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Covid-19 : une enquête indépendante plaide pour une réforme urgente de la prévention des pandémies

Un panel distingué nommé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a exhorté mercredi à prendre des mesures audacieuses pour mettre fin à la crise de la Covid-19, tout en demandant que l'agence onusienne soit dotée d'une plus grande autorité pour répondre plus rapidement aux menaces futures. 

« Notre message est simple et clair : le système actuel n’a pas pu nous protéger de la pandémie de Covid-19 », a déclaré l'ancienne Présidente du Liberia, Ellen Johnson Sirleaf, coprésidente du Groupe indépendant de préparation et de réponse aux pandémies. 

« Si nous ne faisons rien pour le changer aujourd’hui, il ne nous protégera pas de la prochaine menace de pandémie, qui pourrait survenir à tout moment », a-t-elle ajouté.

Lancé par le Directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, le groupe indépendant a publié ses conclusions et ses recommandations après avoir passé en revue pendant huit mois les enseignements tirés de l'année écoulée. 

Une protection insuffisante 

«Nous avons les outils pour mettre fin aux maladies graves, aux décès et aux dégâts socio- économiques dus à la Covid-19 », a déclaré la coprésidente du groupe, Helen Clark, ancienne Première ministre de la Nouvelle-Zélande, insistant sur le fait que les dirigeants « n'ont pas d'autre choix que d'agir » pour empêcher qu'une telle catastrophe ne se reproduise.   

« Le système actuel - tant au niveau national qu'international - n'a pas été adéquat pour protéger les gens de la Covid-19. Le temps qui s'est écoulé entre le signalement d'un groupe de cas de pneumonie d'origine inconnue à la mi-décembre 2019 et la déclaration d'une urgence de santé publique de portée internationale a été trop long », a souligné le groupe dans une déclaration sur son rapport intitulé « Covid-19 :  agissons pour que cette pandémie soit la dernière ».  

Un mois perdu 

Le panel - dont le rapport contient « la chronologie officielle de ce qui s'est passé » - a également insisté sur le fait que février 2020 a été « un mois perdu ». 

« Beaucoup plus de pays » auraient pu faire davantage pour contenir la propagation du nouveau coronavirus une fois que l'OMS a déclaré l’urgence de santé publique de portée internationale le 30 janvier 2020, suite à l'épidémie initiale à Wuhan, en Chine, ont dit les experts.

« Les étagères des salles de stockage de l'ONU et des capitales nationales sont pleines de rapports et d'examens des crises sanitaires précédentes. Si leurs avertissements avaient été pris en compte, nous aurions évité la catastrophe dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui. Cette fois-ci doit être différente », a déclaré Mme Johnson Sirleaf. 

Inapte en prévention 

Une action plus rapide « aurait permis d'éviter la catastrophe sanitaire, sociale et économique mondiale qui continue de sévir », a noté le groupe d'experts, ajoutant que « le système tel qu'il existe actuellement est clairement inapte à empêcher qu'un autre pathogène nouveau et hautement infectieux, qui pourrait apparaître à tout moment, ne se transforme en pandémie ». 

Soulignant la façon dont la crise du coronavirus continue de dévaster les communautés, le groupe a, parmi ses recommandations, exhorté les chefs d'État à prendre l'initiative de soutenir les mesures de santé publique qui ont fait leurs preuves pour enrayer la pandémie et à mettre en œuvre des réformes « pour empêcher une future épidémie » de se propager dans le monde. 

Fournir au moins un milliard de doses de vaccin

Le groupe a également conseillé aux pays à haut revenu disposant d'un approvisionnement suffisant en vaccins de s'engager à fournir « au moins un milliard » de doses aux 92 pays à revenu faible ou intermédiaire participant au programme de vaccination équitable dirigé par les Nations Unies, COVAX, d'ici septembre 2021. 

Les principaux pays producteurs de vaccins et les fabricants devraient accepter de partager les droits de propriété intellectuelle sur leurs vaccins, selon l'OMS et l'Organisation mondiale du commerce (OMC). 

« Si aucune mesure n'est prise dans ce sens dans les trois mois, une dérogation aux droits de propriété intellectuelle au titre de l'accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce devrait entrer en vigueur immédiatement », a insisté le groupe. 

S'adressant aux G7, le groupe d'experts éminents a recommandé aux pays les plus riches du monde, qu'ils fournissent « immédiatement » 60 % des 19 milliards de dollars nécessaires à l'Accélérateur d'accès aux outils Covid-19 pour les vaccins, les diagnostics, les thérapies et le renforcement des systèmes de santé. 

Appel au sommet 

Les chefs de gouvernement devraient s'engager à mettre en œuvre ces réformes lors d'un sommet mondial, en adoptant une déclaration politique sous les auspices de l'Assemblée générale des Nations Unies, a poursuivi le panel. 

Il a souligné que les personnes les moins capables de résister aux multiples chocs de la pandémie ont été les plus touchées.  

« On estime que jusqu'à 125 millions de personnes supplémentaires ont basculé dans l'extrême pauvreté, tandis que 72 millions d'enfants supplémentaires en âge de fréquenter l'école primaire risquent désormais de ne pas pouvoir lire ou comprendre un texte simple en raison de la fermeture des écoles », ont soutenu les experts.  

Les femmes ont également porté un fardeau disproportionné, ont-ils poursuivi, la violence sexiste atteignant des niveaux record et les mariages d'enfants étant en augmentation.  

Soulignant le choc économique de l'année pandémique écoulée, les experts ont également noté que le monde a « perdu 7.000 milliards de dollars » de production économique, soit plus que le PIB de l'ensemble du continent africain en 2019 (6.700 milliards de dollars). 

Dernier bilan 

Selon l'OMS, il y a eu plus de 159 millions de cas confirmés de Covid-19 dans le monde, dont plus de 3,3 millions de décès depuis le début de la pandémie. Dans sa mise à jour épidémiologique hebdomadaire, l'agence sanitaire de l’ONU a noté que quelque 1,2 milliard de doses de vaccin ont été administrées. 

Le nombre de nouveaux cas de Covid -19 et de décès dans le monde a légèrement diminué au cours de la semaine écoulée, avec plus de 5,5 millions de cas et plus de 90.000 décès.  

« Les incidences de cas et de décès restent aux niveaux les plus élevés depuis le début de la pandémie », met toutefois en garde le bulletin de l'OMS. Le nombre de nouveaux cas hebdomadaires a diminué en Europe et en Méditerranée orientale, tandis que la Région Asie du Sud-Est a poursuivi sa trajectoire ascendante, enregistrant une nouvelle augmentation de 6 % par rapport à la période précédente de sept jours.