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Corne de l’Afrique : la FAO lance un appel de 172 millions de dollars pour aider à éviter la famine

Face au risque croissant de famine dans la Corne de l’Afrique en raison de conditions de sécheresse sévères et prolongées, une aide d’urgence est nécessaire pour éviter une catastrophe humanitaire, a prévenu lundi l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), qui lance un appel de 172 millions de dollars.

Alors que le pic de la crise approche à grands pas, ce plan révisé de réponse rapide et d’atténuation se concentre exclusivement sur quatre épicentres de sécheresse dans la région : Djibouti, l’Ethiopie, le Kenya et la Somalie.

« Une mise en œuvre rapide et à grande échelle est requise immédiatement », a déclaré David Phiri, Coordonnateur du Bureau sous-régional de la FAO pour l’Afrique orientale.

La FAO lance un appel pour un montant total de 219 millions de dollars. Jusqu’à présent, l’agence des Nations Unies a mobilisé environ 47 millions de dollars, ce qui laisse un écart de 172 millions de dollars. « Le coût de l’action humanitaire sera exponentiellement plus élevé et l’impact sur la vie des gens serait énorme si nous n’agissons pas assez tôt ou à l’échelle nécessaire pour éviter la catastrophe », a ajouté M. Phiri.

Le calendrier du nouveau plan a été prolongé de juin à décembre 2022 dans le but de prévenir une détérioration des conditions de sécurité alimentaire dans la région, de sauver les moyens d’existence et donc la vie de près de cinq millions de ruraux dans les quatre pays. Les fonds reçus jusqu’à présent permettront de fournir une aide vitale à environ 700.000 personnes sous forme d’argent liquide et de paquets de moyens de subsistance.

Plus de 16 millions de personnes devraient se trouver en situation de crise alimentaire

Mais selon l’agence onusienne basée à Rome, des millions d’autres personnes pourront être atteintes si le plan est entièrement financé.

« Les moyens de subsistance agricoles sont largement sous-financés dans les réponses humanitaires, même en cas de sécheresse lorsque l’agriculture supporte 80% de l’impact », a déclaré Rein Paulsen, Directeur du Bureau des urgences et de la résilience de la FAO.

Cet appel de la FAO intervient alors que la région est déjà confrontée à des « niveaux élevés d’insécurité alimentaire ». « Le statu quo n’est plus une option. Il est temps d’investir correctement dans une assistance plus efficace et tournée vers l’avenir. Celle-ci doit être liée à l’aide au développement à long terme », a fait valoir M. Paulsen.

À l’heure actuelle, plus de 16 millions de personnes devraient se trouver en situation de crise (classification intégrée de la sécurité alimentaire - IPC - phase 3) ou à des niveaux pires d’insécurité alimentaire aiguë, uniquement en raison de la sécheresse en Éthiopie, au Kenya et en Somalie. Rien qu’au Kenya, plus de 4 millions de personnes sont susceptibles de se trouver en situation d’insécurité alimentaire aiguë jusqu’en juin 2022, contre 3,5 millions initialement prévus sur la même période.

213.000 Somaliens se trouvent dans une situation « catastrophique et urgente »

De même, en Somalie, plus de 7 millions de personnes (près de la moitié de la population) sont désormais confrontées à une insécurité alimentaire de niveau crise ou pire jusqu’en septembre 2022 au moins, dont plus de 2 millions de personnes en situation d’urgence (phase 4 du CIP) et 213.000 personnes en situation de catastrophe (phase 5 du CIP).

La sécheresse est l’un des risques naturels les plus dévastateurs, paralysant la production alimentaire, épuisant les pâturages, perturbant les marchés et, dans les cas les plus extrêmes, provoquant la mort de nombreuses personnes et d’animaux. 

Au début du mois de mai, les évaluations de la saison des longues pluies 2022 (mars-mai) ont montré des « résultats médiocres dans la région ». Ce qui représente une quatrième saison des pluies inférieure à la moyenne pour l’Éthiopie, le Kenya et la Somalie.

Une telle situation a des « conséquences désastreuses sur la sécurité alimentaire » dans la Corne de l’Afrique. Le régime pluviométrique de Djibouti diffère de celui des trois autres pays, bien que les précipitations y aient également été irrégulières en 2021.