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Côte d’Ivoire : plus 7.000 réfugiés du Burkina Faso, suite aux attaques des groupes djihadistes

L’insécurité pousse de nouveaux Burkinabés à l’exil, aggravant les tensions dans la fragile région du Sahel, a indiqué vendredi l’Agence de l’ONU pour les réfugiés, ajoutant que plus de 7.000 personnes ont quitté ces derniers mois le sud du Burkina Faso, marchant jusqu’en Côte d’Ivoire pour y trouver un refuge.

Selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), l’insécurité provoque l’exode de villages entiers, avec des habitants chassés par des attaques des groupes djihadistes, abandonnant ainsi leurs maisons et leurs biens. Beaucoup de ces déplacés burkinabés traversent la frontière vers la Côte d’Ivoire, notamment à Tougbo, localité de 20.000 habitants, accueille ainsi 7.000 réfugiés burkinabés.

Depuis mai dernier, environ 7.000 Burkinabès sont arrivés dans le nord-ouest de la Côte d’Ivoire. « L’afflux s’est accéléré au cours des six dernières semaines », a déclaré lors d’une conférence de presse régulière de l’ONU à Genève, Boris Cheshirkov, porte-parole du HCR, précisant toutefois que ces nouveaux mouvements de populations ne sont pas liés au récent coup d’Etat militaire au Burkina Faso.

L’agence onusienne note qu’en moyenne, plus de 100 personnes ont récemment franchi quotidiennement la frontière ivoirienne. Le HCR a enregistré et fourni une aide à plus de 4.000 d’entre elles.

Des civils tués et leurs maisons brûlées par des extrémistes

« La région du Sahel, déjà en proie à l’instabilité politique, à une violence généralisée, à des pénuries alimentaires et touchée de manière disproportionnée par la crise climatique, est aujourd’hui confrontée à une augmentation des mouvements de réfugiés en provenance du Burkina Faso, qui fuient les attaques brutales de groupes armés, notamment dans la région frontalière avec la Côte d’Ivoire », a détaillé M. Cheshirkov.

En 2021, près de 20.000 Burkinabés ont fui vers les pays voisins (Côte d’Ivoire, Mali, Niger et Bénin), soit une augmentation de 50% par rapport à l’année 2020. Plus de 34.000 Burkinabés sont désormais en exil dans la région.

À la lisière du village ivoirien de Tougbo, tout proche de la frontière burkinabè, des tentes de fortune avec des toits en tôle sont éparpillées dans la forêt. « Le sort des réfugiés burkinabés devient de plus en plus précaire car de plus en plus de personnes arrivent en Côte d’Ivoire sans effets personnels ni nourriture », a ajouté le porte-parole du HCR.

Les réfugiés ont indiqué aux équipes de l’agence onusienne que « des civils avaient été tués et leurs maisons brûlées par des extrémistes ». Ils sont hébergés par des villageois ivoiriens dans des conditions de promiscuité.

Hausse de 50% du nombre de déplacés internes l’an dernier au Burkina Faso

Selon le HCR, de nombreuses familles ivoiriennes accueillent jusqu’à 30 réfugiés burkinabés dans de petites maisons. Or la surpopulation détériore les conditions sanitaires, redoute le HCR.  Il y a déjà de nombreux cas de paludisme, d’infections respiratoires et de malnutrition, ce qui accroît la pression sur les structures sanitaires locales.

Outre les mouvements de populations dans les pays voisins, le Burkina Faso est également confronté à une crise de déplacement interne. Le nombre de déplacés internes a augmenté de 50% l’année dernière pour atteindre plus de 1,5 million, ce qui lui confère l’une des plus fortes proportions d’habitants déplacés à l’intérieur du pays en Afrique.

Alors que la crise régionale se prolonge et que l’attention internationale se déplace, de grandes parties de la région restent ou sont devenues inaccessibles aux agences humanitaires qui tentent de soutenir les 2,5 millions de personnes forcées de fuir leurs foyers au Burkina Faso, au Mali et au Niger. Car ces violences au Sahel central poussent de plus en plus de Sahéliens à se déplacer vers le sud, vers les pays côtiers ou vers l’Afrique du Nord, où beaucoup se retrouvent dans un dangereux vide juridique.

Le HCR va lancer bientôt un appel de fonds pour le Sahel

Plus globalement, le Sahel est également confronté à un exode rural sans précédent et à un mouvement vers les zones urbaines de la part des personnes déplacées de force en raison de la diminution des zones sous contrôle gouvernemental, de l’accès réduit à la terre et à la production agricole, et des multiples défis environnementaux. Dans les centres urbains, les menaces pèsent sur les femmes et les jeunes, qui sont à la merci de l’exploitation sexuelle et de la violence sexiste, du recrutement forcé ou de la traite.

Le Sahel est également en première ligne de la crise climatique, avec des températures qui augmentent 1,5 fois plus vite que la moyenne mondiale. Cette situation exacerbe les vulnérabilités sous-jacentes des États, qui doivent faire face à une croissance rapide de la population, à la destruction de l’environnement, aux catastrophes liées aux risques naturels, à l’inversion des acquis du développement et à l’empiètement des acteurs non étatiques. Elle aggrave également les conflits liés à la rareté des ressources.

Face à de tels défis sécuritaires et climatiques, le HCR va bientôt lancer un appel pour la région du Sahel. Avec un budget total de 307 millions de dollars, les opérations du HCR au Sahel central ne sont financées qu’à hauteur de 7%.