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Covid-19 : l’OMS exhorte les pays riches à faire des dons de vaccins au COVAX au lieu de vacciner les enfants

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a exhorté, vendredi, les pays riches à reconsidérer leurs projets de vaccination des enfants ou des adolescents et à faire plutôt don des doses ainsi libérées au dispositif COVAX, afin de répartir ces sérums aux pays en développement.

Au cours de ce point de presse virtuel, le Chef de l’OMS a également déclaré qu’au train où vont les choses, la deuxième année de la pandémie est bien partie pour être plus meurtrière que la première, l’Inde constituant une préoccupation majeure.

« Je comprends que certains pays veulent vacciner leurs enfants et leurs adolescents, mais pour l’instant, je leur demande instamment de reconsidérer leur décision et de faire plutôt don des vaccins à COVAX », a déclaré lors d’une conférence de presse virtuelle depuis Genève, Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS.

Les pays en développement n'ont reçu que 0,3% de l'approvisionnement mondial en vaccins

Selon le patron de l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU, alors que les pays riches entrent dans une nouvelle phase dans leur campagne de vaccination, l’approvisionnement en vaccins n’a même pas été « suffisant pour immuniser le personnel soignant » des pays en développement.

« Et les hôpitaux sont inondés de personnes qui ont besoin de soins vitaux de toute urgence », a-t-il ajouté.

Aux Etats-Unis, les adolescents âgés de 12 à 15 ans ont pu, dès cette semaine, commencer à se faire vacciner dans tout le pays. Et en Suisse, certains cantons ont également entamé la vaccination des adolescents.

Dans le monde, au moins 1.264.164.553 de doses de vaccins contre le coronavirus ont été administrées, selon un décompte établi le 12 mai par l’OMS. Mais à « l’heure actuelle, seulement 0,3 % de l’approvisionnement en vaccins contre la Covid19 est destiné aux pays à faible revenu ». « La vaccination au compte-gouttes n’est pas une stratégie efficace pour lutter contre un virus respiratoire mortel », a averti le Dr Tedros.

© UNICEF
Un homme à Abidjan, en Côte d'Ivoire, est vacciné contre la Covid-19.

« C’était un moment doux-amer », Dr Tedros, après sa première dose de vaccin

Le Chef de l’OMS s’est toujours insurgé contre le « fossé » choquant qui se creuse dans l’accès aux vaccins anti-Covid. Au début de l’année, Tedros Adhanom Ghebreyesus avait lancé un défi : débuter les campagnes de vaccination dans tous les pays et territoires du monde d’ici au 100ème jour de l’année.

« En septembre dernier, dans The Economist, nous avons mis en garde contre la menace du nationalisme vaccinal et certains ont dit que nous étions alarmistes. En janvier, j’ai parlé du déroulement potentiel d’une catastrophe morale », a-t-il dit aux médias, relevant que « malheureusement, nous sommes en train d’en être les témoins ». En attendant, une poignée de pays riches, ont acheté la majorité de l’approvisionnement en vaccins et du coup, « des groupes à faible risque sont maintenant vaccinés ».

Cette sortie du Dr Tedros intervient alors qu’en début de semaine, il été vacciné contre la Covid-19. « C’était un moment doux-amer », a-t-il fait valoir, relevant que d’une part, « la vaccination est un triomphe de la science de de la solidarité mondiale ».

PAHO/Karina Zambrana
Un agent de santé se prépare à administrer un vaccin COVID-19 au Brésil.

Plus de 160,68 millions de cas dont plus de 3,3 millions de morts

« Parallèlement aux mesures de santé publique, la vaccination est essentielle pour contrôler cette pandémie ».

S’il a exprimé sa reconnaissance au personnel soignant des Hôpitaux universitaires de Genève (Suisse), ses pensées sont allées tout particulièrement « aux travailleurs de la santé du monde entier qui luttent contre cette pandémie depuis plus d’un an ». « Et le fait qu’un si grand nombre d’entre eux ne soient toujours pas protégés est un triste reflet de la distorsion flagrante de l’accès aux vaccins à travers le monde », a regretté le Dr Tedros.

Cette inégalité vaccinale intervient alors que Tedros Adhanom Ghebreyesus redoute que la deuxième année de la pandémie soit « beaucoup plus mortelle » que la première, au train où vont les choses. La pandémie du nouveau coronavirus a fait au moins 3.335.948 morts dans le monde depuis l’apparition de la maladie fin décembre 2019, selon un bilan établi vendredi par l’OMS.

Plus de 160.686.749 cas d’infection ont été officiellement diagnostiqués depuis le début de l’épidémie.

OMS Inde
En janvier 2021, l'Inde a lancé un immensese programme de vaccination contre la Covid-19

L’Inde, le pays le plus alarmant

« La Covid19 a déjà coûté plus de 3,3 millions de vies et nous sommes en passe de voir la deuxième année de la pandémie être bien plus meurtrière que la première », a insisté le Dr Tedros, rappelant que « sauver des vies et des moyens de subsistance, en combinant des mesures de santé publique et la vaccination - pas l’un ou l’autre - est la seule solution ».

Parmi les situations les plus préoccupantes, l’Inde reste le pays le « plus alarmant, avec un nombre inquiétant de cas, d’hospitalisations et de décès dans plusieurs États ». En Inde, il y a eu plus de 24 millions de cas de Covid-19 dont 262.317 décès. A la date du 4 mai 2021, un total de 175.171.482 doses de vaccin ont été administrées.

Mais selon l’OMS, New Dehli n’est pas le seul pays à avoir des besoins urgents. Le Népal, le Sri Lanka, le Vietnam, le Cambodge, la Thaïlande et l’Égypte ne sont que quelques-uns des pays qui doivent faire face à des pics de cas et d’hospitalisations liés à la pandémie de Covid-19.

Certains pays des Amériques comptent encore « un nombre élevé de cas. En tant que région, les Amériques ont enregistré 40 % de tous les décès dus au nouveau coronavirus la semaine dernière.

« Ces pays sont en mode de réponse intensifié et l’OMS continuera à leur apporter son soutien par tous les moyens possibles », a fait remarquer le Chef de l’OMS.