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RCA : le groupe russe Wagner harcèle et intimide les civils, dénoncent des experts de l'ONU

Des civils, des membres du personnel de maintien de la paix, des journalistes, des travailleurs humanitaires et des membres de minorités en République centrafricaine (RCA), ont été violemment harcelés et intimidés par les « instructeurs russes » du Groupe Wagner, ont déclaré aujourd'hui des experts de l'ONU.

« Nous sommes extrêmement préoccupés par les actes d'intimidation et les récentes informations faisant état de harcèlement violent commis par le personnel militaire et de sécurité privé à l'encontre d'individus et de communautés », ont dit ces experts dans un communiqué de presse conjoint.

Les instructeurs russes opérant en tant que personnel militaire et de sécurité privé travaillent en étroite collaboration avec les forces armées (FACA) et la police centrafricaine, et procèdent à l'arrestation et à la détention de personnes. Cela signifie que les victimes n'ont souvent aucun accès à la justice. Elles n'osent tout simplement pas déposer de plaintes officielles, ainsi l'impunité pour les abus persiste pour tous les auteurs - les FACA ainsi que les agents militaires et de sécurité travaillant pour le groupe Wagner.

Au début du mois, une commission spéciale d'enquête mise en place par le gouvernement centrafricain pour faire la lumière sur les violences dans le pays a déterminé que des violations des droits de l'homme et du droit humanitaire international avaient été commises, notamment par des « instructeurs russes ».

Les experts de l'ONU ont également dénoncé, au début de l'année, le fait que de nombreuses forces, y compris le Groupe Wagner, commettent des violations systématiques et graves des droits de l'homme et du droit international humanitaire, notamment des détentions arbitraires, des actes de torture, des disparitions forcées et des exécutions sommaires, un phénomène qui se poursuit sans relâche et en toute impunité.

Viols et violences sexuelles

Les experts ont également reçu des informations selon lesquelles des membres du Groupe Wagner auraient commis des viols et des violences sexuelles à l'encontre de femmes, d'hommes et de jeunes filles dans de nombreuses régions du pays. On ne sait pas exactement combien de personnes ont été victimes de violences sexuelles car les survivants sont terrifiés à l'idée de saisir la justice par crainte de représailles.

« Se voir refuser l'accès à la justice et aux voies de recours est un signe de l'impunité qui prévaut dans le pays », ont-ils déclaré.

« Nous appelons le gouvernement centrafricain à mettre fin à toutes relations avec le personnel militaire et de sécurité privé, en particulier le groupe Wagner », ont-ils ajouté. « Nous exhortons les autorités à se conformer aux obligations qui leur incombent en vertu du droit international, à savoir demander des comptes à tous les auteurs de graves violations et abus des droits de l'homme et du droit international humanitaire commis sur leur territoire, et de garantir un accès sans entrave à la justice et aux réparations à toutes les victimes de violations, y compris celles commises par le personnel militaire et de sécurité privé russe ».

Les experts ont également fait part de leurs préoccupations concernant ces allégations directement au gouvernement de la République centrafricaine.

Les experts sont :

Jelena Aparac ( Présidente-Rapporteure), Lilian Bobea, Ravindran Daniel, Chris Kwaja, Sorcha MacLeod, Groupe de travail sur l’utilisation de mercenaires ;  Surya Deva (Président Rapporteur),  Elżbieta Karska, Githu Muigai, Dante Pesce, Anita Ramasastry, Groupe de travail sur la question des droits de l’homme et des sociétés transnationales et autres entreprises; Luciano Hazan (Président-Rapporteur), Aua Baldé (Vice-président), Tae-Ung Baik, Gabriella Citroni , Henrikas Mickevičius, Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires ; Morris Tidball-Binz,  Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires ; Nils Melzer, Rapporteur spécial sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants

NOTE

Les Groupes de travail et les experts indépendants des Nations Unies font partie de ce qui est désigné sous le nom des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Les procédures spéciales, l’organe le plus important d’experts indépendants du Système des droits de l’homme de l’ONU, est le terme général appliqué aux mécanismes d’enquête et de suivi indépendants du Conseil qui s’adressent aux situations spécifiques des pays ou aux questions thématiques partout dans le monde. Les experts des procédures spéciales travaillent à titre bénévole; ils ne font pas partie du personnel de l’ONU et ils ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants des gouvernements et des organisations et ils exercent leurs fonctions à titre indépendant.