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Daech est affaibli mais demeure menaçant, prévient l’ONU au Conseil de sécurité

Malgré sa défaite territoriale et de lourdes pertes parmi ses dirigeants, Daech continue de représenter une menace pour la paix et la sécurité internationales, a déclaré le chef du Bureau de lutte contre le terrorisme de l’ONU ce mardi devant le Conseil de sécurité.

Cette menace n’a pas cessé de croître depuis le début de la pandémie, a ajouté Vladimir Voronkov, Secrétaire général adjoint au Bureau de lutte contre le terrorisme de l'ONU.

Daech, également connu sous le nom d’EIIL (Était islamique en Iraq et au Levant) et ses affiliés continuent d’exploiter les restrictions liées à la pandémie et de se servir des « espaces numériques » pour intensifier les efforts de recrutement de sympathisants et attirer des ressources.

Le groupe a également augmenté de manière significative l’utilisation de drones au cours de l’année dernière, y compris dans le nord de l’Iraq, a rapporté M. Voronkov, citant les conclusions du dernier rapport de l’ONU sur les menaces de Daech sur la paix et la sécurité internationales, et sur l’action menée par l’ONU pour aider les États Membres à y faire face. 

Une structure décentralisée, gage de résilience du groupe

La résilience de Daech tient en partie à sa structure largement décentralisée, a-t-il précisé, évoquant des « bureaux » fonctionnant en Iraq, en Syrie, mais aussi au-delà de ses bases avec des cellules parmi les plus actives en Afghanistan, en Somalie et dans le bassin du lac Tchad.  

Une meilleure compréhension et un suivi continu de cette structure sont indispensables pour contrer et prévenir la menace posée par Daech, a-t-il recommandé, soulignant combien est crucial à cet égard le renforcement de la coopération internationale et régionale, y compris par le biais de mécanismes de partage d’informations. 

La menace posée par Daech et ses affiliés demeure plus élevée dans les sociétés touchées par un conflit : le cas de la frontière entre l’Iraq et la Syrie l’illustre bien avec jusqu’à 10 .000 combattants opérant dans la région, selon les estimations. 

Depuis cette zone, le groupe a lancé en avril une campagne opérationnelle renforcée pour venger ses hauts dirigeants tués dans des opérations antiterroristes.  

Expansion de Daech en Ouganda, en RDC, au Mozambique

Venant à l’Afghanistan, M.  Voronkov a signalé que le nombre d’attentats revendiqués ou attribués à la filiale locale de Daech avait diminué mais que depuis que les Taliban avaient pris le contrôle du pouvoir l’an dernier, la présence du groupe s’était étendue au nord-est et à l’est du pays.

En Afrique, la situation s’est encore détériorée avec une expansion de Daech dans le centre, le sud et l’ouest du continent. Une filiale de Daech en Ouganda a élargi sa zone d’opérations en République démocratique du Congo (RDC), tandis qu’un autre groupe affilié, après avoir été affaibli par une action militaire l’année dernière, a intensifié ses attaques à petite échelle dans la province du Cabo Delgado, au Mozambique.  

Cette expansion touche également des pays jusqu’à récemment largement épargnés par des attaques, tels que des pays riverains du golfe de Guinée. 

L’impact du réchauffement climatique comme catalyseur du terrorisme

L’impact potentiel des défis liés au climat et l’insécurité alimentaire mondiale constitue une préoccupation particulière en Afrique de l’Ouest, notamment au Sahel où ces facteurs peuvent exacerber les fragilités et alimenter davantage les conflits locaux, ce qui pourrait catalyser la propagation du terrorisme et de l’extrémisme violent. Bien que leur présence et leur activité soient observées principalement dans les sociétés touchées par les conflits, Daech et ses affiliés cherchent également à inspirer ou attaquer directement des zones non conflictuelles pour susciter la peur, a dit le haut fonctionnaire.

En Europe, Daech a appelé ses sympathisants à porter des attaques en exploitant l’assouplissement des restrictions liées à la pandémie et au conflit en Ukraine. Malgré la persistance de la menace, les efforts conjoints des États Membres continuent d’obtenir des résultats positifs, a relevé M. Voronkov. 

Ainsi, Daech et ses affiliés continuent de souffrir de lourdes pertes parmi ses dirigeants, y compris celle du chef de Daech, en février. 

Côté financement, les dirigeants de Daech parviennent toujours à mobiliser « entre 25 et 50 millions de dollars d’actifs » : un montant bien moindre que les estimations d’il y a trois ans, selon les estimations de l’ONU.  

Peu de progrès dans le rapatriement des combattants terroristes étrangers

M. Voronkov a également salué le rapatriement par le qouvernement iraquien de plus de 2 500 Iraquiens bloqués dans des camps et autres installations dans le nord-est de la Syrie, ainsi que les rapatriements menés par le Tadjikistan et la France le mois dernier de respectivement 146 et 51 femmes et enfants.

Il s’est néanmoins dit profondément préoccupé par le peu de progrès réalisés jusqu’à présent dans le rapatriement des combattants terroristes étrangers et les membres de leur famille. Il a rappelé que des dizaines de milliers de personnes, dont plus de 27 000 enfants d’Iraq et d’une soixantaine de pays, restaient soumis à d’énormes contraintes de sécurité et à des difficultés humanitaires. 

Ces enfants, qui n’ont « pas choisi d’être là », sont privés de leurs droits fondamentaux et courent un « risque réel de radicalisation et de recrutement » selon le haut fonctionnaire, qui a jugé impératif que les États Membres réalisent les conséquences sur le long terme d'absence de mesures pour remédier à cette « situation dangereuse ».