurs de fonds internationaux pour financer les mesures prévues pour atténuer les conséquences de la pandémie sur les populations les plus vulnérables. Des campagnes de sensibilisation à l’importance de la vaccination ont été lancées, a d’autre part souligné la délégation.

La délégation a aussi fait part des efforts des ministères concernés pour renforcer la capacité de l’État en matière de sécurité sociale.

La loi du Soudan du Sud contient déjà de nombreuses dispositions conformes à la Convention relative aux droits des personnes handicapées, a notamment affirmé la délégation en réponse aux demandes de plusieurs membres du Comité.

La délégation a par ailleurs indiqué que les femmes rurales bénéficiaient de soutiens matériels en ce qui concerne l’accès aux soins de santé ou encore, par exemple, l’accès aux intrants nécessaires pour l’exploitation agricole. Les femmes propriétaires de leurs terres sont minoritaires, a ensuite reconnu la délégation, avant de souligner que le Gouvernement préparait une loi destinée à améliorer l’accès des femmes au foncier.

Des questions de membres du Comité ayant porté sur des allégations de discrimination envers les femmes musulmanes au Soudan du Sud, la délégation a assuré qu’en vertu de la loi, chaque personne accédait aux services indépendamment de son appartenance ethnique ou religieuse. Elle a ajouté que le Gouvernement reconnaissait aussi le droit de chacun de pratiquer librement sa religion.

Enfin, a souligné la délégation, si les tribunaux coutumiers n’ont pas le droit d’infliger la peine de mort, il est vrai que le système coutumier complique l’accès des femmes à la justice et à la réalisation de certains droits, notamment en matière foncière et de propriété. Des consultations sont menées en vue de la rédaction d’un code de la famille qui tienne compte des particularités de chaque région, a ajouté la délégation.

Remarques de conclusion

MME WARILLE a remercié les membres du Comité pour les questions qu’elles ont posées dans le cadre d’un dialogue qu’elle a jugé très productif et riche d’enseignements. Si les plans du Gouvernement sont très bons sur le papier, il est toutefois difficile, en l’absence de paix, d’avancer dans la création d’un espace de vie sûr pour les femmes et les filles du Soudan du Sud, a fait remarquer la Ministre.

MME GLADYS ACOSTA VARGAS, Présidente du Comité, a remercié la délégation pour les informations additionnelles qu’elle a fournies au Comité au sujet de la situation des femmes au Soudan du Sud.

 

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CEDAW21.020F