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Ethiopie : la Commission d’enquête de l’ONU alarmée par les atrocités contre des civils commises dans la région d’Oromia

À l’heure où la communauté internationale est confrontée à de nombreux conflits simultanés, le monde ne doit pas détourner le regard de la situation en Éthiopie, a plaidé jeudi la Commission internationale de l’ONU sur les droits de l’homme en Ethiopie, qui est « extrêmement alarmée par les atrocités commises contre des civils, notamment les événements signalés dans la région d’Oromia ». 

La Commission est également inquiète des « informations persistantes » faisant état de « violations présumées du droit international des droits de l’homme, du droit humanitaire et du droit des réfugiés dans l’ensemble du pays, les civils supportant l’essentiel des souffrances ».

« Il y a un peu plus d’une semaine, la Commission a reçu des informations faisant état de la mort de 200 à 500 civils lors d’un massacre présumé dans l’Oromia occidental, sur lequel nous enquêtons », a déclaré devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, la Présidente de la Commission, Kaari Betty Murungi.

Selon les enquêteurs onusiens, la propagation actuelle de la violence, alimentée par des discours de haine et d’incitation à la violence ethnique et sexiste, est un signe avant-coureur de nouveaux crimes atroces contre des civils innocents, en particulier des femmes et des enfants.

La propagation de la violence et les problèmes d’accès humanitaire pourraient constituer des « crimes graves »

Toute propagation de la violence à l’encontre des civils, alimentée par des discours de haine et d’incitation à la violence ethnique et sexiste, est un indicateur d’alerte précoce et un précurseur de nouveaux crimes atroces

Sur le terrain, l’extension du conflit aggrave la crise humanitaire que connaissent l’Éthiopie et la région. La poursuite des violences et les restrictions imposées par les différentes parties ont entraîné une crise humanitaire complexe qui, associée à la sécheresse, a exacerbé la misère de millions d’Éthiopiens et poussé des dizaines de milliers d’autres à fuir vers les pays voisins.

« Ces événements et la crise humanitaire prolongée, y compris les blocages de l’aide alimentaire et médicale, des fournitures et des services, font courir un risque grave à la population civile éthiopienne et à la région », a regretté la Présidente de la Commission. 

« La propagation de la violence et la grave crise humanitaire aggravée par le manque d’accès de la population civile à l’aide humanitaire, y compris l’aide médicale et alimentaire, peuvent constituer des crimes graves », a-t-elle prévenu, appelant toutes les parties au conflit à mettre un terme à la violence.

La Commission demande instamment au gouvernement éthiopien d’exercer l’obligation qui lui incombe en vertu du droit international de traduire en justice les responsables de ces violations. « Les survivants et les victimes réclament justice », ont insisté les enquêteurs de l’ONU.

Plus largement, « la communauté internationale a la responsabilité de ne pas tourner le dos à l’Éthiopie ».

« Nous croyons fermement que cette Commission peut contribuer à faire avancer l’obligation de reddition des comptes pour les violations du droit international des droits de l’homme, du droit international humanitaire et du droit international des réfugiés commises depuis le 3 novembre 2020 et qui sont toujours en cours », a conclu la Présidente de la Commission.