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Afghanistan : Michelle Bachelet dénonce « l’oppression systémique » des femmes

Depuis le retour au pouvoir des Talibans en août 2021, le peuple afghan vit « l’un des moments les plus sombres de toute une génération », a dénoncé mercredi la Cheffe des droits de l’homme de l’ONU, relevant que la « situation des femmes est désormais critique ».

Lors de l’examen du rapport de l’Afghanistan devant le Conseil des droits de l’homme qui s’est poursuivi ce jeudi, la Haute-Commissaire Michelle Bachelet a critiqué « l’oppression systémique institutionalisée » exercée par le régime taliban sur les femmes et les filles afghanes. « Les femmes afghanes sont rapidement confrontées au pire scénario que beaucoup craignaient », a affirmé Mme Bachelet.

Bien que l’Afghanistan ait ratifié plusieurs traités internationaux, les autorités de facto sont loin de se conformer à ces obligations internationales, tant en matière de politique que de pratique, pour respecter et protéger les droits des femmes et des filles.

Plus d’un million de lycéennes privées d’écoles

Et malgré la promesse d’un régime plus souple que la stricte application de la loi islamique qui avait caractérisé le premier passage des Talibans à la tête du pays, entre 1996 et 2001, un grand nombre de restrictions a déjà fait son retour.

Selon Mme Bachelet, l’interdiction d’un enseignement secondaire de qualité pour les filles, qui touche directement 1,1 million de lycéennes, se poursuit, les privant d’avenir.

Plus largement, des dizaines de milliers d’écolières ont été exclues des écoles secondaires afghanes, alors que beaucoup de femmes occupant des postes de fonctionnaire n’ont pas pu reprendre le travail. Les femmes se sont également vu interdire de voyager seules, et ne peuvent se rendre dans les parcs et jardins publics de Kaboul que certains jours, les autres étant dévolus aux hommes.

Depuis mars, plusieurs autres décrets ont été adoptés, qui ont un impact sur les droits des femmes et des filles. L’application d’une règle stricte en matière de hijab se poursuit. Des barrières sont en place pour l’accès des femmes à l’emploi, y compris pour les travailleuses des ONG dans l’exercice de leurs fonctions.

Une oppression institutionnalisée des femmes

Les femmes n’ont aucune possibilité de participer à la vie publique et politique ; et leur liberté de mouvement a été sévèrement limitée. Finalement, ces sévères restrictions imposées à la liberté de mouvement des femmes « impactent négativement presque tous les aspects de leurs vies, y compris la capacité des femmes et de leurs enfants à accéder aux services de santé, moyens de subsistance, et à l’aide humanitair e» a souligné la Haute-Commissaire.

Mme Bachelet, qui a visité l’Afghanistan en mars, a décrit ses rencontres avec des femmes, qui continuent à exiger le respect de leurs droits en dépit « d’obstacles inimaginables ». « Leur situation est critique », a-t-elle déclaré, ajoutant : « Laissez-moi être claire, ce dont nous sommes témoins aujourd’hui en Afghanistan, c’est de l’oppression institutionnalisée et systématique des femmes ».

« Le courage dont ont fait preuve ces femmes pour revendiquer leurs droits était frappant - leur lutte se déroule au milieu de défis inimaginables, mais elles continuent à réclamer courageusement le droit d’être entendues », a détaillé Mme Bachelet, louant le courage de femmes et hommes, qui s’efforcent de construire « une société juste et équitable où les droits de tous sont respectés ».

Des femmes attendent dans une clinique en Afghanistan.
© UNICEF/Alessio Romenzi
Des femmes attendent dans une clinique en Afghanistan.

Pour l’ONU, il faut écouter les voix des femmes et des filles

Après des années de conflit, et depuis la prise du pouvoir par les Talibans en août dernier, le pays est plongé dans une profonde crise économique, sociale, humanitaire et des droits de l’homme.

Selon l’ONU, avec des taux de chômage en hausse actuellement, plus de 90% des ménages sont confrontés à un niveau élevé d’insécurité alimentaire, avec un impact différentiel et dévastateur sur les personnes les plus vulnérables - ménages dirigés par des femmes, personnes âgées, personnes handicapées et enfants.

L’accès aux services de base, notamment aux soins de santé, diminue également. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 18 millions de personnes ont besoin de services de santé, dont 3,19 millions d’enfants de moins de cinq ans. « Pour le peuple afghan, la sortie de crise ne peut reposer sur les efforts d’une minorité », a-t-elle insisté.

« Pour amener la société afghane vers la paix, il est crucial que tous les Afghans soient représentés dans les processus de décision politique », a fait valoir Mme Bachelet, avant d’ajouter : « Cela implique d’écouter les voix des femmes et des filles ».

La Cheffe des droits de l’homme demande également à la communauté internationale de veiller à ce que des fonds supplémentaires soient immédiatement mis à disposition pour permettre aux Afghans de dépasser durablement les crises économique et humanitaire actuelles. « Faute de quoi la souffrance humaine généralisée en Afghanistan persistera », a mis en garde Mme Bachelet.