Aller au contenu principal

Des millions d’Ukrainiens touchés par les attaques incessantes contre les infrastructures énergétiques

Les attaques incessantes contre les infrastructures énergétiques en Ukraine entraînent une crise énergétique majeure dans le pays, avec des coupures et des pannes de courant répétées, y compris dans la capitale Kyïv, ont alerté jeudi les Nations Unies.

« Des millions de personnes en Ukraine sont aujourd’hui privées d’électricité, d’eau ou de chauffage à la suite d’une vague d’attaques de missiles qui ont touché des infrastructures essentielles dans au moins 16 des 24 régions du pays, ainsi que dans la capitale ukrainienne, Kyïv », a indiqué le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU, dans son dernier rapport de situation.

Le 15 novembre, par exemple, une nouvelle vague d’attaques de missiles - la plus importante sur les infrastructures énergétiques depuis le début de la guerre, selon le ministère de l’Énergie - a laissé des millions de personnes en Ukraine sans électricité, eau ou chauffage.

Ces dernières semaines, des vagues d’attaques contre les infrastructures énergétiques ont contraint le pays à adopter des coupures de courant d’urgence dans toutes les régions ukrainiennes. Des millions de personnes sont confrontées à des coupures de courant constantes dans les grandes agglomérations du pays.

Le manque d’énergie affecte également le pompage de l’eau 

Dans la ville de Kherson, par exemple, les habitants n’ont ni eau ni électricité depuis plus de deux semaines. Dans le même temps, les marchés manquent de nourriture et la plupart des magasins sont vides », a détaillé OCHA, ajoutant que les pharmacies et les centres de santé n’ont pas de médicaments.

Depuis octobre, la Russie a multiplié les frappes sur les infrastructures énergétiques de l’Ukraine, ce qui a provoqué la destruction d’au moins un tiers de ses capacités dans ce domaine, juste avant l’hiver.

Selon OCHA, le manque d’énergie affecte également le pompage de l’eau, s’ajoutant aux difficultés déjà rencontrées par des millions de personnes pour accéder à l’eau potable ou faire fonctionner leur système de chauffage à domicile.

Cette question énergétique a été d’ailleurs au cœur de la réunion du Conseil de sécurité mercredi à New York. Selon la cheffe des affaires politiques de l’ONU, Rosemary DiCarlo, les bombardements ont déjà endommagé environ 40% de la capacité de production d’électricité du pays.

Le 1er octobre 2022 à Shybene, dans l'oblast de Kyïv, en Ukraine, ce qui reste d'une maison après qu'elle a été bombardée en mars 2022.
© UNICEF/Andriy Boiko
Le 1er octobre 2022 à Shybene, dans l'oblast de Kyïv, en Ukraine, ce qui reste d'une maison après qu'elle a été bombardée en mars 2022.

L’urgence de livrer de l’aide et des services pour l’hiver 

La capitale Kyïv est la plus durement touchée, la plupart des quartiers de la ville étant désormais privés d’électricité 12 heures par jour, a affirmé Rosemary DiCarlo. Cette situation survient à un moment critique où la température descend en dessous de zéro. Selon l’ONU, cela fait craindre une grave crise humanitaire pendant le rude hiver ukrainien si les gens ne sont pas en mesure de chauffer leurs maisons.

« Près de neuf mois après le début de la guerre totale, les hostilités et les attaques persistent dans toute l’Ukraine, en particulier dans l’est et le sud du pays, endommageant les infrastructures civiles essentielles - notamment l’énergie - et augmentant les besoins urgents de millions de personnes », a souligné OCHA.

Sur le terrain, la priorité des humanitaires reste « l’aide critique et opportune » aux zones récemment reprises de l’Ukraine et la résolution des problèmes liés à l’hiver et aux coupures de courant.

Jusqu’à présent, plus de 185.000 personnes ont reçu des fournitures hivernales essentielles. Selon l’ONU, les partenaires humanitaires installent également des « points de chauffage » près des lignes de front, et plus de 500 générateurs sont distribués aux hôpitaux, cliniques et autres institutions prioritaires.

Les organisations humanitaires ciblent 2,4 millions de personnes à aider avec des fournitures ou des services d’hiver, y compris les réparations des maisons et des centres collectifs. Cela inclut des réparations légères et moyennes de 1.150 centres collectifs (sur plus de 7.000) pour les personnes déplacées dans toutes les régions d’Ukraine.

Sept types de mines antipersonnel utilisées par la Russie

De son côté, l’Observatoire des Mines a indiqué que la Russie a utilisé au moins sept types de mines antipersonnel depuis son invasion en Ukraine le 24 février, faisant plus 5.500 victimes en 2021 dont 75% de civils.

Au moins sept types de mines terrestres ont été utilisés par les forces russes en Ukraine depuis février 2022.

Il s’agit d’une situation sans précédent dans laquelle un pays non-signataire du Traité d’Ottawa utilise cette arme sur le territoire d’un Etat partie (l’Ukraine). « C’est la première fois qu’un pays signataire du traité d’interdiction des mines est confronté à l’utilisation de mines sur son territoire par un autre pays », a affirmé lors d’une conférence au siège de l’ONU à Genève, Mary Wareham, experte de l’équipe de recherche de l’Observatoire des mines et également membre de l’ONG Human Rights Watch.

Selon le rapport, qui mesure la mise en œuvre de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel de 1997 (ou Traité d’Ottawa), six des types de mines utilisées par les forces russes en Ukraine sont à fragmentation (MOB, MON-50, MON-100, OZM-72, POM-2/POM-2R et POM-3). La Russie utilise également des mines à effet de souffle (PMN-4).

Toutes ont été produites par la Russie ou l’Union soviétique, a détaillé le rapport, précisant que Moscou a « développé et produit de nouvelles mines antipersonnel, avec des marquages indiquant leur fabrication en 2019 et 2021 ». « C’est un recul majeur pour le traité sur les mines antipersonnel », a ajouté Mme Wareham.

De son côté, l’Ukraine a utilisé également des mines terrestres dans le conflit contre la Russie, des mines antivéhicules (aussi appelées mines antichar) qui ne sont pas interdites par le Traité d’Ottawa.

Human Right Watch, qui fait partie des ONG membres de l’Observatoire, a signalé en mai dernier que « les forces russes et ukrainiennes ont largement utilisé des mines antivéhicules (également appelées mines antichars) dans au moins six régions : Donetsk, Tchernihiv, Kharkiv, Kiev, Odesa, Soumy et Zaporizhzhia.

« Il y a également eu de nombreuses allégations de la part de responsables russes, et de médias orientés vers la Russie, selon lesquelles les forces ukrainiennes ont utilisé des mines terrestres antipersonnel en violation du Traité d’interdiction des mines », a décrit le rapport.

Nombre de victimes civiles de mines 5 fois plus élevé qu’en 2021 

Plus largement, l’Observatoire des mines 2022 relève une multiplication par cinq du nombre de victimes civiles de mines enregistrées en Ukraine au cours des neuf premiers mois de 2022 par rapport à 2021 (277 victimes civiles contre 58).

« Comme il n’y a pas encore de confirmation indépendante de ces allégations, une évaluation et une attribution définitives de l’utilisation des mines de la série PFM en Ukraine par l’une ou l’autre des parties ne sont pas possibles pour le moment », a dit l’Observatoire.

Sur un autre plan, le document note que la taille du stock russe de mines de la série PFM est inconnue. De son côté, l’Ukraine a déclaré posséder près de 3,3 millions de mines de la série PFM en 2020, qui sont toutes destinées à être détruites conformément au Traité d’interdiction des mines.

Le rapport a également examiné le rôle joué par le Bélarus, qui a fourni diverses formes de soutien militaire à la Russie dans le cadre de son invasion de l’Ukraine. L’Observateur n’a pas connaissance que Minsk ait fourni depuis février 2022 une telle assistance, directement ou indirectement.