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Conseil des droits de l’homme : l’appel du Niger pour la lutte contre le terrorisme au Sahel

Le Niger a lancé, lundi, un appel à la Communauté internationale pour aider l’espace sahélo-saharien à rétablir la paix et la sécurité » dans cette région confrontée à toutes sortes « de déstabilisations qui ne sont pas propices au développement socio-économique de cette région, ni à la sécurité internationale ».

 « En ce qui concerne la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale, le Niger fait face depuis 2015 à une insécurité née de son voisinage avec certains pays qui constituent des graves foyers de tension », a déclaré Boubakar Hassan, Ministre nigérien de la Justice et Garde des Sceaux, lundi lors de l’ de l’Examen périodique universel (EPU) de son pays par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies.

A Genève, le Niger indique payer « un lourd tribut de cette guerre asymétrique qui lui est imposée », le gouvernement lui consacrant aujourd’hui « plus de 17% du budget de l’Etat à la sécurité ». 

Sur le terrain, le pays veille aux actions « de résilience des populations et au respect par les Forces de défense et de Sécurité des droits de l’homme et du droit international humanitaire », a précisé le Ministre. 

Ces efforts sont mutualisés avec les actions des Forces mixtes régionales et internationales au profit des pays du G5 Sahel et du bassin du lac Tchad.

Le Niger face à « la menace terroriste et la criminalité transnationale organisée »

Dans le cadre de la 38e session du Groupe de travail, le Niger a d’ailleurs présenté un rapport dans lequel il a rappelé les mesures prises face à « la menace du terrorisme et de la criminalité transnationale organisée ». Le gouvernement nigérien a ainsi affiché sa détermination à « renforcer les mesures prises au niveau national pour contrôler les frontières (…) et lutter contre les activités terroristes de Boko Haram aux frontières ».

L’autre volet de cette lutte passe par « une coordination efficace avec les pays voisins ». C’est ainsi, qu’en dehors des renseignements et des patrouilles dans toutes les zones placées sous état d’urgence, le Niger combat le terrorisme et autres trafics de tout genre, à travers des forces communes sous-régionales (G5 Sahel) et internationales (MINUSMA, Barkhane).

De leur côté, les organes des traités du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) et des ONG ont appelé lundi à plus de respect des droits humains dans cette lutte contre le terrorisme. Dans son rapport compilant les préoccupations des organes des traités, le HCDH est revenu sur les inquiétudes du Comité des droits de l’homme concernant les allégations portant sur plusieurs cas dans lesquels des défenseurs des droits de l’homme auraient été arrêtés et condamnés au titre de la législation antiterroriste. 

Respect des droits humains et lutte contre le terrorisme

Tout en étant conscient des difficultés transfrontalières auxquelles le Niger fait face dans sa lutte contre les groupes armés non étatiques qui menaient des attaques sur son territoire, le Comité contre la torture s’est inquiété des conséquences disproportionnées de l’état d’urgence en vigueur et régulièrement reconduit dans les régions de Diffa, de Tillabéry et de Tahoua. 
De leur côté, le Centre d’Education aux Droits de l’Homme et des Peuples et le Réseau International des Droits Humains ont affirmé dans leur communication écrite que « la lutte antiterroriste et l’argument sécuritaire ne peuvent être utilisés pour soumettre les populations civiles à de graves violations ou pour couvrir les violations commises ». 

Dans ces conditions, le Comité contre la torture a recommandé au Niger de veiller à ce que les mesures adoptées pour lutter contre le terrorisme soient pleinement compatibles avec l’article 4 du Pacte.

Face à ces interpellations transmises avant la tenue de cette session, le Niger a insisté sur les « défis qui entravent le chemin vers la réalisation effective des droits de l’homme ». 

Il s’agit notamment de ceux liés au terrorisme, à la criminalité organisée, aux questions environnementales, à la forte démographie, à la condition de la femme, aux pesanteurs socio-culturelles, à l’afflux massif des réfugiés et autres migrants.

« Une lutte implacable contre les délinquants »

« Le terrorisme, avec son lot d’assassinats, d’incendies, de destructions de biens, de déplacements et disparitions forcées, est sans doute le plus préoccupant de ces défis », a fait valoir le Ministre de la Justice, relevant par ailleurs la détermination de Niamey, avec l’appui de la coopération internationale, à prendre en charge les centaines de milliers de réfugiés, de personnes déplacées internes et retournées. 

Plus largement, le Niger a rappelé les grands axes de sa lutte contre l’impunité, « une lutte implacable contre les délinquants quelles que soient leur appartenance politique, leur rang social ou leur relation familiale ». 

L’Examen périodique a également été l’occasion pour Niamey d’insister sur certaines « importantes avancées dans l’amélioration de la situation des droits de l’homme et dans le domaine de la bonne gouvernance ». 

A cet égard, le Ministre s’est réjoui du satisfécit de la communauté internationale après la tenue des dernières élections présidentielles, législatives et locales, qui ont été « jugées par des nombreux observateurs nationaux et internationaux comme libres, transparentes et crédibles ».

En effet, pour la première fois dans l’histoire politique de ce pays, une alternance politique a eu lieu entre un Président de la République démocratiquement élu (Mahamadou Issoufou), passant le témoin à un autre Président de la République démocratiquement élu (Mohamed Bazoum). 

A noter que la Côte d’Ivoire, les Iles Marshall et le Togo sont les trois États faisant partie du groupe de rapporteurs (« troïka ») pour l’examen du Niger.